Le syndicat IG Metall se joint à l’offensive contre les travailleurs de GM-Opel

Il y a une semaine à Francfort-sur-le Main, le bureau exécutif du syndicat IG Metall a voté à l’unanimité en faveur du soi-disant « Contrat cadre d’Opel ». L’accord scelle la fermeture de l’usine GM-Opel à Bochum et implique des attaques massives contre les emplois et les salaires dans tous les sites de l’entreprise.

Malgré le caractère anti-ouvrier du contrat, le patron d’IG Metall, Berhold Huber, a salué l’accord qu’il a qualifié, lors d’une réunion du conseil d’administration, de « meilleure solution. » Il contribuait à garantir les emplois et à créer des conditions « d’investissement dans les sites allemands,» a déclaré Huber.

Il a qualifié de très regrettable et d’« incompréhensible » la décision des travailleurs d’Opel Bochum de voter contre la fermeture de leur propre usine. Suite au vote, Huber a dit de façon menaçante que l’usine de Bochum avait été exclue du récent contrat et que les employés de Bochum devraient en tirer les conséquences.

Le président du comité central d’entreprise, le Dr Wolfgang Schäfer-Klug, a lancé une attaque frontale contre les travailleurs d’Opel à Bochum. Il a déclaré que ces derniers avaient perdu tout contact avec la réalité et que la crise de l’industrie automobile et le déclin drastique des ventes étaient des réalités que personne ne pouvait nier. Puis il a affirmé que la direction d’Opel avait fait des concessions au personnel de Bochum.

Pour les travailleurs de Bochum, l’accord est sans parallèle, s’est enthousiasmé Schäfer-Klug. Les travailleurs des autres usines fermées par GM durant ces 12 dernières années n’avaient pas réussi à « obtenir un tel résultat garantissant le lieu de travail et la sécurité de l’emploi, » a-t-il dit. « Il n’avait pas été possible de concrétiser un tel accord en 2001 à Luton (Royaume Uni), en 2006 à Azambuja (Portugal) ou en 2010 à Anvers (Belgique). »

Schäfer-Klug est un exemple type du bureaucrate syndical moderne. Ses arguments et son arrogance à l’égard des travailleurs est identique à ceux des cadres supérieurs. Cet homme n’a jamais vu un véritable travail de près, et encore moins travaillé sur une chaîne. Il est membre de la Fondation sociale-démocrate Friedrich Ebert, a rédigé sa thèse de doctorat sur la politique de transport axée sur l’environnement, portant le titre abstrus de « Dé-thématisation et politique symbolique, » et a été ensuite embauché par l’entreprise en tant que conseiller auprès du comité central d’entreprise.

L’IG Metall et le comité central d’entreprise ont systématiquement isolé les travailleurs à Bochum en les séparant des salariés des autres sites dans le but d’imposer la fermeture de leur usine. En début de semaine, un porte-parole d’Opel avait déclaré : « Aujourd’hui, lors d’une discussion avec le comité d’entreprise, la direction d’Opel a confirmé les projets déjà annoncés de cesser, d’ici la fin de 2014, la production automobile à l’usine de Bochum. » La production des boîtes de vitesse sera suspendue à la fin de cette année.

L’équipe de nuit de l’assemblage de véhicules à l’usine de Bochum devrait être supprimée dans quelques jours, début avril. Il n’y a pas de garantie véritable que le service de distribution de marchandises qui compte quelque 430 salariés soit maintenu comme il avait été promis auparavant.

La situation telle qu’elle s’est développée chez Opel contient d’importants enseignements pour tous les travailleurs. Elle montre clairement que la défense des emplois, des salaires et des conditions de travail n’est possible que par une lutte intransigeante contre l’IG Metall et ses fonctionnaires au sein des usines. A cet égard, les travailleurs ne doivent pas se laisser duper par la critique de la décision de fermer l’usine et de la direction de l’IG Metall faite par le comité d’entreprise de Bochum. Les deux parties du syndicat jouent certes des rôles différents mais elles sont d’accord sur toutes les questions fondamentales. Le comité central d’entreprise et la direction de l’IG Metall ont élaboré le contrat cadre en étroite collaboration avec Opel et GM et ils l’ont appliqué à tous les sites, sauf à Bochum. Pour sa part, le chef du comité d’entreprise de Bochum, Rainer Einenkel, a critiqué la direction du syndicat en se plaignant d’un « manque de solidarité. » 

En même temps, Einenkel a refusé de mener une lutte sérieuse quelconque en défense des emplois qui puisse servir de base à une solidarité et à une résistance mutuelle de tous les travailleurs d’Opel. Ce faisant, il fait le jeu du comité central d’entreprise, de l’IG Metall et de la direction de l’entreprise. Son assurance selon laquelle une renégociation mènerait à de meilleurs résultats est frauduleuse et ne sert qu’à empêcher un mouvement de grève. Dans le même temps, Einenkel envoie ses émissaires du comité d’entreprise dans les différents services pour colporter la menace que quiconque cherche à lutter met en danger les négociations sur les indemnités de licenciement.

De nombreux travailleurs se demandent comment il est possible que le syndicat et le comité d’entreprise agissent de manière aussi flagrante contre les intérêts des travailleurs et empêchent l’organisation d’une opposition sérieuse contre le projet de fermeture de l’usine. 

La transformation des syndicats en organes de la direction de l’entreprise est directement liée à l’intensification de la crise capitaliste. La crise actuelle de l’industrie automobile est le résultat direct d’une attaque généralisée organisée contre tous les travailleurs. Il y a cinq ans, le gouvernement fédéral avait injecté des centaines de milliards d’euros dans les coffres des banques pour les secourir face aux conséquences de leurs criminelles activités spéculatives. A présent, cet argent est récupéré aux frais des travailleurs. Commençant par la Grèce, tous les acquis sociaux obtenus par les travailleurs grâce aux luttes menées pendant des décennies en Europe sont systématiquement anéantis.

Le coût de la crise financière internationale doit être rejeté sur la classe ouvrière et les travailleurs d’Opel à Bochum doivent constituer un précédent. Un effectif qui jouit d’une longue histoire de luttes combatives doit être mis à genoux. La fermeture prévue – la première usine automobile à fermer en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – provoquera une vague d’attaques qui ira bien au-delà du contenu du Contrat cadre.

Les travailleurs d’Opel doivent contre-attaquer. Ils doivent rejeter la logique de l’économie de marché capitaliste qui proclame que les réductions et les fermetures sont inévitables, et défendre sans réserve le droit au travail et à un salaire décent.

Dans notre appel à voter « non » contre le Contrat cadre, nous avons souligné que les travailleurs ne devaient pas se laisser bâillonner par ce qui est possible ou non dans le cadre du système capitaliste de profit. Si les dirigeants de l’entreprise et leurs co-gestionnaires dans les centrales syndicales disent que la sauvegarde des emplois et des salaires n’est pas possible dans les circonstances actuelles alors ils reconnaissent que le système de profit capitaliste est incompatible avec les intérêts et les besoins les plus urgents de la population laborieuse.

Les emplois ne peuvent être défendus que sur la base d’une perspective politique qui place les besoins de la population au-dessus des intérêts de profit de l’économie, c’est-à-dire, sur la base d’une perspective socialiste. L’industrie automobile tout particulièrement montre qu’une telle lutte requiert une stratégie internationale et un nouveau parti socialiste.

La tâche primordiale devant laquelle se trouvent les travailleurs d’Opel à Bochum et tous les autres travailleurs est de s’organiser indépendamment des comités d’entreprise et du syndicat IG Metall. Il est indispensable de former un comité d’action et de prendre contact avec les salariés de toutes les autres usines en Allemagne et à l’étranger dans le but de planifier une grève avec occupation.

(Article original paru le 30 mars 2013)

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