L'assaut israélien contre Gaza, qui entre maintenant dans sa deuxième semaine, a tué et blessé des centaines de civils Palestiniens – hommes, femmes et enfants. Une population largement sans défense et en grande difficulté pour survivre au jour le jour a été soumise à un bombardement aérien, terrestre et naval sans répit. La majeure partie des infrastructures déjà mal-en-point du territoire est en train d'être totalement détruite.
Parmi les cibles, on compte des écoles, des locaux du gouvernement, un bâtiment qui abritait la presse internationale dans la ville de Gaza, ainsi que la maison d'un épicier de Gaza dont toute la famille – dont quatre enfants de 1 à 7 ans, et quatre femmes dont une de 83 ans – a été assassinée par une frappe de missile dimanche.
Le gouvernement israélien a autorisé la mobilisation de 75 000 réservistes et massé des chars à la frontière de Gaza en préparation d'une répétition de l'invasion de 2008-09 qui a causé la mort de 1400 habitants de Gaza, essentiellement des civils.
Pendant que ces crimes de guerre se déroulent sous le regard horrifié des peuples du monde entier, le gouvernement israélien, le gouvernement Obama à Washington et les grands médias invoquent tous le « droit à se défendre » comme justification à l'agression israélienne.
Le président Obama a entonné cet air dimanche dans ses remarques lors d'une conférence de presse à Bangkok, en Thaïlande. « Il faut comprendre ce qu'était l'événement accélérateur qui a causé la crise actuelle, et c'était un nombre toujours plus grand de missiles ; qui ne frappaient pas simplement le territoire israélien mais des zones peuplées. Et il n'y a aucun pays sur terre qui tolérerait des missiles pleuvant sur ses citoyens depuis l'autre côté de sa frontière. Nous soutenons donc entièrement le droit d’Israël à se défendre contre des missiles qui atterrissent sur la maison des gens et qui ont le potentiel de tuer des civils. Et nous continuerons à soutenir le droit d'Israël à se défendre. »
Comme pour tous les crimes menés par l'impérialisme américain et ses alliés israéliens, le crime actuel à Gaza arrive emballé dans des mensonges, du cynisme et de l'hypocrisie.
L'affirmation selon laquelle Israël a lancé son dernier blitzkrieg en réaction à « un nombre toujours plus grand de missiles » est un mensonge patent. Durant toute l'année précédant le carnage actuel à Gaza, pas un seul Israélien n'a été tué par un missile tiré depuis l'enclave palestinienne. Les jours qui ont précédé les attaques israéliennes ont vu des articles dans la presse israélienne noter qu'après un bref pic, engendré par des incursions répétées d’Israël à Gaza et le meurtre de plusieurs civils, dont des enfants, les attaques de roquettes s‘étaient calmées.
Les gouvernements Israélien et du Hamas étaient engagés dans des négociations sous l'égide de l'Égypte sur un accord de cessez-le-feu à long terme. Le principal intermédiaire palestinien dans ces discussions était Ahmed Jaabari, le chef de l'aile militaire du Hamas. Le 14 novembre, quelques heures après qu'il ait reçu une première version de l'accord, il a été touché par le tir d'un missile Hellfire qui marquait la reprise des fameux « assassinats ciblés » israéliens.
Cette exécution extrajudiciaire a été menée comme une provocation délibérée, l'acte d'ouverture de l'opération Pilier de défense. Il ne s’agit pas là d’« auto-défense » mais d’une agression pure et simple de la part d'une des nations les plus lourdement armées au monde contre l'une des populations les plus opprimées.
Comme à chaque fois, Obama se mobilise pour défendre l'oppresseur contre les opprimés. Il répète comme un perroquet le refrain incessant du régime israélien sur le fait qu'« aucun pays sur terre » ne tolérerait des attaques de roquettes, mais ne se donne pas la peine de demander qui sur terre tolérerait les conditions subies par les habitants de Gaza : 1,7 million de gens, en grande majorité des réfugiés violement expulsés de leurs foyers et de leurs terres, confinés dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde, soumis à un blocus qui cause des souffrances et une disette immenses, forcés à endurer des attaques continuelles de la part de l'armée israélienne.
L'indifférence envers les vies perdues du côté palestinien, en particulier de la part du gouvernement américain et des médias, est renversante, même si elle n'a plus rien de surprenant. Obama a fait part de son espoir qu'Israël ne lancerait pas d'invasion terrestre prévenant que cela créerait un plus grand risque de pertes israéliennes que si on continuait simplement à massacrer les habitants de Gaza à l’aide de bombes et de missiles.
Le bain de sang actuel de Gaza se déroule à 160 kilomètres de la guerre civile appuyée par les États-Unis en Syrie et toujours active. Pourtant, pour Gaza, on n'entend virtuellement rien de la sympathie feinte des médias pour les pertes civiles syriennes et exhibée au service d’une intervention de type colonial visant à obtenir un changement de régime. Personne dans le camp occidental n'appelle à la déposition de Netanyahu pour avoir tué des civils ou ne défend l'idée de l'imposition d'une zone de protection aérienne ou de couloirs d'aide humanitaire en Israël. Au contraire, Tel-Aviv reçoit une carte blanche explicite pour mener à bien les crimes les plus horribles.
Le massacre à Gaza n'est motivé par aucune menace existentielle qui serait causée par les roquettes inefficaces tirées depuis ce territoire. En fait, les motifs israéliens se trouvent à la fois plus au loin et plus près d'Israël.
L'attaque contre Gaza vise à préparer une guerre bien plus large, impliquant les impérialismes israélien et américain, contre l'Iran. Tel-Aviv voit son agression comme un moyen de bloquer toute possibilité d'un accord négocié au sujet du programme nucléaire iranien, tout en neutralisant une opposition depuis Gaza en cas d'attaque contre l'Iran.
En même temps, ce tournant vers la guerre est motivé par la montée des contradictions internes qui tourmentent Israël et l'ensemble du projet sioniste. Nombreux sont ceux qui ont fait remarquer que cette guerre, comme la précédente, a été lancée à l'approche d'une élection israélienne, avec une échéance en janvier.
Il est vrai que le militarisme fournit un moyen de forcer la main à un soutien pour un gouvernement sortant dans la population. Dans le cas d'Israël, cependant, cela joue plus essentiellement le rôle de détourner l'attention des conflits sociaux à l'intérieur.
Israël est aujourd'hui l'un des pays les plus socialement inégaux de la planète. Un rapport récent a établi qu'un bon tiers des Israéliens – et quarante pour cent des enfants du pays – risquent de tomber dans la pauvreté, pendant qu'une mince élite de multimillionnaires et de milliardaires monopolise une part toujours croissante de la richesse.
La misère sociale et l'inégalité ont provoqué des manifestations de masse dans tout le pays alors que le gouvernement Netanyahu impose des politiques économiques et sociales régressives et droitières.
La tentative de contenir les troubles sociaux en recourant au militarisme et à la guerre prend un ton de plus en plus fasciste et repoussant. Ainsi, Gild Sharon, le fils de l'ex-premier ministre israélien Ariel Sharon, affirme dans une chronique du Jerusalem Post, « Nous devons raser des quartiers entiers à Gaza. Raser tout Gaza. Les américains ne se sont pas arrêté à Hiroshima… Ils ont frappé Nagasaki aussi. Il ne devrait pas y avoir d'électricité à Gaza, pas d'essence ni de véhicules en mouvement, rien. »
Cette diatribe n'a rien d'extraordinaire. « Nous devons renvoyer Gaza au Moyen-Âge, détruire toutes les infrastructures y compris les routes et l'eau, » a déclaré le ministre de l'intérieur israélien Eli Yishai aux médias.
Les Sionistes ont justifié la création d'Israël – par la méthode du nettoyage ethnique de près d'un million de Palestiniens – en le présentant comme un refuge pour les juifs contre l'oppression nazie. Aujourd'hui, l'on entend dans ce pays les échos de Hitler et de Goebbels.
Ces politiques fascistes seront ensuite utilisées non seulement contre les Palestiniens des territoires occupés, mais de plus en plus contre la classe ouvrière et les opprimés en Israël même. Cela a déjà commencé avec les attaques racistes contre les immigrés africains.
La révulsion internationale devant ce dernier massacre de Palestiniens par l'armée israélienne, soutenu par Washington, est incontestablement partagée par une grande partie des travailleurs conscients de leur position de classe et des intellectuels en Israël même.
En fin de compte, la seule voie progressiste pour sortir de la crise sanglante au Moyen-Orient est la mobilisation unifiée de la classe ouvrière, Arabes comme Juifs, dans une lutte commune contre le sionisme, l'impérialisme et les régimes de la bourgeoisie arabe en s'appuyant sur la lutte pour une fédération socialiste au Moyen-Orient.
(Article original paru le 20 novembre 2012)