Le rapport sur la pauvreté publié le 12 septembre par le Census Bureau américain est une nouvelle et cinglante réfutation de l'affirmation par l'administration Obama qu'elle serait en train d'agencer une relance économique et d'œuvrer à une amélioration de la vie des Américains ordinaires.
Le rapport a révélé que le nombre de ceux qui sont classés comme pauvres par le gouvernement se maintient à un niveau record en 2011, tandis que le gouffre entre riches et pauvres s'est encore élargi. Quelque 46,2 millions de personnes se trouvaient en deçà de la limite de pauvreté officielle en 2011, le chiffre le plus élevé depuis plus d'un demi-siècle. Le taux de pauvreté de 15 pour cent, pratiquement inchangé depuis 2010, était lui, le plus élevé depuis 1983.
Les conséquences de la pauvreté sont particulièrement catastrophiques pour les jeunes. Un enfant américain sur cinq était pauvre en 2011. Le taux de pauvreté des jeunes adultes entre 25 et 34 ans vivant avec leurs parents, était, tenant compte de leur seul revenu, de 43,7 pour cent.
Tous ces chiffres sous-estiment le niveau réel de la pauvreté, dans la mesure où le seuil de pauvreté, fixé par le gouvernement à un revenu annuel de 23,021 dollars pour une famille de quatre personnes, est absurde tellement il est bas. Les données obtenues au cours du dernier recensement montrent que le revenu moyen des ménages, compte tenu de l'inflation, était tombé de 1,5 pour cent par rapport à l'année précédente. Il était inférieur de 8,1 pour cent à celui de 2007 et de 8,9 pour cent à celui de 1999, son niveau le plus haut. Le revenu d'une famille américaine typique a baissé pour la quatrième année consécutive et est tombé à un niveau plus atteint depuis 1995.
Un facteur majeur dans cette chute continue du revenu des ménages a été la baisse des salaires. Le salaire hebdomadaire moyen pour les salariés qui ne sont pas cadres est tombé de 0,3 pour cent après inflation. L'impact de la campagne nationale de réduction des salaires lancée par le gouvernement Obama s'est reflété dans un bond de 17,3 pour cent du nombre des salariés dans les catégories de revenu les plus basses et ayant un emploi à plein temps.
Le National Employment Law Project a rapporté récemment que 58 pour cent des nouveaux emplois créés durant la Grande récession étaient des emplois à bas salaires rapportant entre 7,69 et 13,83 dollars de l'heure (entre 5,40 et 10 euros). La campagne de réduction salariale du gouvernement Obama a imposé une baisse de salaire généralisée de 50 pour cent pour les ouvriers nouvellement embauchés dans le cadre de son renflouage de General Motors et de Chrysler en 2009.
La croissance de l'inégalité, qui a atteint un niveau record en 2011, la seconde année de la soi-disant relance, souligne le caractère réel du prétendu redressement économique. Le coefficient Gini, qui mesure le niveau d'inégalité sociale d'un pays, a crû au rythme le plus élevé depuis le début de son introduction en 1993.
La part du revenu global a baissé pour le quintile moyen et le quatrième quintile des ménages américains. Il a augmenté de 1,6 pour cent pour le quintile supérieur et à l'intérieur de ce dernier quintile, la part de revenu global des 5 pour cent supérieurs a augmenté de 4,9 pour cent. Le un pour cent supérieur a connu une hausse de 6 pour cent de ses revenus.
Le second et le troisième quintile des ménages américains compte à présent pour seulement 23,8 pour cent du revenu de la nation, le taux le plus bas depuis l'administration Johnson dans les années 1960.
L'image présentée par le rapport en date de la fin de l'année dernière, plus de trois ans depuis le Crash de Wall Street et bien plus de trois ans depuis l'entrée en fonction du gouvernement Obama, est celle d'une détresse sociale grandissante pour la masse de la population et de richesse croissante au sommet de la société. L'administration Obama s'est néanmoins saisie du fait que la pauvreté restait inchangée depuis 2010 pour vanter le rapport comme une justification de sa politique.
Mis à part l'indifférence crasse qui se manifeste dans de telles déclarations vis-à-vis de la misère vécue par la classe ouvrière, celles-ci contiennent une part de vérité. Le désastre social qui s'exprime dans les résultats du rapport sur la pauvreté n'est pas seulement le résultat de forces économiques sans visage, mais définitivement le résultat de la politique de l'administration Obama, qui s'est, dès le premier jour, concentrée sur la protection et l'accroissement de la richesse de l'élite patronale américaine aux dépends de la majorité de la population.
Même alors qu'il élargissait les sommes allouées au renflouement, commencé sous Bush, de Wall Street, Obama rejetait tout programme gouvernemental de création d'emplois – comme des projets d'utilité publique – ou encore toute mesure sérieuse afin de soulager les chômeurs, ceux qu'on dépossédait de leurs maisons, qu'on privait d'eau ou d'électricité, ou les pauvres et les mal nourris de plus en plus nombreux.
Au contraire, il a supervisé la destruction de presque 700.000 emplois du secteur public et des coupes brutales dans les prestations sociales. Il a permis que des centaines de milliers de chômeurs de longue durée épuisent leurs droits à des indemnités. Selon une estimation, une baisse de 36 milliards de dollars d'indemnités de chômage en 2011 a signifié une hausse de 0,3 pour cent du taux de pauvreté.
En 2012, Obama et les deux parties représentés au Congrès ont accru leurs attaques contre les revenus des chômeurs – cela au milieu de la pire crise de l'emploi depuis la Grande dépression – sabrant les indemnités de longue durée de 99 semaines maximum pour les ramener à 66 semaines maximum. Il est très probable qu'on va permettre au programme d'indemnisation des chômeurs à long terme d'expirer à la fin de cette année, peu importe quel parti va gagner les élections en novembre.
Cela fera partie d'une intensification des mesures d'austérité prises dans l'intention d'imposer tout le coût de la crise du système capitaliste à la classe ouvrière.
Dans l'intervalle, des billions supplémentaires en fonds publics seront pompés dans les marchés financiers pour soutenir les banques et les fonds d'investissements et renforcer la bourse et les profits patronaux. C'est là la signification de l'annonce le 13 septembre par la Banque centrale américaine d'un nouveau round de la planche à billet pour fournir à Wall Street et à l'Amérique patronale de l'argent pratiquement gratuit.
Le rapport sur la pauvreté souligne l'échec non seulement d'une administration ou d'un parti, mais du système capitaliste lui-même que servent les deux partis de la grande bourgeoisie. La compétition entre Obama et Romney, entre Démocrates et les Républicains, n'offre aucune alternative à la classe ouvrière. Pour mettre fin au cycle du chômage de masse, de la baisse des salaires, de la pauvreté et de l'inégalité sociale, il faut une lutte pour rompre le carcan dans lequel l'élite financière tient la société et pour remplacer le système capitaliste, qui subordonne les besoins sociaux au profit privé, par le socialisme qui utilise pour le bien commun la richesse créée par la classe ouvrière.
La classe ouvrière doit construire son propre mouvement politique, basé sur un programme socialiste, pour lutter pour un gouvernement ouvrier. C'est le programme défendu dans ces élections par le Socialist Equality Party et ses candidats à la présidence et à la vice présidence, Jerry White et Phyllis Scherrer.
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(Article original publié le 15 septembre 2012)