La dernière menace d’Israël, l’annonce de son intention de lancer une guerre d’agression non provoquée contre l’Iran, souligne l’irresponsabilité et la criminalité de la campagne menée par le gouvernement Obama pour refaçonner le Moyen-Orient et réaffirmer la domination des Etats-Unis sur la région. Si les dirigeants politiques israéliens font plus ouvertement part de leurs intentions, ils ne font que reprendre la déclaration, maintes fois répétée, d’Obama que les Etats-Unis gardent toutes les options sur la table, y compris la guerre, pour s’occuper de l’Iran.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a appelé dimanche dernier les Etats-Unis et leurs alliés européens à « déclarer aujourd’hui que les pourparlers [avec l’Iran] ont échoué, » et à fixer une échéance à l’Iran pour qu’il mette fin à son programme nucléaire. A la question de savoir combien de temps il faudrait accorder au régime iranien, Ayalon a répondu, « des semaines, et pas davantage. »
Les commentaires d’Ayalon ont été faits au milieu d’intenses spéculations dans les médias israéliens sur le fait que le premier ministre Benjamin Netanyahu et des fonctionnaires de la sécurité étaient sur le point de prendre une décision pour attaquer l’Iran. Mardi, le journal Ma’ariv a rapporté que Netanyahu et le ministre de la Défense, Ehoud Barak, avaient fixé au 25 septembre la date pour qu’Obama s’engage à prendre une action militaire contre l’Iran.
Mercredi, un mémorandum donné en douce à la presse montrait des plans israéliens prévoyant « une cyber attaque sans précédent » pour mettre hors d’usage les communications de l’Iran ; le recours à des munitions en fibre de carbone pour paralyser les réseaux électriques du pays ; ainsi que le « lancement de dizaines de missiles balistiques » et de « centaines de missiles de croisière, » complétés par des frappes aériennes prenant pour cible les installations nucléaires de l’Iran, son appareil militaire et ses dirigeants politiques et militaires.
Egalement mercredi, l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Michael Oren, a annoncé à une tribune publique qu’Israël serait prête à attaquer l’Iran même si elle n’arrivait pas à détruire complètement les programmes nucléaires de l’Iran. « La diplomatie n’a pas été couronnée de succès, » a-t-il carrément dit. « Nous sommes arrivés à la croisée des chemins et il faut prendre d’importantes décisions. » A la question de savoir quand la fenêtre d’opportunité d’Israël pour une attaque se refermera, il a répondu : « Dans un avenir pas très lointain. »
Ces récentes menaces visent partiellement tant à intimider les voix critiques à l’intérieur d’Israël où existe une vaste opposition à la guerre contre l’Iran, qu’à exercer une pression sur le gouvernement Obama pour qu’il accroisse ses propres menaces à l’encontre de l’Iran. Indépendamment du but conscient des responsables israéliens, leur bellicisme ne fait que renforcer les tensions dans l’ensemble de la région et augmenter les risques de guerre.
De plus, l’Iran n’est pas l’unique cible. L’ambassadeur israélien Oren s’est dit préoccupé par l’existence de stocks d’armes chimiques en Syrie au moment où s’aggravait la guerre civile dans le pays. Il a dit que la situation était « très floue et hautement inflammable » et a indiqué qu’il faudrait « s’occuper en premier » de la Syrie avant de passer à l’Iran. Israël a déjà menacé d’attaquer les armes chimiques de la Syrie.
Les prétextes utilisés par les Etats-Unis et leurs alliés pour justifier la guerre contre l’Iran sont tout à fait cyniques. Les Etats-Unis menacent d’attaquer l’Iran sur des allégations non fondées que celui-ci est en train de développer sa capacité d’obtenir l’arme nucléaire tout en fermant les yeux sur les vastes stocks d’armes nucléaires et de moyens de lancement d’Israël. De la même manière, les Etats-Unis et Israël émettent des affirmations excessives au sujet des armes chimiques de la Syrie pour fournir un prétexte à une agression militaire.
Pour les stratèges américains et israéliens, la guerre civile en Syrie et les préparatifs pour attaquer l’Iran sont étroitement liés. L’Iran, à travers son appui pour son allié, le régime syrien du président Bachar al-Assad, ainsi qu’à travers la milice libanaise du Hezbollah et l’organisation palestinienne du Hamas, est considérée comme un obstacle majeur à une consolidation du Moyen-Orient sous hégémonie américaine. Tout comme s’intensifie l’intervention militaire soutenue par les Etats-Unis en Syrie, s’intensifie aussi le renforcement de l’activité militaire des Etats-Unis et de leurs alliés contre l’Iran dans le Golfe persique
Avec le soutien des Etats-Unis, Israël est déjà engagé dans une guerre secrète de sabotage et d’assassinat à l’intérieur de l’Iran.
De plus, en s’alliant aux monarchies sunnites réactionnaires d’Arabie saoudite et du Qatar ainsi qu’au gouvernement turc, les Etats-Unis sont délibérément en train d’attiser les flammes d’une guerre régionale sectaire opposant sunnites et chiites.
Les milices syriennes d’opposition sont armées par les Etats-Unis et leurs alliés qui comprennent des combattants extrémistes sunnites parmi lesquels il y a des groupes liés à Al Qaïda et qui sont pathologiquement hostiles aux régimes « chiites » en Iran et en Syrie. Après avoir fait monter la température politique jusqu’à l’ébullition, un incident relativement banal – un affrontement naval dans le Golfe persique ou un incident de frontière entre la Syrie et la Turquie – pourrait déclencher une guerre régionale qui impliquerait les grandes puissances.
L’escalade de l’intervention de l’impérialisme américain et de ses alliés au Moyen-Orient est une réaction aux mouvements révolutionnaires de la classe ouvrière qui ont éclaté l’année dernière en Egypte et en Tunisie. La guerre de l’OTAN, menée sur la base de faux motifs humanitaires et ayant pour objectif l’éviction du régime libyen de Mouammar Kadhafi, est devenue le modèle pour les efforts dirigés par les Etats-Unis dans le but de déloger le président Bachar al-Assad en Syrie.
La promotion d’Islamistes et d’extrémistes sunnites en Libye, en Syrie et ailleurs au Moyen-Orient rejoint le besoin le plus profond de l’impérialisme américain et des élites dirigeantes vénales du Moyen-Orient pour diviser la classe ouvrière.
L’unique force sociale capable d’empêcher que le Moyen-Orient et le monde ne sombrent dans une guerre catastrophique est la classe ouvrière. Les travailleurs partout dans la région et indépendamment de leur langue, religion et origine ethnique, partagent des intérêts de classe communs dans l’opposition à une intervention impérialiste, au militarisme et à la guerre, ainsi qu’à l’assaut incessant contre leur niveau de vie et leurs droits démocratiques. Ce qui est requis c’est une lutte unie de la classe ouvrière dirigée contre les causes premières de la guerre – le système de profit lui-même – et en faveur des Etats socialistes unis du Moyen-Orient.
(Article original paru le 17 août 2012)