Les bolcheviques au pouvoir – Une importante étude par le professeur Alexandre Rabinowitch sur la première année de pouvoir soviétique à Saint-Pétersbourg
Par Frederick Choate et David North
7 décembre 2007
[Alexandre Rabinowitch,
The Bolsheviks in Power : The First Year of Bolshevik Rule in Petrograd,
Indiana University Press, 2007, 494 pp.]
Publié au moment du
90e anniversaire de la Révolution d'Octobre, Les bolcheviques au pouvoir
par Alexandre Rabinowitch, professeur émérite à l'Université d'Indiana, est un
important travail de recherche historique. Il servira de référence
incontournable, pour de nombreuses années à venir, dans l'étude des
conséquences politiques et sociales du renversement du gouvernement provisoire
bourgeois et de l'établissement du régime bolchevique. Contrairement à tant
d'autres travaillant dans le domaine de l'étude du régime soviétique et qui se
sont adaptés au climat dominant de malhonnêteté intellectuelle et de cynisme,
le professeur Rabinowitch n'a pas compromis son intégrité d'universitaire.
Dans la préparation
de ce volume, Rabinowitch a fait un énorme travail de recherche qui s'étend sur
plus de 20 ans. La préface explique comment il a commencé à ébaucher les
chapitres de ce livre peu de temps après la publication de ses deux précédents
travaux, Prélude à la Révolution : les bolcheviques de Petrograd et
l'insurrection de juillet 1917(1968) et L'arrivée des bolcheviques
au pouvoir : la Révolution de 1917 à Petrograd (1976). Manquant
cruellement d'archives essentielles, en particulier concernant 1918, Rabinowitch
n'aurait jamais imaginé qu'il aurait accès à des archives de l'Union Soviétique
jusqu'alors fermées. En 1989, à sa grande surprise, une édition russe de L'arrivée
des bolcheviques au pouvoir : la Révolution de 1917 à Petrograd (1976), fut
publiée à Moscou. Des portes commencèrent à s'ouvrir. En 1991, il reçut la
permission de travailler aux archives du gouvernement et du Parti communiste à
Moscou puis à Leningrad. En 1993, il obtint même l'accès aux archives de
l'ancien KGB.
Il a produit une
importante contribution à l'étude de la première année de pouvoir des bolcheviques.
Cela ne veut pas dire que son travail n'est pas sans de sérieux
manques. Il y a une absence notable de théorisation des événements, qui
lui aurait permis de rassembler d'une manière plus unie le vaste ensemble de
faits détaillés présenté dans son ouvrage. Ce n'est pas là un argument pour
subordonner la narration des faits à un système idéologique préconçu. Il
s'agit plutôt de révéler et de clarifier le contexte historique dans lequel se situent
les décisions et les actes politiques. Dans la mesure où cet élément contextuel
est insuffisamment développé, cela peut parfois entraîner une appréciation
partiale des événements étudiés. Tout en restant fidèle à ses intentions de
chercheur, le professeur Rabinowitch n'a pas entièrement échappé aux pièges
d'une approche qui souffre d’un excès d’empirique.
Son ouvrage est
néanmoins une contribution importante à l’étude de la première année de
pouvoir bolchevique à Saint-Pétersbourg le berceau de la révolution.
La liste des
documents qu'il fut le premier à consulter est longue : les procès-verbaux des
réunions du Comité bolchevique de Petrograd en 1918, et celles d'autres comités
du parti à travers la ville ; les procès-verbaux des réunions des comités de
district du parti ; les protocoles des réunions du conseil des commissaires du
peuple (Sovnarkom) ; les notes sténographiques des sessions cruciales du Soviet
de Petrograd et de ses organes dirigeants ; les procès-verbaux des réunions des
soviets de district de Petrograd ; des mémoires internes ; de la correspondance
; les dossiers personnels de dirigeants bolcheviques importants ; les dossiers
d'instruction de la Commission extraordinaire panrusse pour combattre la
contre-révolution, ou la Spéculation et le Sabotage (la VCheka), etc. En plus
de ces documents d'archives, il a consulté des documents imprimés constituant une
liste impressionnante : 51 journaux (certains très rares), 31 magazines et
périodiques, et 14 pages de références bibliographiques pour des documents
publiés, des journaux personnels et des mémoires, des études secondaires, des
travaux de référence et beaucoup d'autres livres. Quels sont donc les résultats
de ces prodigieuses recherches ?
Dans ses deux
précédents travaux, Rabinowitch avait établi, au grand dam de nombreux
historiens appartenant au courant dominant, que la Révolution d'Octobre n'était
pas un coup d'état militaire dirigé par Lénine et une petite bande de
fanatiques. Au contraire, il « a découvert que, en 1917, le Parti
bolchevique de Petrograd s'est transformé en un parti politique de masse et
que, plutôt qu'un mouvement monolithique marchant au pas derrière Lénine, sa
direction était divisée en ailes gauche, centriste, et modérément droitière, chacune
d'elles aidant à former la stratégie et les tactiques révolutionnaires »
(p. IX). Il souligne « la flexibilité organisationnelle, l'ouverture, et
la réactivité aux aspirations populaires » des bolcheviques, ainsi que
leurs « connexions étendues, soigneusement entretenues avec les ouvriers
des usines, les soldats et la garnison de marins de la flotte de la Baltique à
Petrograd » (p. X). Il a montré sans ambiguïtés « l'attraction
magnétique des promesses des bolcheviques d'une paix immédiate, du pain, de la
terre aux paysans et d'une démocratie populaire exercée par l'intermédiaire de
soviets multipartites » (ibid).
Cependant, Rabinowitch
sentait que quels que soient les mérites de cette précédente analyse, elle
n'expliquait pas comment un parti si démocratique et décentralisé, avec les
politiques correspondantes, pouvait évoluer en un temps relativement rapide
vers, selon ses mots, une organisation autoritaire et centralisée. Et quel fut
le processus politique qui mena, assez rapidement, à l'anéantissement de la
démocratie soviétique que les bolcheviques avaient mise en avant ?
Les quatre parties
du livre tentent de répondre à ces questions. Chaque partie fait près de cent
pages, et est solidement structurée en trois ou quatre chapitres. Il faut
garder à l'esprit que l'attention se porte sur Petrograd, que la période est
d'une année, et que l'analyse se focalise sur des partis, des organisations et
des personnes qui sont pratiquement inconnus ou ont été négligés, avec parfois
des détails étonnants.
Cette richesse de
détails pose le problème central de l'interprétation que nous avons déjà
mentionné : quand Rabinowitch s'intéresse aux relations structurelles mouvantes
entre une myriade d'organisations du parti et des soviets, par exemple, il est
facile d'être dépassé par la seule quantité des détails. Dans de tels moments,
on sent que, en dépit de la richesse en éléments factuels – ou même à
cause de cette richesse – il est difficile de discerner le cadre
théorique précis qui guide la présentation de l'auteur. Rabinowitch essaye
généralement de maintenir une objectivité honnête et sérieuse, mais le sujet,
la première année de pouvoir bolchevique à Petrograd, ne peut être expliqué par
une approche largement empirique. Les faits, comme le rappelait Carr il y a
plus d'un demi-siècle, sont « désignés » par l'historien comme ayant
une importance historique. Ce processus de désignation implique, d'une certaine
façon, un cadre conceptuel. Quelle perspective, par exemple, le guide quand il
sépare l'essentiel de l'accessoire, le nécessaire du contingent ?
Pour le lecteur
marxiste, il y a beaucoup à apprendre des éléments présentés par Rabinowitch
même si on est en désaccord avec son appréciation de leur sens politique. Nous
devons garder à l'esprit que dans les années où ce livre a été écrit, deux
tendances prépondérantes dominaient les ouvrages sur l'Union soviétique : (1)
la vieille école de falsification stalinienne, toujours dominante dans
l'ancienne Union Soviétique et ailleurs ; et (2) une tendance
« pro-démocratique » du rejet, qui voyait l'Union Soviétique comme
une expérience humaine ayant perdu les pédales. Pour cette tendance, des figures
telles que Lénine ou Trotsky deviennent des vilains-en-chef qui ont interrompu
le « développement normal » de la Russie vers une démocratie à
l'occidentale. Rabinowitch rejette clairement ces deux tendances, mais il a
certainement dû louvoyer entre elles dans ses recherches archivistiques. Le
simple fait d'exhumer tant de documents d'archives – même le simple fait
de restituer les noms des participants majeurs, dont beaucoup ont été rayés de
l'histoire soviétique officielle – est une contribution majeure.
Cependant, intéressons nous au contenu de ce livre.
La première partie
concerne le renversement du gouvernement provisoire par les bolcheviques à la
veille du second congrès des Soviets panrusses, et de la lutte qui suivit pour
l'établissement d'un nouveau gouvernement socialiste. Quand Rabinowitch fait
référence à la « défaite des modérés », il ne fait pas seulement
référence à des forces plus modérées à l'extérieur du Parti bolchevique. Il
traite aussi largement de l'opposition aux politiques de Lénine et Trotsky dans
le parti lui-même.
Rabinowitch
souligne résolument la collaboration étroite tout au long de 1917 et 1918 entre
Lénine et Trotsky, dirigeant l'aile gauche du parti, « pour qui
l'établissement du pouvoir révolutionnaire soviétique en Russie était moins une
fin en soi que le déclencheur d'une révolution socialiste mondiale
immédiate » (p. 2). Passant moins de temps sur le centre du parti (Berzin,
Bubnov, Uritski, Sverdlov), il consacre de nombreuses pages aux activités des
dirigeants « modérés » du parti, dont Kamenev, Zinoviev, Miliutin,
Rykov, Nogin et Lunacharsky. Ils furent rejoints par d'importants dirigeants
des mencheviques de gauche à la fin de 1917, dont Larin, Lozovsky et Riazanov.
On sent que les sympathies de l'historien vont aux modérés, mais il est
difficile de voir, en se basant sur les éléments qu'il présente, comment leurs
efforts pour arriver à un compromis avec les mencheviques auraient pu aboutir sans
annuler le renversement du gouvernement provisoire. L'historien cite une
« résolution exprimant une ligne dure » adoptée par le comité central
des mencheviques juste deux jours après le renversement du gouvernement
provisoire qui « interdisait toutes négociations avec les bolcheviques
jusqu'à ce que leur aventure ait été complètement liquidée » (p. 27).
S'appuyant sur la conviction que les bolcheviques pouvaient être isolés, la
résolution menchevique allait jusqu'à proposer que les Comités militaires bolcheviques
révolutionnaires (présidés par Trotsky) « se rendent immédiatement –
en échange de quoi ses chefs recevraient la garantie de leur sécurité
personnelle jusqu'à ce que l'Assemblée constituante ait eu l'occasion de décider
s'ils devaient être jugés » (p. 28).
Il était largement
admis que les demandes des mencheviques, si elles avaient été appliquées,
auraient menées directement à un bain de sang contre-révolutionnaire. Rabinowitch
cite la phrase de A.A. Blum, un membre des mencheviques-internationalistes,
plus à gauche, qui avertit les délégués de l'ACS (Comité panrusse pour le salut
du pays et de la révolution) : « Avez-vous envisagé ce que la défaite des bolcheviques
signifierait ? L'action des bolcheviques est l'action des ouvriers et des
soldats. Les ouvriers et les soldats seront écrasés avec le parti du
prolétariat » (p. 29).
Il est frappant que,
dans les débats passionnés sur la formation d'un nouveau gouvernement, les
demandes faites par des mencheviques, des SR, des représentants du Vikshel (le
syndicat du rail) et d'autres d'exclure Lénine et Trotsky furent vraiment
envisagées par certains des « bolcheviques modérés ». Dans la
direction bolchevique, Lénine était forcé de mener un combat de tous les
instants contre les modérés. Rabinowitch note que le premier novembre 1917, à
un point crucial de leur lutte, le seul dirigeant bolchevique pour qui Lénine
trouva des mots d'éloge était Trotsky. À travers les batailles intenses à
l'intérieur du parti dans les jours qui suivirent la révolution d'Octobre,
« Lénine et Trotsky travaillaient la main dans la main » contre ceux
qui étaient prêts faire des compromis (p. 35).
Si un système multipartite
avait été mis en place, avec l'exclusion (et probablement l'arrestation, si ce
n'est l'exécution) de Lénine et Trotsky, la contre-révolution aurait suivi de
peu. Dans la description de ces luttes, on est frappé par le rôle intraitable
des opposants aux bolcheviques, qui ont érigé beaucoup d'obstacles qui ne
pouvaient être franchis que par une réponse de plus en plus
intransigeante. De fait, un Sovnarkom entièrement bolchevique fut
finalement formé. La relation entre cet organe et le Comité exécutif central
(CEC) resta changeante et sujette à controverses.
La transformation
de « rebelles en législateurs » était loin d'être simple. Les stocks
de nourriture, de carburant, les transports, les salaires, le logement, les
soins médicaux et bien plus devaient être organisés, souvent par des cadres qui
n'avaient pas d’expérience dans ce domaine.
Rabinowitch accorde
une attention considérable aux élections à l'Assemblée constituante, sa
création précaire, et le rapide déclin qui suivit. Dans ces circonstances,
l'alliance entre les bolcheviques et les SR de gauche (dont la base était
largement dans la paysannerie) était orageuse : des controverses surgirent à
propos de la Cheka (la principale force de sécurité), la réponse à donner aux
larges et potentiellement violentes manifestations en faveur de l'Assemblée constituante,
et finalement la dissolution de l'Assemblée elle-même, qui advint le 6 janvier
1918. Une fois de plus, il y eut de fortes oppositions à la ligne de Lénine, Riazanov
jouant là un rôle proéminent.
Cependant, Rabinowitch
présente une évaluation de la lutte à propos de l'Assemblée constituante qui
contredit entièrement la plupart des récits antibolcheviques. Premièrement, il
établit que « le résultat des élections de l'Assemblée constituante était
un fort soutien aux politiques révolutionnaires bolcheviques et du pouvoir
soviétique par les classes inférieures de la région de Petrograd ». Il
note la conclusion d'un correspondant du journal antibolchevique Novaia Zhizn,
selon qui « quoi que nous puissions en penser, nous ne pouvons qu'admettre
une chose : même en ce qui concerne l'Assemblée constituante, les travailleurs
de Petrograd reconnaissent les bolcheviques comme leurs dirigeants et les
représentants de leurs intérêts de classe » (p. 69). Rabinowitch suggère
qu'il existe un lien entre le résultat du vote et l'échec des efforts faits par
le syndicat du rail pour hâter la déchéance du gouvernement révolutionnaire
socialiste.
Dans son examen
complet des événements menant à l'ouverture de la première séance de
l'Assemblée constituante, Rabinowitch reconstruit finement les divisions de
classe reflétées dans le choc des tendances politiques. Les travailleurs de
Petrograd paraissaient adhérer aux affirmations des bolcheviques selon
lesquelles les forces de droite, avec le parti bourgeois Kadet à leur tête, avaient
pour plan d'utiliser l'Assemblée constituante contre la révolution. La
dissolution de l'Assemblée ne rencontra aucune opposition significative. Rabinowitch
conclut : « Il est certain que ce qui contribua à cela fut le fort
soutient populaire dans la région de Petrograd, comme on le voit dans les
élections de la mi-novembre à l'Assemblée constituante, et le rejet par la
direction des SR de tout effort pour donner une sécurité militaire, couplé avec
le fait que les bolcheviques et les SR de gauche étaient prêts à recourir à la
force armée pour défendre le pouvoir des soviets. Plus important, cependant, Sviatitsky
avait probablement raison quand il faisait remarquer l'indifférence
fondamentale des Russes au sort de l'Assemblée constituante, permettant à
Lénine d'ordonner qu'elle rentre simplement chez elle » (p. 127).
La seconde partie
se concentre sur les difficiles négociations avec l'Allemagne à Brest-Litovsk,
ayant pour but de mettre fin à la participation de la Russie à la Pemière Guerre
mondiale, « sans annexions ni indemnités ». Rabinowitch décrit de
manière expressive comment Lénine, à la mi-décembre, est arrivé à la conclusion
qu'une guerre révolutionnaire contre l'Allemagne était impossible et que la
Russie devait accepter une très difficile paix avec des annexions pour éviter
une catastrophe complète. Ici, Rabinowitch donne un démenti catégorique à deux
autres historiens, Volkogonov et Pipes : « Les historiens ont discuté de
l'évolution de la pensée de Lénine sur la question de la paix. Certains ont
suggérés … qu'Octobre et peut-être même l'abandon de Brest étaient des
phases d'un accord germano-bolchevique pour déstabiliser la Russie et mettre
fin aux hostilités sur le front oriental… [Ma] compréhension des preuves
disponibles m'amène à conclure que Lénine est arrivé au pouvoir convaincu de la
nécessité d'une paix immédiate pour que la Russie révolutionnaire survive mais
que cela ne le gênait pas beaucoup en raison de sa confiance absolue dans
l'immédiateté de révolutions socialistes décisives à l'étranger ». Quand
Lénine arriva à la conclusion que les révolutions attendues pouvaient être
retardées, il décida « qu'il n'y avait pas d'alternative à l'acceptation
de n'importe quels termes offerts par les Allemands. Le décor était planté pour
la crise interne la plus profonde du temps de Lénine en tant que dirigeant de
l'État soviétique » (p. 141).
La crise interne du
Parti bolchevique fut en effet profonde. À plusieurs reprises, Boukharine,
Radek, Volodarsky et Riazanov menèrent la fraction des « communistes de
gauche », qui croyaient qu'une guerre révolutionnaire contre
l'impérialisme devait être poursuivie quel qu'en soit le prix, jusqu'au
sacrifice de la révolution en Russie. Les SR de gauche pensaient aussi
qu'accepter les demandes territoriales prédatrices de l'Allemagne serait une
trahison colossale de la révolution. Les débats à l'intérieur du Parti
bolchevique et avec d'autres partis, étaient tendus et acrimonieux. Trotsky, à
ce moment, doutait que l'Allemagne puisse reprendre une offensive militaire à
cause de ses troubles intérieurs ; il espérait que les bolcheviques pourraient
déclarer « ni la guerre, ni la paix » et quitter les négociations, essayant
de gagner le plus de temps possible. Le comité central du Parti bolchevique a
accepté cette tactique le 11 janvier, et le jour suivant, les SR de gauche
l'ont aussi prise à leur compte. Même Martov, malgré son opposition acerbe aux bolcheviques,
ne pouvait retenir son admiration de l'élan révolutionnaire avec lequel Trotsky
avait avancé la cause de l'anti-impérialisme aux négociations de Brest-Litovsk.
Après avoir entendu le discours de Trotsky au troisième congrès Panrusse,
Martov « a célébré les "avancées formidables" vers la paix
universelle effectuées par les "cultivateurs de la révolution
internationale mondiale" » (p. 146). Le 28 janvier, les Allemands
furent surpris par la déclaration de Trotsky selon laquelle la guerre était
finie et la Russie démobilisait unilatéralement. Le 16 février, ils firent
savoir que la trêve temporaire expirait et que leur offensive reprendrait le 18
février. Ils lancèrent rapidement une offensive qui menaçait de prendre
Petrograd.
Dans les jours qui
suivirent, un débat intense dans le Parti bolchevique alla jusqu'à la menace de
Lénine de démissionner si les conditions allemandes n'étaient pas immédiatement
acceptées. Dans un vote fameux du 23 février, sept furent en faveur de
l'acceptation des conditions allemandes (Lénine, Stasova, Zinoviev, Sverdlov,
Staline, Sokolnikov et Smilga) quatre contre (Bubnov, Uritsky, Boukharine, et Lomov),
et quatre s'abstinrent (Trotsky, Krestinsky, Dzerjinski, et Ioffé) (p.174). Des
semaines plus tard, quand l'onéreux traité de Brest fut ratifié au quatrième
congrès, les SR de gauche et les communistes de gauche quittèrent le Sovnarkom.
Entre temps, le gouvernement national avait été déplacé de Petrograd à Moscou à
cause de la vulnérabilité de Petrograd aux attaques des forces allemandes ; il
n'y avait après tout aucune garantie que l'Allemagne n'essaierait pas
d'étrangler la révolution une fois de plus.
Les difficultés que
les bolcheviques rencontrèrent à ce moment étaient énormes. La troisième partie
décrit « le pouvoir soviétique au bord du précipice ». Ici, Rabinowitch
introduit des statistiques sur le déclin de la population, le chômage, la
famine, l'épidémie de choléra, le déclin du nombre de membres du parti, les
troubles dans les usines et la flotte, la guerre civile qui s'intensifie,
l'assassinat de Volodarsky (20 juin) et celui d'Uritsky (30 août) à Petrograd,
et la tentative d'assassinat de Lénine (30 août) à Moscou.
De janvier à avril
1918, par exemple, approximativement 134 000 travailleurs, soit 46 pour
cent de la force de travail industrielle de Petrograd, furent au chômage. Comme
le manque de nourriture devenait criant, beaucoup de ces travailleurs au
chômage quittèrent Petrograd pour la campagne environnante, contribuant au
déclin de la population de la ville de 2,3 millions au début de 1917 à tout
juste 1,5 en juin 1918. Puis durant l'épidémie de choléra en été, des milliers
de plus quittèrent la ville pour les zones rurales. Le parti bolchevique, en
même temps, risquait de perdre ses liens fondamentaux avec le prolétariat :
l'effectif du parti à Petrograd commença à diminuer passant de 30 000 en
février à 13 472 en juin, à près de 6000 en septembre. Le soutien actif parmi
les ouvrières d'usine s'évapora quasiment : en septembre, seulement environ 700
membres du parti à Petrograd étaient des femmes, et seulement 50 des ouvrières
d'usine, à une époque ou 44 629 des 113 346 ouvriers étaient des femmes.
Rabinowitch décrit
de manière expressive les réponses du Parti bolchevique et des SR de gauche à
ces crises. C'est dans ces chapitres néanmoins qu'il s'écarte du ton
admirablement objectif dont il fait preuve tout au long de la majeure partie du
livre. Rabinowitch est très critique de la politique de Lénine des détachements
de ravitaillement armés envoyés depuis la ville pour saisir les surplus de
grain des paysans. Lénine proposa que les paysans puissent garder ce qu'il leur
fallait pour vivre, et assez pour replanter, mais que tout le surplus devait
être saisi, par la force des armes si nécessaire. Des comités de paysans
pauvres (les kombedy) furent formés pour aider à localiser le grain caché par
les paysans plus riches, particulièrement ceux qui employaient des salariés
(les koulaks). Lénine était franc et honnête dans ses politiques, ce qui
est souligné, par exemple, dans une lettre du 22 mai « aux travailleurs de
Piter [Petrograd] » Rabinowitch, cependant, écrit : « appâtant les
travailleurs pour qu’ils forment une procession sacrée à la campagne, la
seconde lettre de Lénine était plus arrogante et, en tout cas, plus alarmiste
et inconsidérée que la précédente, Peut-être, la différence la plus
significative entre les deux était-elle l'attaque féroce contre les SR de gauche,
car il les accusait d'être maintenant le parti des volontés faiblardes, prêtes
à défendre les koulaks, à faire échouer la politique absolument essentielle
d'approvisionnement forcé, et, surtout, de saper le pouvoir des soviets au même
degré que la contre-révolution domestique et internationale » (p. 271).
La lettre de Lénine
se trouve dans le volume 27, pages 391 à 398, de l'édition anglaise de ses
œuvres complètes. Laissons le lecteur décider si Lénine « appâte
les travailleurs » ou encore si sa lettre est « alarmiste et
inconsidérée ». De plus, étant donné la situation drastique à Petrograd,
où le manque de nourriture était sévère, est-ce que Lénine était
« féroce » quand il appelait les SR « beskharaktrnyi »
(manquant de caractère, de volonté faible ou veules) pour leur hésitation à
suivre une politique qui était impopulaire chez beaucoup de paysans ? Comme
l'admet Rabinowitch, Lénine aurait été le premier à reconnaître que « de
terribles erreurs ont été commises … à cause de l'inexpérience de nos
travailleurs, [et] de la complexité du problème, des coups qui visaient les
koulaks frappèrent la paysannerie moyenne. » Rabinowitch fait étrangement
suivre l'admission de Lénine de la question « Et qui plus que Lénine était
responsable des "terribles erreurs" ? » (p. 286).
Un manque de
discernement encore plus important concerne le traitement par le professeur Rabinowitch
de l’« affaire Shchastny ». Pendant qu'il traite de la crise de
la flotte de la Baltique au printemps et au début de l'été 1918, Rabinowitch
examine le sort d'un populaire officier russe, Alexeï Shchastny, qui était en
charge, parmi d'autres choses, de la préparation du sabordage de la flotte
russe au cas où elle risquerait d'être prise par la marine allemande. En mai il
y eut des altercations entre Shchastny et Trotsky à propos du déplacement de la
flottille de mouilleurs de mines vers le lac Ladoga, la préparation de la
flotte pour la démolition, la destruction d'un fort à Ino (près de Petrograd),
et le traitement des ordres concernant ces actions. Le 22 mai, Shchastny
démissionna. Rabinowitch écrit alors explicitement : « Trotsky refusa [sa
démission], donna l'ordre de l'amener à Moscou, le désigna pour être arrêté, et
organisa de lui-même une enquête, un procès truqué, et une condamnation à mort
sur la base de l'accusation mensongère de tentative de renversement de la
commune de Petrograd avec le but à plus long terme de combattre la république
Soviétique » (p. 243). Une note de fin renforce l'accusation : « Par
exemple, Trotsky était le seul témoin autorisé à témoigner au procès de Shchatsny,
probablement la première "parodie de procès" soviétique. En 1995, Shchastny
a été innocenté à titre posthume et officiellement réhabilité. » (p. 435).
Rabinowitch a déjà
écrit sur ce sujet, dans deux articles, l'un en anglais en 1999 et l'autre en
russe en 2001. Il faut lui faire crédit du fait qu’il a lu le dossier de
362 pages de l'affaire Shchatsny aux archives du Service de sécurité fédéral russe
de Saint-Pétersbourg, qui fut déclassifié avant l'article de 1999. Sans accès à
ce document, il est impossible de répondre à toutes les accusations de Rabinowitch,
mais deux remarques doivent être faites. D'une part, il n'informe pas le
lecteur de ce que les accusations contre Shchatsny étaient reproduites dans le
premier volume de Comment la Révolution s'arma (New Park, 1979,
pp. 173-82). Il ne mentionne pas non plus ici, bien qu'il le fasse dans son
article, que ces accusations furent réimprimées dans le Volume 17, 1ère partie,
des œuvres de Trotsky en 1926. En d'autres termes, loin de cacher son
témoignage dans un « procès truqué », Trotsky continua à le présenter
à un large public. Il est clair que Trotsky était très inquiet de ce que Shchatsny
diffusait des rumeurs dans la flotte de la Baltique, accusant les bolcheviques
de préparer un accord abject avec les Allemands, avec la possible destruction
de la flotte russe. Shchatsny portait même sur lui des lettres (il fut
ultérieurement prouvé que c'étaient des faux), qui déclaraient que la marine
allemande « demandait le désarmement complet de Kronstadt et des navires
du port de la marine » (ibid., p. 562). Étant donné l'atmosphère
extrêmement tendue et confuse qui régnait dans la flotte de la baltique (ce que
Rabinowitch documente bien), étant donné aussi la nature explosive des
accusations selon lesquelles les bolcheviques avaient trahis la révolution à
Brest-Litovsk et préparaient de nouvelles trahisons, étant donné la révolte
imminente sur les mouilleurs de mines de Petrograd et aux ateliers d'Obukov, et
étant donné les incontestables machinations des services secrets britanniques
et d'officiers de la marine comme Cromie, O'Reilly et Lockhart à Petrograd
(également documentés de manière convaincante par Rabinowitch), l'auteur ne
devrait-il pas être quelque peu plus circonspect dans sa condamnation de
Trotsky ? N'est-il pas tout à fait possible que l'enquête, le procès et la
peine de mort soient justifiés en tenant compte des circonstances du moment ?
Ou, pour citer Rabinowitch lui-même :
« Le 22 juin,
les marins des mouilleurs de mines, rejoignirent les travailleurs en colère de
l'une des plus grandes usines de Petrograd, l'usine Obukhov, commencèrent une
insurrection armée appelant à la formation immédiate d'un gouvernement
socialiste soviétique homogène dans l'attente d'une nouvelle convocation de
l'Assemblée constituante. Bien que réprimée avec succès, la rébellion
était symptomatique de la profonde crise du pouvoir soviétique à Petrograd à ce
moment » (Alexandre Rabinowitch, The Shchastny File : Trotsky and the
Case of the Hero of the Baltic Fleet, Russian Review, vol. 58, no. 4 (oct.
1999, pp. 633).
De plus, accuser
Trotsky de participer à « probablement la première "parodie de procès"
soviétique » n'est simplement pas digne d'un historien du calibre de Rabinowitch.
Il y a un monde entre la situation à laquelle les bolcheviques devaient faire
face dans les conditions explosives d'une guerre civile, alors que tous risquaient
leur vie, et celles qui se présentaient à Staline en 1936. Rabinowitch peut
penser que Trotsky s'est comporté avec une dureté excessive, mais il ne produit
aucune preuve qui montrerait que Trotsky a agi pour des raisons autres que
celles qu'il a présentées dans son allocution devant le tribunal
révolutionnaire. Au surplus, Rabinowitch sait pertinemment que pratiquement
tout protagoniste mentionné dans son livre qui n'est pas mort de cause
naturelle ou violente avant 1936, est mort lors des véritables « parodies
de procès » qui furent conduites des années plus tard par Staline durant
la Terreur de 1937-38. Un rapide survol de Les bolcheviques au Pouvoir
donne la liste suivante de ceux qui furent tués dans les procès-spectacle de
Staline : Riazanov, Zinoviev, Kamenev, Radek, Zorin, Boukharine, Miliutin, Smilga,
Krestinsky, Osinskii, Lozovskii, Dingel'stedt, Nevskii, Borkii, Kosior, Spiridonova,
et d'autres. Suggérer que, en défendant la révolution avec le procès de Shchatsny,
Trotsky établissait un précédent à cet authentique bain de sang
contre-révolutionnaire démontre un remarquable aveuglement théorique. Étant
donné le degré extraordinaire de falsification qui entoure encore la vie de
Trotsky, on peut être sûr que l'affaire Shchatsny va être saisie,
particulièrement en Russie, pour légitimer la diabolisation continue de l'homme
qui était, à part Lénine lui-même, la personnalité la plus importante de la
révolution. Nous espérons que Rabinowitch va reconsidérer son affirmation, et
présenter dans une édition ultérieure de ce livre, un point de vue plus
équilibré de l'affaire Shchatsny.
Il est en quelque
sorte ironique que Rabinowitch conclue sa troisième partie avec un bref
chapitre sur « le suicide des SR de gauche ». Il y décrit
l'assassinat le 6 juillet de l'ambassadeur d'Allemagne, le comte Mirbach,
ordonné par le Comité Central des SR de gauche dans l'espoir de provoquer une
attaque de l'armée allemande. Cet assassinat était considéré par le Parti
bolchevique comme une « insurrection des SR de gauche », ce que Rabinowitch
remet en question à cause de l'évident manque de préparation d'autres SR de
gauche, en particulier à Petrograd. Ici Rabinowitch est bien plus indulgent
avec Spiridonova et les autres SR de gauche qu'il ne l'est jamais avec Lénine
ou Trotsky, inexplicablement.
La conclusion de Les
bolcheviques au Pouvoir traite du lancement de la « Terreur Rouge »
après l'assassinat d’Uritsky le 30 août 1918, et la tentative contre
Lénine le même jour. En 43 pages Rabinowitch se concentre sur les reculs
inquiétants dans la guerre civile comme cause principale de la Terreur plutôt
qu’une pression exercée par Lénine, les assassinats de Volodarsky et Uritsky
et la tentative d’assassinat de Lénine. Il indique sobrement
l'ampleur de la Terreur, et attribue l'essentiel de sa fureur à « l'impatience
d'une section des travailleurs de Petrograd de régler les comptes qui se sont
accumulés pendant le mandat d'Uritsky à la tête de la Cheka de Petrograd
avec ceux qu’ils considéraient leurs ennemis » (p. 355).
Les pages restantes
prennent alors un tournant assez inattendu, se penchant sur la préparation et
la célébration du premier anniversaire de la Révolution d'Octobre. Après s'être
demandé ce que les travailleurs de Petrograd pouvaient avoir à célébrer à la
fin de 1918, Rabinowitch souligne des changements significatifs dans la
situation mondiale, particulièrement en Europe. Les troupes allemandes étaient
partout en retraite. En octobre et novembre, « l'effort de guerre allemand
s'effondra complètement, l'empire des Habsbourg se désintégra, et des
révolutions démocratiques firent vaciller l'ordre ancien en Europe Centrale…
les dirigeants bolcheviques de Petrograd … tirèrent de la force de ce que
le pouvoir soviétique avait survécu une année complète (nettement plus
longtemps que la Commune de Paris), et de la ferme conviction qu'ils étaient
l'avant-garde au commencement du millénaire socialiste mondial » (p.
356-57). Des commémorations massives étaient prévues, comprenant des pièces de
théâtre, des concerts, des films, des parades, des feux d'artifice, des
réunions, des lectures de poésie et de la nourriture – beaucoup de
nourriture. Le troisième jour des célébrations était dévolu aux enfants de
Petrograd qui avaient souffert de privations intenses aux côtés de leurs aînés.
Il y avait, c'est
certain, un élément particulier de fierté : « Les autorités de
Petrograd voyaient la célébration du premier anniversaire de la Révolution
d'Octobre comme une occasion d'affirmer les aspirations de la Petrograd Rouge à
la direction de la révolution socialiste mondiale contre les prétentions
concurrentes de Moscou » (p. 371). D'après beaucoup de récits, les
festivités du 7 au 9 novembre furent massives, spectaculaires et vraiment
festives. Puis, au soir du 9 novembre, la nouvelle de l'abdication du Kaiser
Guillaume et de la prise de pouvoir par un gouvernement soviétique sur le
modèle russe atteignit Petrograd. Il'in-Zhenevsky, qui était à un théâtre à
Petrograd, raconte : « L'annonce fut accueillie par une sorte de
rugissement, et des applaudissements fervents parcoururent le théâtre pendant
quelques minutes… Enfin, c'était arrivé, le soutien du prolétariat
d'Europe occidentale… Il semblait que tout se développerait différemment
à partir de ce moment…Nos pensées étaient tournées vers l'étranger,
là-bas à Berlin, où des drapeaux rouges flottaient dans les rues, où un soviet
des représentants des travailleurs tenait ses sessions, où un autre nœud
avait été noué dans la révolution prolétarienne mondiale » (p. 400).
Presque comme une
pensée après-coup, Rabinowitch conclut que l'aversion envers l'extrémisme
Bolchevique fut un facteur important dans la détermination des « résultats
modérés de la révolution allemande de 1918 ». Ayant trébuché sur cet
euphémisme pour ce qui devait rapidement devenir l'étouffement de la révolution
dans le sang, il note sombrement : « A la suite de leur joyeuse
célébration du premier anniversaire de la Révolution d'Octobre, en l'absence
d'unification avec leurs frères révolutionnaires allemands, les bolcheviques de
Petrograd restèrent seuls. Leur coûteux combat solitaire pour la survie reprit
avec à peine une pause » (p. 401).
Dans son étude, Rabinowitch
offre beaucoup de nouveaux éléments à la réflexion. Il donne des descriptions
précieuses du rôle joué par des personnalités comme Riazanov, Uritsky, Volodarsky,
Lunacharsky, Samoilova et beaucoup d'autres. L'orientation des bolcheviques
vers la révolution socialiste mondiale est soulignée constamment, et les
obstacles importants à la survie tant que la révolution n'était pas étendue à
l'Europe sont bien illustrés. Bien qu'il loue les socialistes modérés, on ne
peut s’empêcher de penser que Rabinowitch sait que la révolution
socialiste aurait échoué si les socialistes modérés avaient triomphé. Pour les bolcheviques
de Petrograd, les souvenirs de la suppression de la Commune de Paris étaient
encore frais et la féroce Terreur Blanche qui se déroula en Finlande en 1918
fut décrite dans l'An Un de la Révolution par Victor Serge, que Rabinowitch
cite. Les bolcheviques auraient-ils fait mieux s'ils avaient suivi une voie
plus modérée ?
À travers tout le
livre, Rabinowitch montre que Lénine et Trotsky avaient une bien meilleure
compréhension politique que leurs opposants, aussi bien à l'intérieur qu'à
l'extérieur du Parti bolchevique. Quasiment comme un réflexe, cependant, il
tente de montrer leurs défauts, qu'ils soient vrais ou supposés. La dureté
qu'il perçoit dans le comportement de Trotsky (particulièrement vis-à-vis de Shchatsny)
néglige la brutalité qui s’était emparée non seulement de la Russie mais
aussi de l'Europe occidentale durant la Première Guerre mondiale. Si l'on peut
sympathiser avec la lutte opiniâtre de Riazanov pour éliminer la peine de mort
comme un vestige de la barbarie capitaliste, et admirer Uritsky et Volodarsky
dans leur tentative de modérer la répression à Petrograd, les faits présentés
par Rabinowitch démontrent que les adversaires du bolchevisme ne suivaient pas
les préceptes du Marquis de Queensbury. Tragiquement, Uritsky et Volodarsky
furent récompensés de leur humanité par l'assassinat.
En dépit des
limites que nous avons notées, on doit sincèrement espérer que Les bolcheviques
au pouvoir trouve un large public, et qu'il contribuera à un examen sérieux
de la révolution d'Octobre et de ses conséquences.
(Article original
anglais paru le 9 novembre 2007)