A l'approche du premier tour des élections
présidentielles françaises le 22 avril, le candidat du Parti socialiste (PS),
François Hollande, après une volte face par rapport à son attitude
précédente d'« ennemi de la finance », ne cesse de rassurer les
banques en disant être de leur côté.
Mercredi dernier, durant une
visite à Londres, Hollande en avait appelé aux banques de la City de Londres
pour qu'elles voient en lui un ami : « Je ne suis pas
dangereux, » avait-il dit.
Ceci reprend une déclaration
précédente faite le 14 février au journal britannique The Guardian et où
il défendait le PS comme étant l'ami de la finance : « La gauche a
été au gouvernement pendant quinze ans, nous avons libéralisé l'économie et
ouvert les marchés à la finance et aux privatisations ; il n'y donc pas de
craintes à avoir. »
La presse bourgeoise en tire les
mêmes conclusions. L'International Herald Tribune a cité une dépêche de
Reuters du 24 janvier : « Les banquiers, traders et gestionnaires de
fonds français ne devraient pas se précipiter pour acheter un aller simple pour
quitter Paris si François Hollande devient président en mars prochain. Les
changements que François Hollande a proposés ne sont pas effrayants et ce qui
sont effrayants parmi ceux qu'il a esquissés ne sont pas sérieux. »
Autrement dit, l'aristocratie
financière sait parfaitement bien que tout ce que Hollande dit pour gagner le
soutien populaire est un mensonge et une fraude. En ce qui concerne sa
proposition de renégocier l'accord sur le projet de traité budgétaire européen
signé par le président français sortant Nicolas Sarkozy et la chancelière
Angela Merkel, ce n'est pas là une mesure pour défendre la classe ouvrière mais
pour promouvoir les intérêts impérialistes français par rapport à Berlin. Le
caractère chauvin de la campagne de Hollande est aussi visible dans ses diatribes
nationalistes contre les importations chinoises.
Quant à l'accord sur le projet de
traité budgétaire européen tout comme avec ses autres vagues promesses,
Hollande est en train de faire marche arrière : il se contente maintenant
d'un amendement ou d'un additif appelant simplement à une « croissance
économique ». Il a refusé d'organiser un référendum sur un traité fiscal
modifié en le faisant passer au parlement avec le soutien de la droite, à la
manière Sarkozy.
Il s'agit tout simplement d'un
mirage utilisé par le PS bourgeois pour aider ses alliés au sein de la petite
bourgeoisie et des partis jadis de gauche à soutenir Hollande au second tour
des élections en mai. Ces derniers comprennent l'alliance Front de Gauche-Parti
communiste de Jean-Luc Mélenchon, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et les
Verts. Ces partis savent que Hollande vise à appauvrir la classe ouvrière comme
l'a fait le parti social-démocrate PASOK en Grèce et ils le soutiennent pour
cette raison.
Hollande a dernièrement comparé
ses annonces faites sur la « régulation de la finance » comme étant certainement
pas plus « agressives » que le discours prononcé par le président
Obama devant le Congrès. « On pourrait dire qu'Obama et moi avons les
mêmes conseillers, » a-t-poursuivi - en précisant qu'il n'avait pas
d'objection à la politique d'Obama sur les salaires, les coupes sociales et les
guerres à l'étranger.
Durant sa visite à Londres,
Hollande s'est exprimé devant les étudiants du King's College en déclarant que
la finance devait « permettre de créer de la richesse » mais pas aux
dépens de l'« économie réelle. » Ceci reprend le thème de Sarkozy qui
avait parlé en 2009 de « moraliser » le capital après la crise
bancaire.
Hollande a aussi dit que la
France et la Grande-Bretagne affrontaient les mêmes obligations de « redresser
les comptes publics, stimuler la croissance (augmenter leur compétitivité) et
améliorer la formation. »
Le signe le plus clair des
intentions de Hollande de poursuivre la politique droitière de Sarkozy est peut-être
son engagement ferme pris à Londres sur la coopération franco-britannique en
matière nucléaire et de défense. Elisabeth Guigou, l'ancienne ministre socialiste,
chargée des Affaires européennes, qui avait accompagné Hollande durant son
voyage, avait clairement fait comprendre que la France resterait dans les
structures intégrées de l'OTAN en respectant le traité militaire de Lancaster
House conclu en novembre 2010 par Sarkozy. Elle a dit que ceci était valable
« plus que jamais. »
Une présidence de Hollande
poursuivrait le recours aux méthodes illégales d'agression coloniale employées
par la France et la Grande-Bretagne aux côtés des Etats-Unis contre la Libye -
en Syrie et ailleurs.
Pour se distancer de Sarkozy et
se présenter faussement comme le candidat du « changement », Hollande
a surpris tout le monde (y compris sa propre équipe de campagne) en affirmant
deux jours avant sa visite de Londres qu'il projetait de taxer à 75 pour cent
les revenus dépassant le million d'euros annuel.
De toute évidence, craignant une
révolte de la classe ouvrière en cas de victoire, Hollande a dit qu'il était
nécessaire de maintenir la « cohésion sociale » et, dans un même
souffle, il a cherché à minimiser son impact sur les riches en disant que seuls
3.000 personnes seraient affectées. Dans son rapport annuel de 2010, le Crédit
Suisse avait placé la France au premier rang en Europe comptant le plus de
millionnaires en dollars, soit 2,6 millions.
Hollande est connu pour préparer
de brutales mesures d'austérité contre les travailleurs et sa politique sera
certainement encore plus brutale que ce qu'il a annoncé jusque-là. Il s'est
opposé à une augmentation du salaire minimum s'il était élu.
L'Institut national de la Statistique et des Etudes
économiques (INSEE) a constaté en 2010 qu' : « entre 2004 et 2007
[c'est-à-dire avant la crise bancaire], les inégalités
se sont creusées entre les ménages très aisés et le reste de la
population ; en 2007, le seuil de pauvreté à 60 pour cent de la médiane
correspond à un niveau de vie de 908 euros par mois. 13,4 pour cent de la
population, soit 8 millions de personnes. » Aujourd'hui, après
l'éclatement de la crise économique mondiale et les coupes continues de
Sarkozy, la situation est certainement pire.