Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
français promeut des plans pour une intervention militaire en Syrie par les
puissances impérialistes au motif fallacieux de la nécessité de
« protéger » les civils.
Dans un communiqué du 24 février, le NPA
déclare : « La barbarie du régime syrien de Bachar al-Assad ne
connaît aucune limite. Il est prêt à massacrer le peuple syrien, à écraser sous
les bombes la ville de Homs et tous les ilôts de résistance pour garder son
pouvoir. »
Déplorant que « Les femmes, les
enfants, les médecins sont torturés, assassinés » - bien qu'il ne présente
aucune preuve concrète pour étayer cette affirmation incendiaire - il
conclut : « Bachar al-Assad, toi et ta clique de tueurs,
dégagez. »
De telles positions désignent le NPA
comme des flatteurs petit-bourgeois de l'impérialisme. Le parti reste
silencieux sur l'identité de ceux qui combattent le régime d'Assad - des
groupes armés menés par les Frères musulmans, des agents de la CIA, des
éléments d'al Qaïda et des déserteurs de l'armée syrienne - pour dissimuler la
question politique centrale : la poussée impérialiste pour la reconquête
de la Syrie, ce que le NPA soutient.
Ce n'est pas une lutte de la classe
ouvrière syrienne, l'unique force capable de renverser Assad sur une base
progressiste, mais une lutte contre elle.
Des sections de la classe dirigeante
appellent à agir selon des plans de guerre contre la Syrie, tel le sénateur
américain, John McCain réclamant lundi des frappes aérienne contre la Syrie.
Vendredi, le président français, Nicolas Sarkozy, a proposé la création d'une
zone humanitaire en Syrie. Ceci fait écho aux appels lancés par le Conseil de
sécurité de l'ONU pour un accès humanitaire « immédiat » -
c'est-à-dire pour que les Etats-Unis et leurs alliés s'emparent de sections du
territoire syrien afin d'approvisionner les rebelles pro-américains à
l'intérieur du pays.
Les puissances étrangères sont en train
de former l'opposition syrienne en Turquie voisine en livrant des armes par les
frontières turco-syriennes, et les alliés des Etats-Unis, le Qatar et l'Arabie
saoudite ont proposé un soutien financier aux « rebelles » syriens
afin qu'ils achètent des armes. De plus, les services de renseignement
militaire étrangers, dont des agents du MI6 britannique et du renseignement français,
se trouvent déjà sur le sol syrien.
Il y a une semaine, à Homs, un général
de l'Armée syrienne libre (ASL) a dit à Reuters : « L'aide de la
France et des Etats-Unis nous est parvenue. » Il a ajouté, « Nous
avons maintenant des armes et des missiles anti-aériens, et, grâce à Dieu, tout
cela nous permettra de vaincre Bachar al-Assad. »
Le communiqué du NPA vise à dissimuler
ces réalités élémentaires et, en attisant une indignation mal informée contre
Assad, à désorienter et réduire l'opposition populaire à une nouvelle guerre.
Il jour un rôle clé en manipulant l'opinion publique pour légitimer une
intervention militaire sous couvert d'« aide humanitaire. » Cette
ligne pro-impérialiste fait suite à son soutien l'année dernière à la guerre
menée par les Etats-Unis et l'OTAN contre la Libye et qui a fait 80.000
victimes selon les forces soutenues par les Etats-Unis elles-mêmes.
En cela, le NPA ne fait que répéter la
propagande réactionnaire assourdissante des médias bourgeois. Un sondage
réalisé en février par l'Ifop a révélé que près de 50 pour cent de la
population française est toujours opposée à une intervention militaire en
Syrie. Toutefois, en mars dernier avant l'intervention de l'OTAN en Libye,
seuls 36 pour cent étaient favorables à une intervention en Syrie. Ce
changement ne reflète pas un enthousiasme populaire pour la guerre, il est
plutôt la conséquence de ce que Jérôme Fourquet, directeur du département
opinions de l'Ifop, a appelé de la « déformation et de [la] propagande
manichéenne quotidienne, qui ont mécaniquement renforcé le camp
interventionniste. »
Le soutien du NPA à la guerre
impérialiste découle d'un changement fondamental, sur plusieurs décennies, de
l'orientation politique des couches petites-bourgeoises aisées. Elles ont
renoncé à leurs prétentions anti-impérialistes d'antan et dans le contexte des
luttes révolutionnaires montantes de la classe ouvrière internationalement,
elles adoptent à présent la politique d'austérité sociale et de guerre
impérialiste de l'élite dirigeante
Avant les prochaines élections
présidentielles et législatives françaises, le NPA est en quête d'alliances
avec le Parti socialiste (PS), parti bourgeois de « gauche » et tout
spécialement avec les partenaires de la coalition gouvernementale du PS - tels
le Parti communiste et son candidat présidentiel, l'ancien ministre PS,
Jean-Luc Mélenchon. (Voir aussi : « Elections françaises de 2012: le
NPA prépare son adhésion à un gouvernement pro-austérité »)
Le candidat présidentiel du PS, François
Hollande, a promis de maintenir la France dans le commandement intégré de
l'OTAN. Il s'en est pris dernièrement à la Russie et à la Chine pour avoir
bloqué le vote sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU, La
« gauche » bourgeoise française et ses auxiliaires signalent ainsi
leur volonté d'adhérer, en tant que partenaires subalternes, à la poussée des
Etats-Unis de détruire les régimes bourgeois syrien et iranien et de mettre
l'ensemble du Moyen-Orient sous hégémonie américaine.
Les affiliés internationaux du NPA du
Secrétariat unifié pabliste sont eux-mêmes profondément impliqués dans le
fonctionnement des forces d'« opposition » syriennes
pro-impérialistes. Ainsi en octobre dernier, Gilbert Achar, avait assisté à une
conférence organisée en Suède par le Conseil national syrien (CNS) et fortement
encouragé le CNS à émettre des exigences pour que les puissances occidentales
interviennent en Syrie. (Voir aussi : « France: La « gauche »
petite-bourgeoise complote une intervention militaire en Syrie »)
Achcar avait dit au CNS que, dans des
conditions appropriées, ce dernier pourrait faire le nécessaire pour une
intervention étrangère en Syrie : « La réticence que nous pouvons
voir aujourd'hui de la part des Etats occidentaux et régionaux quant à une
intervention directe pourrait changer demain si les demandes d'intervention
faites au nom de l'opposition syrienne venaient à se multiplier. »
La capacité d'Achcar à circuler sans
encombre de réunions avec des agents droitiers pro-impérialistes tels le CNS à
des réunions avec la direction du NPA reflète la profonde intégration politique
de la « gauche » petite bourgeoise dans le camp de l'impérialisme. Ce
n'est pas un hasard si le communiqué du NPA du 24 février appelle à ce que ces
couches - les partis bourgeois de « gauche », la bureaucratie
syndicale et les ONG françaises - soutiennent l'« opposition »
pro-impérialiste syrienne.
Le NPA écrit, « Il est de la plus
grande urgence que les organisations de gauche, le mouvement syndical et
associatif prennent des initiatives pour venir en aide à la population
syrienne, en aide à tous et toutes celles qui résistent dans des conditions
effroyables, pour stopper l'impitoyable répression du pouvoir syrien. »
Bien qu'il n'ose le reconnaître, la
proposition du NPA d'aider « tous ceux » qui s'opposent à Assad,
l'aligne contre la classe ouvrière aux côtés des pivots de la contre révolution
mondiale : les monarchies du Golfe persique, les bourgeoisies européennes
et le Pentagone.