Lundi 27 février, les plus de 1000 travailleurs qui faisaient
l'objet d'un lock-out chez Cooper Tire à Findlay (Ohio) ont accepté lors d'un
vote les exigences de l'entreprise de réduire leurs salaires, mettant fin à un
lock-out de trois mois.
Depuis novembre, ces travailleurs avaient mené une lutte
courageuse contre Cooper Tire, contre les politiciens du patronat, les médias
et même contre leur propre syndicat, pour la défense de leur droit à travailler
pour un salaire qui leur permette de vivre. Toutefois, le syndicat des
métallurgistes United Steel Workers (USW), a réussi à imposer un accord
élargissant fortement le pouvoir de la direction de re-catégoriser les emplois,
de baisser les taux de salaire et de pousser les travailleurs plus âgés et
mieux payés dehors pour les remplacer par des travailleurs jeunes ne gagnant
que 13 dollars l'heure.
La décision d'accepter ce contrat ne fut pas la conséquence
d'un manque de détermination de la part des travailleurs, elle souligne plutôt
le fait que les travailleurs ont besoin de nouvelles organisations et d'une
nouvelle stratégie afin de faire avancer leurs luttes.
A toutes les étapes de la lutte, les travailleurs ont été
confrontés à l'USW non pas en tant qu'allié mais comme agent de la direction
cherchant à les isoler, à les démoraliser et à les vaincre. Bien qu'il dispose
d'une cagnotte de grève de 150 millions de dollars, l'USW a refusé de verser une
allocation de grève aux travailleurs, ne leur remettant que quelques centaines
de dollar en bons d'achat pour payer l'épicier.
Le syndicat a délibérément écarté la lutte à Findlay de celle
d'un accord de négociation séparé avec 1.500 travailleurs de l'usine Cooper
Tire à Texarkana, en Arkansas, y adoptant un accord tandis que les travailleurs
à Findlay restaient soumis au lock-out.
L'empressement des syndicats d'octroyer des concessions n'est
pas simplement dû à la perfidie et à la cupidité des fonctionnaires syndicaux,
il découle de leur acceptation inconditionnelle du système capitaliste.
L'énorme défi auquel sont confrontés les travailleurs est
qu'ils sont en conflit non pas seulement avec une seule entreprise ou un seul
dirigeant de société mais avec l'ensemble du système social, économique et
politique. Chaque lutte représente la forme locale d'un processus universel. A
la base, ce qui se passe pour les travailleurs à Findlay, en Ohio est la même
chose que ce qui se passe pour les travailleurs en Grèce où la majorité de la
population est jetée dans la pauvreté par les dictats des banques. Les mêmes exigences
se répètent d'une entreprise à l'autre, d'un pays à l'autre.
Ce qui s'est passé chez Cooper Tire fait partie d'une lutte
mondiale entre deux forces sociales concurrentes: la bourgeoisie et la classe
ouvrière, chacune donnant sa réponse à la crise mondiale qui s'est abattue sur
la société. La classe dirigeante a cherché à utiliser la crise pour
restructurer les relations de classe. En ce qui la concerne, un emploi sûr à
salaire décent fait partie du passé, dans la mesure où ceci a existé. Les
travailleurs vont devoir se contenter de 13 dollars l'heure, ce qui deviendra
le critère pour des salaires encore plus bas.
Les syndicats jouent un rôle de facilitateur. Une section de
la classe dirigeante a conclu une entente avec eux. Les dirigeants syndicaux conservent
leurs salaires juteux tant qu'ils aident la classe dirigeante à démolir tout ce
qui a été acquis dans le passé. Ces derniers préfèrent ne pas avoir de luttes
mais, lorsqu'on se dresse contre leurs souhaits, comme à Findlay où le patronat
a décidé de mettre les travailleurs dehors, ils appliquent une méthode qui a
été affinée par des décennies de pratique : isoler la lutte tout en
complotant avec l'entreprise pour imposer tout ce qu'elle voulait en premier
lieu.
Les travailleurs doivent adopter exactement le programme inverse
de celui proposé par les syndicats. Ils doivent unifier en un mouvement commun
contre la classe capitaliste et le système capitaliste les luttes de tous les
travailleurs, dans chaque usine, dans chaque Etat et pays.
Dans les usines et sur les lieux de travail, cela signifie mettre
à la porte les agents syndicaux du patronat pour les remplacer par des comités de
la base organisés par les travailleurs eux-mêmes afin de mobiliser la classe
ouvrière contre les exigences des grands groupes et du gouvernement.
Toutefois, les grèves et la combativité ne suffiront pas
forcément à contrer l'offensive de la classe dirigeante. La crise doit être
traitée à sa racine, le système capitaliste ; un système social basé sur
l'exploitation de la classe ouvrière pour en tirer du profit. L'alternative au
capitalisme est le socialisme. Le socialisme signifie l'égalité authentique,
sur la base d'un contrôle démocratique de l'économie. Les groupes géants
doivent être nationalisés et placés sous le contrôle de la classe ouvrière afin
de satisfaire les besoins sociaux et non le profit privé.
Aux Etats-Unis, la classe dirigeante et les médias ont
consacré beaucoup d'énergie et de ressources pour essayer de convaincre les
travailleurs que le socialisme était leur ennemi. En effet, ils sont terrifiés
que la perspective du socialisme ne s'empare une fois de plus des masses. Et
ils ont raison de l'être. Le pouvoir de la perspective socialiste émane du fait
qu'elle exprime les intérêts historiques essentiels de la classe ouvrière.
Les syndicats eux-mêmes ont reflété cette inquiétude durant le
lock-out chez Cooper Tire. L'influence grandissante de la campagne menée par le
Socialiste Equality Party (Parti de l'Egalité socialiste, SEP) ne fut pas un
facteur négligeable dans la détermination du syndicat de mettre fin à la lutte.
La veille du vote, le syndicat avait mis en garde les travailleurs de ne pas
lire les tracts distribués par le SEP ce qui n'a fait qu'augmenter l'intérêt
des travailleurs. Les médias locaux étaient préoccupés par l'influence
d'« agitateurs extérieurs. »
La lutte pour le socialisme doit être une lutte politique. La
classe dirigeante a ses partis politiques - les Démocrates et les Républicains
qui ensemble sont le fer de lance de cette attaque au moyen d'un chômage élevé.
C'est la politique délibérée du gouvernement Obama. Au début de cette semaine,
Obama s'était exprimé lors d'une réunion du syndicat de l'automobile Union of
Automobile Workers (UAW) où tout le monde avait encouragé la restauration des
profits pour les sociétés automobiles réalisés sur la base d'une attaque
historique à l'encontre des travailleurs de l'automobile.
La classe ouvrière a besoin de sa propre politique et de son
propre parti. Le Socialist Equality Party et ses candidats, Jerry White et Phyllis
Scherrer, participent aux élections de 2012 pour lutter pour cette perspective.
L'objectif de la campagne n'est pas d'ouvrer à l'intérieur du système politique
existant dominé par l'argent et la corruption mais de mener un mouvement de
masse contre lui en opposition au système capitaliste.
Nous invitons instamment les travailleurs de Cooper Tire et
les travailleurs partout dans le pays et dans le monde à soutenir cette
campagne comme étant leur campagne et d'entreprendre une lutte pour le
socialisme.
Pour de plus amples renseignements et pour participer,
visitez le site et cliquer ici socialequality.com