En France, les politiciens et les
responsables syndicaux discutent de projets de licenciements de masse après le
second tour des élections présidentielles, le 6 mai.
Vendredi le quotidien Le Monde a
donné un aperçu des secteurs de l'industrie dans lesquels des fermetures
d'usine et des suppressions d'emplois sont envisagées. L'industrie française
est lourdement touchée par la crise économique et a perdu du terrain par
rapport à ses rivaux internationaux. L'année dernière, la France a atteint un
déficit commercial record de 70 milliards d'euros et les entreprises françaises
s'apprêtent à présent à regagner des parts de marché en attaquant les emplois
et les salaires.
Les attaques prévues à l'encontre de la
classe ouvrière sont compatibles avec les programmes économiques des deux
candidats présidentiels, le candidat du Parti Socialiste (PS), François
Hollande et le président conservateur sortant, Nicolas Sarkozy. Tous deux ont
promis de procéder à des réformes structurelles pour rendre l'industrie
française compétitive et pour équilibrer le budget de l'Etat d'ici 2016 pour
Sarkozy et d'ici 2017 pour Hollande.
Toutefois, une semaine seulement avant
le second tour décisif des élections, Sarkozy et Hollande tentent de camoufler
et de se distancer de l'offensive prévue par la bourgeoisie française à
l'encontre de la classe ouvrière.
Selon divers rapports, le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand, a dit aux entreprises de
patienter jusqu'après les élections pour annoncer leur programme de
licenciement et de ne pas licencier des travailleurs avant.
Dans une interview publiée samedi par Le
Parisien, Hollande a confirmé les réductions prévues en disant que les
dirigeants syndicaux avaient prévenu que les entreprises projetaient des
suppressions d'emplois après les élections en France.
Hollande a dit au journal, « Des
décisions qui se préparaient ont été différées. » Et, dans une tentative
de se distancer des coupes sociales, il a ajouté, « Ce ne sera pas notre
arrivée qui provoquera ces plans sociaux. »
Les syndicats qui soutiennent Hollande
au second tour sont parfaitement informés des attaques prévues. François
Chérèque, secrétaire général de la CFDT a dit : « Des chefs
d'entreprise et des DRH [directeurs de ressources humaines] me disent que
toutes les semaines, le ministère leur téléphone.pour leur dire qu'ils
reportent à plus tard leurs plans s'ils avaient des intentions de
licencier. ».
La déclaration de Chérèque est tout à
fait révélatrice. Il admet que l'appareil syndical est déjà en train de
discuter de ces projets de licenciements avec la direction. Néanmoins, ils sont
réticents à prévenir et à mobiliser les travailleurs contre les attaques à
venir. Au lieu de cela, ils se rangent derrière le programme économique de
Hollande et la décision de rendre l'industrie française compétitive aux dépens
des travailleurs.
En mars, Chérèque a publié dans le Monde
un communiqué intitulé « La compétitivité est l'affaire de
tous, » dans lequel il a déclaré que la « CFDT est prête à
débattre » des mesures pour relancer l'économie.
Dans l'industrie automobile, plusieurs
milliers d'emplois sont menacés et la survie d'usines entières est mise en
question. PSA Peugeot Citroën, le plus grand producteur automobile de France,
projette de supprimer 6.000 emplois en Europe, principalement en France. A
Aulnay-sous-Bois, ville au Nord-Est de Paris, 3.300 travailleurs craignent la
fermeture de leur usine après la fin de la fabrication de la Citroën C3.
L'avenir de l'usine de Valencienne, dans le Nord, est également considéré comme
incertain.
Le deuxième producteur automobile
français, Renault, envisage aussi de licencier des salariés dans les usines de
Maubeuge et de Douai dans le Nord où sont produits les modèle Scénic et Kangoo.
Renault a récemment ouvert deux nouveaux sites à Tanger, au Maroc. L'entreprise
projette de transférer d'importantes parts de la production française dans des
pays à bas salaire.
Dans le secteur du transport, Air France
a gelé les salaires et les embauches. La société est actuellement en
pourparlers avec les syndicats pour revoir les contrats. L'entreprise
ferroviaire Novatrans, filiale de la SNCF, qui a déjà enregistré de lourdes
pertes dans le passé, veut licencier 260 salariés. L'avenir de la Société
Nationale Corse-Méditerranée (SNCM) est également mis en question. Elle fut
privatisée après des négociations avec la CGT en 2006 pour devenir une filiale
de Veolia. L'entreprise menace à présent de supprimer 800 emplois sur 2 000.
Le secteur financier prévoit aussi
d'éliminer des milliers d'emplois dans le contexte d'une crise grandissante de
la dette souveraine dans la zone euro. Dans le but de renforcer leur capital,
les banques et les assurances françaises ont annoncé des plans pour éliminer
7.200 emplois, dont 2.500 en France. Les principales banques françaises, le
Crédit Agricole, la Société Générale et BNP Paribas projettent de supprimer respectivement
2.350, 1.500 et 1.400 emplois. Le groupe mondial français de l'assurance Axa
projette de supprimer 1.600 emplois en Allemagne afin d'améliorer sa
compétitivité.
Fin mars, le président de l'autorité de
régulation des télécommunications (ARCEP), Jean-Ludovic Silicani, a dit que
l'arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie mobile pourrait
conduire à la suppression de 10.000 emplois dans le secteur. Le propriétaire de
Free Mobile, le milliardaire français, Xavier Niel, a annoncé des projets de
mener une guerre agressive contre France Telecom, SFR de Vivendi et Bouygues
Telecom, les principaux groupes de télécommunications en France.
Selon Le Monde, des licenciements
de masse sont également prévus dans d'autres secteurs de l'économie, dont l'industrie
nucléaire, les médias et l'agro-alimentaire.
Mercredi dernier, le ministre du Travail
a annoncé que le taux de chômage était de 10 pour cent en France, soit le taux
plus élevé depuis septembre 1999. En mars, 2.884.500 personnes étaient
inscrites à Pôle emploi comme n'ayant exercé aucune activité pendant au moins
un mois. Le nombre total de personnes sans emploi ou travaillant un nombre
d'heures extrêmement réduit est de 4.582.000 en France.