François Hollande, candidat du
Parti Socialiste (PS) à l'élection présidentielle de 2012 en France, a répondu
à la dégradation de la note financière de la France par l’agence Standard
and Poor’s en déclarant qu’il mènerait une politique
d’austérité.
Interrogé par Le Monde sur
les promesses du ministre des Finances, François Baroin, selon lesquelles il
n’y aurait « pas de nouveau plan de rigueur », Hollande a
répondu : « Qui peut croire, alors que la croissance va être de 0,5
pour cent au lieu des 1 pour cent affichés, que nous pourrons atteindre
l’objectif de réduction de nos déficits à la fin de l’année ?
D’autant moins que le coût de notre dette va être alourdi par la perte du
triple A ».
Dénonçant cette dégradation
financière comme un « échec » du quinquennat de Nicolas Sarkozy,
Hollande a ajouté que s'il était élu les premières mesures de son quinquennat
seraient consacrées « au redressement, au rétablissement des comptes publics
et à la politique industrielle ».
Le programme de Hollande et de
ses soutiens dans la bourgeoisie française est totalement réactionnaire. Une
politique qui ne passe pas par la confiscation de la majeure partie de la
richesse de la haute bourgeoisie ne peut rétablir les comptes publics
qu’en imposant des réductions désastreuses des dépenses sociales, ce que
l'on voit se produire actuellement de par l'Europe et les Etats-Unis. Quant à
une « politique industrielle », la construction d’une industrie
viable nécessitera soit l'appropriation sociale des profits de l'aristocratie
financière internationalement, soit des baisses drastiques du salaire des
travailleurs. Ce sont les salaires que le PS compte attaquer.
Les gouvernements
sociaux-démocrates de George Papandréou en Grèce et de José Luis Zapatero en
Espagne se sont effondrés l’année dernière, après que leurs mesures
brutales d'austérité les ont rendus extrêmement impopulaires. Si Hollande
venait à être élu, sa politique ne serait guère différente.
Les milieux financiers français
signalent leur impatience de voir le gouvernement français réduire les dépenses
en démantelant les programmes sociaux. Le président de l’Autorité des
marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet—qui est partisan d’un rapprochement
du PS avec les milieux de droite autour de François
Bayrou—l’explique ainsi : « La campagne électorale sera
sous surveillance aussi. Je crois que ce qu’il faut faire
aujourd’hui, c’est assainir les finances publiques et pas
simplement à coup de mesures d’urgence ».
C’est-à-dire qu’il
faudra réduire les conditions sociales des travailleurs à des niveaux que la
classe ouvrière n'a plus vus en France depuis la première moitié du vingtième
siècle.
C’est aussi là le but
essentiel du prétendu « sommet social » qui débute aujourd’hui
entre les syndicats, les employeurs et le gouvernement Sarkozy. François
Chérèque, dirigeant de la Confédération française et démocratique du travail
(CFDT), a donné son aval au principe d’une TVA sociale et d’accords
« compétitivité-emploi ». Il explique : « Nous sommes prêts
à réfléchir sur ces sujets, mais pas dans la précipitation et pas par des
mesures qui pourraient être négatives sur les salariés ».
Le commentaire de Chérèque
n’est qu’une dérobade, car la presse rapporte très clairement ce
que les organisations patronales comptent obtenir du sommet : « Des
accords compétitivité-emploi qui permettraient aux entreprises de négocier une
nouvelle durée du travail ou une baisse des salaires ».
S’il est élu, François
Hollande mènera une politique dans la continuité de celle que Sarkozy a menée
en concertation avec la bureaucratie syndicale. Ceci ressort de la tribune
publiée le 3 décembre 2011 par Hollande dans le journal Libération et
intitulée « Le changement c’est maintenant ».C’est une
tentative de sa part de se présenter auprès des marchés financiers comme étant
le meilleur candidat pour l’application d’un programme
d’austérité plus large demandé par la classe financière.
François Hollande compte faire
payer la crise par la classe ouvrière pendant une longue période : « Le
redressement de nos comptes publics comme celui de notre appareil productif
sera long. La reconquête de notre souveraineté financière exigera des efforts
considérables ». La classe ouvrière doit ainsi financer la croissance en
acceptant de rendre le coût du travail moins cher, sous peine d’un fort
taux de chômeurs : « le chômage est au plus haut parce que la
croissance est au plus bas ».
Dans la presse financière plus
spécialisée, le directeur de campagne de Hollande, Pierre Moscovici a été très
clair sur les intentions d’un futur gouvernement socialiste
d’appliquer un programme d’austérité en France. Dans une interview
au Financial Times, Moscovici a expliqué au journaliste Hugh
Carnegy : « Le temps de la droite dure et de la gauche molle est
révolu. Nous serons responsables et crédibles. Quelles que soient les
difficultés, nous réduirons le déficit et la dette. Nous ne dépenserons
plus ».
Ainsi le PS est prêt à imposer
des mesures d’austérité contre les travailleurs, comme l’ont fait
le PASOK en Grèce et le Parti socialiste espagnol, avec des fortes réductions
de salaires et la répression contre les manifestants. Dans les deux cas, les
gouvernements ont mobilisé l’armée pour écraser des grèves—celles
des routiers en Grèce, et celle des aiguilleurs du ciel en Espagne. La
politique du PS en France ne serait pas différente.
Si Hollande parvient à donner à
cette politique réactionnaire une légère coloration de « gauche »,
c’est qu’il compte sur l’aide du Parti de Gauche (PG), du
Parti communiste français (PCF), et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pour
désorienter et étrangler l’opposition populaire à son programme
anti-ouvrier. Ainsi Hollande fait une petite révérence devant ces partis :
« Enfin, je respecte profondément toutes les candidatures de la gauche
comme celle des écologistes.... il me revient d’incarner
l’alternance et de permettre le changement ».
Il se permet de pareilles
manœuvres parce qu’il est moralement sûr que le NPA et les autres
partis satellites du PS ne déborderont pas le PS sur sa gauche. Ainsi le
candidat du NPA Philippe Poutou écrit dans un communiqué du 4 janvier
concernant la TVA sociale de Sarkozy : « Toutes les forces de la
gauche sociale et politique devraient se rencontrer au plus tôt pour définir
ensemble les modalités immédiates d'une riposte afin d'empêcher ce mauvais coup
supplémentaire du quinquennat Sarkozy ». Ceci ne fait que souligner que
l’indépendance vis-à-vis du PS que le NPA prétendait incarner est
entièrement imaginaire.
Ceci révèle à quel point
l’élection présidentielle en France est un processus entièrement dicté
par les besoins de la bourgeoisie, où les aspirations sociales et démocratiques
des travailleurs sont systématiquement étouffées.