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  WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

L’armée sri lankaise fomente la violence contre les membres du SEP à Jaffna

Par Parti de l’Egalité Socialiste (Sri Lanka)
2 février 2012

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Jeudi soir à Jaffna, des soldats sri lankais ont arrêté deux membres du Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP), les ont illégalement interrogés, et plus tard les ont agressés physiquement. Le SEP condamne cette attaque flagrante contre les droits démocratiques du parti et de ses membres par les forces de l’Etat déployées par le gouvernement du président Mahinda Rajapakse.

L’ensemble des territoires du Nord et de l’Est de l’île se trouve sous forte occupation militaire bien que l’armée ait écrasé il y a plus de deux ans les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) séparatistes. L’armée jouit de vastes pouvoirs dans ces provinces notamment dans la péninsule de Jaffna au Nord de l’île.

Les deux membres du SEP – Rasendiran Sudarshan, 41ans, et Muthulingam Murugananthan, 40 ans – étaient occupés à coller des affiches pour annoncer une réunion publique du SEP devant se tenir dimanche à Jaffna. Le SEP a organisé la réunion dans le cadre de sa campagne pour exiger la libération sans condition de tous les prisonniers politiques emprisonnés par l’armée dans des camps de détention secrets.

Trois soldats en uniforme observaient Sudarshan et Murugananthan alors qu’ils collaient des affiches, vers 16 heures, près d’un marché aux poissons à Gurunagar dans la banlieue de la ville de Jaffna. Les soldats ont ensuite interpellé les membres du SEP pour leur demander si le parti avait obtenu une autorisation du gouvernement et de l’armée.

Sudarshan et Murugananthan ont dit qu’une autorisation de la police n’était pas nécessaire dans le cas d’une réunion en salle. Les soldats ont alors détenu les membres du SEP en leur disant qu’ils devaient attendre l’arrivée d’un officier.

L’officier, qui est arrivé dans les dix minutes, a commencé par demander des précisions, y compris le nom du dirigeant du parti et de l’organisateur à Jaffna. Il a noté l'adresse, le numéro de téléphone de Sudarshan et de Murugananthan ainsi que le numéro de téléphone de leurs contacts figurant sur leurs téléphones portables.

Pendant que l’officier posait des questions, six autres soldats en civil sont arrivés à moto. Ils ont voulu savoir où le SEP imprimait ses affiches et d’où provenait l’argent pour les imprimer. Ils ont relevé l’identité des membres du SEP et les ont photographiés séparément.

Vers 16 heures 55, l’officier militaire a laissé partir Sudarshan et Murugananthan en disant qu’il n’y avait « pas de problème. » Il a dit que le seul problème était de ne pas avoir obtenu l’autorisation de la police. Les soldats se sont efforcés de faire bonne mine mais ont refusé de rendre les affiches confisquées.

Toutes ces actions – l’arrestation des membres du SEP, le fait de relever leur identité et de les photographier – sont illégales. Et pourtant, comme le souligne cet incident, les forces de sécurité bafouent la loi en tournant en dérision les affirmations du gouvernement d’avoir mis en place un « régime civil » à Jaffna.

Sudarshan et Murugananthan sont repartis, mais ils ont été suivis à moto par l’officier et les soldats – les uns les précédant les autres les suivant. Les membres du SEP se sont arrêtés à une station essence et ont vu l’officier téléphoner à quelqu’un. Au moment où ils allaient repartir, une personne est apparue brusquement en criant « adai » [signifiant en tamoul « vous canailles »] et les a attaqués pendant que les soldats les regardaient. Sudarshan et Murugananthan ont été arrachés de leur moto mais ont pu s’échapper sans subir de blessures.

Il est fort possible que ce loubard ait été un soldat en civil ou un membre de l’une des milices associées à l’armée.

La police de Jaffna n’a accepté qu’avec réticence une plainte officielle déposée hier par le SEP. La moto de Sudarshan a été ramenée hier au poste de police à Jaffna mais la police a refusé de dire par qui. D’habitude, la police évite d’entreprendre quoi que ce soit lorsque l’armée est impliquée.

Le SEP, section sri lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale, a un bilan impeccable d’opposition à la guerre contre le LTTE et en matière de défense des droits démocratiques. Il a constamment exigé le retrait des troupes du Nord et de l’Est sans faire la moindre concession politique au séparatisme du LTTE.

Les membres du SEP à Jaffna ont lutté et luttent toujours pour la perspective de l’internationalisme socialiste dans des conditions très difficiles de guerre et à présent d’occupation militaire. Ceci implique la mobilisation des travailleurs cinghalais, tamouls et musulmans dans une lutte commune pour une république socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam qui instaurera les droits démocratiques du peuple tamoul.

La réunion du SEP pour laquelle Sudarshan et Murugananthan faisaient campagne est fondée sur ce programme. Le parti exige la libération immédiate et inconditionnelle des milliers de prisonniers politiques, principalement tamouls, détenus sans jugement durant et après la guerre car soit-disant « suspectés d'être membres du LTTE ».

Du fait de sa défense des droits démocratiques fondamentaux, le SEP a été la cible de l’armée et de la police sri lankaises. Durant la guerre, des centaines de gens ont été enlevés et tués par les escadrons de la mort pro-gouvernement opérant en concertation avec l’armée. En mars 2007, un membre du SEP, Nadarajah Wimaleshwaran et son ami Sivanathan Mathivathanan, avaient disparu à Velanai. Ils avaient été vus pour la dernière fois à l’approche d’un point de contrôle de la marine à Velanai.

Le gouvernement et l’armée sont manifestement préoccupés par la colère grandissante, parmi les Tamouls, face à l’occupation militaire et aux conditions de vie terribles. Ils s'inquiètent tout particulièrement de voir le mécontentement se développer dans le Nord au moment où les travailleurs, les étudiants et les fermiers dans Le Sud sont de plus en plus engagés dans des grèves et des protestations contre la politique de rigueur du gouvernement.

L’armée a intensifié ses efforts de répression contre les manifestations et autres actions politiques dans le Nord. En décembre, l’armée avait empêché des membres du Mouvement de la lutte du peuple (People’s Struggle Movement), faction qui a fait scission avec le Janatha Vimukthi Peramuna, de se rendre à Jaffna pour organiser une manifestation contre la disparition de deux de ses militants.

Le 20 janvier, le secrétaire d’Etat à la Défense, Gotabhaya Rajapakse, a rejeté les protestations à Jaffna concernant les disparitions, qualifiant les victimes de « terroristes. » Il a déclaré : « Ces gens, qui brandissent des photos de personnes censées avoir disparu, réclament une enquête pour des gens qui ont rejoint une organisation illégale. Les forces armées ne peuvent pas prendre la responsabilité de ces terroristes. »

Durant la même semaine, le commissaire à la réhabilitation, le major-général Chandana Rajaguru, a averti que l’armée arrêterait tout prisonnier politique libéré qui deviendrait membre d'une organisation tentant de renverser le gouvernement. Ces commentaires sont un avertissement que le gouvernement ne tolérera aucun appel à mener des enquêtes sur les disparus ou pour la libération des prisonniers politiques.

Le SEP intensifiera sa campagne pour la défense du parti et la lutte pour son programme, y compris pour la libération des prisonniers politiques. Le parti a tenu hier une conférence de presse, qui a attiré beaucoup de monde, pour expliquer ce qui était arrivé à ses membres à Jaffna.

Le SEP appelle les travailleurs et les jeunes à condamner la brutalité de l’armée contre nos membres et à défendre notre parti. Le recours à de telles méthodes antidémocratique est une mise en garde face à la répression d’Etat policier que le gouvernement et les forces de sécurité se préparent à utiliser contre la classe ouvrière dans son ensemble, alors que celle-ci entre en lutte pour la défense de ses droits fondamentaux.

(Article original paru le 28 janvier 2012)

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