Washington et ses alliés impérialistes en
Europe sont en train d'intensifier les préparatifs pour une intervention
militaire à grande échelle contre la Syrie. Il est clair, qu'après la guerre de
l'OTAN de l'année dernière contre la Libye et les menaces d'une soudaine
attaque israélienne contre l'Iran, principal allié régional de la Syrie,
Washington vise à remodeler le Moyen-Orient en installant par la force des
régimes pro américains partout dans la région.
Les responsables américains ont dénoncé le
veto émis samedi par la Russie et la Chine à la résolution du Conseil de
sécurité de l'ONU contre la Syrie et qui cherchait à fournir un prétexte à une
intervention militaire. Beijing et Moscou, qui n'avaient pas émis l'année
dernière de veto à une résolution identique de l'ONU contre la Libye, craignent
que ne soit peut-être pas si éloigné le jour où Washington essaiera de recourir
directement à de telles méthodes à leur encontre.
Les préparatifs américains pour une
intervention contre la Syrie sont à un stade très avancé et s'accompagnent d'un
niveau de tromperie et d'hypocrisie jamais vu depuis l'invasion américaine de
l'Irak en 2003 ou bien depuis la période des nazis. En tentant de camoufler la
politique américaine sous l'étiquette véreuse d'intervention
« humanitaire », la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a
dénoncé le vote au Conseil de sécurité de l'ONU comme étant une « farce »
en ajoutant, « Nous allons oeuvrer avec les amis d'une Syrie démocratique
partout dans le monde pour soutenir les aspirations politiques pacifiques de
l'opposition en vue d'un changement. »
Le ministre français des Affaires
étrangères, Alain Juppé, a qualifié le veto russe et chinois de « sorte de
tache » sur l'ONU en ajoutant que le président français, Nicolas Sarkozy,
allait rapidement avancer de nouvelles initiatives contre le président syrien
Bachar al-Assad.
Ces mensonges cyniques visent à conférer une
légitimité morale à une intervention brutale en Syrie et à ignorer la forte
opposition que cette politique suscite au sein de la classe ouvrière aux
Etats-Unis et en Europe. Même dans les médias occidentaux, une large place est
faite aux reportages selon lesquels les puissances pro américaines, dont la
Turquie et la France, fournissent des armes et de l'aide aux forces
d'opposition syriennes. Les Etats-Unis et leurs alliés n'agissent pas
« pacifiquement » mais attisent les flammes d'une guerre civile tout
en utilisant le bain de sang qui en résulte pour dénoncer Assad et émousser
l'opposition populaire contre une nouvelle guerre.
Washington est très mal placé pour critiquer
le combat d'Assad contre une insurrection armée. Les Etats-Unis ont réprimé
dans le sang des insurrections contre leurs régimes fantoches dans l'Irak et
l'Afghanistan occupés - au prix d'environ 1,2 million de vies humaines en Irak
et de centaines de milliers en Afghanistan. La principale « tache »
en la matière est sur Washington et ses alliés dont les mains sont couvertes du
sang de millions de personnes.
Rien de ce que le régime syrien a fait ne
peut être comparé à l'assaut américain de 2004 contre la ville irakienne de
Fallujah. Les femmes et les enfants avaient été évacués de force de la ville
qui avait ensuite été rasée, un immeuble après l'autre, à titre de représailles
contre la résistance de Fallujah à l'occupation américaine.
Dans leur campagne contre la Syrie, les
puissances impérialistes comptent une fois de plus sur des médias complaisants
qui ne sont que les porte-paroles de la propagande de l'Etat.
Un exemple
typique à cet égard est la rubrique de Robert Pape publiée vendredi dans le New
York Times et effrontément intitulée « Pourquoi nous ne devrions pas
attaquer la Syrie (pour le moment) ». Pape explique comment on pourrait
utiliser contre la Syrie les méthodes utilisées l'année dernière dans la guerre
de l'OTAN contre la Libye : l'OTAN s'était saisie des menaces du colonel
Mouammar Kadhafi contre les insurgés de Benghazi comme prétexte pour bombarder
la Libye et intervenir pour soutenir l'opposition basée à Benghazi.
Pape écrit que « l'opposition au régime
dictatorial syrien du président Bachar al-Assad, n'a pas réussi à prendre le
contrôle soutenu d'une quelconque zone de population majeure. » Il
poursuit : « Et donc, une puissance aérienne à elle seule ne suffirait
probablement pas à affaiblir les loyalistes d'Assad retranchés dans les villes
et une lourde campagne au sol serait vraisemblablement confrontée à une forte
résistance sanglante. Si une vaste région se détachait massivement du régime,
une intervention humanitaire internationale pourrait bien devenir viable.
Jusque-là, malheureusement, la Syrie n'est pas une nouvelle Libye. »
Ce commentaire fait par un partisan de l'insurrection
syrienne, en dit long sur le caractère de classe de l'insurrection. Faute d'un
vaste soutien populaire, elle est un moyen de donner aux puissances
impérialistes une prise en Syrie afin de lancer une guerre contre Assad.
Le fait même que le Times demande à
une figure comme Pape d'écrire un article d'opinion témoigne de la
dégénérescence des médias et des universitaires américains. Benoîtement décrit
par le Times comme « professeur de sciences politique » à
l'université de Chicago, Pape est un serviteur fidèle de l'Etat. Auteur de
« Bombing to Win » (Bombarder pour vaincre), il s'est spécialisé dans
l'étude de « la puissance aérienne coercitive », c'est-à-dire, de la
manière d'assujettir les Etats en les terrorisant par la menace de meurtre à
grande échelle par les airs.
Les pratiques des stratèges actuels de la
politique étrangère impérialiste sont entièrement empruntées aux méthodes
nazies durant la période qui a précédé la Deuxième Guerre mondiale. Les
complots américains visant à démembrer et assujettir la Syrie sous le couvert
de dénoncer Assad, rappellent fortement la politique nazie de conquête de la
Tchécoslovaquie qui avait commencé par l'occupation des Sudètes, ou la
prétention des nazies de riposter aux tirs de la Pologne tandis que les tanks
de Hitler se dirigeaient sur Varsovie.
Venir à bout du régime d'Assad est une tâche
qui revient à la classe ouvrière syrienne et non pas à une opposition droitière
armée, agissant comme mandataire pour Washington et ses alliés européens qui
planifient de déclencher un bain de sang dans le pays. Le renversement d'Assad
doit faire partie intégrante d'une lutte de l'ensemble de la classe ouvrière
arabe et internationale, dont les étapes initiales ont été signalées par les
soulèvements de masse de l'année dernière contre les dictateurs soutenus par
les Etats-Unis en Egypte et en Tunisie. Cette lutte doit être dirigée avant
tout contre l'impérialisme.