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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Israël menace de lancer une guerre contre l'Iran dans quelques mois

Par Peter Symonds
7 février 2012

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Alors même que les Etats-Unis et leurs alliés intensifient les sanctions punitives contre l'Iran, les indices se multiplient qu'Israël menace d'effectuer, dans les mois à venir, des frappes contre les installations nucléaires iraniennes. Alors que le gouvernement Obama a mis Israël en garde contre une action militaire à ce stade, rien n'indique que Washington ait opposé son veto à une telle attaque.

Le chroniqueur du WashingtonPost, David Ignatius, a rapporté le 3 février, que le secrétaire à la Défense, Leon Panetta « pense qu'il existe une forte probabilité qu'Israël frappe l'Iran en avril, mai ou juin - avant que l'Iran n'entre dans ce que les Israéliens qualifient de 'zone d'immunité' pour commencer à assembler une bombe nucléaire.  »

Panetta, qui avait sans doute informé directement ou indirectement Ignatius, a refusé de commenter la rubrique. Mais il n'a pas nié le fond de l'article. Interrogé plus amplement, Panetta a confirmé: « Israël a indiqué vouloir envisager ceci [une frappe], nous avons indiqué nos inquiétudes. »

Toute divergence entre les Etats-Unis et Israël est purement d'ordre tactique. Alors que, du moins publiquement, les Etats-Unis réclament plus de temps pour que les sanctions aient de l'effet, Israël insiste en exigeant une action immédiate sous prétexte que l'usine iranienne d'enrichissement d'uranium à Fordo est sur le point d'être achevée et pourrait être imperméable à une attaque. Les deux pays ont à maintes reprises déclaré que « toutes les options étaient sur la table » - donc, y compris une guerre totale - à moins que le régime iranien ne se soumette à leurs demandes.

Ignatius a également mentionné que: « La Maison Blanche n'a pas encore précisément décidé de la manière dont les Etats-Unis réagiraient à une attaque israélienne. Le gouvernement semble préférer rester en dehors du conflit à moins que l'Iran ne touche à des biens américains ce qui déclencherait une forte réaction américaine. » Il a aussi remarqué que « les responsables gouvernementaux » ont mis en garde que, « si les centres de population d'Israël venaient à être touchés [en représailles par l'Iran], les Etats-Unis pourraient se sentir obligés de venir à la rescousse d'Israël. »

Washington pourrait bien sûr recourir à son énorme influence pour opposer son veto à une attaque d'Israël qui est fortement tributaire des Etats-Unis, diplomatiquement, économiquement et militairement. L'article ne fait aucune référence à cette possibilité. En effet, le gouvernement Obama semble donner un feu vert tacite à Israël pour une attaque illégale, non provoquée contre l'Iran en proférant la menace de sa propre action militaire si l'Iran usait de représailles.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a réaffirmé jeudi qu'il fallait qu'une action militaire soit entreprise bientôt. « Le programme nucléaire militaire iranien s'approche lentement mais sûrement de la phase finale, » a-t-il dit, en déclarant que si le projet arrivait à la « zone d'immunité » il pourrait être achevé « sans une intervention effective. » Soulignant l'urgence, Barak a prévenu : « Ceux qui disent 'plus tard' pourraient s'apercevoir que plus tard c'est trop tard. »

Barak n'a fourni aucune preuve que l'Iran dispose d'un programme nucléaire militaire et encore moins qu'il est en voie d'achèvement. Téhéran a à maintes reprises nié tout projet de construction d'arme nucléaire. Panetta a reconnu dernièrement que le régime iranien n'avait pris aucune décision de construire une bombe nucléaire.

Les efforts d'Israël en faveur d'une attaque contre l'Iran sont motivés par d'autres considérations, dont l'une des plus importantes est le maintien d'une supériorité militaire incontestable au Moyen-Orient. Israël, qui dispose de son propre et considérable stock d'armes nucléaires, est déterminé à empêcher l'Iran ou tout autre pays d'avoir même le potentiel de développer un dispositif nucléaire.

De plus, comme l'indiquait Ignatius, « les dirigeants israéliens accepteraient, et salueraient même, la perspective d'y aller seuls en manifestant leur détermination au moment où leur sécurité est sapée par le Printemps arabe. » Des sections de l'élite dirigeante veulent plonger la région dans un conflit afin de prouver la puissance militaire israélienne et faire dérailler le mouvement grandissant des travailleurs en faveur des droits démocratiques et de l'égalité sociale, y compris en Israël même.

Le gouvernement Obama a des objectifs plus généraux de sauvegarder son hégémonie au Moyen-Orient riche en pétrole et considère le régime iranien comme le principal obstacle aux ambitions américaines. Depuis le début de l'année, les Etats-Unis ont constamment augmenté la pression sur l'Iran au moyen de nouvelles sanctions sévères, un renforcement des forces navales dans le golfe Persique et la prise pour cible des alliés régionaux de Téhéran, notamment le régime syrien du président Bahar al Assad.

Une commission du Sénat américain a approuvé jeudi une nouvelle série de sanctions contre l'Iran, et qui est susceptible d'être adoptée par le Congrès. L'ensemble des mesures vise les banques étrangères qui traitent les transactions des compagnies nationales pétrolières et maritimes ainsi que toute entreprise ou individu impliqué dans l'extraction ou le transport d'uranium en Iran. La législation devrait en particulier obliger le gouvernement américain à pénaliser la société Swift, domiciliée en Belgique qui est utilisée par de nombreuses banques pour transférer électroniquement des fonds partout dans le monde, au cas où elle ne bloquerait pas la banque centrale d'Iran et d'autres institutions financières.

La confrontation avec l'Iran s'accompagne de ce qu'on ne peut que qualifier de propagande grandissante en faveur de la guerre pour diaboliser le régime iranien et créer un climat politique favorable à la guerre. Tout comme dans les mois précédant l'invasion américaine de l'Irak en 2003, les médias américains et internationaux complaisants sont le mécanisme par lequel est véhiculé un déluge de déformations, de demi-vérités et de mensonges manifestes visant à empoisonner l'opinion publique.

Hier, par exemple, le Wall Street Journal a publié un article intitulé, « Les Etats-Unis redoutent des liens entre l'Iran et al Qaïda, » se fondant sur les affirmations d'un responsable américain anonyme selon lesquelles Téhéran serait sur le point de libérer cinq prisonniers d'al Qaïda détenus depuis 2003. En dépit d'un conflit évident entre le régime chiite fondamentaliste à Téhéran et le mouvement al Qaïda sunnite extrémiste, l'article a fait passer pour argent comptant que « certains responsables et experts s'inquiétaient que des conditions puissent être réunies pour un partenariat plus direct. »

De même, le « jeu de l'inspection » a débuté. Sur invitation de Téhéran, des inspecteurs de l'ONU se sont rendus cette semaine en Iran pour discuter de ses programmes nucléaires. Au lieu d'accepter l'offre de faire le tour des installations nucléaires, dont l'usine Fordo, l'équipe a exigé d'avoir accès au site militaire de Parchin pour enquêter sur des allégations non fondées relatives au nucléaire. Evidemment, compte tenu des menaces de guerre américaines et israéliennes, Téhéran a refusé. Ce refus a alors été souligné dans les médias américains, ainsi que des affirmations au sujet de « programmes d'armement secrets. » Tout ceci rappelle les exigences sans fin de droit d'accès toujours plus important aux bases militaires irakiennes, aux palais présidentiels et aux installations « secrètes » qui avaient précédé l'invasion militaire.

Cette campagne médiatique contribue directement à intensifier les tensions dans le golfe Persique en accentuant le risque de guerre. Si Israël attaque l'Iran, ce ne sera pas juste « une frappe chirurgicale » détruisant les installations nucléaires clé iraniennes. Toute mesure de rétorsions servira de prétexte aux Etats-Unis pour une guerre aérienne massive destinée à détruire l'armée et l'infrastructure du pays. En conséquence, tout conflit renferme un réel danger de se transformer en une guerre régionale qui pourrait impliquer les principales puissances.

(Article original paru le 4 février 2012)

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