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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

L'establishment politique français capitule devant les appels au racisme du gouvernement

Par Antoine Lerougetel
18 février 2012

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La déclaration, le 4 février dernier, de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur du président Nicolas Sarkozy, que «toutes les civilisations ne se valent pas » a provoqué un tollé et une capitulation en bloc aux appels racistes de Guéant de la part de l'establishment politique français.

Ces remarques de Guéant, faites lors d'un meeting du syndicat étudiant droitier UNI (Union nationale inter-universitaire) visait implicitement à stigmatiser les immigrés et plus particulièrement les musulmans, cible de longue date de la droite et de l'extrême-droite françaises.

Guéant, un voyou de la politique, spécialiste des appels antidémocratiques et sécuritaires a hypocritement dénoncé les civilisations qui nient les « libertés individuelles » et les droits des femmes. Les membres de l'UNI, organisation droitière mise en place après les protestations étudiantes et la grève générale de 1968, avec l'aide de Jacques Foccart, le « M. Afrique » de  l'impérialisme français, étaient tout à fait conscients du message politique sous-jacent.

Il s'agit d'une grossière tentative raciste pour attirer l'électorat d'extrême-droite vers la candidature de Sarkozy à sa propre succession lors de la présidentielle  d'avril-mai. La politique d'austérité de Sarkozy et ses guerres en Afghanistan et en Libye l'ont rendu extrêmement impopulaire, à la traîne dans les sondages, derrière le candidat du Parti socialiste François Hollande. La candidate néo-fasciste Marine Le Pen du Front national le suit de près et les remarques de Guéant cherchaient à glaner chez Le Pen des voix pour Sarkozy, sur une base anti-immigrés et d'extrême droite.

Mais ce qui a suivi est un incident encore plus remarquable. Le 7 février, Serge Letchimy, député de la Martinique, a publiquement fait à l'Assemblée nationale une comparaison entre la politique de Guéant et celle des nazis.

Letchimy a dit : «Vous nous ramenez, jour après jour, à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. Le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ? La barbarie de l'esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ?»

La réaction du premier ministre François Fillon et de l'ensemble du gouvernement a été de quitter l'hémicycle. Ils ont été suivis par tous les députés de l'UMP (Union pour un mouvement populaire), le parti au pouvoir.

Le gouvernement n'a osé ni essayer de réfuter les critiques de Letchimy, ni essayer de les ignorer: Il n'est que trop clair que la campagne pour la ré-élection de Sarkozy chasse sur les terres néofascistes et procède à des attaques importantes contre les droits démocratiques. (Voir Retour à Vichy)

Letchimy, dirigeant du Parti progressiste de la Martinique (PPM) est membre du groupe parlementaire PS. Néanmoins il a été largement désavoué par le PS, parti qui s'est adapté à la politique raciste de Sarkozy.

Jean-Marc Ayrault, chef de file du groupe PS au parlement, pressé par Fillon de désavouer les propos de Letchimy a déclaré: «Nous pouvons être d'accord ou non avec la forme. »

Lorsque ce soir-là, sur France 2, François Hollande a été interrogé pour savoir s'il réprouvait l'intervention de Letchimy, il a refusé de répondre. Il a balayé la controverse sur les propos de Guéant d'un revers de main, la qualifiant de « polémique inutile », en se contentant de faire remarquer qu'il pensait que les propos de Guéant étaient une « provocation. »

Après la déclaration de Letchimy, les députés UMP ont demandé qu'il soit traduit devant le bureau de l'Assemblée nationale où il pourrait être condamné à une perte de salaire et une suspension. Le Monde rapporte que, «Sur LCI, Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, a réclamé mardi matin, conformément au règlement de l'Assemblée nationale, des ' sanctions exemplaires' contre un élu qui a établi, dit-on à droite, un parallèle honteux, voire monstrueux. »

En fait les remarques fascisantes de Guéant ne sont qu'un élément d'une longue série de provocations et de mesures racistes de la part du gouvernement Sarkozy. Parmi elles on compte des rafles massives aveugles et des déportation de Roms et de sans-papiers, des provocations contre les musulmans, telle l'interdiction du port de la burqa et des déclarations répétées selon lesquelles les immigrants sont responsables de la criminalité.

La question principale qui se pose est la suivante: Comment est-ce que la classe dirigeante française a pu, à maintes reprises, appliquer une telle politique sans rencontrer de réelle opposition politique?

L'ensemble de la « gauche » bourgeoise et petite-bourgeoise, PS, Parti communiste (PCF), Parti de Gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ont activement travaillé avec Sarkozy lors de   campagnes islamophobes pour légiférer sur l'interdiction de la burqa et, avant cela, du foulard islamique dans les établissements scolaires.

Ils ont soutenu la montée des guerres de l'impérialisme français en Afghanistan et en Afrique, l'intervention néo-coloniale de l'an dernier en Libye, et maintenant son appui aux forces intermédiaires pro-OTAN en Syrie qui sont entraînées et approvisionnées par l'armée française et d'autres forces de l'OTAN.

Le NPA, le PCF et le PS ont travaillé avec les syndicats, notamment la CGT (Confédération générale du travail) pour imposer la politique du cas par cas, consistant à ne légaliser les sans-papiers que si un patron en avait besoin comme main d'oeuvre bon marché et sans droit.

 Letchimy lui-même n'a pas tardé à reculer. Le Monde rapporte que lors de la réunion du bureau de l'Assemblée nationale du 8 février, « M. Letchimy, qui avait prévenu M. Guéant qu'il ne serait pas 'le bienvenu' en Martinique, l'a assuré qu'il ne ferait rien pour entraver sa visite, se contentant de ne pas l'accueillir. » Le bureau a décidé de ne pas sanctionner Letchimy.

Letchimy, président du Conseil régional de la Martinique n'a pas tenté d'empêcher la visite de Guéant samedi dernier. Son parti, le PPM s'est contenté de boycotter les meetings du ministre durant les quatre jours de sa visite.

(Article original paru le 17 février)

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