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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les ministres de la zone euro exigent encore davantage de coupes sociales en Grèce

Par Nick Beams
16 février 2012

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En dépit de l'adoption par le parlement grec d'un plan d'austérité radical, la réunion des ministres des Finances de la zone euro qui doit se tenir demain est susceptible d'exiger de nouvelles coupes sociales. Les ministres réunis insisteront également sur l'obtention de garanties des dirigeants politiques grecs quant à la mise en mise en vigueur du plan avant la signature du dispositif de sauvetage de 130 milliards d'euros (170 milliards de dollars).

Les mesures ont été adoptées au parlement tard dimanche soir après que la police aspergeait de gaz lacrymogène une foule de quelque 100.000 personnes venues pour protester contre une nouvelle série de réduction des emplois, des salaires et des retraites. Pendant toute la nuit, des groupes de jeunes se sont affrontés à la police alors que des bâtiments étaient incendiés. Au total dix banques et 30 autres bâtiments auraient été touchés.

Les responsables de la zone financière euro ont indiqué en amont de la réunion de demain qu'il était inscrit sur la liste des exigences, la question de savoir comment imposer une nouvelle réduction des dépenses de 325 millions d'euros et comment obtenir une réduction de 15 pour cent du coût de main-d'ouvre, en même temps que la garantie que tous les dirigeants politiques grecs exécuteront le plan de rigueur après les élections parlementaires prévues en avril.

« Le vote parlementaire est important, mais ce n'est pas tout, » a dit un responsable de la zone euro au Financial Times.

S'exprimant dans une émission télévisée, le ministre allemand de l'Economie, Philipp Rösler, a dit : « Nous avons effectué un pas dans la bonne direction mais nous sommes encore loin du but. La mise en ouvre de réformes structurelles est cruciale. »

Tout en décrivant le vote de dimanche soir d'« avancée cruciale », le commissaire européen aux Affaires européennes, Olli Rehn, a clairement fait savoir qu'il fallait faire plus encore. « Je suis confiant dans le fait que les autres conditions, dont. l'identification des mesures concrètes pour les 325 millions d'euros seront réunies d'ici la prochaine réunion de l'Eurogroupe et qui décidera alors de l'adoption du plan. »

Il existe des doutes considérables quant à savoir si la Grèce recevra jamais l'argent du sauvetage. Des propositions sont actuellement en cours de discussion pour son placement sur un compte bloqué afin de s'assurer du remboursement des banques et d'autres détenteurs de la dette souveraine grecque, pour ensuite ne le verser au gouvernement grec que lorsque les soi-disant « réformes » fiscales et structurelles seront appliquées au cours des trois années à venir.

Si de telles mesures sont imposées, elles ne feront qu'attiser la colère qui avait motivé les manifestations de dimanche à Athènes et dans d'autres villes grecques.

Cinq ans de récession et trois ans de plans d'austérité n'ont pas seulement ébranlé l'économie grecque et le niveau de vie des gens, la croissance de l'opposition de masse conduit à présent à l'éclatement des structures et des partis politiques existants.

La démocratie parlementaire, qui n'avait été rétablie qu'après la chute du régime des colonels en 1974, est une fiction. Le premier ministre, Lucas Papademos, n'a été élu par personne et les mesures d'austérité ont été approuvées au parlement par des partis dont le soutien populaire s'est constamment désagrégé alors qu'ils appliquaient les dictats de la « troïka » - la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.

De plus, les députés ont affirmé qu'une grande partie des données fiscales du projet de loi parlementaire n'avait pas été notée, donnant à Papademos et au ministre des Finances, Evangelos Venizelos, l'autorité de décider des objectifs en collaboration avec les créanciers du pays.

Avec la démocratie parlementaire se désagrégeant ouvertement, les partis eux-mêmes commencent à se défaire. Le dirigeant du parti Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, a sommairement exclu du groupe parlementaire du parti 21 députés qui avaient voté contre le plan de rigueur, dont le secrétaire parlementaire et les ministres de la Défense et de l'Intérieur du cabinet fantôme.

 Le dirigeant du PASOK, George Papandreou, a exclu 23 députés qui ont voté contre le projet de loi ou se sont abstenus, dont d'anciens ministres du gouvernement.

L'effondrement des principaux partis parlementaires signifie que les partis de la soi-disant « gauche » vont jouer un rôle de plus en plus important à mesure que leur soutien populaire va s'accroître. Quelles que soient leurs divergences, ils ont un point commun - aucun d'entre eux ne met en avant la lutte pour l'établissement d'un gouvernement ouvrier fondé sur un programme socialiste. De la même manière, l'ensemble des trois principales formations de « gauche » - le Parti communiste (KKE), la coalition de la Gauche radicale (SYRIZA) et la Gauche démocratique - est opposé à la lutte pour une perspective internationaliste fondée sur l'unification des travailleurs à travers l'Europe dans une lutte contre l'oligarchie financière.

Alors que l'appareil parlementaire se désagrège, deux options politiques, elles-mêmes symptomatiques de l'émergence d'une situation révolutionnaire, occuperont l'esprit des figures clé de l'élite dirigeante. L'une d'entre elles est la suppression des élections du mois d'avril et l'imposition d'une forme de régime extra-parlementaire soutenu par l'armée.

L'autre est d'envisager la formation d'un régime de front populaire comprenant une coalition entre les partis de « gauche » et des factions dissidentes des partis bourgeois traditionnels, dans le but de désorienter la classe ouvrière et de créer ainsi les conditions pour imposer une dictature.

Le KKE stalinien cherche déjà les moyens de jouer son rôle dans un tel régime. Dans ses déclarations sur les mesures d'austérité, le parti a appelé à l'annulation unilatérale de la dette et à l'exercice du « pouvoir ouvrier de sorte que la richesse du pays puisse assurer la prospérité au peuple. » L'emploi de tels termes - en opposition à la lutte de la prise du pouvoir politique par la classe ouvrière - est la préparation politique pour un gouvernement de coalition bourgeois.

Dans son rapport sur les événements au sein du parlement, le KKE a remarqué que l'intervention des membres du Parti communiste « avait fait pression » et « avait exacerbé les contradictions » dans les partis bourgeois. Une longue expérience politique a prouvé que dès que les partis staliniens commencent à parler de contradictions au sein d'organisations et de partis bourgeois, ils se préparent à rejoindre un régime de front populaire. Les autres organisations de « gauche » vont soit rejoindre une telle formation, soit lui fournir un « soutien crucial. »

Le vote de dimanche et ses conséquences marquent un tournant décisif. Ils montrent clairement qu'il n'y a pas de fin au plan d'austérité. Dès qu'une série d'exigences de la troïka est acceptée, davantage d'exigences suivent. Ce processus est incompatible avec un quelconque type de régime parlementaire existant.

En résumant la situation politique, un commentaire paru dans le journal de langue anglaise Ekathimerini a souligné qu'il y avait un choc frontal entre les banques et les revendications de la population. « La zone euro a ,en essence, avancé le genre de gouvernement qu'elle veut après les élections précipitées. Les électeurs grecs ne voudront pas forcément respecter ces souhaits. Le respect de principes démocratiques que l'Union européenne était censée promouvoir pourrait être soumis à sa plus rude épreuve. Un autre édifice - le plus grand et le plus prestigieux de tous - pourrait également s'écrouler.

Il règne plus qu'une simple odeur de dictature dans l'air. La classe ouvrière doit se préparer pour la lutte à venir en mettant en avant ses propres intérêts dans une lutte pour un gouvernement ouvrier fondé sur un programme socialiste et internationaliste.

(Article original paru le 14 février 2012)

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