La Turquie
est à la tête d’une campagne
pour une attaque militaire
contre la Syrie
au nom des États-Unis.
Le ministre des Affaires étrangères,
Ahmet Davutoglu, a assisté à la réunion
de l'OTAN hier
à Bruxelles et assistera à la
réunion des Amis de
la Syrie aujourd'hui à Paris, le front
dirigé par Washington qui est formé des
puissances européennes et
de la Ligue des États arabes
comme l'Arabie saoudite et le
Qatar, qui mène la campagne guerrière
contre la Syrie. Le
ministre de la Défense turc,
Ismet Yilmaz, participera à la
réunion au côté de Davutoglu.
Derrière
l’écran de fumée du cessez-le-feu de l'Organisation
des Nations unies et de Kofi
Annnan, les plans se finalisent
pour l'intervention, y compris
la participation des États-Unis
sous les auspices de l'OTAN.
La Turquie a déclaré qu'elle
soulèverait la question d'une
prétendue violation de sa frontière
syrienne lors de la réunion
ministérielle de l'OTAN et
appellerait l'OTAN
à venir à sa « défense ».
La secrétaire d'État américaine
Hillary Clinton participera à
la réunion des Amis de la Syrie
aujourd’hui et discutera, selon
des sources diplomatiques françaises,
de l'éviction du président
syrien Bachar al-Assad.
Les deux
réunions sont en préparation
pour le sommet des
chefs d'État et de gouvernement des pays membres de l’OTAN
à Chicago les 20 et 21 mai.
La Turquie
agit comme base d'opérations
pour les attaques militaires
de l’Armée syrienne libre. L’ASL
est une force sectaire
sunnite armée par
les États-Unis, la
Grande-Bretagne et la France.
Elle est constituée de forces
spéciales fournies par
l'Arabie saoudite, le Qatar et
la Libye.
La Turquie abrite aussi
le siège du Conseil national de
l'opposition syrienne, une
façade constituée
d'islamistes, d’éléments de la
CIA et
d’éléments de l’ancien régime.
Il sert de mandataire politique
pour Washington.
Ankara se
sert d’un incident survenu à la
frontière le 9 avril, dans lequel
les forces syriennes sont
accusées d'avoir blessé
quatre Syriens et deux membres
du personnel turc
travaillant dans un camp de
réfugiés, afin de provoquer
une réplique militaire de l'OTAN.
Le régime syrien affirme
que ses forces avaient essuyé
des tirs qui provenaient du territoire
turc. L'incident
est le seul cas à ce jour
de tirs syriens qui auraient
atteint des gens en sol turc.
Le premier ministre turc
Tayyip Erdogan a répondu à
l'incident de la semaine
dernière en soutenant
qu’ « un pays a des droits
nés du droit international
contre les violations de la frontière.
L'OTAN a des responsabilités
envers les frontières de la
Turquie, conformément à l'article
5. »
L'article 5 du
traité de l'OTAN déclare
qu'une attaque armée contre un
membre de l'OTAN équivaut à
une attaque contre tous les
membres et qu’une réplique armée est
donc permise dans ce contexte. Invoquer
l'article 5 permettrait aux
membres de l'OTAN d’entreprendre une
action militaire contre la Syrie
sans avoir recours à une
résolution du Conseil de sécurité
des Nations unies, faisant fi ainsi des
objections à une intervention
armée de la Russie
et la Chine.
À ce jour, il
n’a été invoqué qu'une seule fois,
à la suite des attaques terroristes
du 11 septembre 2001 aux
États-Unis qui sont devenues
le prétexte pour la guerre
contre l'Afghanistan.
Les responsables turcs ont dénoncé à plusieurs
reprises la Syrie pour ne pas respecter les termes du cessez-le-feu de
l’ONU, accusant Assad personnellement pour violations. « Le président syrien
Bachar al-Assad cherche à gagner du temps. C’est la raison pour laquelle la
Turquie ne croit pas à un cessez-le-feu dans le pays », a déclaré Erdogan.
Le premier ministre turc
a tenu des discussions
approfondies avec le président Barack
Obama et le directeur de la CIA
David Petraeus
au début du mois. Il
a déclaré aux journalistes que
des études étaient « en
cours » à propos de la création
d'une zone tampon
sur le territoire syrien et que
« l’on peut appliquer le
Des articles parus dans les médias turcs font état
de préparatifs pour la mise en place d’une zone tampon : 500 militaires
inspectent des zones près de la frontière pour déterminer des sites qui
permettraient une incursion de 20 kilomètres en Syrie.
De nombreux articles ont décrit l’implication au
sol des forces spéciales et de l’armée américaines dans l’opération, dont
des troupes qui étaient précédemment postées en Irak. Des articles décrivent
aussi que l’Arabie saoudite et le Qatar procèdent à la formation de milliers
de combattants qui viendraient gonfler les rangs de l’ASL. L’administration
Obama a accepté publiquement de faire un don de 12 millions de dollars à l’ASL.
Le capitaine Amar Wawi a dit à CNN cette semaine
que l’ASL accumule des armes et que « nous nous préparons à la prochaine
étape si la mission d’Annan échoue ». Le lieutenant Abdoullah Oda a affirmé
qu’il était en Irak la semaine dernière pour négocier l’envoi d’armes, dont
des missiles antichars, « dont nous avons stratégiquement besoin sur le
terrain pour combattre les chars et les blindés ».
Dans un changement significatif de position
politique, le Comité de coordination national syrien (NCB), ou Comité de
coordination national des forces de changement démocratique, s’est prononcé
pour la première fois en faveur d’une intervention armée des puissances
occidentales. L’alliance de partis nationalistes et supposément de gauche
s’était opposée au Conseil national syrien (CNS) sur cette question. Un
porte-parole de l’alliance a dit à RIA Novosti que si le plan de paix de
l’ONU échouait, le NCB demanderait d’abord le vote d’une résolution au
Conseil de sécurité de l’ONU pour permettre une « intervention humanitaire »
en Syrie.
Washington a à maintes reprises présenté le
cessez-le-feu comme étant une supercherie et appelle toujours à une
intervention. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, a affirmé que
le régime Assad « ment à la communauté internationale et ment à son propre
peuple ». Elle a ajouté que, « le plus grand menteur est Assad lui-même… Ses
représentants ne font qu’exécuter ses ordres, et sont probablement l’objet
de menaces personnelles sérieuses. »
En visant Assad personnellement de cette manière,
l’objectif est d’encourager les transfuges dans la direction et ainsi
procéder au changement de régime souhaité par les États-Unis. Une commission
d’enquête de l’ONU sur la Syrie a publié un rapport le 23 février qui
accusait les forces syriennes de crimes contre l’humanité, car elles
auraient commis des meurtres, des enlèvements et de la torture sous les
ordres « des plus hauts échelons » de l’armée et du gouvernement. Une liste
secrète de suspects a été remise à la Haut commissaire de l’ONU aux droits
de l’homme, Navi Pillay, qui a demandé l’intervention de la Cour pénale
internationale (CPI).
L'
,
Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a profité d’une visite à Rome pour
déclarer que l’on ne devait pas soutenir le peuple syrien pacifiquement,
mais « avec des armes ». Le premier ministre italien Mario Monti a affirmé
qu’il existait une « étroite collaboration » entre Rome et Doha sur la
Syrie.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei
Lavrov, a déclaré sans ambages qu’« il y a des gens qui veulent voir le plan
de Kofi Annan échouer. … Ils veulent y arriver en fournissant des armes à
l’opposition syrienne et en encourageant l’activité des rebelles, qui
attaquent toujours les établissements gouvernementaux… et les établissements
civils quotidiennement. »
Il a demandé à ce que des pressions soient
exercées contre l’opposition syrienne pour qu’elle respecte le plan d’Annan.
Plutôt, il a dit que « des pays, des forces externes … encouragent
l’opposition syrienne à ne pas coopérer avec le gouvernement dans
l’établissement d’un cessez-le-feu et de pourparlers. »
Des diplomates français se vantaient du fait que
les sanctions occidentales sur la Syrie saignaient le pays à blanc. Un
porte-parole a affirmé : « Nous ne disposons pas d’un instrument de mesure
parfait pour nous indiquer quand le régime ne sera plus en mesure de
fonctionner, mais nous assistons à une baisse extrêmement prononcée de ses
réserves en devises étrangères : environ la moitié. »
« Avec la détérioration de l’économie se développe
un contexte d’hyperinflation, de rapide effondrement de la monnaie et de
chute dans les revenus. Cette pression se fera sentir tôt ou tard », a
ajouté une autre source.
L’Union européenne se prépare à imposer une
nouvelle série de sanctions après les discussions qui se tiendront à Paris.
(Article original paru le 19 avril 2012)