La grève
générale de jeudi dernier contre le gouvernement du Parti populaire, l'Union
européenne et leurs politiques d'austérité a démontré une fois de plus la force
de la classe ouvrière et son empressement à combattre.
Dans une
effusion de colère et de militantisme, des millions de personnes sont sorties
en grève et se sont jointes aux manifestations contre les lois sur le travail
du PP, qui font fi des conventions collectives et qui permettent aux employeurs
de réduire les salaires et de congédier les travailleurs comme bon leur semble.
La grève
générale était puissante en nombre, en portée et en composition. Les usines,
les aéroports, les ports et le transport ferroviaire étaient paralysés. Les
services publics ont été réduits à un minimum, et les commerces et les
universités ont été fermés.
Des
milliers de personnes, dont des chômeurs et des écoliers, se sont jointes aux
manifestations de travailleurs et d'étudiants dans des villes partout à travers
le pays pour exprimer leur colère face aux mesures du gouvernement.
Cette
démonstration de combativité a semé la consternation dans la bourgeoisie en
Espagne, à travers l'Europe et internationalement.
Personne
n'aura été aussi troublé par l'ampleur de l'opposition que les chefs
syndicaux. Les deux principales centrales syndicales, l'Union générale des
travailleurs (Union General de Trabajadores, UGT), alliée du Parti socialiste
(PSOE), et les Commissions ouvrières (Comisiones Obreras, CC.OO), qui sont
dirigées par le Parti communiste (PCE), ont cherché à éviter toute action
contre le gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy depuis son arrivée au
pouvoir en novembre.
Durant des
mois, les syndicats ont pris part à des négociations tripartites avec le PP et
les employeurs pour tenter d'obtenir des concessions. Ce n'est qu'après qu'il
fût évident qu'aucune concession n'allait être faite que les syndicats ont
accepté à contrecoeur d'organiser des actions.
Même là,
la grève n'était pour eux qu'un geste symbolique. Le secrétaire général de
l'UGT, Cándido Méndez, a déclaré : « Nous devons tenter d'en arriver
à un compromis avec le gouvernement pour avancer dans la même direction. »
La réponsemassiveà la grèveest
unsigne avant-coureurde luttesde plus enplus explosivesà venir. Ceci, cependant, ne fait que soulignerl'urgence de lalutte pourune nouvelle directionet pour une nouvelle perspective de lutte pourla classe ouvrière.
Les
dirigeants syndicaux et les groupes de la classe moyenne qui les soutiennent
tels que la gauche anticapitaliste du Secrétariat unifié pabliste et En Lucha
(En Lutte), l'affilié espagnol du Socialist Workers Party britannique ont dit
que des actions d'un jour et des manifestations similaires seraient suffisantes
pour changer la politique de la bourgeoisie. Ces affirmations ont volé en
éclats le jour suivant la grève générale lorsque le PP a annoncé qu'il sabrait
les dépenses publiques de 27 milliards d'euros, soit les mesures d'austérité
les plus draconiennes depuis la dictature fasciste du général Franco.
La
réaction du gouvernement souligne les problèmes politiques fondamentaux
auxquels fait face la classe ouvrière
Rajoyne parle pas uniquementpour l'élitedirigeante espagnole, mais pourle capital financier international, qui n'a
pasl'intention de céder d'un
poucedans satentative d'imposerdes attaques dévastatricessur laclasse ouvrière européenne. L'objectifest de réduireles conditionsà des niveauxcomparablesà ceux de la Chineet du Brésil.
La Grèce est lelaboratoire pourcette
politique decontre-révolution sociale, mais il s'agit d'une politique en préparation
etmise en ouvrepartout,de l'Irlandeet l'Italieen Grande-Bretagne, aux États-Unis età travers le monde.
Le
caractère mondial de cette offensive atteste de la réalité que les travailleurs
font face à la faillite du capitalisme international.
Lesorganisationspseudo-gauches
travaillent consciemment àdésarmer la
classe ouvrière devant lesimplications
réelles decette crise systémique. Le niveau auquel elles sont prêtes à s'abaissera été précisé parEnLucha,
qui a affirmé quele modèlepour les travailleurs espagnolsdoit êtrela « luttesoutenue ... et ...le succèsdela classe ouvrière grecque ».
Quel
est ce « succès » ? Dans une profonde récession depuis 5 ans,
les travailleurs en Grèce ont souffert d'une série de mesures d'austérité après
l'autre, mises en oeuvre tout d'abord par le gouvernement social-démocrate du
PASOK et maintenant par la coalition entre PASOK et le parti conservateur
Nouvelle Démocratie.
Une
série de grèves générales d'une et de deux journées organisées par les
syndicats grecs a amené des dizaines de milliers de personnes dans les rues qui
étaient tout aussi révoltées que celles vues jeudi dernier en Espagne. Mais
cela n'a pas arrêté la succession de budgets d'austérité. Seulement cette fin
de semaine, le premier ministre grec Lucas Papademos a annoncé des coupes de 12
milliards d'euros faisant partie d'un autre « nouveau programme
économique ».
Il
en résulte une catastrophe sociale. Le chômage officiel est déjà à 23 pour cent
et il est à plus de 50 pour cent pour les jeunes travailleurs. Les organismes
d'aide décrivent certaines parties de la Grèce comme étant dans une
« crise humanitaire ».
Dans
la ville portuaire de Perama, près d'Athènes, l'organisation caritative des
Médecins du monde a rapporté que nombre de résidents vivent avec moins de 200
euros par jour (270 dollars par mois). L'organisation écrit :
« Certaines familles n'ont pas eu d'électricité depuis cinq, huit mois et
ont passé l'hiver à brûler des morceaux de bois pour se garder au chaud et
leurs enfants fouillent dans les poubelles pour trouver de la
nourriture. »
Si
c'est la définition du « succès » pour En Lucha, alors elle ne
diffère en rien de celle du PP et de celle de l'élite dirigeante qui visent un
« succès » similaire en Espagne. Sa déclaration méprisable ne fait
que montrer clairement que, pour de telles organisations, la destitution de la
classe ouvrière est de loin préférable à sa mobilisation révolutionnaire contre
le capitalisme.
En
Espagne, comme partout en Europe, la classe ouvrière fait face à une lutte pour
le pouvoir politique contre la bourgeoisie et ses représentants, incluant la
bureaucratie syndicale et ses apologistes. Cette lutte requiert la construction
d'un nouveau parti politique, une section espagnole du Comité international de
la Quatrième Internationale, afin de lutter pour un gouvernement ouvrier voué à
des politiques socialistes.