Un mois après
les troubles importants déclenchés par le meurtre
de Mark Duggan le 4 août par la police, au nord de Londres,
la police métropolitaine dans la capitale multiplie les
rafles sur les communautés de la classe ouvrière.
Des quartiers entiers
sont bouclés et la police antiémeute
défonce des portes et emmène des gens de force.
À Londres seulement, 2000 arrestations ont
été effectuées, soit environ 100
arrestations par jour en moyenne depuis le début des
émeutes. Les médias, prévenus
d'avance, sont sur place pour filmer les rafles, leur
préparation et le spectacle des jeunes embarqués
dans les fourgonnettes de la police.
Une source de la police a
confié au Sunday Times que les forces policières
pourchassent 30 000 personnes qui, selon la police, seraient
impliquées dans les perturbations. Nationalement, 40 000
heures de vidéos provenant de caméras de
surveillance seront examinées et des officiers pensent que
l'enquête pourrait durer des années.
Le 22 août, la
police métropolitaine a rendu public un rapport affirmant
que 3296 crimes avaient été
enregistrés à Londres. Une source de la police a
dit que « La Met veut savoir qui sont tous ces gens.
»
La police
métropolitaine, appuyée par la
totalité de l'établissement policier, est
complètement déchaînée
depuis le début des émeutes. Le 11
août, 50 officiers on mené une rafle au Churchill
Gardens Estate du quartier Pimlico à Westminster. Le Daily
Telegraph a publié des extraits vidéos de la
rafle en demandant la tête des « voyous de
l'Angleterre qui se sont fait servir leur propre médecine
aujourd'hui ».
Le Daily Telegraph a
écrit ; « Lors d'un briefing, un chef de Scotland
Yard a ordonné aux officiers de ne pas oublier les horreurs
subies par les Britanniques en répliquant fermement, mais de
manière “juridiquement
énergique” ».
La même
journée, 120 policiers d'une brigade antiémeute
ont mené une rafle sur le parc de HLM Lambeth en
défonçant les portes et emmenant des jeunes de
force. Le commissaire Nick Sedgemore, qui dirigeait la rafle, a
affirmé dans une déclaration : « Nous
allons les attraper tous, jusqu'au dernier, et les poursuivre aussi
sévèrement que la loi le permet... Cela ne nous
dérange pas de criminaliser une section de la
société. Nous ne sommes pas ici pour nous faire
aimer, mais pour nous faire respecter... Nous en avons assez. Et nous
allons leur faire peur un peu. »
Cette rafle faisait
partie d'une centaine effectuée la même
journée. Voici un exemple typique de déclaration
que l'on pouvait trouver sur le site web de la police
métropolitaine :
« En
réponse à l'opération Withern,
l'enquête du MPS [Metropolitan Police Service] à
la suite des perturbations de Londres, les équipes locales
de police de Lambeth et des enquêteurs
spécialisés ont effectué des rafles
dans des propriétés de Stockwell et Brixton,
trouvant de nombreuses armes et des preuves de criminalité.
Samedi le 14 août, des agents ont fait des recherches
à Stockwell Gardens Estate dans le SW9, sous la supervision
du sergent-détective Lucas. Ils ont trouvé trois
couteaux, un marteau, un téléphone portable et
une quantité de drogues illégales. Dimanche le 15
août, des agents ont fait des recherches à
Moorland Estate dans le SW9. »
Un exemple des abus
commis est démontré par les
événements traumatisants pratiquement
gardés secrets d'une rafle armée de la police
métropolitaine à la maison familiale des Gardener
à Harlesden, au nord-ouest de Londres. À 02h00 le
16 août, selon une dénonciation anonyme, un grand
nombre d'officiers armés ont fait irruption dans la maison
familiale de Leonie Reece et Delroy Gardener par les portes avant et
arrière, alors que lui et sa conjointe regardaient la
télévision au lit et que leurs trois enfants
dormaient.
Les policiers ont
pointé leur arme vers leur visage, y compris celui de leur
fils de trois ans, Zion, qui s'est réveillé dans
un état de terreur. Des agents armés ont
ordonné à la famille de sortir de la maison dans
leurs sous-vêtements, y compris à leur enfant
âgé de dix mois, qui se remettait d'une pneumonie.
Leur maison a été complètement
saccagée.
Leonie Reece, 25 ans, a
subi une grave crise d'asthme et a finalement été
emmenée en ambulance. Elle a décrit la
scène : « Mon fils a alors
figé…il ne voulait pas sortir avec toutes ces
armes braquées vers nous. J'étais tellement
apeurée que j'ai dû lutter pour respirer. Mon fils
de trois ans montait et descendait en courant, confus, et ne sortait
pas de la maison parce qu'ils criaient et pointaient une arme en sa
direction ».
Delroy Gardener, le
conjoint de Léonie, un travailleur auprès des
jeunes a déclaré: « C'était
comme sorti d'un film d'horreur…Les policiers
était tous masqués et tout ce qu'on pouvait voir,
c'était leurs yeux. Je pensais qu'ils étaient des
voleurs armés lorsqu’ils ont surgi, car ils
étaient habillés en civil. C'est seulement quand
ils m'ont emmené dehors que j'ai vu des policiers en
uniforme. Tout ça a été
extrêmement terrifiant…C'est comme si une tornade
avait frappé notre maison ».
« Plus tard, la
police m'a traité avec condescendance, comme si rien
n'était arrivé, en disant : “passez une
belle journée”. Ils ont affirmé qu'une
source anonyme les avait informés et que j'étais
un pilleur ayant des armes à feu, mais comment est-ce que la
personne qui a fait ces allégations en est venue
à cette conclusion? »
« Les gens sont
persécutés à cause d'accusations
venant d’autres personnes. Je suis en colère, car
s’ils ont fait cela sans preuve et seulement à
partir de ouï-dire, personne n’est en
sécurité dans sa maison. Cela peut arriver
à tout le monde. »
Gardner a dit que
l’arme pointée sur son fils Zion a
traumatisé celui-ci :
« Zion
était pétrifié et maintenant il
mouille toujours son lit et fait des cauchemars. »
Cette vengeance de classe
ouverte implique toutes les institutions de l’État.
Eoin McLennan-Murray, le
président de l’Association des gouverneurs de
prison, a dit, à propos des magistrats : «
C’est comme s'il y avait des requins, du sang dans
l’eau et que cela entraîne une véritable
frénésie. On s'affole à condamner et
on semble avoir perdu toute mesure. On fait appel à la
mentalité populiste, et ce n’est pas la meilleure
façon de condamner les gens.
« Les normes
liées à la condamnation sont
ignorées… Cette sorte de justice
générale rapide signifie probablement que
beaucoup de personnes sont traitées de manière
non équitable. »
La déclaration
de McLennan-Murray était une réponse au fait que
la population des prisons a augmenté de plus de 1000 pour la
troisième semaine de suite, atteignant un nouveau record
à chaque fois. Les prisons ont dépassé
leur capacité opérationnelle d’environ
87 000 prisonniers.
La BBC a
analysé les plus récentes statistiques du
ministère de la Justice liées aux individus
arrêtés pour implication
présumée dans des perturbations. Ils ont
estimé que 70 pour cent de ceux arrêtés
étaient placés en détention provisoire
tandis qu'en 2010, seulement 10 pour cent de ceux qui comparaissaient
devant le juge étaient placés en
détention provisoire. De ceux qui étaient
condamnés pour des désordres, 46 pour cent
recevaient une peine de prison. En 2010, pour des infractions
équivalentes, 12,3 pour cent recevaient des peines de prison.
Conséquemment,
les autorités des prisons travaillent à
« développer des plans de secours afin
d’augmenter la capacité utilisable si jamais
d’autres pressions étaient placées sur
les infrastructures carcérales ». Certains
proposent la mise sur pied de bateaux-prison.
De graves erreurs
judiciaires et des abus des droits de la personne sont en train de
survenir partout dans le pays. Mais les principales organisations de
droits humains n’ont émis aucune
réponse significative aux abus et aux dénis de
procédures normales commis envers ceux qui ont
été arrêtés et
emprisonnés par les tribunaux qui opèrent
même la nuit.
La police et les
médias, fortement impliqués dans des
activités criminelles, comme cela a
été révélé par
le scandale des écoutes téléphoniques
lié à l’empire Murdoch, ont
reçu carte blanche pour coordonner leur réaction
dans la couverture des arrestations de masse. Le Daily Mail du 12
août a écrit un commentaire typique : «
Après des jours de bombardements de briques et de cocktails
Molotov, c’était l'heure de la vengeance.
»