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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Grève dans l'industrie automobile contre une baisse de salaire de 23 pour cent

Par Antoine Lerougetel
27 septembre 2011

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Quatre cents travailleurs des Fonderies du Poitou à Ingrandes, près de Poitiers dans le centre de la France sont en grève depuis le 2 septembre contre la direction qui leur demande d'accepter une baisse de salaire de 23 pour cent. Un aspect du « plan de compétitivité » de l'équipementier Montupet consiste à réduire l'ensemble des coûts de production de 15 à 20 pour cent.

Cette demande est aujourd'hui symptomatique des tentatives de l'industrie automobile française et mondiale de surexploiter sa main d'oeuvre et de réduire les coûts. Ceci implique notamment la réorganisation de l'industrie automobile d'Europe et d'Amérique du nord afin de rester compétitive dans les conditions féroces du marché automobile mondial, exacerbées par la crise économique qui va s'intensifiant.

L'ensemble de la production de culasses en aluminium de la fonderie approvisionne les deux principales entreprises automobile: 85 pour cent va à Renault et 15 pour cent à PSA Peugeot-Citroën. Les usines de montage approvisionnées par la fonderie auraient stocké jusque 20 semaines de fournitures pour pouvoir tenir durant le conflit.

Construite par Renault en 1980 puis vendue, la fonderie a eu depuis plusieurs propriétaires. On estime que depuis que Montupet a repris l'entreprise en 2009, la productivité a augmenté de 30 pour cent du fait de l'intensification de l'exploitation de la main d'oeuvre. Les syndicats font état du  niveau élevé de problèmes de santé du fait de la dureté du travail physique et d'un climat insalubre.

La base industrielle de la région a été dévastée durant ces dix dernières années. La région avait fait la une des journaux en 2009 lorsque les travailleurs de l'entreprise New Fabris avaient menacé de faire exploser leur usine lors d'une tentative désespérée et vaine de combattre sa fermeture. Une fermeture de plus dans la région serait une calamité sociale.

Selon une déclaration du conseil d'administration de Montupet datée du 31 mars 2011, «Le dispositif industriel du Groupe est aujourd'hui constitué de trois usines 'low-cost' (Mexique, Royaume-Uni et Bulgarie) et de quatre usines moins compétitives en France et en Espagne. L'essentiel du résultat provient des sites 'low-cost' les autres unités se situant autour de l'équilibre. » L'inclusion du Royaume-Uni dans la liste des usines low-cost souligne le processus actuel de destruction des conditions des travailleurs dans les économies avancées.

La déclaration conclut: « Dans les prochaines années, pour répondre aux demandes de ses clients, c'est principalement au Mexique, en Bulgarie et au Royaume-Uni que Montupet augmentera ses capacités par des investissements importants jusqu'en 2013. Ceci constituera mécaniquement un des facteurs importants d'amélioration de la rentabilité du Groupe. »

Fonderies du Poitou a prévenu les travailleurs que s'ils n'acceptaient pas les baisses de salaire il y aurait des licenciements de masse et la possibilité d'une fermeture du site. La direction de Montupet a justifié ces baisses de salaire arguant que, du fait de la situation économique, Renault devra aussi réduire les salaires dans ses usines. Ce « plan de compétitivité » ramènera les salaires à Fonderies du Poitou au niveau des salaires de deux autres fonderies françaises de Montupet dans les départements de l'Indres et de l'Oise où les travailleurs perçoivent le smic (salaire minimum légal) de 1 200 euros par mois (1 621 dollars US), soit une baisse de 300 à 400 euros.

S'exprimant lors du Salon de l'auto de Francfort en septembre, le PDG de PSA Peugeot-Citroën Philippe Varin a dit qu' «il n'y a pas de réduction de coûts sans suppressions d'emplois. » Les usines de l'entreprise à Aulnay-sous-Bois au nord de Paris, l'usine de Hordain, propriété conjointe de PSA/Fiat Sevel Nord, près de Calais dans le nord de la France et l'usine Peugeot de Madrid en Espagne sont déjà menacées de licenciements et de fermeture. (Voir Le constructeur automobile Peugeot-Citroën va fermer des usines en France et en Espagne .)

Quelque 10 pour cent des 10 000 travailleurs intérimaires de PSA seront licenciés. Varin a ajouté: «En 2009, quand nous avons fait notre plan de performance, on voyait une reprise du marché européen dès 2011 et qui continuerait en 2012; en fait on s'aperçoit que cette année on ne redémarre pas... il faut se préparer à des temps plus difficiles. »

Jérôme Stoll, directeur commercial de Renault, a dit à Reuters que la fin du programme de la prime à la casse et le ralentissement économique aux Etats-Unis invitaient à la prudence. Le numéro 2 de Renault-Nissan Carlos Tavares a déclaré: «En ce qui concerne 2012, les choses sont plus incertaines puisqu'on est dans une période de très forte volatilité pour laquelle la poussière n'est pas encore retombée. » Ce point de vue a été repris par le PDG de Fiat Sergio Marchionne pour qui « 2011 est une année difficile et 2012 ne devrait pas être meilleure, si les marchés financiers restent aussi incertains et que le manque de confiance dans le système perdure. »

Ces projets de faire payer la crise à la classe ouvrière seront rendus encore plus urgents suite aux reportages de la presse financière de vendredi selon lesquels le climat des affaires dans l'industrie manufacturière a baissé de six points en septembre. Le producteur d'acier Arcelor-Mittal, prétendant une baisse de la demande, a fermé deux de ses hauts fourneaux à Florange au nord est de la France, mettant au chômage technique 700 travailleurs. Ses aciéries de Belgique et d'Allemagne sont aussi touchées. Durant la récession de 2009, l'entreprise avait fermé la moitié de ses 25 usines européennes.

En septembre 2009, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn avait dit s'inquiéter de ce que la réorganisation de l'industrie automobile américaine entreprise par le gouvernement Obama et facilitée par le syndicat United Auto Workers (UAW) permettrait à GM d'abaisser ses coûts et ainsi de se retrouver en position avantageuse du point de vue compétitif. « Nous craignons ce scénario... Ceux qui pensent que Ford et GM vont disparaître du marché sont vraiment dans l'erreur.»

Son anticipation sagace s'est vérifiée avec la baisse de moitié des salaires de l'industrie automobile, qui sont passés à 14,50 dollars de l'heure. En effet, La nouvelle usine Volkswagen à Chattanooga dans le Tennessee a fait la une des journaux cette année pour avoir été la première usine de montage automobile américaine à payer à l'ensemble de sa main d'oeuvre de production le plus bas salaire initial versé à des travailleurs américains nouvellement recrutés, soit 14,50 dollars US de l'heure. Aujourd'hui, dans cette usine le salaire initial de tout nouveau travailleur embauché à la production est de 12 dollars US de l'heure, disent les travailleurs, ce qui met la barre encore plus bas pour les salaires des travailleurs automobile. Et ceci avec la complicité de l'UAW.

Eric Bailly, secrétaire de la CGT (Confédération générale du travail), dominée par les staliniens, et du comité d'entreprise chez Fonderies du Poitou, est aussi le porte-parole de l'intersyndicale. Il a dit à la presse, «Il y a une volonté délibérée de nous couler. »

Lorsque le WSWS lui a demandé s'il pensait qu'il était possible de lutter contre Montupet et les producteurs automobiles français sur la base d'une seule usine, Bailly a reconnu que « la lutte devrait être généralisée. » Il a dit que l'incapacité des syndicats à mobiliser l'ensemble de la classe ouvrière contre la vague de fermetures d'usines venait de l'individualisme des travailleurs. « Cela affaiblit les syndicats. »

Lorsqu'il lui a été rappelé qu'en 2007 le dirigeant de la CGT Bernard Thibault avait  travaillé en étroite collaboration avec le président Nicolas Sarkozy pour imposer les mesures d'austérité et que la fédération syndicale en particulier avait été complice de la répression policière de la grève des travailleurs des raffineries qui avait conduit à la défaite de la lutte pour les retraites de 2010, il n'a pas essayé de le nier. Bailly a reconnu qu'en coulisses, les dirigeants syndicaux faisaient toutes sortes d'arrangements et de marchés. «Les travailleurs ne sont pas dupes. C'est pourquoi on perd de la crédibilité. »

Malgré cela, le comité dirigé par Bailly a envoyé une lettre à Sarkozy, lui demandant d'user de son influence pour stopper ce plan et s'est aussi rapproché du sénateur de la région et ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. La dirigeante du Parti socialiste pro-austérité, Ségolène Royal, candidate possible à la présidentielle, n'a soulevé aucune protestation lors de ses meetings lorsqu'elle a feint d'être « solidaire. »

Tous les politiciens français en vue avaient donné leur entier soutien au renflouement de l'industrie automobile d'un montant de  6 milliards d'euros en 2009, et que Renault et PSA avaient promptement utilisé pour accroître leur profitabilité et préparer les licenciements.

Les travailleurs de l'automobile ne peuvent défendre et étendre leurs acquis sociaux qu'en rompant avec les syndicats existants et en formant des comités d'action indépendants ayant pour perspective de renverser le gouvernement Sarkozy et de créer un gouvernement ouvrier. Un tel gouvernement, dans l'unité avec les travailleurs du monde, aurait pour tâche d'exproprier les entreprises automobiles et les entreprises capitalistes et de les transformer en services publics dans le cadre de la réorganisation socialiste et démocratique de l'économie.

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