L'Union européenne, la Banque centrale
européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) qui agissent au nom
des banques internationales exigent une nouvelle série de mesures d'austérité à
l'encontre de la classe ouvrière grecque comme condition préalable au déblocage
de la prochaine tranche du plan d'aide, faute de quoi la Grèce fera défaut le
mois prochain.
Les ministres européens des Finances,
qui s'étaient réunis vendredi et samedi en Pologne, ont refusé de verser la
tranche de 8 milliards d'euros parce que la Grèce dont l'économie, qui s'est
effondrée suite aux licenciements de masse et aux coupes sociales déjà
imposées, n'a pas réussi à tenir ses objectifs de réduire le budget.
Le représentant du FMI en Grèce, Bob
Traa, en avait établi les critères lors d'une conférence économique lundi à
Athènes. S'exprimant dans un pays qui a vu son taux de chômage officiel presque
doublé depuis 2008 en passant à 16 pour cent - le véritable taux de chômage
avoisine les 30 pour cent - Traa a exigé davantage de réductions drastiques des
salaires et des emplois dans le secteur public, des fermetures d'organismes
public entiers et la privatisation et la vente immédiates d'entreprises de
l'Etat.
Se plaignant de ce que le secteur public
grec est « très important », Traa a dit que sa contraction
« nécessitera obligatoirement la fermeture d'unités publiques inefficaces
ainsi qu'une réduction de la vaste main-d'ouvre et des généreux salaires du
secteur public. »
Au moment même où il condamnait la
classe ouvrière grecque à la pauvreté, il a attisé la convoitise des banquiers
pour des profits immenses provenant de la vente au rabais des biens de l'Etat.
« On peut faire beaucoup d'argent en Grèce, » a dit Traa. « Le
programme de privatisation n'est pas seulement une réforme structurelle c'est
aussi un moyen d'attirer des investissements étrangers directs dans le pays et
donc de la liquidité et du capital. »
Il a averti que la Grèce devait vendre
rapidement certaines entreprises publiques à des sociétés privées si elle ne
veut « pas faire défaut ».
Comme une meute de loups qui s'apprête à
chasser sa proie, la famille mondiale des banquiers et des spéculateurs - dont
les opérations semi-criminelles ont provoqué la crise économique et dont le
renflouement par l'argent du contribuable a conduit les trésors publics à la
faillite - est actuellement en train de planifier le dépeçage de la Grèce en
transformant la destruction de la société entière en une manne financière pour
elle-même.
La réponse du gouvernement
social-démocrate PASOK aux nouvelles exigences de la soi-disant
« troïka », qui supervise le plan d'aide - l'UE, la Banque centrale
européenne et le FMI - a été de se conformer. Le premier ministre George
Papandreou a annulé une visite aux Etats-Unis et a organisé dimanche une
réunion d'urgence de son cabinet ministériel à la suite de laquelle le ministre
des Finances, Evangelos Venizelos, a promis d'annoncer de nouvelles coupes dans
les dépenses publiques. « Tout le monde veut un Etat plus
petit, »a-t-il déclaré.
Selon divers articles de presse, les
mesures exigées par la « troïka » comprennent :
- La suppression de 20.000 emplois
supplémentaires dans le secteur public d'ici 2015, ce qui ramènera le montant
total des licenciements à 100.000.
- La résiliation rétroactive à effet
immédiat de tout recrutement effectué dans le secteur public en 2010 et en
2011, touchant ainsi 25.000 travailleurs de plus.
- La réduction des retraites et des
salaires des employés des services publics. La réduction de la retraite des
marins et des employés des sociétés publiques de télécommunication. Le gel de
toutes les retraites d'Etat jusqu'en 2015.
- L'accélération de la fermeture ou de
la fusion de 65 organismes d'Etat.
- L'augmentation d'un impôt spécial sur
la consommation du fioul.
- L'augmentation des impôts sur le
tabac, l'alcool et les produits de luxe.
Il y a des divisions croissantes entre
les Etats-Unis et l'Europe et au sein de l'Europe quant à savoir si le
renflouement de la Grèce devrait être poursuivi ou si le pays devrait faire
défaut en quittant la zone euro. Le premier choix signifie une expansion
considérable des moyens financiers publics pour le renflouement des banques. Le
second choix signifie une catastrophe sociale pour la Grèce qui pourrait
déclencher une nouvelle crise financière plus grande encore que l'effondrement
de Wall Street d'il y a trois ans, en entraînant toute une série de défauts
souverains et de faillites bancaires.
Les deux scénarios conduiront à
l'appauvrissement de la classe ouvrière et à la destruction de tous les acquis
sociaux passés.
La bourgeoisie internationale est
parfaitement consciente des implications sociales de la crise et des mesures
brutales qu'elle adopte pour faire payer l'addition à la classe ouvrière. La
BBC a cité lundi le président de la Chambre de commerce d'Athènes, Constantine
Michalos, qui a dit, « . si nous atteignons un niveau de chômage de 20
pour cent, alors du point de vue économique il y a un danger imminent que la
cohésion sociale explose. »
Des conclusions politiques bien claires
sont tirées et des préparatifs sont en cours. Le Wall Street Journal a
publié lundi sur son blog un commentaire intitulé : « Grèce : Il
ne faut pas sous-estimer le rôle de l'armée. »
Le commentaire débute en disant:
« L'instabilité politique et la rébellion se sont propagées au-delà de la
Méditerranée tout au long de la côte de l'Afrique du Nord et jusqu'à la Syrie,
mais pourquoi devraient-elles en rester là ? Pourquoi ne se
répandraient-elles pas à la Grèce par exemple ? »
« Il convient de rappeler que les
généraux grecs avaient perpétré un coup d'Etat en 1967 pour gouverner ensuite
le pays en tant que junte. La démocratie n'avait été rétablie qu'en
1975. Cela ne fait pas si longtemps. »
« L'armée grecque reste encore une
force très significative dans le pays. La Grèce dépense plus pour ses forces
armées en pourcentage du PIB qu'aucun autre pays de l'Union européenne - 3,2
pour cent contre une moyenne communautaire de 1,6 pour cent, » selon les
données de l'Institut international de la recherche sur la paix de Stockholm
(SIPRI).
« Le jour où la Grèce sera à court
d'argent - à moins d'une nouvelle injection massive d'argent de l'UE, de la BCE
et du FMI - se rapproche de jour en jour. Si les bureaucrates ne sont pas payés,
ils déposent leurs outils et se mettent en grève. Mais, que se passe-t-il
lorsque l'armée n'est pas payée ? »
L'auteur poursuit en remarquant que la
CIA avait conclu dans un rapport publié en juin dernier qu'un coup militaire
était possible en Grèce. Il conclut en disant : « Est-ce qu'un coup
militaire est probable en Grèce ? Peut-être pas. Mais c'est une
possibilité qui ne peut être écartée. »
La classe ouvrière doit prendre ceci
comme un avertissement - et pas seulement en Grèce. Partout dans le monde la
bourgeoisie est en train de mener une guerre de classe brutale pour tenter de
se sortir de la crise la plus profonde du système capitaliste depuis les années
1930. Tout comme à cette époque, aujourd'hui encore la réponse ultime de la
classe dirigeante à l'inévitable résistance de masse de la classe ouvrière
c'est la dictature et la guerre.
La seule solution pour les masses
laborieuses est le recours à son vaste pouvoir social et politique dans une
lutte révolutionnaire afin de mettre un terme au capitalisme et d'établir le
socialisme mondial. Ceci requiert qu'elles se libèrent du joug de la politique
bourgeoise et de l'emprise des syndicats qui opèrent comme les gendarmes des
entreprises pour la classe dirigeante, pour que les travailleurs construisent
de nouvelles organisations de lutte de masse. La question cruciale est la
construction du Comité international de la Quatrième Internationale en tant que
nouvelle direction révolutionnaire afin d'imprégner les luttes à venir d'un
programme socialiste et internationaliste.