Le budget présenté mardi par le gouverneur du Wisconsin, Scott
Walker, a profondément choqué et indigné les travailleurs dans l’ensemble
de cet Etat. Pour des centaines de milliers de travailleurs du Wisconsin et
leurs familles, il est à présent évident qu’ils sont confrontés à une
tentative impitoyable de réduire radicalement leur niveau de vie, de vider de
leur contenu les prestations et les services sociaux vitaux et de leur retirer
leurs droits démocratiques.
Walker exige des coupes sociales d’au moins 1,5 milliards de dollars pour
réduire le déficit budgétaire qui a été créé en grande partie par sa propre réduction
massive et récente des impôts pour les grandes sociétés.
Ces coupes comprennent:
La suppression de 1,25 milliards de dollars de subventions accordées aux
écoles et au gouvernement local, dont une réduction de plus de 900 millions de
dollars sur le financement de l’éducation dans tout l’Etat, ce qui
revient à la suppression d’environ 500 dollars par élève.
Des coupes de 500 millions de dollars dans Medicaid qui finance les
programmes de couverture médicale pour plus d’un million
d’habitants du Wisconsin. L’impact sur les revenus faibles, les
adultes et les familles avec enfants qui n’ont pas d’assurance
médicale sera dévastateur.
250 millions de dollars seront éliminés du financement des universités du
Wisconsin. De plus, comme partie intégrante du programme de privatisation qui
servira les intérêts de riches investisseurs, la division de Madison de
l’université du Wisconsin sera retirée du système public. Ceci résultera
dans la suppression d’au moins 17.000 postes pour les travailleurs de
l’université du Wisconsin, entraînant aussi une forte augmentation des
frais d’inscription sur les deux prochaines années.
La loi budgétaire de Walker est une déclaration de guerre. Son insertion
d’exigences supplémentaires pour l’élimination de la négociation
salariale découle logiquement de ses propositions budgétaires. Les coupes
qu’il réclame bafouent la « négociation » parce que ses propositions
budgétaires demandent, par leur nature même, la totale capitulation des
travailleurs à ses exigences unilatérales.
L’argument souvent répété par les responsables syndicaux –
qu’ils sont prêts à accepter les coupes budgétaires de Walker si
seulement il abandonne sa revendication de mettre fin à la négociation
salariale – n’est pas seulement lâche, elle représente une fuite
dangereuse devant la réalité politique qui existe au Wisconsin.
Le terme « négociation salariale » ne signifie absolument rien si
les syndicats sont prêts à accepter les dictats de gouvernements régionaux qui
agissent dans l’intérêt des grands capitalistes de la banque et de
l’industrie. La négociation salariale n’est pas apparue sous la
forme d’une permission écrite accordée par des entreprises généreuses à
leurs travailleurs. Elle a été arrachée à la classe capitaliste au cours de
décennies d’âpres conflits pour des droits sociaux et démocratiques au
cours desquels des milliers de travailleurs ont perdu leur vie. En fin de compte,
la négociation des salaires n’a existé que dans la mesure où les
travailleurs ont recouru à l’arme de la grève pour faire échec à
l’intransigeance de la classe capitaliste et de son personnel politique
dans les gouvernements locaux, les gouvernements d’Etat et le
gouvernement fédéral.
Le budget de Walker signifie en pratique, même s’il n’est pas
encore en vigueur, l’effondrement de la négociation salariale. Son
gouvernement impose de force aux travailleurs du Wisconsin et à leurs familles
un budget brutal et socialement destructeur.
Comment la classe ouvrière au Wisconsin devrait-elle répondre à cette
réalité politique ?
Ces derniers jours, il y a eu une reconnaissance grandissante de la part des
travailleurs partout au Wisconsin que des protestations dans la capitale de
l’Etat étaient insuffisantes et qu’ils devaient intensifier leur
lutte.
Un sentiment se développe en faveur d’une grève générale de la classe
ouvrière. Les travailleurs du Wisconsin commencent, de plus en plus
massivement, à réaliser que rien de moins qu’une mobilisation massive de
leur force collective suffira à refouler l’attaque du gouvernement
Walker.
Ce sentiment est justifié et correspond à la réalité politique qui existe au
Wisconsin et, de plus en plus, à travers les Etats-Unis. L’effondrement
de la négociation salariale – c’est-à-dire la tentative de
l’Etat d’imposer, par la menace implicite de la force, des
exigences intolérables et inacceptables aux travailleurs – a une profonde
signification objective. La classe dirigeante est en train de dire aux
travailleurs : « Nous ne négocions pas. Nous
exigeons. Vous devez accepter nos conditions. »
Ceci signifie en réalité la fin du compromis entre les classes. La
reconnaissance grandissante de cette réalité politique parmi les travailleurs
est sous-jacente au sentiment croissant pour une grève générale.
Il est nécessaire pour les travailleurs qui ont tiré cette conclusion de
développer la dynamique pour une grève générale. Les discussions au sujet
d’une grève générale doivent s’orienter vers la préparation de
celle-ci.
Sur chaque lieu de travail, des réunions doivent être organisées pour
discuter, débattre et voter une résolution pour une grève générale. Partout où
un soutien substantiel existe pour une grève générale, des comités de
travailleurs, indépendants des responsables syndicaux, doivent être formés pour
préparer cette action.
Ce mouvement devrait se fonder sur l’appel à la grève générale pour
les revendications suivantes :
* Rejet total de toutes les concessions économiques réclamées aux
travailleurs du Wisconsin. Les dépenses sociales doivent au contraire être augmentées
afin de répondre aux problèmes urgents créés par trois années de récession
causée par les activités spéculatives criminelles des banques.
* Rejet sans équivoque de toute restriction du droit légal des travailleurs
de négocier et, s’ils le décident, de faire grève pour défendre et
améliorer leur niveau de vie.
* Pour une augmentation substantielle des impôts sur les profits des
entreprises et des très riches pour couvrir les déficits budgétaires et le coût
des dépenses nouvelles et essentielles.
* Pour la démission immédiate du gouverneur Walker et de son gouvernement réactionnaire.
Walker s’est délibérément fait le fer de lance politique de
l’attaque patronale contre la classe ouvrière et du recours à des
méthodes dictatoriales. La revendication pour sa révocation naît de la
reconnaissance que la lutte des travailleurs au Wisconsin contre ce budget est,
en substance, une lutte politique.
L’appel à la démission de Walker n’implique pas un vote de
confiance au Parti démocrate. Au-delà des frontières du Wisconsin il y a des
gouverneurs et des maires du Parti démocrate qui réclament des coupes
budgétaires pas moins draconiennes que celle que veut Walker. Le gouvernement
Obama collabore avec les gouverneurs d’Etat et le Congrès à Washington à
la mise en application des coupes budgétaires qui causeront des ravages dans la
vie des travailleurs partout dans le pays.
Toutefois, inspirée par l’exemple donné par les travailleurs au
Wisconsin, la lutte contre les attaques à l’encontre des droits des
travailleurs s’étendra d’un Etat à l’autre et à travers le
pays en général, en opposition à tous les représentants politiques de la classe
capitaliste.
Ainsi, la revendication exigeant l’éviction de Walker soulève la question
la plus importante de toutes – la nécessité des travailleurs de créer
leur propre alternative socialiste indépendante aux partis Républicain et
Démocrate contrôlés par le patronat.
Le Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equaltiy Party, SEP) soutient
et encourage le mouvement en faveur d’une grève générale contre le gouvernement
Walker et son budget réactionnaire. Le sentiment croissant parmi les
travailleurs qu’une telle action est nécessaire témoigne de
l’intensité du conflit social régnant aux Etats-Unis. Nous pressons
cependant les travailleurs de réaliser qu’ils ne luttent pas seulement
contre un seul gouverneur mais contre la classe capitaliste tout entière et le
système de profit sur lequel s’appuie sa domination.