Les Républicains du sénat
de l’Etat de Wisconsin ont procédé le 9 mars au soir à un vote surprise
relatif au projet de loi concernant la réparation budgétaire du gouverneur
Scott Walker en contournant le quorum requis par le retrait des sections du
budget ayant trait aux affectations budgétaires.
Le projet de loi restreint
les droits de négociation collective des employés du public en permettant au
gouverneur de licencier tous les travailleurs qui font grève et en les privant
du droit de négocier collectivement les retraites et les prestations sociales.
En l’espace de
quelques heures, des milliers de personnes se sont regroupées dans le capitole
(siège du gouverneur). Des membres du Socialist Equality Party (SEP, Parti de
l’Egalité socialiste, USA) ont parlé à la foule en appelant à une grève
générale et à la rupture avec le Parti Démocrate qui était engagé dans des
négociations secrètes avec Walker avant le vote.
Devant le capitole, Andre Damon, secrétaire national de
l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (IEES),
l’organisation étudiante du SEP, a pris la parole pour soutenir une grève
générale, indépendante des syndicats, et pour obliger Walker à démissionner.
Ces appels ont recueilli le soutien des milliers de personnes rassemblées
devant l’entrée du capitole et qui se sont mis à scander « grève
générale » et « Walker dehors. »
Ceci a rapidement attiré
l’attention des dirigeants syndicaux et des responsables du Parti
Démocrate qui ont cherché à défendre le bilan des syndicats en dépit des
dénonciations de Damon et à dissuader les travailleurs de se lancer dans une
grève générale.
Eric Cobb, directeur
exécutif du conseil local du secteur du bâtiment et des contrats commerciaux et
animateur des manifestations officielles au capitole, a demandé à avoir le
mégaphone de Damon et a répondu aux appels à la grève générale en incitant les
travailleurs à « être patients » et « pacifiques. »
Damon, qui habite dans
l’Etat du Michigan, a dit que ce sont de tels appels venant de dirigeants
syndicaux qui ont eu pour conséquence l’appauvrissement de Detroit et la
destruction de centaines de milliers d’emplois d’ouvriers de
l’automobile ; il a réitéré l’appel en faveur d’une
grève générale qui a été soutenu avec enthousiasme.
Peu de temps après, John
Nichols, correspondent politique du magazine The Nation, a pris le
mégaphone pour défendre le bilan des 14 sénateurs démocrates de l’Etat de
Wisconsin contre les dénonciations de Damon, en disant que la publication par
Walker ce jour-là des documents était une tentative infondée de les
discréditer.
Damon a répondu que les
documents de Walker ne faisaient que souligner la veulerie des Démocrates. Il a
dit qu’il y a longtemps qu’ils avaient déjà accepté la plupart des
exigences de Walker et qu’ils négociaient secrètement pour faire encore
davantage de concessions à Walker.
Après cela, les
manifestants qui s’étaient faufilés à l’intérieur du capitole en
passant par les fenêtres ont ouvert les entrées principales et des milliers de
personnes ont afflué dans le bâtiment. Le Socialist Equality Party disposait de
l’unique mégaphone à l'intérieur du capitole et l’a utilisé pour engager
une discussion concernant les questions vitales auxquelles les travailleurs du
Wisconsin sont confrontés.
Prenant la parole, Damon a
mis en garde les travailleurs qu’un appel à la grève générale n’a
guère de sens s’ils ne construisent pas de nouvelles organisations
capables de mener une lutte. Il a averti que l’AFL-CIO avait agi en 1981
pour isoler les contrôleurs du ciel de PATCO et qu’il n’était pas
possible que trois décennies plus tard les syndicats soutiennent l’appel
à une grève générale. Il s’est alors adressé au Parti Démocrate
qu’il a accusé d’avoir cédé aux exigences des Républicains en
soutenant dans d’autres Etats des concessions équivalentes à celles
réclamées par Walker.
Ces critiques à
l’égard du Parti Démocrate et des syndicats ont provoqué des murmures au
sein des organisations soi-disant de gauche dirigeant l’occupation du
capitole et ont été suivis de cris nerveux de « Stop Stop ! »
Ces gens – en grande partie des membres de l’International
socialist Organisation (ISO) et de Students for a Democratic Society –
s’étaient donnés pour tâche de contrôler la manifestation en tenant à
l’écart les adversaires des partis du patronat.
Après la première prise de
parle de Damon dans le capitole, plusieurs collaborateurs du Parti Démocrate et
des syndicats ont discuté entre eux pour savoir ce qu’il fallait faire
devant le fait que des socialistes avaient la mainmise sur l’unique
mégaphone. L'un d'entre eux, un homme d’un certain âge portant un tambour
a proposé de rassembler « dix ou vingt gars pour sortir les
socialistes. »
Les partisans du Parti
Démocrate ne se sont pas sentis à la hauteur de cette tâche et Damon, et deux
autres membres du Socialist Equality Party, ont pris la parole plusieurs fois
encore pour appeler les travailleurs à former des comités de travailleurs.
Après ces interventions, un
certain nombre de travailleurs se sont adressés aux intervenants du Socialist
Equality Party pour les remercier de leur soutien ferme pour une grève
générale. Ils ont discuté de la perspective d’organiser des comités de
travailleurs et des stratégies pour préparer l’organisation de comités
sur leur lieu de travail.