L’armée américaine est en train de mener simultanément des campagnes d’attaque
de missiles par drones, des bombardements, des opérations à des fins
d’assassinats par les forces spéciales et des combats au sol dans
cinq pays différents: Irak, Afghanistan, Pakistan, Libye et Yémen.
Le président Barack Obama qui doit en grande partie sa victoire électorale
en 2008 à l’écoeurement populaire ressenti par des millions
d’Américains à l’égard des guerres d’agression lancées par le
gouvernement Bush en Afghanistan et en Irak, a plus que rempli les prédiction
de George W. Bush concernant les « guerres du 21ème
siècle. »
Il a surpassé son prédécesseur républicain en un point au moins. Bush avait
proclamé une doctrine infâme affirmant que l’impérialisme américain avait
le droit de mener une guerre contre tout pays qu’il reconnaissait comme étant,
maintenant ou n’importe quand dans l’avenir, une menace
potentielle. Il adopta le principe de la « guerre préventive », une
forme de guerre agressive pour laquelle les dirigeants du Troisième Reich
encore vivants furent jugés à Nuremberg.
En justifiant la guerre contre la Libye, Obama a promulgué sa propre
doctrine qui se passe même du prétexte d’une menace potentielle comme
justification pour la guerre. Au lieu de cela, il affirme que les Etats-Unis
sont dans leur droit de mener une guerre partout où ils jugent que leurs
« intérêts et leurs valeurs » sont en jeu même si les objectifs de
l’attaque ne représentent aucune menace concevable à la sécurité
américaine.
Dans son discours sur la Libye, Obama a inclus parmi les inviolables valeurs
américaines le « maintien du flux commercial, » c’est-à-dire,
le flux de profits dans les caisses des compagnies pétrolières américaines et d’autres
grands groupes.
Même au moment où, il y a près de trois mois, des missiles de croisière
pleuvaient sur la Libye, Obama avait cyniquement fait valoir que Washington
avait lancé la guerre par crainte qu’une répression menée par le
gouvernement libyen du colonel Mouammar Kadhafi éteindrait « le printemps
arabe. »
Quelle hypocrisie! La véritable attitude de Washington à l’égard des
aspirations démocratiques des peuples du Moyen-Orient et d’Afrique du
Nord s’est traduite sans ambiguïté dans une série d’actions survenues
ses derniers jours.
Obama a accueilli à la Maison Blanche le prince héritier du Bahreïn, une
dictature monarchique qui, avec le l’appui tacite des Etats-Unis et le
soutien militaire ouvert du principal allié de Washington dans la région,
l’Arabie saoudite, a impitoyablement réprimé un mouvement de masse en faveur
de droits démocratiques, tuant des centaines de personnes, en emprisonnant des
milliers d’autres et en torturant systématiquement les détenus.
Le prince est arrivé quelques jours à peine après que le régime eut ouvert
un procès militaire contre des médecins et des infirmiers. Interpellés pour
avoir traité des manifestants blessés par des forces de sécurité, ces
travailleurs médicaux ont été contraints, à l’aide de chocs électriques
et de bastonnades avec des planches pourvues de clous, de signer de faux
témoignages.
Dans un communiqué official, Obama a « réaffirmé le ferme engagement
des Etats-Unis à l’égard du Bahreïn » – dont le régime abrite
la cinquième flotte américaine – en louant son monarque pour avoir
embrassé le « dialogue » et la « réforme ». Le président
américain a généreusement conseillé que « l’opposition et le
gouvernement » – les torturés tout comme les tortionnaires –
« doivent trouver un compromis pour forger un avenir juste pour tous les
habitants du Bahreïn. »
Le New York Times a révélé que de l’autre côté de la péninsule
arabe, les Etats-Unis « étaient en train d’exploiter un vide
grandissant du pouvoir » créé par cinq mois de soulèvement de masse contre
la dictature au Yémen, le pays le plus appauvri de la région, soutenue par les
Etats-Unis pour y lancer une nouvelle guerre en recourant à des frappes de
missiles tirés depuis des drones et à des attaques d’avions de combat.
Tout en étant prétendument dirigées contre des éléments d’Al Qaïda,
tout indique que les attaques visent à sauver le régime du président Ali
Abdullah Saleh, et ce tout en facilitant le départ du dictateur d’une présidence
qu’il avait occupée durant 33 ans.
La première frappe relatée dans ce nouveau théâtre de guerre débutée par le
Pentagone a tué au moins quatre civils ainsi que plusieurs prétendus
« militants. »
En Libye, la guerre Etats-Unis/OTAN touche à la fin de son troisième mois
avec une intensification des bombardements incessants menés pour terroriser et qui
ont coûté la vie à des centaines de civils et à un nombre incalculable de
soldats libyens. Washington et ses alliés européens ne cachent pas leur
véritable objectif, qui est un « changement de régime », dans cette
guerre lancée sous le prétexte cynique de protéger des civils,
c’est-à-dire la mise en place d’un Etat fantoche garantissant la
domination de l’impérialisme et des principales compagnies pétrolières
occidentales.
C’est cela la véritable réponse de l’impérialisme américain au
« printemps arabe » – une explosion du militarisme au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une tentative désespérée d’étayer les
dictatures servant ses intérêts dans la région, et une détermination à étrangler
les luttes révolutionnaires des travailleurs et de la jeunesse arabe.
Ces nouvelles interventions militaires s’ajoutent aux guerres et aux
occupations qui durent déjà depuis une décennie en Afghanistan et en Irak et qui,
comme il apparaît de plus en plus clairement, doivent continuer indéfiniment.
Lors d’une audience de confirmation jeudi devant le Sénat, le
directeur de la CIA, Leon Panetta, choisi par Obama pour remplacer le chef du
Pentagone sortant, le secrétaire à la Défense Robert Gates, a reconnu
qu’il était « tout à fait persuadé » que le régime en Irak
réclamerait prochainement que Washington maintienne des milliers de soldats
américains sur le sol irakien après la date butoir du retrait des troupes, le
31 décembre 2011.
Panetta a clairement fait comprendre que Washington veut maintenir les troupes
en lieu et sur place « pour s’assurer que les gains que nous avons
fait en Irak soient maintenus. » Le fait que la grande majorité de la
population irakienne pour qui l’occupation américaine a signifié la mort,
la mutilation et le déplacement de millions de gens, veut que les 47.000
soldats américains quittent maintenant le pays est hors de propos.
L’homme que Panetta remplacera, le secrétaire à la Défense Gates, a
souligné à maintes reprises au cours de ces derniers jours que la date butoir
de juillet 2011 qu’Obama avait fixée pour le retrait d’Afghanistan
ne devrait entraîner aucune réduction significative du déploiement des quelque
100.000 soldats américains.
Après la réunion du week-end avec les commandants militaires en Afghanistan,
Gates a fait remarquer que tout retrait serait « modeste » en disant à
Bruxelles aux ministres de la Défense de l’OTAN qu’il
« n’y a aucune urgence de notre part pour un retrait. »
Entre-temps, de nouvelles atrocités sont commises chaque semaine avec des
victimes civiles causées au-delà de la frontière pakistanaise par des
bombardements, des raids nocturnes menés par les forces spéciales et des
attaques de missiles par drones.
Les travailleurs, les étudiants et la jeunesse aux Etats-Unis sont de plus
en plus obligés de porter le fardeau d’une politique de guerre sans fin
visant à forger un empire mondial servant les intérêts de l’oligarchie
financière américaine. Une élection après l’autre et un sondage
d’opinion après l’autre ont montré qu’une vaste majorité de
la population est opposée à ces guerres, et pourtant cette opposition ne trouve
pas son expression dans le système politique bipartite ou dans les médias qui
sont à la botte des grandes entreprises.
Les travailleurs sont parfaitement conscients que des milliers de milliards
de dollars sont dépensés pour ces guerres et pour le complexe militaire
industriel américain, en dépit du fait que les gouvernements tant au niveau
fédéral, qu’au niveau régional et local, dirigés tant par les Démocrates
que les Républicains, disent qu’il n’est pas possible de trouver de
l’argent pour financer des emplois, des salaires décents, les soins de
santé, l’éducation ou des services sociaux vitaux.
De plus, la tentative de l’élite dirigeante américaine
d’utiliser le militarisme pour pallier au déclin de sa position dans
l’économie mondiale, engendre des tensions internationales de plus en
plus dangereuses et une menace de guerres à venir encore plus sanglantes.
Alors même que l’hostilité à ces guerres s’accroît, les
manifestations anti-guerre ont presque complètement disparus, asphyxiées qu’elles
sont par une couche petite bourgeoise jadis de gauche qui soutient Obama et qui
s’est en grande partie intégrée dans le Parti démocrate.
Un nouveau mouvement contre la guerre ne peut être construit que sur la base
d’une rupture irrémédiable avec les Démocrates et une mobilisation
indépendante de la classe ouvrière contre le gouvernement Obama et le système
de profit capitaliste, source de guerre et de militarisme.