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Afrique
et Moyen-OrientLes médecins égyptiens menacent de
reconduire la grève
Par Harvey Thompson
6 juin 2011
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Des centaines de médecins ont défilé du syndicat des médecins aux
services gouvernementaux égyptiens en réitérant leurs revendications non
satisfaites du 29 mai et en menaçant de reconduire leur grève,
Après que les assurances du premier ministre de répondre à leurs griefs
n’ont mené à rien, les médecins revendiquent de meilleurs salaires et un
budget santé plus important.
Ahram Online rapporte que les médecins ont scandé, « Il faut fixer un
salaire minimum et un salaire maximum » et « Les médecins et les
travailleurs refusent le pouvoir du capital », alors qu’ils défilaient,
vêtus de leur blouse blanche, à travers les rues du Caire.
Le Dr Imitiaz Khald Hassouna, ophtalmologue d’Alexandrie a dit, « Si l’un
de vos parents tombait malade, l’enverriez-vous dans un hôpital public si
vous aviez les moyens de l’envoyer ailleurs ? Ne l’enverriez-vous pas plutôt
à l’étranger pour être soigné ? J’ai fait tout le chemin d’Alexandrie à mes
propres frais pour être sûr de participer à la manifestation. Les citoyens
égyptiens méritent de meilleurs soins de santé. »
La manifestation était constituée de médecins représentant plusieurs
gouvernorats [prolongement du gouvernement central].
Les médecins avaient fait une grève de 24 heures le 10 mai, puis une
semaine plus tard, le 17 mai, avaient commencé une grève reconductible.
Cette grève avait été suspendue après des assurances faites par le
ministère.
Les médecins veulent que le budget de la santé passe de 3 pour cent du
budget de l’Etat à 15 pour cent, en augmentant le salaire de tous les
travailleurs de la santé, en protégeant le personnel hospitalier contre les
attaques et en subventionnant plus fortement les études de médecine.
Le Dr Ayat Ahmed Sadiq a dit que le gouvernement avait cherché à
contourner les principales revendications des médecins : « Ils ont dit que
le budget de la santé sera relevé à 11 ou 12 pour cent mais nous avons
appris ensuite que ce pourcentage était censé couvrir tous les hôpitaux, y
compris ceux qui sont déjà subventionnés par des salaires mensuels tels les
entreprises d’assurance maladie ou les hôpitaux militaires. Le premier
ministre Essam Sharaf a aussi dit qu’il n’était pas en mesure de changer le
ministre de la Santé comme nous le réclamions… comment est-ce possible,
alors qu’il est le premier ministre ? »
Le Dr Hassouna a dit que la revendication de destituer l’actuel ministre
de la Santé est liée à ce qu’elle a décrit comme sa « politique de Parti
national démocratique (PND) relative aux soins de santé. »
« La politique qui consiste à maintenir les bas salaires des médecins des
hôpitaux publics est délibérément fixée pour servir le secteur privé
lucratif. Les hôpitaux publics sont maintenant utilisés pour les patients
privés… Le système capitaliste ne marche pas quand il s’agit de soins de
santé. Ils ont retiré le traitement du cancer et les opérations délicates du
système d’assurance, donc si j’ai un cancer maintenant, je ne peux pas
recevoir les soins dont j’ai besoin. »
Ont aussi été abordées lors des manifestations, les préoccupations des
médecins concernant la sécurité dans les hôpitaux et la question de la
corruption au sein du ministère de la Santé.
Le Dr Ahmed Fathi a dit, « Nous avons déposé une plainte pour corruption
contre le ministère pour avoir soumis à la commission d’enquête une
évaluation fausse du nombre des morts durant la révolution. L’évaluation
exacte du nombre des martyrs de la révolution est de 846 mais ils ont
déclaré qu’il n’était que de 400. La plainte pour corruption inclut aussi le
gaspillage des fonds publics. »
Durant la manifestation, les travailleurs de la santé ont brandi des
pancartes disant, « Nous exigeons des procès, les gangs sont encore au
pouvoir » et « Les ennemis de la révolution sont ceux qui sont responsables
de la pénurie de fournitures médicales. »
Selon un rapport du Centre égyptien pour les droits de l’Homme, l’Egypte
a connu en avril un total de 90 protestations de travailleurs dont 26
sit-in, 14 grèves, 26 manifestations et 24 protestations de courte durée.
Le rapport dit que 1.360 travailleurs ont été licenciés durant le mois,
22 autres ont été blessés et deux ont été tués du fait de l’absence de
sécurité dans les usines et d’un manque d’assurance maladie des
travailleurs.
Les revendications communes des travailleurs comprennent une amélioration
des salaires, des contrats à durée indéterminée et la mise à l'écart des
responsables corrompus.
(Article original paru le 3 juin 2011)