La guerre contre la Libye menée par les
puissances impérialistes dure maintenant depuis presque quatre mois. Avec leur
intensification des bombardements sur Tripoli pour faire tomber le régime du
colonel Mouammar Kadhafi, les puissances occidentales n'ont pas pu accomplir
leur mission, et l'intervention de l'OTAN se trouve actuellement dans
l'impasse.
La semaine dernière, la France a reconnu avoir
fourni des armes aux rebelles libyens, qui combattent les forces du
gouvernement libyen dans la région du Djeben Nafoussa, au sud de Tripoli.
Ceci a été rapporté par le quotidien Le Figaro, selon lequel le stock
d'armes parachutées dans les montagnes du Djebel Nafoussa comprend des
lance-roquettes, des fusils d'assaut, des mitrailleuses et des missiles
antichars "Milan" (Voir : La France arme les forces anti-Kadhafi).
Les livraisons françaises d'armes aux rebelles
sont une violation de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations
unies-qui a imposé en février un embargo sur les armes à la Libye. En France
comme dans d'autres pays, la majorité de la population s'oppose à
l'intervention militaire en Libye. Selon un sondage IFOP, 51 pour cent des
Français désapprouvent l'intervention militaire de l'OTAN contre la Libye.
Il y a un silence assourdissant sur cet
évènement dans la presse des partis de l'ex-« gauche » petite
bourgeoise. C'est notamment le cas de Nouveau parti anticapitaliste (NPA) en
France. Le site web du NPA a publié trois articles très brefs sur la guerre en
Libye en l'espace de deux mois-alors même que c'est la principale initiative de
politique étrangère de la France.
Pourquoi le NPA garde-t-il le silence quand la
guerre est impopulaire et menée de manière illégale par le gouvernement
français? Depuis des semaines, le parti qui prétend être anti-capitaliste, n'a
pas fait de communiqué officiel sur la guerre, ni critiqué le Président Nicolas
Sarkozy pour la livraison illégale d'armes françaises aux rebelles.
En fait, la livraison d'armes aux rebelles est
la politique que le NPA a revendiqué auprès de l'impérialisme français dès le
début de la guerre. Si le NPA ne critique pas la politique militariste et
illégale du gouvernement français, c'est que ce dernier fait exactement ce que
le NPA lui a demandé de faire.
A la veille des frappes aériennes par la
France et la Grande-Bretagne le 19 mars, le NPA avait suggéré que la France
livre des armes à l'opposition libyenne. Dans son communiqué daté du 18 mars,
le NPA écrivait : « Notre solidarité pleine et entière va au peuple libyen
auquel il faudrait donner les moyens de se défendre, les armes dont il a besoin
pour chasser le dictateur, conquérir la liberté et la démocratie. »
De même Olivier Besancenot, ex-candidat
présidentiel du NPA, a déclaré : « Notre solidarité pleine et entière
va au peuple libyen auquel il faudrait donner les moyens de se défendre, les
armes dont il a besoin pour chasser le dictateur, conquérir la liberté et la
démocratie. »
La réalité des bombardements quotidiens de
civils libyens par les avions de l'OTAN a révélé l'ambiguïté malhonnête de ces
formulations, qui tentaient de laisser croire que le NPA voulait protéger les
civils ou le « peuple libyen ». En fait, le NPA tente à présent de
camoufler par son silence le soutien qu'il a apporté à une guerre impérialiste
dont l'objectif est de renverser le régime Kadhafi et d'imposer un nouvel Etat
client dirigé par le Conseil national de Transition (CNT) à Benghazi.
Le CNT, formation droitière et
pro-impérialiste, protège avant tout les intérêts géostratégiques des grandes
puissances et des conglomérats énergétiques occidentaux. Loin de représenter le
« peuple libyen », le CNT est composé de forces tels d'anciens
ministres du régime Kadhafi, des forces terroristes islamistes liées à
al-Qaïda, d'agents de la CIA et divers chefs tribaux libyens.
Depuis le début de la guerre, le NPA avance
des arguments absurdes pour justifier l'intervention des grandes puissances en
Libye. A l'égard du CNT, le NPA a donné une couleur
« révolutionnaire » à une force réactionnaire et pro-impérialiste.
Le 1 avril, le NPA a publié le compte-rendu
d'un « Débat sur l'intervention en Libye » au sein du parti. En
adoptant la position de l'impérialisme français, à savoir une intervention
militaire pour protéger la population civile, il écrivait : « Parce
que Kadhafi est prêt à massacrer son peuple, parce qu'il lui a promis «un bain
de sang» et que nous savons très bien qu'il tiendra cette promesse en cas de
victoire, nous voulons d'abord et avant tout sa défaite ».
Le 8 avril, NPA a publié un article de ses
collaborateurs belges (le parti LCR-La Gauche), intitulé « La guerre
impérialiste et contre-révolutionnaire en Libye ». Selon cet article,
« En Libye, il y a actuellement deux guerres en cours: l'offensive
aérienne lancée par les impérialistes d'une part et la guerre menée par le
régime de Kadhafi contre l'insurrection populaire."
En fait, le CNT ne représente pas une
insurrection populaire. C'est un instrument des puissances impérialistes,
servant de force terrestre pour l'intervention de l'OTAN contre la Libye. S'il
renversait Kadhafi et se retrouvait au pouvoir, il fonctionnerait comme régime
subalterne mettant les richesses pétrolières de la Libye à la disposition des
impérialistes.
La séparation absolue établie par le NPA entre
le bombardement de l'OTAN et le CNT est fausse et malhonnête. Pour
défendre une guerre impérialiste sous des couleurs de « gauche », le
NPA critique mollement les bombardements de l'OTAN, tout en applaudissant les
forces qui lui servent d'infanterie.
Malgré la présentation trompeuse de ses
critiques de l'OTAN par le NPA, il est impossible pour eux de cacher
entièrement que ce sont des critiques de droite. Selon le NPA, l'OTAN-qu'il
décrit ailleurs comme une alliance impérialiste-ne fait pas assez pour aider
les rebelles à combattre les forces de Kadhafi : « On refuse toujours
aux insurgés de se fournir en munitions et en armes lourdes en quantités
suffisantes, sans quoi ils n'ont que peu de chances de résister ou de vaincre
militairement les troupes bien entraînées et équipées du tyran ».
L'article de la LCR-La Gauche se plaint même
que les impérialistes ne bombardent pas suffisamment la Libye : « Les
frappes aériennes de l'Otan en faveur des insurgés se font au compte-goutte et
très sélectivement ».
Un parti qui fait de tels commentaires
semblables se positionne sans ambiguïté du côté de la réaction sociale, malgré
ses efforts pour se donner l'image d'un parti de
« l'extrême-gauche ». Ayant préconisé une intervention impérialiste
en Libye, il partage à présent avec Sarkozy la responsabilité politique pour la
mort de civils massacrés en Libye par l'OTAN et ses fantoches libyens.