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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Toute la classe ouvrière avec les travailleurs de Cooper Tire !

Par Jerry White
17 décembre 2011

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Une lutte d'une importance énorme pour la classe ouvrière est menée à Finlay, dans l'Ohio, ville industrielle de 41 000 habitants du midwest américain. Plus d'une millier de travailleurs du secteur pneumatique à Cooper Tire, sont en train de défier les exigences de réduction des salaires d'une multinationale qui leur a interdit de travailler (procédure de lock out légale aux États-Unis, ndt) le 28 novembre.

Tout travailleur peut s'identifier aux conditions auxquelles ces travailleurs des pneumatiques sont confrontés. Il y a trois ans, se plaignant de profits en baisse, Cooper a menacé de fermer l'usine de l'Ohio à moins que les travailleurs n'acceptent des concessions dans tous les domaines, dont une réduction de 50 pour cent des salaires des nouveaux embauchés. Après que le syndicat United Steelworkers a accepté ces exigences, et que les représentants de l'Etat et de la mairie ont inondé la compagnie avec des millions de dollars en réductions d'impôts et autres incitations à rester, Cooper Tire, a décidé de fermer son usine de Georgie à la place de celle de Finlay, supprimant 1300 emplois.

La compagnie dégage maintenant de larges profits et son PDG, Roy V. Armes, a touché 4,7 millions de dollars (plus de 3,3 millions d'euros) l'an dernier, contre 2,6 millions en 2008. Néanmoins, la compagnie insiste toujours pour obtenir encore plus de concessions pour rester « compétitive » et ne pas fermer l'usine. Parmi les nouvelles exigences il y a un système de salaire aux pièces qui réduirait le salaire d'un ouvrier au salaire d'un nouvel embauché, soit 13 dollars (10 euros) de l'heure, s'il ne parvient pas à atteindre les quotas de production.

Ce qui se passe à Finlay est un parfait exemple de ce qui se passe dans toutes les villes industrielles d'Amérique, et, en fait, dans le monde entier. La campagne de réductions de salaires qui a suivi le crash financier de 2008 s'est révélée être plus qu'une situation temporaire. L'élite financière et patronale se sert de la catastrophe économique qu'elle a créée pour abaisser de manière permanente et spectaculaire le niveau de vie des travailleurs. Comme le remarquait l'un des travailleurs de Cooper Tire privés de travail, « C'est comme si on reculait d'un siècle. »

Les trois dernières décennies ont vu la désindustrialisation systématique de l'Amérique et la montée d'une aristocratie financière dont les vastes fortunes ont bien peu à voir avec le processus de production. Pour autant qu'une quelconque production industrielle puisse se maintenir aux États-Unis, elle se fera sur le modèle d'une exploitation des plus brutales de la classe ouvrière et l'écart de salaires entre les travailleurs américains et leurs homologues en Chine et dans les autres pays à bas salaire se refermera.

La perspective réactionnaire de la classe dirigeante a été résumée par le PDG d'American Chrystal Sugar, qui met actuellement en lock out 1300 ouvriers du Dakota du Nord, du Minnesota et de l'Iowa : il a comparé les acquis obtenus par les travailleurs durant des générations de luttes à une « maladie » qui doit être éradiquée.

Quand Cooper Tire a publié son ultimatum, les travailleurs se sont révoltés, disant que c'en était assez ! La direction a réagi en utilisant le lock out et en embauchant des briseurs de grève. Au cours d'une action initiée par les travailleurs eux-mêmes et non par les syndicats, des centaines d'entre eux, ainsi que des membres de leur famille et d'autres habitants solidaires de la ville ont encerclé l'usine en formant une chaîne humaine le 2 décembre. Après avoir supporté plus de deux semaines sans salaire, les travailleurs défient toujours l'entreprise et sont toujours déterminés.

Mais les travailleurs de Cooper Tire ne peuvent pas se battre seuls. La compagnie augmente la production dans ses autres sites aux États-Unis et a acheté une nouvelle usine en Serbie pour répondre aux commandes en cas de lock out prolongé. Pendant ce temps, Cooper Tire et l'Etat de l'Ohio empêchent les travailleurs de percevoir leurs allocations chômage pour tenter de les contraindre à abandonner. Encore plus inquiétant, les médias à la solde des grandes entreprises ont commencé une campagne de dénigrement contre ces travailleurs, les décrivant comme « violents, » ouvrant ainsi la voie à des injonctions du tribunal, des coups-montés et des arrestations.

Le principal risque vient de l'isolement de la lutte par l'United Steelworkers (USW) et d'autres syndicats. La grève de 12 semaines à Goodyear en 2006-2007 avait été sabotée par l'USW, qui est contre toute lutte qui mettrait en danger ses relations intimes et ses liens financiers avec les entreprises et le gouvernement. Une fois de plus à Cooper Tire, l'USW a refusé de mener une lutte sérieuse et a dit aux travailleurs de compter sur l'Inspection du travail, les médiateurs fédéraux, les politiciens démocrates locaux et le gouvernement Obama.

C'est un échec assuré. L'offensive patronale contre la classe ouvrière bénéficie du soutien des deux grands partis capitalistes et de toutes les institutions officielles de l'Etat. La campagne de réductions salariales contre les travailleurs de l'industrie a commencé avec la demande par le gouvernement d'Obama que les travailleurs de GM et Chrysler acceptent des concessions sans précédent sur les salaires et les aides sociales, y compris l'extension du détestable système salarial « two-tier » à deux vitesses ayant des niveaux de rémunération différents pour le même emploi.

Alors qu'il confie des milliers de milliards à Wall Street, Obama ne fait rien pour créer des emplois ou accorder un répit aux dizaines de millions de travailleurs qui perdent leur emploi, leur mode de vie et leur domicile. Ce n'est pas une erreur, mais une politique délibérée pour forcer les travailleurs à accepter des salaires toujours plus bas.

On ne peut rien obtenir sans une lutte acharnée. En 1936, les travailleurs du pneu à Akron, dans l'Ohio, avaient défié les exigences de réduction des salaires et la violence policière en occupant les usines et en faisant cesser les opérations des géants de l'industrie. Il faut raviver ces traditions de lutte des classes.

La conduite des négociations et la lutte doivent être retirées des mains des représentants officiels de l'USW. Les travailleurs doivent élire un comité d'action de base constitué des plus militants et plus estimés pour formuler leurs demandes, parmi lesquelles le retour sur toutes les concessions salariales et sur les retraites, l'abolition du système two-tier, et la garantie d'un emploi stable et de conditions de travail sûres.

Un appel doit être lancé à tous les travailleurs - syndiqués ou non, employés ou chômeurs, jeunes et plus âgés - pour venir renforcer le piquet de grève et stopper les briseurs de grève à Finlay.

En même temps, le comité de base doit prendre contact avec les travailleurs de Cooper Tire dans l'Arkansas et le Mississipi, ainsi qu'avec d'autres travailleurs du pneu, de l'automobile ou des pièces détachées automobiles, pour organiser des manifestations communes, des grèves et des occupations d'usines pour défendre les emplois et le niveau de vie.

La production de pneus est l'une des industries les plus intégrées mondialement, impliquant plus d'un demi-million de travailleurs sur la planète. Dans une situation où les travailleurs de l'industrie en Chine, en Inde, en Europe et en Amérique latine entrent en lutte, la politique de l'USW et des autres syndicats ne sert qu'à diviser et affaiblir la classe ouvrière. La course au moins disant ne peut s'arrêter que si les travailleurs s'unissent internationalement dans une lutte commune contre les multinationales.

La lutte à Cooper Tire pose la question de la propriété et du contrôle de l'industrie et du système financier de la manière la plus nette. Les travailleurs ne sont pas seulement confrontés à la "cupidité des patrons", mais aussi à faillite du système capitaliste, système économique et politique qui s'appuie sur la propriété privée des banques et des corporations et l'extraction du profit par l'exploitation de la classe ouvrière.

La propriété privée doit être remplacée par la propriété sociale. Ce n'est que de cette manière que les immenses forces productives de la société - et la richesse créée par la classe ouvrière - seront utilisées pour abolir la pauvreté et mettre fin à l'inégalité sociale.

La décision des travailleurs de Cooper Tire est le signe d'une résistance montante aux États-Unis et internationalement. Le Parti de l'Egalité socialiste lance la lutte pour la mobilisation sur le lieu de travail et politique de la classe ouvrière derrière les travailleurs de Cooper Tire dans le cadre de la lutte pour un programme socialiste de transformation de la vie économique afin de répondre aux besoins de la grande majorité et non de quelques riches.

(original paru le 15 décembre 2011)

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