Hier a eu lieu à Montréal une manifestation comptant
4.000 étudiants pour protester contre les hausses des frais de
scolarité qui vont presque doublé d'ici cinq ans. Le Parti de l'égalité
socialiste et l'IEES y ont distribué plusieurs centaines de tracts dont voici
le texte.
Les étudiants sont
aujourd’hui dans la rue pour rejeter la hausse radicale des frais de
scolarité imposée dans le dernier budget du gouvernement libéral de Jean
Charest et pour défendre l’accès à l’éducation. Ce budget impose
une hausse des frais de base d'une année d'étude qui passeront de
2168 dollars aujourd’hui à près de 3800 dollars d’ici cinq
ans. Cette hausse annoncée s’ajoute à l’importante hausse des frais
de scolarité de 500 dollars depuis 2007.
Cette mesure est l'un
des principaux moyens avancés par le gouvernement Charest dans son dernier
budget pour éliminer son déficit dès 2013 et fait partie d’un ensemble de
mesures pour faire porter le fardeau de la crise économique mondiale à la
classe ouvrière.
Tout comme les
étudiants de la province qui refusent de faire les frais de politiques de plus
en plus ouvertement associées à la défense des intérêts des banques et des
grandes entreprises, nous nous opposons aux mesures du gouvernement qui visent
à faire payer les jeunes, les étudiants et les travailleurs alors que les
généreuses diminutions d'impôt et de taxes pour les mieux nantis et les grandes
entreprises sont maintenues.
Nous disons que
l'éducation est un droit et qu'elle devrait être gratuite pour tous.
Mais afin de lutter
pour que cela devienne réalité, les manifestations et les démonstrations
d'opposition sont, à elles seules, impuissantes. Pour défendre l'accès à une
éducation de qualité, les étudiants doivent adopter une toute nouvelle
perspective qui rejette la domination des intérêts du patronat et de la grande
finance sur la société.
L'Alliance sociale, regroupement
des grandes centrales syndicales du Québec duquel font partie les deux
principales associations étudiantes, la FEUQ et la FECQ, a tenté de faire
croire, comme à l'habitude, qu'une manifestation de routine est tout ce qui
était nécessaire aux travailleurs et aux étudiants pour faire reculer le
gouvernement Charest sur les attaques de droite qu'il s'apprêtait à concrétiser
dans son budget. Sans surprise, le gouvernement a ignoré avec mépris
l'opposition populaire.
Même si elle utilise un
langage plus radical et critique la FEUQ et la FECQ, l'ASSÉ (l'Association pour
une solidarité syndicale étudiante) participe au maintien du même type
d'illusions en n'offrant aucune autre alternative que de faire pression de
façon plus militante sur les partis officiels, d’adopter le « syndicalisme
de combat ».
Si le gouvernement du
Québec est prêt à mener des attaques aussi impopulaires sur l'éducation, les
retraites et les emplois, c'est qu'il a l'appui de la grande entreprise, du
monde financier et des partis politiques à l'Assemblée nationale. Le Parti québécois
(PQ), l'opposition officielle, a critiqué le dernier budget parce qu'il ne
coupait pas assez dans les dépenses gouvernementales et les services à la
population. De plus, la bourgeoisie cherche activement un nouvel instrument qui
pourrait imposer encore plus farouchement son programme de droite, tel que
l'ADQ dans le passé, ou le pseudo-mouvement de François Legault plus récemment.
Le budget actuel, comme
le budget précédent, est une mise en pratique de la vision des élites
québécoises et de tout le Canada qui veut mettre ce qui reste de
l'État-Providence au rancart. Il s'agit de remplacer les services publics
universels et gratuits par la privatisation, la tarification et les
compressions budgétaires. Ce processus est déjà bien avancé dans l'éducation et
la santé au Québec.
En s’opposant à
l’augmentation des frais de scolarité, les étudiants s’opposent
implicitement à la politique de toute la bourgeoisie. Pour aller de
l’avant, le mouvement d’opposition doit devenir explicite. Les
étudiants doivent se tourner vers la classe ouvrière pour la mobiliser en
défense des services publics, des emplois et des salaires et pour que la crise
soit résolue aux dépens du patronat et non de la population travailleuse.
La politique de
l’Alliance sociale est entièrement le contraire de cette mobilisation.
Elle ne remet pas en cause l’ordre social et accepte entièrement
qu’il faille éliminer le déficit et augmenter la compétitivité du Québec.
Son seul point de désaccord avec Charest et Marois sur cette question,
c’est la vitesse à laquelle les compressions doivent être imposées.
L'Alliance sociale se
fait silencieuse sur le rôle du PQ et sa position sur le déficit. Comme à
chaque grand mouvement d'opposition des étudiants et des travailleurs au cours
des dernières années, la colère contre le gouvernement Charest à été détournée
par les syndicats vers un appui pour le PQ.
Le programme
d'austérité que cherche à imposer l'élite dirigeante au Québec fait partie d'un
phénomène international.
Aux États-Unis, des
écoles sont fermées et des enseignants sont congédiés en masse. Les étudiants
de Grande-Bretagne se voient imposer le triplement de leurs frais de scolarité.
La classe ouvrière des pays européens se fait dire que les États n'ont plus
d'argent et qu'elle doit payer. Tout cela, après que les institutions
financières aient été sauvées à coups de milliers de milliards de dollars.
Malgré l'immense
opposition populaire, le gouverneur Scott Walker de l'État du Wisconsin a pu faire
passer une loi anti-ouvrière radicale et le président français Nicolas Sarkozy
imposer sa « réforme » sur les retraites.
La responsabilité de
ces défaites incombe entièrement aux syndicats pro-capitalistes et aux partis
soi-disant de gauche comme le Parti socialiste en France, le Parti
travailliste en Angleterre et le Nouveau Parti démocratique (NPD) au Canada qui
les soutiennent et qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs. Les
syndicats sont incapables et refusent de lutter pour les intérêts fondamentaux
de leurs membres parce qu’ils limitent leurs horizons au capitalisme et
aux frontières nationales.
Les étudiants doivent
s'opposer au discours qu'il n'y a plus d'argent pour les programmes sociaux et
se tourner vers la classe ouvrière, la seule force sociale capable d'organiser
la société sur la base des besoins humains plutôt que sur le profit des plus
riches. Nous devons lutter pour l'indépendance politique de la classe ouvrière,
afin qu'elle rompe avec ses vieilles organisations qui la tiennent enchaînée au
système capitaliste de profit et dans les limites des frontières québécoises.
Il faut développer un mouvement qui unira les travailleurs du Québec aux
travailleurs du reste du Canada et du monde entier.
Un parti comme Québec
solidaire fait partie des organisations nationalistes et pro-capitalistes.
Mouvement de la petite-bourgeoisie qui demande de timides réformes sans vouloir
toucher aux rapports de classe et qui met au coeur de son programme la
souveraineté du Québec, mesure historiquement défendue par le parti bourgeois
qu'est le PQ, Québec solidaire représente un piège pour la classe ouvrière.
Récemment, Québec
solidaire s’est rallié à tous les partis du fédéral et à l'élite
dirigeante canadienne pour une intervention militaire impérialiste en Libye. Il
a aussi demandé que l’on batte les conservateurs dans les élections
fédérales qui prennent place maintenant en votant pour le Bloc québécois et
même les libéraux. Ces deux faits à eux seuls démontrent la véritable orientation
de classe de Québec solidaire.
La campagne électorale
fédérale, déclenchée quelques jours après l'annonce que les Forces armées
canadiennes allaient participer à la guerre impérialiste en Libye, s'est mise
en branle sous le signe de l'austérité, les conservateurs promettant de réduire
radicalement le budget des différents ministères pour l'année 2012. Le chef
libéral Michael Ignatieff a pour sa part critiqué le manque de rigueur
économique des conservateurs de Stephen Harper en s'attaquant à leurs « dépenses
inutiles ».
Les ressources existent
amplement pour financer l'éducation, la santé, des emplois pour tous et des
services de qualité. Mais sous le système capitaliste, la richesse est
accaparée par une minuscule couche d'individus extrêmement riches. De 1987 à
2007, le 1 pour cent le plus riche de la population canadienne s'est approprié
près du tiers de la croissance des revenus réels.
Cela ne peut être
toléré plus longtemps. La lutte pour l'accessibilité à l'éducation doit devenir
le début d'une lutte plus large pour l'égalité sociale. Ce n'est que sur la
base d'une lutte pour un mouvement socialiste et internationaliste, que les
immenses ressources de la société pourront être soumises au contrôle
démocratique de la classe ouvrière, afin de satisfaire les besoins humains et
non les profits d'une riche minorité.
Nous appelons les
étudiants qui appuient une telle perspective à adhérez à l'Internationale
étudiante pour l'égalité sociale et à lutter avec nous pour gagner la classe
ouvrière au socialisme