Alors que partout dans le monde les places boursières chutent,
les médias réclament de plus en plus la mise en place de gouvernements musclés.
Le quotidien britannique Daily Telegraph écrit, « De
l'expérience, de la compétence et une bonne dose de chance sont nécessaires
pour pouvoir éviter un accident grave. Malheureusement, il est terriblement
clair que rien de tout cela n'est disponible : les dirigeants occidentaux
sont dépassés par les événements. »
Ce journal conservateur décrit le président Barack Obama comme
étant « bien intentionné mais inefficace » et accusent la chancelière
allemande Angela Merkel d'être « incapable de même saisir le caractère du
désastre qui menace l'Europe et encore moins d'en réaliser l'ampleur. »
Le journal allemand Süddeutsche Zeitung se plaint en
disant, « La crise de la dette est en train de devenir aux Etats-Unis et
en Europe de plus en plus un problème politique domestique. » On ne
saurait s'attendre à ce que, sous la pression des événements, les acteurs
politiques « trouveront une force inattendue, » parce qu'ils se concentrent
sur la prochaine élection ou parce qu'ils doivent tenir compte de majorités
parlementaires.
L'agence de notation Standard & Poor's a justifié sa dégradation
de la note de crédit du gouvernement américain en rappelant les conflits
politiques à Washington : « Nous avons abaissé notre notation de
longue date des Etats-Unis, » a écrit S&P, « parce que nous
croyons que la controverse au sujet du relèvement du plafond de la dette »
montre que « la maîtrise de la hausse des dépenses publiques. est moins probable
que nous ne l'avions précédemment supposé et qu'elle restera un processus
litigieux et capricieux. »
La conclusion qui découle de cette déclaration est claire,
même si elle n'est pas toujours ouvertement énoncée : les élections, les
débats parlementaires et autres pratiques démocratiques sont incompatibles avec
les dures mesures jugées nécessaires au vu de la crise. L'appel à un régime
fort disposant de pouvoirs autoritaires est sans équivoque.
Les mesures exigées dans les commentaires de presse visent
exclusivement la classe ouvrière. Standard & Poor's réclame des réductions
de 4 mille milliards de dollars dans le budget américain au lieu des 2,4 mille
milliards convenus - principalement aux dépens des dépenses sociales.
Toutefois, l'ensemble des commentateurs exclut des mesures à l'encontre des
banques qui ont déclenché la crise de 2008 par leurs spéculations criminelles
et qui en ont ensuite tiré profit grâce aux renflouements gouvernementaux.
Il n'est pas non plus question de programmes de travaux
publics en réponse à la récession mondiale, sans parler d'une augmentation des
impôts pour les hauts revenus et les grosses fortunes. Des mesures comme celles
prises par le président américain Franklin D. Roosevelt en vertu de son
« New Deal » suite à la Grande Dépression sont considérées taboues de
nos jours. Au lieu de cela, médias et hommes politiques suivent l'exemple du
chancelier allemand Heinrich Brüning dans les années 1930.
En mars 1930, dans le contexte de la crise financière,
Brüning, du Parti du Centre (Zentrum), avait formé un gouvernement minoritaire
qui avait réduit drastiquement les dépenses gouvernementales à coups de décrets
d'urgence en précipitant l'économie dans la récession et en poussant le chômage
à des niveaux record. Deux ans plus tard, Brüning faisait place à un régime
autoritaire qui à son tour ouvrait la voie à Hitler.
Tout comme les médias, c'est l'ensemble des partis officiels qui
est en train de suivre l'exemple de Brüning en réagissant à la crise par de
nouvelles mesures d'austérité. C'est non seulement le cas des partis de droite
(tels les Républicains aux Etats-Unis et les partis conservateurs en Europe),
mais aussi des partis dits de « gauche » - les Démocrates américains,
les sociaux-démocrates européens, les Verts, La Gauche allemande (Die Linke) et
autres partis identiques dans d'autres pays - et les syndicats.
Tous sont prosternés devant les « marchés
financiers » - c'est-à-dire une petite clique de multimillionnaires et de
milliardaires. En cas de fébrilité des marchés financiers, ils leur offrent
davantage de sacrifices sous forme de « plans de sauvetage » financés
en ponctionnant les coffres publics et de davantage de coupes sociales. Ils
rivalisent pour voir qui sera le plus efficace à réduire les dépenses publiques,
à déréglementer le marché du travail et à abaisser les coûts de la
main-d'ouvre.
En Italie, les syndicats et les partis de centre-gauche
attaquent le gouvernement Berlusconi de la droite parce que ses coupes
budgétaires ne sont pas suffisamment drastiques. En Allemagne, le Parti
social-démocrate (SPD) et les Verts insistent sur un respect rigoureux du principe
de l'équilibre budgétaire appliqué au moyen du frein à l'endettement qu'on a ancré
dans la constitution. Aux Etats-Unis, le président démocrate Obama applique aux
programmes sociaux les coupes les plus brutales de l'histoire du pays.
En plein milieu de la crise économique la plus profonde depuis
les années 1930, pas un seul politicien bourgeois n'a voulu ou n'a été en
mesure de proposer une mesure sérieuse pour alléger les conséquences sociales.
Au lieu de cela, tous les partis de l'establishment poursuivent une politique
qui exacerbe la crise, intensifie les conflits nationaux et mène à la dictature
et à la guerre. C'est là une terrible condamnation du système capitaliste.
Dans les années 1930, le New Deal de Roosevelt avait été
possible parce que le capitalisme américain avait encore suffisamment de
réserves économiques. Le capitalisme allemand, affaibli par la défaite de la
Première Guerre mondiale, et ne pouvant se permettre une telle politique a
suivi la voie de Brüning et de Hitler.
Aujourd'hui, le capitalisme américain n'est plus en mesure
d'appliquer une telle politique. Le pays se trouve au cour de la crise
internationale. Il est profondément endetté et n'a pas de réserves économiques.
Et, il n'existe pas d'autres puissances capitalistes qui pourraient assumer son
rôle.
L'économie allemande est tributaire de l'industrie d'exportation
qui souffrirait gravement des conséquences d'une récession internationale.
L'Union européenne est en train de se désintégrer sous la pression des marchés
financiers. La Chine est déchirée par de profondes contradictions sociales.
La
classe ouvrière ne peut pas défendre ses intérêts dans le cadre du capitalisme.
Dans un certain nombre de pays, la crise sociale a déclenché des soulèvements
révolutionnaires et des protestations sociales. Mais ceux-ci ne peuvent réussir
que s'ils engagent une lutte consciente pour le renversement du système de
profit, l'établissement d'un gouvernement ouvrier et la construction d'une
société socialiste.
Pour faire avancer cette lutte, la classe ouvrière doit rompre
avec toutes les organisations qui défendent le capitalisme, y compris les
syndicats, et construire un nouveau parti socialiste international. C'est la
lutte menée par le Comité International de la Quatrième Internationale et le
Parti de l'Egalité sociale.