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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les valeurs bancaires françaises s'effondrent tandis que la panique sur la dette européenne se propage à la France

Par Pierre Mabut et Alex Lantier
17 août 2011

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Le secteur bancaire et l'économie de la France sont les dernières victimes en date des fluctuations erratiques sur les marchés financiers mondiaux et de la spéculation financière grandissante contre les dettes souveraines européennes, dans le contexte des contrecoups de la dégradation par Standard & Poor's (S&P) de la note de crédit américaine.

Le président Nicolas Sarkozy a interrompu les vacances de ses ministres pour organiser une réunion de crise de son gouvernement - avec la participation de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France - sur fond d'effondrement continu de l'indice français CAC 40. Celui-ci avait chuté de 4,68 pour cent ce jour-là. La réunion s'est terminée mercredi matin par l'annonce de nouvelles coupes sociales qui seront présentées dans le projet de budget qui sera publié le 24 août.

Le ministre français de l'Economie, François Baroin, a dit, « Quel que soit l'impact des incertitudes mondiales, de l'annonce de la dégradation de la note américaine. de la fébrilité des marchés. nous prendrons les mesures nécessaires. »

Le même jour, toutefois, le CAC 40 a replongé de 5,45 pour cent, alors que les valeurs bancaires françaises étaient frappées par un mouvement de vente à n'importe quel prix. La vente massive a eu lieu après que le quotidien britannique The Daily Mail a publié un article suggérant que la banque française, la Société Générale (SG), était « au bord du désastre » ; son bénéfice net avait baissé de 31 pour cent au second trimestre, pour atteindre 1,07 milliards de dollars. Les cours des actions de la SG avaient dégringolé de 21 pour cent avant de rebondir partiellement ; le Crédit Agricole a accusé une baisse de 13 pour cent et BNP Paribas de 10 pour cent.

Les spéculateurs sont inquiets face à la surexposition des banques françaises à la Grèce et maintenant à l'Italie et à l'Espagne. Selon la Banque des Règlements internationaux, les banques françaises sont exposées à hauteur de 410 milliards d'euros à la dette italienne, ce qui fait d'elles les banques les plus exposées d'Europe à la crise de l'endettement de l'Europe méridionale.

Au cours des ces dernières semaines, les marchés de crédit ont poussé à la hausse les taux d'intérêt du remboursement de la dette publique de l'Italie et de l'Espagne, menaçant de provoquer un défaut de paiement de leur gouvernement respectif. Avec les banques françaises détenant à elles seules une plus grande part de leurs dettes que le montant de 440 milliards d'euros dont dispose le Fonds européen de Stabilité financière (FESF) pour renflouer l'Espagne et l'Italie, un défaut de paiement de ces pays pourrait probablement entraîner la faillite du système financier français.

Certains signes indiquent que les spéculateurs pourraient aussi cibler la dette publique française. Bien que les agences de notation de crédit aient récemment confirmé que la note de crédit AAA était sûre, il y a de plus en plus de rumeurs que la France pourrait être la prochaine grande économie après les Etats-Unis à perdre sa note de triple A en raison d'une forte augmentation des dettes. La dette publique française s'élève à 1.650 milliards d'euros, près de 84 pour cent de son PIB - contre 64 pour en 2007, avant l'éclatement de la crise financière mondiale.

Dans ces conditions, les financiers et les responsables gouvernementaux français insistent pour que la Banque centrale européenne (BCE) imprime de l'argent afin de le prêter, par le biais de banques privées, aux gouvernements italien et espagnol. Il y a toutefois des doutes que Berlin tolère une telle politique à long terme par crainte de ses effets inflationnistes. Le mois dernier, la Cour de Karlsruhe, en Allemagne, avait commencé à examiner la constitutionnalité des plans de sauvetage européens.

Paris a aussi annoncé que Sarkozy rencontrera le 16 août la chancelière allemande, Angela Merkel. Baroin a déclaré « La conviction profonde du président de la République et, je crois le savoir, de la chancelière allemande, c'est que le statu quo n'était plus possible. » Le ministre a assuré aux investisseurs qu'à « la sortie de l'été, il y aura des propositions fortes du couple franco-allemand sur la modernisation de la gouvernance de la zone euro. »

Ces réunions seront sans nul doute extrêmement tendues. Lorsque, l'année dernière, Sarkozy avait vu que Merkel refusait d'accepter un sauvetage de la Grèce par l'Allemagne, il aurait menacé de sortir la France de la zone euro.

La panique financière est en train de se répandre au milieu de signes d'un ralentissement économique persistant à travers toute l'Europe. Selon l'Institut national de la Statistique INSEE, l'économie française a annoncé une croissance nulle au second trimestre. Eurostat, l'Office statistique des Communautés européennes, a rapporté que la production industrielle dans les 17 pays de la zone euro avait baissé de 0,7 pour cent et confirmé les données communiquées par l'INSEE concernant une stagnation économique en France

La clé de la faiblesse de l'économie française se trouve dans une nouvelle contraction des dépenses de la population. En commentant la situation économique française, Jennifer McKeown, économiste à Capital Economics à Londres a dit : « Quant à la France même, la chute de 0,7 pour cent des dépenses de consommation au second trimestre a été la plus forte baisse en près de 15 ans, suggérant qu'on ne pouvait désormais plus compter sur le secteur des ménages pour soutenir l'économie. »

Dans une situation où l'économie française est déjà en train de déraper, les nouvelles attaques draconiennes contre la classe ouvrière que le gouvernement est en train de préparer ne feront qu'aggraver la situation économique.

En France comme aux Etats-Unis - où les agences de notation exigent des réductions des programmes sociaux tels Medicare et la Sécurité sociale - ces agences réclament des coupes sociales brutales. Dans un article paru en juin, S&P écrivait : « Si les autorités françaises n'appliquent pas leur réforme du système de retraite, si elles n'apportent pas de modifications additionnelles à leur système de sécurité sociale et ne consolident pas la situation budgétaire actuelle face à une pression grandissante des dépenses de santé et de retraite, Standard & Poor's ne maintiendra probablement pas son triple A. »

La ministre des Finance, Valérie Pécresse, a déclaré que le gouvernement ne « déviera pas d'un iota de sa trajectoire » pour réduire le déficit. Pour rassurer les marchés, Sarkozy a aussi fait campagne en faveur d'une « règle d'or » inscrite dans la constitution pour prévoir un équilibre budgétaire - accédant ainsi à une conformité avec la loi allemande.

L'ensemble de l'establishment politique français s'empresse d'apporter son soutien aux coupes budgétaires de Sarkozy. Le parti d'opposition, le Parti socialiste (PS), veut que le déficit budgétaire soit immédiatement réduit à 3 pour cent pour que la France n'ait pas à attendre 2013, date de l'entrée en vigueur de la « règle d'or. » François Hollande, actuel premier candidat présidentiel du parti, a déclaré, « la règle d'or, c'est pour 2013. Or, le critère de crédibilité, c'est le budget pour 2012. »

(Article original paru le 13 août 2011)

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