Les
luttes de la classe ouvrière qui s'intensifient en Europe et dans le monde
contre le chômage de masse et la politique d'austérité des gouvernements
révèlent la réalité qui se cache derrière la façade de la démocratie
bourgeoise. Dans tous les pays, les gouvernements, qu'ils soient conservateurs
ou soi-disant de « gauche », réduisent les emplois et les salaires
et attaquent les programmes sociaux au mépris total de l'opposition écrasante
de la population.
Elections
et débats parlementaires n'ont aucun effet sur la politique. L'Etat fait tout
ce que lui dicte l'aristocratie financière, détruisant ainsi le niveau de vie
des masses dans l'intérêt des banquiers qui sont responsables de la crise
économique. Les financiers et les chefs d'entreprises gagnent plus d'argent que
jamais en exploitant le chômage de masse et la détresse sociale grandissante
pour réduire de façon draconienne les salaires et augmenter l'exploitation de
la classe ouvrière.
Là où
les efforts conséquents des syndicats ne suffisent pas à contenir les
travailleurs et que des luttes s'engagent pour contrer les projets des
capitalistes, notamment en France et en Grèce, l'Etat recourt à ses pouvoirs de
répression pour briser les grèves et les manifestations. En France, le
gouvernement Sarkozy a déployé les CRS (police anti-émeute) contre les
travailleurs pour briser les blocages des dépôts pétroliers et pour attaquer
avec du gaz lacrymogènes et des flashballs des lycéens qui manifestaient, et en
a interpellé des centaines dans tout le pays.
En
Grèce, le gouvernement social démocrate du PASOK, élu avec le soutien des
syndicats, a déployé l'armée pour briser une grève de chauffeurs routiers au
mois d'août. La semaine dernière, ce même gouvernement a eu recours à la police
anti-émeute et au gaz lacrymogène contre des employés du ministère de la
culture qui occupaient l'Acropole pour protester contre des licenciements
massifs.
Malgré
ces attaques, la résistance de la classe ouvrière s'accroît. La vague actuelle
de grèves et de manifestations en France est l'expression la plus développée
d'une nouvelle étape de la lutte de classes internationale. Elle marque un
changement de proportion historique de la situation politique internationale.
La classe ouvrière entre une fois de plus en lutte contre les capitalistes.
Ces
derniers jours ont vu la propagation du mouvement de grève en France, le
déclenchement d'une grève en Grèce qui a paralysé le système ferroviaire du
pays et une manifestation de centaines de milliers de personnes à Rome
protestant contre la politique du gouvernement Berlusconi.
Il y a
eu des grèves générale d'une journée et des manifestations de masse en Espagne,
au Portugal et en Irlande, des grèves de travailleurs en Roumanie et des grèves
puissantes de travailleurs de l'automobile en Chine et de travailleurs en Inde,
au Cambodge et au Bangladesh.
En
Grande-Bretagne, le gouvernement de coalition conservateur-libéral démocrate
impose des coupes historiquement sans précédent atteignant 83 milliards de
livres sterling, ce qui signifiera la perte d'au moins 500 000 emplois dans le
secteur public et 500 000 emplois de plus dans le secteur privé.
Les
travailleurs britanniques ont à maintes reprises cherché à résister à l'assaut lancé
par le gouvernement et le patronat mais ont jusqu'à présent été étouffés par la
traitrise des syndicats qui s'opposent à toute action sérieuse de grève ou de
mobilisation sociale. Les travailleurs du métro londonien ont fait grève contre
les privatisations et les licenciements massifs, ce qui a conduit le
gouvernement à rédiger une législation anti-grève. Les travailleurs de la BBC
et de British Airways ont voté la grève, mais les dirigeants syndicaux ont
refusé de lancer un appel à la grève.
Aux Etats-Unis,
Obama qui est venu au pouvoir surfant sur la vague d'une haine intense parmi
les travailleurs et les jeunes de la politique pro-patronale et militariste de
Bush et des Républicains, applique une politique uniformément droitière et
anti-ouvrière, brisant les illusions des millions de personnes qui ont voté
pour lui. L'incapacité de la Maison Blanche et du Parti démocrate de se
distancer de quelque manière de l'élite patronale et financière est soulignée
par les actes du gouvernement ces derniers jours, à deux semaines seulement des
élections de mi-mandat au Congrès.
Le
gouvernement a levé le moratoire sur le forage de pétrole dans le Golfe du
Mexique, annoncé qu'il n'y aura pas d'augmentation des prestations sociales en
dépit de la hausse du coût de la vie, et rejeté tous les appels à un moratoire
sur les saisies immobilières.
L'opposition
grandissante de la classe ouvrière américaine est en train de trouver une
expression dans la rébellion naissante des travailleurs contre le syndicat
automobile UAW (United Auto Workers.) L'UAW cherche à faire de la baisse de
salaire de 50 pour cent qu'elle a mise au point l'année dernière avec les
patrons de l'automobile et le gouvernement Obama, pour les travailleurs
nouvellement embauchés, la nouvelle référence pour l'industrie.
Le mépris de la classe dirigeante américaine pour la
volonté démocratique des gens est apparu clairement dans un éditorial sur les
événements en France publié mardi par le New York Times. L'organe majeur
de l'establishment du Parti démocrate, politiquement libéral, a reconnu le
large soutien de la population française pour les grèves et les manifestations
contre les projets de Sarkozy d'allonger l'âge de départ à la retraite.
« Malgré l'importante gêne causée et les pertes économiques, » dit
l'article, « l'opinion publique reste solidaire des syndicats. » (Des
sondages français montrent que plus de 70 pour cent de la population
soutiennent les grévistes.)
Ceci n'a pas empêché le Times d'insister pour dire
que, « Le parlement français devrait voter la réforme sur l'âge légal de
départ à la retraite cette semaine, » ajoutant, « Même avec
l'allongement à 62 ans, d'autres ajustements douloureux seront nécessaires
avant la fin de la décennie. »
Ce qui
émerge de cette expérience de centaines de millions de personnes à travers le
monde est l'incompatibilité du système capitaliste avec leurs besoins les plus
fondamentaux. L'accroissement de la lutte de la classe ouvrière démasque la
démocratie bourgeoise comme n'étant rien de plus qu'une feuille de vigne
dissimulant la dictature des banques et des grandes entreprises sur la vie
économique et politique.
Il faut
en tirer les conclusions politiques. La lutte pour l'emploi, pour un niveau de
vie décent, le logement, l'éducation, la santé et tous les autres droits
sociaux est une lutte politique contre l'Etat capitaliste. La question n'est
pas de faire pression sur l'Etat pour le pousser à gauche, le réformer, ou
remplacer un gouvernement bourgeois par un autre, mais plutôt de le remplacer,
au moyen d'une mobilisation révolutionnaire des masses laborieuses, par un Etat
ouvrier, fondé sur la propriété sociale des moyens de production et une démocratie
ouvrière.
La lutte
pour le pouvoir ouvrier émerge de façon organique et inévitablement des luttes
de la classe ouvrière contre les attaques de la bourgeoisie. Cette lutte doit
être conduite consciemment, en opposition aux syndicats, aux partis de la
« gauche » officielle et des diverses organisations
petites-bourgeoises soi-disant de gauche, tel le Nouveau parti anticapitaliste
en France, qui cherchent à maintenir la classe ouvrière liée à l'establishment
politique existant et à l'empêcher de monter une lutte indépendante pour le
pouvoir.
Cette
lutte est, de plus, une lutte internationale. Les travailleurs à travers
l'Europe et le monde entier sont confrontés aux mêmes attaques et luttent
contre le même ennemi. Aussi acharnés que soient les conflits entre élites
dirigeantes des différents pays, ces élites dirigeantes sont unies dans leurs
efforts pour imposer le coût total de la crise sur le dos de la classe
ouvrière. Le capital financier international est en train de mener une
offensive coordonnée contre les travailleurs. Ces derniers doivent riposter en
unissant leurs luttes par delà les frontières nationales et lutter pour le
programme de la révolution socialiste mondiale.