wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Les grèves se poursuivent tandis que le gouvernement persiste dans ses attaques contre les retraites

Par Alex Lantier
16 octobre 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

La grève a été reconduite en France après la journée nationale d'action du 12 octobre contre les coupes dans les retraites mises en place par le président Nicolas Sarkozy. Des lycéens ont rejoint les travailleurs des ports, des chantiers navals, des raffineries et des transport en commun. La police a attaqué des lycéens en grève dans plusieurs villes. On fait état de pénurie de carburant à travers la France.

Sarkozy a clairement dit qu'il ne reculerait pas sur la réforme qui reporte de deux ans, de 65 à 67 ans, l'âge de départ à la retraite sans décote et reporte aussi l'âge minimum légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Cela permettra à l'Etat d'imposer des pénalités financières conséquentes (la décote) aux nombreux travailleurs forcés de prendre leur retraite avant l'âge légal pour cause de santé ou de licenciement. Selon certaines estimations, cela réduira de 15 pour cent au moins les dépenses de l'Etat en matière de retraite.

Le 13 octobre lors d'un conseil des ministres Sarkozy a, de façon provocatrice, dit qu'il« mettra des réformes sur la table jusqu’à la dernière minute de mon quinquennat. »

En visite avant-hier à l'usine Laser Mégajoule près de Bordeaux, Sarkozy a balayé d'un revers de main les manifestations des jeunes, faisant remarquer que de telles protestations n'avaient pas arrêté la « réforme » du système universitaire: « Qui aurait pu imaginer qu’en trois ans, le système universitaire français, volontairement, magnifiquement, aurait évolué vers l’autonomie sans drames, sans querelles idéologiques ? » Malgré « quelques grèves, » selon Sarkozy, « notre système universitaire a brillamment passé l’épreuve de sa mutation. »

Sarkozy impose sa réforme de façon antidémocratique, en passant outre non seulement les jeunes qui manifestent mais la majorité de la population. Un sondage CSA révèle que 69 pour cent de la population soutient les grèves contre les coupes dans les retraites et que 54 pour cent veulent que les syndicats organisent une grève générale si le gouvernement ne retire pas sa réforme.

Le sondeur Gaël Sliman de BVA a dit à l'AFP qu'il est clair que si une vraie lutte s'engageait, l'opinion publique la soutiendrait longtemps. Il a dit que de nombreuses personnes qui ne sont pas «formellement hostiles » aux coupes « comprennent un éventuel blocage. »

Sarkozy espère clairement que les syndicats garderont le contrôle sur les protestations des travailleurs et permettront ainsi que la réforme des retraites passe, comme ils l'avaient fait lors des mobilisations de 2007-8 contre les coupes dans les retraites et les grèves de 2009 contre le renflouement des banques. Mais les travailleurs qui réclament la grève contre les attaques sont de plus en plus frustrés par l'inaction des syndicats.

Les syndicats refusent d'organiser une lutte sérieuse contre les coupes dans les retraites qu'ils ont aidé Sarkozy à négocier pendant l'hiver et le printemps. Le secrétaire de la CGT Bernard Thibault a récemment attaqué les appels à la grève générale les qualifiants d' «abstraits » et «abscons. »

Interrogé sur la grève générale, Jean-Dominique Simonpoli, président de l'association Dialogues, fondation qui réunit des représentants de la CGT et des directeurs des ressources humaines des grandes entreprises en vue, s'est contenté de dire, « On en parle, mais personne n’a envie d’y aller. »

Cédant aux demandes de la population d'une grève contre les coupes, une intersyndicale a appelé avant-hier à une nouvelle journée d'action le mardi 19 octobre. Ils ont déjà appelé à une journée de manifestation samedi 16 octobre. Le dirigeant de la CFDT François Chérèque a expliqué, « Les gens nous demandent de continuer. »

De plus en plus de travailleurs se rendent cependant compte que de telles journées d'action isolées n'ont pas stoppé les coupes de Sarkozy. Comme l'a dit un syndiqué avant la journée d'action du 12 octobre, les travailleurs « en ont assez de se contenter de battre le pavé. »

Les syndicats ont donc laissé quelques secteurs industriels particulièrement stratégiques faire grève sans essayer d'organiser une grève plus large contre les coupes. A la SNCF (réseau ferroviaire public) la plupart des assemblées générales sur les lieux de travail ont décidé de reconduire la grève. Selon des reportages de presse, 4 TGV sur 10, 50 pour cent des trains trains régionaux parisiens et 40 pour cent des trains Corail circulent.

Les grèves touchent aussi les ports, les terminaux pétroliers et les raffineries. Les équipes de remorqueurs sont en grève, paralysant l'accueil des navires (pétroliers, le fret en bloc et le trafic de conteneurs) qui attendent au large des ports français.

Avec 11 raffineries sur 12 touchées par la grève, notamment autour du centre pétrolier stratégique de Fos-Lavéra dans le port méridional de Marseille, on fait état de pénurie de carburant à travers la France. Ces pénuries sont répandues en corse et dans le sud de la France mais se produisent aussi sporadiquement dans le reste de la France dans des villes telles que Nantes, Amiens et Paris. Plusieurs dépôts de carburant se sont mis en grève aussi, stoppant les livraisons en provenance des installations de Fos, Bassens et le Havre.

Avant-hier, Alexandre de Benoist, porte-parole de l'Union des importateurs de pétrole (UIP) qui représente les détaillants les plus importants dont Carrefour, Casino, Cora et Auchan, a dit à 20 minutes, « Nous sommes inquiets de voir nos stations qui ferment parce qu’elles sont en rupture d’approvisionnement. » Il faisait référence aux conducteurs prenant d'assaut les pompes à essence, ce qui a provoqué une augmentation de 50 pour cent de la demande.

On s'attend fortement à des pénuries de carburant la semaine prochaine si la grève se poursuit.

Sur LCI, le secrétaire d'Etat au transport Dominique Bussereau a dit, «On a fait le point avec Jean-Louis Borloo, avec le Premier Ministre, et avec les collaborateurs du président de la République. » Il a dit que la France disposait de réserves pour « au moins un mois » si les automobilistes ne se ruent pas sur les pompes. Des bureaucrates explorent des voies qui permettraient d'utiliser la réserve stratégique de pétrole de la France pour briser la grève.

La grève stoppe aussi l'approvisionnement des raffineries de Suisse et provoque des pénuries en Allemagne. Néanmoins, selon le représentant de l'Agence internationale de l'énergie Aad Bohemen, du brut de remplacement est acheminé par le pipeline transalpin qui relie la ville italienne de Trieste avec Karslruhe en Allemagne. Il a ajouté que ceci permet aussi d'acheminer du pétrole en France « en provenance de toute la côte ouest » de l'Europe, ce qui aide le gouvernement à contourner la grève.

Ce qui inquiète particulièrement le gouvernement, c'est la vague montante de manifestations de lycéens. Hier, près de 900 lycées de France sur 4 302 étaient en grève, dont 550 étaient occupés. Au même moment, des manifestations de centaines ou milliers de lycéens se sont déroulées dans toute la France. A Toulouse, 10 000 lycéens ont défilé, 8 000 à Rennes, 7 000 à Bordeaux, 5 000 à Brest, 4 000 à Reims, 2 000 à Orléans ainsi qu'à Tours, 1 500 à Montpellier et 1 000 à Caen.

Les sondages avertissent que des protestations de masse prolongées des jeunes pourraient transformer le climat politique. Les appels à la grève générale contre les coupes de Sarkozy sont particulièrement populaires auprès des jeunes Français, avec 68 pour cent des 25-34 ans en faveur d'une grève générale. L'analyste de ViaVoice, François Miquet-Marty a dit au quotidien Le Monde, « L’enjeu est de savoir quels sont les leviers qui peuvent durablement ancrer l’opinion publique en faveur de la contestation sociale. Et l’entrée en lice des jeunes constitue un facteur de fracture durable entre le peuple et le pouvoir. »

L'Etat cible avec brutalité les manifestations des jeunes. Avec près de 30 lycées en grève en région parisienne, la police a attaqué des lycéens dans deux lycées de la banlieue parisienne: le lycée Paul-Eluard de Saint-Denis et le lycée Jean-Jaurès de Montreuil. Daniel Auverlot inspecteur d'académie de Seine-Saint-Denis a dit que l'Etat ne garantirait pas la sécurité des lycéens grévistes: « A partir du moment où des lycéens bloquent des établissements, nous ne pouvons plus répondre de leur sécurité, car certains blocages risquent de dégénérer en début d’émeutes urbaines. »

Un lycéen de Montreuil a dû être hospitalisé après avoir été touché au visage par un tir de flash-ball, en violation du règlement de la police sur l'utilisation des flash-balls. Malgré les déclarations initiales de la police selon lesquelles le jeune homme avait été légèrement blessé, les reportages ont rapidement fait état de trois fractures sérieuses au visage et du risque de perdre l'usage d'un oeil. Les autorités ont confirmé que le lycéen n'était pas connu des services de police.

Des vidéos circulent aussi montrant des CRS frappant le reporter de Canal + Thierry Vincent alors que celui-ci tendait sa carte de presse et les informait qu'il était en train de manifester pacifiquement. Ceci s'est produit après la manifestation du 12 octobre.

Des lycéens ont aussi manifesté devant le siège du Medef, principale fédération patronale. Ils seraient ensuite repartis, après avoir attendu en vain l'arrivée d'une délégation syndicale. Un message twitter expliquait, «Marre des syndicats, on est debout depuis 5h30, nous. »

Certaines indications donnent à penser que les étudiants pourraient rejoindre les lycéens dans les manifestations contre la réforme. L'administration a fermé l'Université Rennes-2 « pour raisons de sécurité » de crainte d'une occupation. Selon Le Monde, des étudiants de l'université parisienne de Jussieu se sont réunis en assemblée générale et des centaines d'étudiants de Jussieu ont participé à des manifestations autour de Paris.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés