Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) est un parti petit-bourgeois que les
travailleurs cherchant à monter une lutte réelle contre les coupes dans les
retraites organisées par le président Nicolas Sarkozy devront vaincre.
Malgré leurs efforts pour donner l'impression d'être de « gauche » dans les
manifestations et à la télévision, le NPA ne fonde pas sa politique sur le
développement de la grève en une lutte pour le pouvoir politique mais il
essaie plutôt de lier les mobilisations aux forces pro-patronales de
l'establishment politique.
Le communiqué du porte-parole du NPA, Olivier Besancenot disait il y a
trois jours qu'il voulait voir « un nouveau mai 68 » c'est-à-dire la
répétition de la grève générale de 10 millions de personnes de mai 1968 qui
avait fait chanceler le Parti communiste français stalinien et conduit à la
démission un an plus tard du général Charles de Gaulle, alors président.
Dans ce communiqué, Besancenot appelait à un soutien large et massif de la
population à la grève générale contre les attaques de Sarkozy.
Interrogé la semaine dernière sur la manière dont il voyait les
manifestations, Besancenot a expliqué, «Quand les cheminots s’y mettent et
quand les étudiants s’y mettent aussi, ça rappelle de bons souvenirs … Il y
a un parfum de 1995 et de Contrat première embauche. » En 2006, les
manifestations des jeunes avaient forcé le gouvernement à retirer le CPE qui
aurait facilité l'embauche et le licenciement des jeunes travailleurs dans
leur premier emploi.
Interrogé sur les alliances que le NPA pourrait faire avec la « gauche »,
un terme qui comprend des forces bourgeoises tel le Parti socialiste (PS),
Besancenot a refusé de préciser. Mais il a dit que le NPA n'a « jamais eu la
prétention qu’on était la réponse à tous les problèmes. »
Ce communiqué est l'exemple même de la capacité du NPA à dissimuler un
programme droitier derrière un discours de « gauche. » Pour Besancenot et le
NPA, l'appel à la grève générale ne signifie pas mobiliser pour organiser
une grève générale contre Sarkozy, renverser son gouvernement et construire
un gouvernement des travailleurs. La déclaration de Besancenot n'exprime
aucune critique concernant le refus des syndicats d'organiser une lutte
politique contre le gouvernement.
Au contraire, sa déclaration est une façon de promouvoir la politique de
protestation du NPA, tout en développant des alliances avec la classe
dirigeante. Le résultat principal d'une telle politique est un blocage du
développement des luttes de masse des travailleurs contre le gouvernement et
sa politique d'austérité. Besancenot est, lui, suffisamment habile pour ne
pas le dire tout haut, mais Sandra Demarcq membre du NPA l'a dit bien plus
clairement dans une récente déclaration intitulée « Une situation
explosive. »
Elle écrit, « Le NPA participe avec l'ensemble de la gauche française, y
compris le PS … en une campagne unitaire contre la réforme des
retraites. »Elle reconnaît cependant qu'il existe de nombreux «désaccords »
au sein de la «coalition unitaire. »
Un détail non négligeable est que la force la plus puissante de cette
« campagne » soutient les coupes dans les retraites. Demarcq écrit, « Le
désaccord sur les revendications concerne en particulier le Parti
socialiste. Ils sont d'accord avec la revendication de conserver l'âge
minimum de départ à la retraite à 60 ans, mais ils défendent l'idée que les
travailleurs doivent travailler plus longtemps pour une retraite à taux
plein. Et donc ils ont voté avec les députés de droite pour l'augmentation
du nombre d'annuités nécessaires pour une retraite à taux plein. »
Les déclarations du PS prétendant être contre le report de de l'âge de
départ à la retraite au-delà de 60 ans sont fausses. Puisque la période de
cotisation doit maintenant passer à 41 ans et plus, et que la plupart des
travailleurs entrent dans la vie active bien après 20 ans, l'âge légal
minimum de départ à la retraite reste lettre morte. Cependant, après que le
PS a effectivement voté en faveur de ces coupes, le NPA le qualifie toujours
de parti de « gauche »!
Etant donné son bilan droitier, pourquoi le PS s'intéresse-t-il à une
coalition avec le NPA, qui appelle à des manifestations? Cela devient clair
si on considère les luttes de 1995 et 2006 dont Besancenot fait l'éloge.
Dans les deux cas, ceux qui ont formé le NPA en 2009 ont refusé
d'organiser une grève de masse contre le gouvernement. Au contraire, ils
insistaient pour dire qu'il fallait que les syndicats planifient et
conduisent les luttes des travailleurs, alors même qu'il était clair que les
syndicats n'avaient pas la moindre intention d'organiser une grève politique
de masse contre le gouvernement.
Il en a résulté que ces luttes furent dénuées de perspective politique et
s'essoufflèrent, permettant ainsi à la classe dirigeante de se regrouper et
de poursuivre ses attaques sociales. Comme le montre le refus arrogant de
Sarkozy de modifier ses attaques contre les retraites, c'est ce que la
classe dirigeante espère aussi voir se produire maintenant. Le PS est
d'accord pour contribuer à faire de la publicité pour le NPA dont il espère
qu'il contribuera à assurer un tel résultat.
Le bilan est tout à fait clair. Les élections de 1997 ont amené au
pouvoir le gouvernement PS de Lionel Jospin qui a mis en place un programme
massif de privatisations. Quant aux protestations de 2006, le soutien
manifeste qu'elles ont reçu de Sarkozy (contre son rival, le premier
ministre de l'époque Dominique de Villepin), a fait remonter sa cote de
popularité et l'a aidé à gagner la présidence en 2007, puis à mettre en
place son programme de rigueur droitier.
Les conséquences sociales pour la génération qui a grandi entre-temps
sont désastreuses. Avec l'effondrement des emplois sûrs, un nombre énorme de
travailleurs ont été contraints de prendre des emplois intérimaires ou se
sont retrouvés au chômage tandis que l'assurance chômage était réduite de
façon draconienne. Ils ont aussi assisté à des mesures visant à allonger la
durée hebdomadaire du temps de travail, et une série de coupes dans les
retraites qui ont conduit à la « réforme » actuelle de Sarkozy, pour ne
mentionner que les attaques les plus visibles.
Le NPA lui-même a reconnu dans une récente déclaration (« La jeunesse
emmerde Sarkozy et Fillon »), «Les jeunes comprennent parfaitement la
situation, le fait que leur génération est sacrifiée, qu’elle vivra moins
bien que les générations précédentes .»
Toute personne ayant honnêtement cette position reconnaîtrait que,
quelles que soient les victoires temporaires que les travailleurs aient pu
obtenir en 1995 et 2006, ces luttes on finalement produit des défaites
terribles. Alors pourquoi ces luttes ont-elles pour Besancenot un parfum si
agréable?
La récente déclaration de Pierre-François Grond, membre dirigeant de la
direction nationale du NPA, suggère que le NPA anticipe les dîners d'Etat,
les parfums luxueux et autres avantages qui viennent avec un maroquin dans
un futur gouvernement de coalition avec le PS.
Dans « Pour un soulèvement social et démocratique, » Grond écrit, « Les
rapports de forces pour 2012 se jouent maintenant. Une condition de la
victoire, c’est la capacité de construire … des mobilisations populaires
appuyées par une gauche sociale et politique unie et de combat. »
Malgré ce pot-pourri d'adjectifs, ce que Grond veut dire est assez clair.
En se vantant d'appeler à des mobilisations, le NPA espère organiser une
victoire pour la « gauche unie » aux prochaines élections. Une telle
victoire mettrait au pouvoir un président PS qui se sentirait obligé de
céder quelques postes mineurs au NPA (ainsi qu'au Parti communiste français
et autre menu fretin droitier de ce type.)
Le caractère d'un tel gouvernement est clairement révélé par l'identité
de l'homme décrit comme le candidat présidentiel du PS le plus probable pour
2012: Dominique Strauss Kahn qui est actuellement président du Fonds
monétaire international (FMI.) Strauss Kahn a contribué à imposer des
mesures d'austérité draconiennes à bien des Etats endettés dont notamment la
Grèce où il a insisté pour la mise en place de coupes sociales énormes en
échange d'un renflouement conjoint de l'Union européenne et du FMI un peu
plus tôt cette année. Le FMI a aussi récemment publié un rapport sur les
retraites en France, aligné sur la position du PS, c'est à dire soutenant
« l'équilibre fiscal » des coupes de Sarkozy et recommandant pourtant que
l'âge légal de départ à la retraite soit maintenu à 60 ans.
Que le NPA considère d'entrer dans une alliance avec Strauss Kahn ou même
son futur gouvernement en dit long sur sa position de classe.
Le gouvernement social-démocrate de Giorgios Papandreou en Grèce est un
bon exemple de la façon dont un gouvernement peut rapidement faire
volte-face pour appliquer des mesures d'austérité massives contre les
travailleurs. Elu en octobre 2009 sur la promesse d'augmenter en milliards
d'euros les dépenses sociales, Papandreou a prétendu en arrivant au pouvoir
découvrir soudain que la Grèce avait des déficits bien plus importants qu'on
ne soupçonnait. Comme ses homologues sociaux- démocrates d'Espagne et du
Portugal, Papandreou s'est vite impliqué dans des négociations avec le FMI
et d'autres institutions financières pour appliquer des coupes sociales
énormes.
Le NPA et l'ensemble de l'establishment bourgeois de « gauche » entrent
dans les luttes sociales à venir comme les ennemis de la classe ouvrière. Au
moment où les travailleurs se préparent à des grèves de masse et des luttes
politiques, le mot d'ordre doit être: Méfiance envers les amis
petits-bourgeois du FMI.