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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Le WSWS parle avec des travailleurs lors de la journée d'action du 28 octobre

Par Antoine Lerougetel 
1 novembre 2010

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Une partie de la manifestation parisienne

Quelque deux millions de travailleurs ont fait grève et manifesté dans 270 cortèges à travers la France jeudi contre le projet de loi du président Nicolas Sarkozy sur la « réforme » des retraites. Le vote final a eu lieu mercredi à l'Assemblée nationale et la loi sera promulguée le 1er janvier 2011.

La mobilisation de jeudi était la septième journée nationale d'action appelée par les syndicats depuis le 7 septembre contre la législation de Sarkozy sur les retraites. Cette loi reporte l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans le droit à une retraite sans décote.

Malgré des perturbations considérables occasionnées par les grèves dans les transports et une grave pénurie de carburants dans les stations-service, le mouvement de masse qui a mobilisé plus de trois millions de travailleurs lors des précédentes journées d'action, continue de jouir du soutien de plus de deux tiers de la population selon les sondages.

La cote de popularité du gouvernement Sarkozy est au plus bas, à 29 pour cent. Néanmoins il a réussi à faire voter ces coupes parce qu'il n'y a pas eu de vraie opposition politique organisée par les syndicats, les partis d'opposition de « gauche » tels le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste (PCF) ni les ex partis radicaux petits-bourgeois tel le Nouveau parti anticapitaliste (NPA.) Au contraire, toutes ces organisations se sont rassemblées sur une politique vouée à l'échec et de plus en plus impopulaire consistant à en appeler à Sarkozy pour qu'il modifie ses attaques.

Des équipes du WSWS étaient dans les manifestations à Paris, Marseille, Nice et Amiens et ont distribué des tracts de l'article « France : Les travailleurs confrontés à une lutte pour le pouvoir. »

Durant les discussions il est apparu clairement que les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus conscients de la faillite et de la collaboration de classe de la « gauche » officielle et qu'ils recherchent une alternative.

Etudiants dans la manifestation parisienne

A Paris où les syndicats ont fait état de 170 000 manifestants, des pancartes et banderoles disaient: «Tout le pouvoir aux communes » , «Grève générale jusqu'à la retraite. »

Une pancarte critiquait le PS pour sa politique droitière pro-patronale, citant le nom de Dominique Strauss-Kahn, DSK, qui est actuellement président du Fonds monétaire international, en faveur du libéralisme économique et candidat probable du PS pour l'élection présidentielle de 2012. La pancarte disait: «Sarkozy et Strauss-Khan même combat, ennemis de la classe ouvrière, honte au PS! »

Les travailleurs des raffineries qui défilaient ont bien précisé que leur lutte était internationale et ont parlé de l'action de travailleurs des raffineries belges pour empêcher que leurs carburants ne soient utilisés pour briser la grève des travailleurs français. Il y avait aussi des travailleurs grecs dans les cortèges. L'un d'entre eux a dit au WSWS: « On est confronté aux mêmes luttes partout. »

Catherine, une retraitée, a dit: « Je suis ici pour défendre tout le monde. C'est une question internationale, aucun pays n'est à l'abri. C'est la finance qui règle tout, c'est ça qu'il faut toucher. C'est vraiment ça, ce qui me fait bouger. »

Nicolas, musicien, soutient l'idée d'une grève générale. Il a critiqué les syndicats disant « Ils ne veulent pas se battre, ils veulent juste négocier. »

Danièle est professeur documentaliste, contractuelle. Elle a expliqué: « C'est difficile cette précarité d'emploi. L'idée qu'on peut forcer Sarkozy à reculer, je n'y crois pas. Il faut construire un mouvement de travailleurs, une démocratie de travailleurs et un pouvoir de travailleurs. Une grève générale doit avoir pour but de renverser Sarkozy et le pouvoir des patrons. Les directions syndicales sont attachées au système actuel, donc ils ne veulent pas le renverser. La soi-disant gauche, y compris le NPA, sont aussi attachés au système actuel et c'est pour ça qu'ils n'ont pas appelé à une grève générale. »

A Marseille, il y avait 150 000 manifestants selon les syndicats. Il y avait des contingents d'hospitaliers, des travailleurs de l'industrie pétrochimique, de la métallurgie, de la sidérurgie. Il y avait aussi des enseignants, des lycéens et des étudiants.

De nombreux manifestants ont dit être d'accord avec les critiques des syndicats exprimées par le WSWS et l'appel à constituer des comité d'action indépendants des syndicats pour organiser une grève générale visant à renverser Sarkozy et à remplacer son gouvernement par un gouvernement de travailleurs.

La manifestation de Nice

Le WSWS a parlé avec une accompagnatrice d'école qui a dit n'être pas syndiquée: « J'ai connu mai 68. Je doute que l’on fasse reculer le gouvernement, mais il faut continuer à lutter même si c’est un dialogue de sourd. »

Nordine, délégué CGT électricien dans le bâtiment depuis mars 1971 a dit que « Les mobilisations depuis des années permettent de faire pression » sur le gouvernement, mais il a reconnu que cette fois le gouvernement « a réussi à faire passer la réforme, mais ils auront des problèmes. » 

Le WSWS a parlé avec Françoise, membre du Nouveau parti anticapitaliste (NPA.) Elle a exprimé son hostilité aux positions du WSWS: « Les industries gérées démocratiquement par la classe ouvrière c’est utopique. Je suis d’accord avec la ligne du NPA. »


Elle a affirmé son soutien à la campagne xénophobe, anti-musulmans de Sarkozy, notamment son interdiction du port de la burqa. Elle a expliqué: « Un des problèmes à Marseille, sans être raciste, c’est le nombre d’étrangers qui travaillent à Marseille ils sont très croyant ils font le Ramadan. Moi je suis laïque, je suis pour la révolution mais pas celle d’Allah. »

Elle a ajouté: « Je ne supporte pas la burqa, je refuse d’avoir une femme en burqa à mon travail. »

Françoise a aussi clairement indiqué qu'elle était hostile aux traditions du Marxisme: « Moi je refuse de lire Trotsky, Lénine... Ca m’emmerde et Marx également. Je préfère être dans le combat. Cela m’intéresse plus de travailler pour la vente des coopératives du Chiapas plutôt que d’être dans des dogmes. Le NPA c'est un parti qui mélange tout mais qui peut être bien. »

Le WSWS a aussi parlé avec Robin, 47 ans, cheminot non syndiqué. Il a dit: « Les journées d’actions sont inefficace on voit des messages corporatistes d’un côté les infirmières, de l’autre les pompier. Le problème est mondial, c’est la mise au pas de tous les peuples par une oligarchie financière et politique qui dirige le monde dans le dos des peuples. » 

Il a critiqué les syndicats et les partis de « gauche »: « Les syndicats sont des complices du gouvernement. Le PS peut envoyer l’armée sur les manifestants. DSK-Sarkozy des étiquettes d’un système qui est rigoureusement le même dans l’arrière cour. »

Au sujet du ciblage ethnique des Roms pour expulsion opéré par Sarkozy, il a dit: « C’est un tout qui vise à casser tous les repères des gens pour leur faire accepter une dictature. »

Robin s'est montré enthousiaste de la politique proposée par le World Socialist Web Site: « je pense qu’il faudrait que les gens s’impliquent. En 1798 les gens se seraient bougés. Je suis d'accord avec les comités d'action. Encore faut-il que ces comités d’action ne soient pas eux aussi contaminés. »

La manifestation à Amiens

A Amiens il y avait 12 000 manifestants selon les syndicats. Le WSWS a parlé avec Majid qui travaille à l'usine de pneus Goodyear d'Amiens. L'usine est confrontée à 820 suppressions d'emplois. Il était impliqué dans le blocage e la zone industrielle où se trouve son usine dans la lutte contre la réforme de Sarkozy sur les retraites. Les CRS ont été appelés pour débloquer.

Il nous a dit que les syndicats ne voulaient pas résister contre cette attaque contre les droits démocratiques: « Ils ont donné l'ordre aux 300 bloqueurs de se disperser. La CGT ne donne aucune consigne. Elle n'utilise pas ses fonds, il n'y a pas de caisse de grèves et pourtant les syndicats ont des milliards.. Les syndicats ne nous représentent pas. A Donges [une rafinerie en grève] c'est de simples citoyens qui ont apporté de l'argent, pas les syndicats. »

A propos des partis politiques, il a dit: « Le PS quand il était au gouvernement a introduit la semaine de 35h, il a introduit aussi la flexibilité, la casse de nos conditions de travail...Il n'y a pas de parti qui représente la classe ouvrière. Je me méfie des étiquettes, marxiste, trotskyste, léniniste. C'est le programme qui compte. Je suis d'accord avec les appels du WSWS à former des comités d'action et à organiser la grève générale pour renverser le gouvernement et le remplacer avec un gouvernement ouvrier. Il est important pour les travailleurs de se former politiquement. »

Mercredi, le WSWS est allé parler aux cheminots, en grève reconductible depuis le 12 octobre, au piquet et barricade qu'ils maintenaient. Ils les ont enlevées dans l'après-midi après plus de deux semaines de grève et de perte de salaire. 

Dominique était furieux: « Les fédérations ne nous ont pas soutenus. Ils nous ont isolés. »

Sylvie a ajouté: « SUD se présentait comme syndicat combatif, indépendant de la CGT mais il s'est fonctionarisé. »

Il y avait une forte présence de cheminots grévistes en tête de cortège à la manifestation de jeudi. Arnaud, jeune aiguilleur, très déçu, a dit qu'il se sentait « trahi » par les syndicats. « Il faudra tirer le bilan et les leçons de cette lutte. »

Julien, un jeune professeur, manifestant avec un groupe d'amis, a exprimé sa déception du «manque d'unité de la classe ouvrière» avec les grévistes. Quand le WSWS a fait remarquer le refus des syndicats et des partis de gauche d'appeler à un grève générale politique pour renverser le gouvernement de Sarkozy, il a été d'accord que cela aurait eu un énorme soutien. « J'ai lu vos tracts. On s'est parlé déjà. Je suis d'accord avec vos analyses. Il faut une lutte internationale. »

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