Le
Parti de l’Egalité socialiste et l’Internationale étudiante pour
l’Egalité sociale (IEES) appellent les travailleurs et les étudiants à
s’opposer à la chasse aux sorcières brutale organisée contre tous ceux
qui avaient été impliqués dans les protestations contre les coupes dans le
budget de l’éducation au siège du parti conservateur. Son but est de
criminaliser toute manifestation sérieuse d'opinions contraires et d'oppositionaux mesures d’austérité drastiques du gouvernement.
Les
événements du 10 novembre à Millbank Tower étaient des actes relativement
mineurs de vandalisme et d’entrée en force dans un lieu non autorisé. Les
dégâts ne sont rien par rapport au vandalisme causé à l’économie réelle
par le gouvernement conservateur-libéral démocrate. Par ses mesures
d’austérité, le gouvernement a entrepris de détruire les moyens
d’existence et les services sociaux dont les travailleurs dépendent
tandis qu'il remplit les coffres des banques et des ultra-riches.
Et
pourtant, ceux qui ont été interpellés – et vraisemblablement des
centaines d’autres qui seront à présent traqués par la police au moyen
des caméras de vidéo surveillance et des reportages des médias – sont
maintenant présentés comme étant une menace majeure à « l’ordre
public ». Des jeunes – dont pour un bon nombre c’était la
première manifestation – sont qualifiés par les médias de voyous et de
casseurs violents.
Le
journal Daily Mail, par exemple, a dénoncé la « Racaille des
émeutes qui s’en prend au siège des Tories » en affirmant avoir
« Démasqué les meneurs de la horde étudiante. » Il a publié une série
de photos des personnes interpellées en même temps que des détails
biographiques censés les dépeindre comme d'ingrats arrivistes privilégiés.
Ceci, tout comme d’innombrables articles parus dans des publications
rivales, se concentrent sur des allégations selon lesquelles les incidents
avaient été « orchestrés et provoqués par un certain nombre de groupes
d’extrême-gauche. »
Les
reportages du soir-même faisaient état d'une poignée de policiers blessés. En
l’espace d’à peine 24 heures, on passait de façon exponentielle à
41policiers blessés – dont apparemment « aucun sérieusement. »
Etant donné que la majorité de la manifestation a été filmée il n’y a pas
de preuve pour confirmer de telles affirmations fantaisistes. En effet,
l’une des principales plaintes émise par l’establishment politique
et les médias est que l’inspecteur en chef, Roger Gomm, le gradé en
charge des opérations de surveillance et de contrôle des protestations, n’avait
tout d’abord déployé que 225 policiers, et ce chiffre n'a fait que
doubler même après que les renforts du Territorial Support Group (TSG) ont été
appelés.
Ce
qui s’est en fait passé, c’est que les manifestants ont été
interpellés une fois qu’ils s’étaient éloignés de Millbank Tower et
hors de portée de vue des caméras de télévision et de la presse. En tout, 54
interpellations ont eu lieu dont 10 enfants et 250 autres ont été fouillés et
photographiés.
Le
gouvernement est à présent assoiffé de sang et le premier ministre David
Cameron réclame qu’un « groupe très violent de personnes » soit
traqué et soumis « pleinement la force de la loi. »
L’ampleur
de la répression prévue est révélée par la déclaration de Paul McKeever, le
président de la Fédération de la police. Il a dit que la recherche des
manifestants se concentrait sur un homme qui a jeté un extincteur du toit de
l’immeuble de Millbank et qui, dit-il, devrait être accusé de
« tentative de meurtre. » Un étudiant de 23 ans de Cambridge a
maintenant été arrêté.
Une
campagne simultanée est en cours se concentrant sur une enquête interne
concernant des plaintes émanant de politiciens, de la police anti émeute et de
« simples policiers.» Selon ces derniers, le maintien de l’ordre
s’est fait « trop en douceur » – et ce par crainte d'être
vus en train de matraquer ou de tenir encerclés pendant des heures
[kettling]les manifestants, comme cela avait été le cas lors des protestations
de l’année dernière contre le G20 et du meurtre par la police de vendeur
de journaux Ian Tomlinson.
Les
protestations de Millbank sont utilisées comme un prétexte pour légitimer la
violence policière contre de vastes couches de travailleurs et de jeunes et qui
font à présent leur entrée dans la lutte politique contre le gouvernement et
les employeurs.
Un
grand nombre de politiciens, de policiers et de scribouillards insistent pour
dire que confronté à une vaste hostilité contre les coupes du gouvernement,
hostilité qui peut éclater à n’importe quel moment, il n’y a pas de
place pour une telle « retenue ». Le ministre de la Police, Nick
Herbert, a dit au parlement, « La police doit trouver un équilibre entre,
d’un côté, traiter rapidement et robustement la violence et
l’activité illégale et de l'autre, accorder le droit de protester. En
clair, dans ce cas précis, l’équilibre n'a pas été trouvé. »
La
Fédération de la police métropolitaine a dit que « le moment était
venu » de décider de comment le pays voulait que les protestations soient
contrôlées et a posé la question, « La police doit-elle appliquer la loi
et disposer des ressources et des tactiques pour le faire ou bien son travail
consiste-t-il à rester en retrait en croisant les doigts? »
Ceux
qui critiquent les protestations et les qualifient d'inacceptables sont
précisément ces mêmes forces qui ont systématiquement bloqué tous les
mécanismes démocratiques par lesquels les travailleurs peuvent faire
entendre leur voix. C’est l'indifférence de l’élite politique qui a
convaincu les jeunes que la seule voie pour aller de l’avant est
l’action directe. Partant des protestations de masse contre la guerre en
Irak jusqu’à l’imposition des récentes mesures d’austérité,
tous les partis traditionnels ont clairement indiqué leur mépris absolu pour la
volonté de millions de travailleurs.
La
répression prévue des protestations est soutenue par le Parti travailliste qui
soutient le programme d’austérité et qui a dépensé des milliards pour
renflouer ses partisans de la Cité de Londres. Quant aux syndicats, ils ont
clairement montré qu’ils ne lèveront pas le petit doigt pour défendre les
emplois, les conditions de travail, les conditions sociales et les droits
démocratiques. C’est là la signification de la dénonciation immédiate par
le syndicat national des étudiants (National Union of Students, NUS) de ceux qui
ont participé à l’occupation du siège des Tories. Le NUS avait été le
premier à affirmer que la manifestation avait été « prise en otage »
par des perturbateurs.
On
ne peut pas laisser faire cela sans rien dire. La classe ouvrière doit défendre
les siens, notamment lorsque sont visés des jeunes qui défendent le droit
élémentaire à l’éducation dont dépend leur avenir. Des protestations
doivent être organisées pour exiger le retrait de toutes les accusations et il
devrait y avoir une politique de non coopération envers l’opération de
traque de la police. Une telle attitude de principe est essentielle pour forger
un mouvement de masse social et politique contre le gouvernement Tory-Lib Dem.