1. La crise de la dette grecque marque une nouvelle étape de
la récession mondiale déclenchée par l'effondrement de la banque
d'investissement Lehman Brothers en 2008. Les gouvernements de toute la planète
ont réagi en déversant des milliers de milliards sur les banques criblées de
dettes pour éviter un effondrement financier complet. En prenant l'initiative
de faire payer les travailleurs pour le sauvetage des banques, ces
gouvernements agissent pour le compte du capital financier. Leur tentative de
ramener le niveau de vie des travailleurs à ce qu’il était il y a plusieurs
générations entraînera une formidable montée de la lutte des classes en Europe
et ailleurs. Comme le prédit l'agence de notation financière Moody's dans un
rapport publié le 15 mars, les mesures que les gouvernements devront prendre
pour conserver la confiance des grands investisseurs mondiaux « exigeront
inévitablement des ajustements fiscaux d'une ampleur qui, dans certains cas,
mettra à rude épreuve la cohésion sociale ». Il faut noter que cette
affirmation de Moody's se trouve dans un rapport qui met ses lecteurs en garde
sur le niveau dangereusement élevé des dettes aux États-Unis.
Dans ce contexte international, il est tout à fait évident
que les grandes institutions bancaires mondiales ont stratégiquement isolé la
Grèce pour en faire un exemple devant toute la classe ouvrière européenne. Force
économique de second rang, comptant pour seulement 2 pour cent de la production
totale en Union européenne (UE), avec sa dette élevée, la Grèce était une cible
idéale.
Le directeur de la Banque centrale européenne (BCE),
Jean-Claude Trichet a annoncé la fin des mesures de stimulus économiques le 3
décembre. Avant cela, la BCE avait accordé plus de 500 milliards d’euros aux
banques pour qu'elles puissent prêter aux gouvernements et à l'industrie sans
qu’elles en assument elles-mêmes les risques. Quelques jours après les
déclarations de Trichet, les compagnies financières ont commencé à baisser la cote
de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne, et les banques ont commencé à prêter
plus difficilement. D'après le Financial Times, ils cherchaient « à
renvoyer la Grèce vers l'austérité de l'Irlande ». Le gouvernement
irlandais était alors en train de faire passer une série de mesures
d'austérité, rédigées en mars 2009, malgré une vague de grèves et de
manifestations.
Les investisseurs internationaux ont fait monter les taux
d'intérêt pour la dette grecque et ont spéculé contre l'euro. Les bureaucrates
de Bruxelles, Berlin et Paris sont descendus à Athènes pour exiger des coupes
draconiennes. Ces mêmes gouvernements européens qui ont tous accordé à leurs
banques des centaines de milliards du jour au lendemain en 2008 ont insisté sur
le fait qu'il n'y avait pas d'argent disponible pour le déficit de 30 milliards
d'euros de la Grèce, lequel devait être remboursé aux dépens des travailleurs.
Pour cela, ils ont compté sur la collaboration du
gouvernement grec, assuré de sa lâcheté. Le premier ministre Georgios
Papandreou, élu en octobre 2009, a rapidement abandonné ses cyniques promesses
de campagne de « s'en prendre à cette énorme concentration de pouvoirs qui
a créé d'énormes inégalités ». Il a demandé aux employeurs et aux
syndicats de négocier les réductions à imposer aux travailleurs. Le 27
décembre, il a fait passer un budget d'austérité pour réduire les dépenses
sociales de 10 pour cent, principalement par des réductions des dépenses de
santé.
En janvier, voyant eux aussi les coûts de leurs emprunts
augmentés, les gouvernements sociaux-démocrates des premiers ministres José
Luis Zapatero en Espagne et José Socrates au Portugal ont établi des plans pour
réduire les salaires, les retraites et le niveau des services publics.
En février, au cours des discussions sur un possible
renflouage de la Grèce par l'UE ou le Fonds monétaire international (FMI),
Papandreou a fait la tournée des capitales européennes, assurant les
politiciens et les banquiers qu'Athènes se soumettrait à leurs exigences.
Le 16 février, la réunion des ministres des Finances de l'UE a ordonné au
gouvernement grec de donner des rapports réguliers à l'UE et à la BCE sur les
décisions du Parlement grec et les progrès de son programme d'austérité.
Athènes a promulgué de nouvelles mesures d'austérité le 5
mars. Elles réduisent les salaires du secteur public de 10 pour cent, gèlent
les retraites, et infligent des augmentations de taxes sur le carburant, les
alcools et les cigarettes pour réduire le déficit de 4,8 milliards
supplémentaires. Et malgré l'agressivité de ces coupes sombres, elles sont
largement considérées comme inutiles. Le Financial Times a noté : « Perversement,
elles pourraient aussi bien rendre les objectifs de déficit plus durs à
atteindre. En l'absence d'une augmentation miraculeuse du commerce extérieur,
la suppression à une si grande échelle de la demande publique aussi rapidement
devrait faire se contracter l'économie grecque, fragilisant la base
d'imposition. »
Une attaque paneuropéenne contre la classe ouvrière
2. Derrière la réduction des dépenses sociales et des
déficits budgétaires, le but de l'aristocratie financière est de tester sa
capacité à écraser l'opposition de la classe ouvrière. Écrivant au sujet de la
Grèce, Le Monde a commenté : « les cercles financiers craignent que
le gouvernement pourrait céder face à la pression sociale ». Les
travailleurs d'Europe sont confrontés à des plans gouvernementaux d'austérité
sociale et, en cas d'opposition populaire, à la menace d'un hold-up sur les
prêts que font les banques aux gouvernements.
Le programme d'austérité irlandais sert maintenant de modèle
à tous les autres. Son point principal inclut des réductions des salaires du
secteur public allant de 12 à 22 pour cent, la réduction des dépenses sociales
de 4 pour cent, et l'augmentation les taxes sur les carburants et les dépenses
médicales à la charge des patients.
Le Portugal prévoit de réduire le déficit du pays de 9,3 à 3
pour cent du PIB pour 2013 par des réductions drastiques des salaires, des
retraites et d'autres réductions budgétaires, et la privatisation des
entreprises publiques.
L'Espagne prévoit de réduire les dépenses de 50 milliards,
d'arrêter tout recrutement dans le secteur public, d'augmenter l'âge de la
retraite de 2 ans, ainsi que d'augmenter la TVA.
La France a présenté un programme d'austérité sur trois ans
en février, réduisant le budget de 100 milliards d'euros. Il vise à réduire le
déficit budgétaire de 8,2 à 3 pour cent du PIB, et anticipe de nouvelles
réductions des retraites.
D'autres états membres de l'UE sont confrontés à des
problèmes financiers similaires à ceux de la Grèce. L'Italie, avec une économie
sept fois plus importante que la Grèce, a le taux d'endettement le plus élevé de
toute l'UE – 116 pour cent de son PIB.
Le déficit budgétaire de la Grande-Bretagne en 2009 pourrait
se monter à 178 milliards de livres selon les estimations, soit 12 pour cent de
son PIB.
L'Allemagne, où les exportations représentent 47 pour cent
du PIB – comparé à 40 pour cent en Chine – a pu temporairement
amortir l'impact de la crise économique en faisant financer les réductions
d'heures de travail par l'État. Mais la crise va se faire sentir d'autant plus
cette année. La Bundesbank a calculé que le déficit budgétaire augmenterait
jusqu'à 5 pour cent du PIB en 2010. Berlin se prépare à réduire les dépenses
annuelles de 10 milliards d'euros. Avec les dépenses militaires et les
remboursements de dettes en augmentation, les économies ne se feront que par
des coupes dans les dépenses sociales.
Le rôle de l'Union européenne
3. La crise de la dette dévoile au grand jour le caractère
réactionnaire de l'UE. Faisant mentir toute la rhétorique creuse sur l'Europe « économie
sociale de marché », les bureaucrates de Bruxelles agissent directement
comme les outils des principaux intérêts financiers.
Les tensions nationalistes et les spéculations contre les
pays de l'UE endettés ont mis le futur de l'UE et de l'euro en doute. Certains
économistes ont recommandé à la Grèce d'abandonner l'euro, pour qu'elle puisse
tenter de regagner sa compétitivité internationale en dévaluant sa monnaie
nationale, tout en appauvrissant les travailleurs par l'inflation. D'autres
suggèrent que l'Allemagne cesse de se servir de l'euro afin de réduire ses
liens avec des pays endettés.
Par le passé, l'Allemagne a soutenu l’intégration de
l'UE et son expansion par son importante contribution financière, calculant que
ce serait un investissement profitable. Maintenant, elle est le pays parlant le
plus fort contre l'assistance financière à la Grèce. Avec une arrogance que
l’on n’avait pas vue depuis la période nazie, certaines sections
des médias allemands ont dénigré la population grecque, considérée comme
corrompue et feignante. En Grèce elle-même, les forces nationalistes excitent
le sentiment anti-allemand pour cacher leur propre rôle dans la mise en place
des attaques contre la classe ouvrière.
Le Süddeutshe Zeitung a résumé l'état d'esprit :
« l'euro était censé amener l'Europe vers un nouvel âge d'or : la
croissance, l'emploi, la prospérité. Mais douze ans après avoir dit au revoir à
la monnaie allemande, il est maintenant clair que ces promesses n'ont pas été
tenues… l'union monétaire est plus éloignée que jamais d'une union
politique – tout au contraire, elle déchire l'Europe. »
Les banques exigeant des mesures auxquelles la population
s'oppose dans sa grande majorité, certaines sections de la bourgeoisie européenne
envisagent d'abandonner la forme démocratique de gouvernement. Il faut se
souvenir qu'il y a seulement 35 ans, ces trois pays maintenant attaqués par les
banques avaient des régimes autoritaires. Entre 1967 et 1974, une junte
militaire brutale dirigea la Grèce, avec le soutien de l'OTAN. Au Portugal, la
dictature fasciste établie en 1926 n'a été renversée qu'en 1974, et en Espagne
il a fallu attendre la mort de Franco en 1975, 36 ans après la fin de la Guerre
civile, pour commencer une transition de la dictature fasciste vers une
démocratie bourgeoise à l'occidentale.
L'offensive de la classe ouvrière et le rôle des
syndicats
4. La classe ouvrière a répondu à la campagne d'austérité
européenne par des grèves sur tout le continent. En Grèce, deux millions de
travailleurs sur une population de 11 millions ont pris part à une grève
nationale le 24 février – un pourcentage de la population comparable aux
grèves de mai-juin 1968 en France. Une autre grève le 11 mars a à nouveau mis
des pans entiers du pays à l'arrêt. Des secteurs entiers de l'économie sont
paralysés par les manifestations et les grèves chaque jour.
Les travailleurs des autres pays européens directement visés
par les banques ont monté des grèves similaires. Au Portugal, un demi-million
de travailleurs a participé à une grève contre le plan d'austérité du
gouvernement le 4 mars. En Espagne, on estime que 200.000 travailleurs ont fait
grève le 23 février contre les plans pour une augmentation de deux ans de l'âge
de la retraite.
La seconde moitié de février a vu le début d'une grève à
l'échelle européenne dans l'industrie aéronautique. En Allemagne, les pilotes
de la Lufthansa ont fait grève, les contrôleurs aériens en France, et le
personnel naviguant de British Airways au Royaume-Uni ont voté pour la grève à
une grande majorité.
Ces actions montrent la puissante réserve de militantisme et
la colère de classe contre les réductions qui se développent dans la classe
ouvrière, même si elles se développent en l'absence de direction politique. Le
caractère international de la vague de grèves souligne l'unité objective de la
classe ouvrière. Non seulement les grèves se sont propagées dans toute l'Europe,
mais elles ont eu lieu dans un contexte de militantisme montant aussi dans la
classe ouvrière américaine – notamment les manifestations du 4 mars dans
l'éducation, centrées sur la côte ouest des États-Unis.
La diffusion rapide des grèves n'a été arrêtée que par les
syndicats, qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour détourner et
canaliser les manifestations vers des voies sans issues. Après le vote en
faveur de la grève, les syndicats à British Airways ont refusé d'appeler à la
grève durant plusieurs semaines. La CGT française a annulé des grèves dans les
raffineries, juste au moment où le manque de carburant commençait à se faire
sentir. Les syndicats tchèques ont annulé une grève prévue pour le 4 mars dans
les transports.
Cela reflète la politique syndicale de division et de
sabotage des luttes ouvrières pour empêcher l'émergence d'un mouvement
politique contre les coupes sociales des banques. « Les confédérations et
les syndicats ont soutenu l'élection de ce gouvernement. Ce n'est pas nous qui
voulons faire grève » a déclaré ouvertement le dirigeant du syndicat du
secteur privé GSEE, Stathis Anestis, au World Socialist Web Site.
Anestis a insisté sur le fait qu'il devait accepter les réductions : « ce
que l'on accepte et ce qu'on n’accepte pas dépend de la situation où l'on
se trouve. Quand on a le couteau sous la gorge, c'est une situation différente. »
Ces commentaires vont droit au cœur de la situation politique :
les syndicats se solidarisent avec les marchés financiers contre les
travailleurs. Cela reflète le développement de la bureaucratie syndicale en
tant que section de la classe moyenne supérieure qui impose la domination
politique de la bourgeoisie sur la classe ouvrière et est consciemment hostile
aux travailleurs.
Ils dépendent de l'État pour que soient appliqués les
contrats négociés avec les employeurs et pour créer les environnements
juridiques dans lesquels les entreprises peuvent opérer en dégageant des
profits. Ils acceptent le principe de la propriété privée des banques. Donc,
lorsque les banques menacent de couper dans le financement de l'État, ils
insistent auprès des travailleurs pour qu'ils cessent la lutte. Si les banques
coupent les crédits à l'État parce qu’elles craignent les manifestations
de la classe ouvrière, alors les représentants syndicaux « responsables »
ne peuvent que tenter de limiter les manifestations et faire des propositions
appropriées à la « situation où l'on se trouve » — c'est-à-dire
acceptables aux yeux des banques.
Les syndicats jouent le même rôle à travers toute l'Europe.
La CGT française travaille si étroitement avec le président Nicolas Sarkozy que
les journaux français parlent de « l'alliance Sarkozy-CGT ». En
Allemagne, le président d'IG Metall, Berthold Huber, a récemment célébré son 60e
anniversaire à la chancellerie avec Angela Merkel, et divers ministres, hommes
d'affaires et dirigeants syndicaux. Il n'y a pas d'illustration plus parlante
de la fusion entre les syndicats, les entreprises et le gouvernement en une
seule entité économique.
Le PASOK et la traîtrise de SYRIZA
5. Même dans le langage de la politique bourgeoise, il n’est plus
possible de décrire les sociaux-démocrates européens comme étant « de
gauche ». Il s’agit d’une tendance pro-capitaliste droitière,
participant aux attaques contre la classe ouvrière. En Grèce, le remplacement
du gouvernement conservateur précédent par Papandreou a constitué un prérequis
pour les coupes sociales, rendant plus facile aux syndicalistes de clamer
qu’il n’y avait aucune alternative politique au programme
d’austérité.
Il existe même des indications que l’installation de Papandreou a reçu
un soutien bipartisan au sein de la bourgeoisie et a été perçue comme étant un
facteur décisif pour pouvoir mettre en œuvre les coupes sociales
nécessaires. Le premier ministre conservateur Kostas Karamanlis en a appelé à
des élections intermédiaires à l’automne dernier, alors que sa propre
défaite semblait inévitable. Comme prévu, Papandreou a gagné l’élection
avec une rhétorique pseudo-gauchiste et des déclarations selon lesquelles il
avait des plans pour un programme de relance de 3 milliards d’euros
— des positions qu’il a immédiatement abandonnées en entrant en
fonction.
En cela Papandreou faisait fidèlement écho aux politiques droitières de
l’ancien chancelier social-démocrate allemand, Gerhard Schröder, qui a
introduit des coupes sociales dévastatrices avec son Agenda 2010 et créa un
vaste secteur de main d’œuvre à bas salaire. En cela celui-ci
suivait l’exemple de Tony Blair, dont le programme de coupes sociales a
fait du Labour Party l’instrument préféré des banques londoniennes de la
City. Telle est aujourd’hui la marque de fabrique des partis
sociaux-démocrates à travers toute l’Europe.
L’obstacle principal que les ouvriers ont devant eux pour avancer et
se libérer de la camisole des syndicats et du réformisme social-démocrate est
une couche d’anciens partis de gauche, tels que SYRIZA en Grèce, Die
Linke en Allemagne, et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France.
Provenant de sections de l’appareil d’Etat et de classes
professionnelles aux antécédents staliniens ou pablistes, ils ont des décennies
d’expérience pour ce qui est d’enfermer la classe ouvrière à
l’intérieur des structures bureaucratiques existantes. Malgré leur succès
électoral limité, ils jouent un rôle d’une importance décisive dans la
politique bourgeoise.
Ces groupes font la promotion cynique d’espoirs, qui seront
nécessairement déçus, que la social-démocratie puisse être convaincue de suivre
une autre politique par des moyens tels que les grèves d’une journée
menées par les syndicats. Alexis Tsipras, le dirigeant de SYRIZA qui accueillit
l’élection de Papandreou en lui téléphonant pour le féliciter, a exécuté
son propre virage à 180 degrés. Il a dénoncé récemment les mesures de
Papandreou comme étant « injustes, brutales et criminelles ». Néanmoins,
il s’est plaint ensuite que le gouvernement de Papandreou était en train « d’abandonner
son idéologie socialiste » et en appelait à une lutte commune avec les
syndicats.
De tels commentaires soulignent la malhonnêteté des conceptions politiques
petites-bourgeoises de Tsipras. Déclarer qu’un agent des banques tel que
Papandreou peut avoir une quelconque « idéologie socialiste » à
abandonner — ou que les dirigeants syndicalistes aient des plans pour
engager une véritable lutte — sont de grossiers mensonges.
Le rôle de la « gauche »
petite-bourgeoise européenne
6. Ces positions sont, néanmoins, celles soutenues en commun par
l’ex-gauche européenne. En France, dans les dernières étapes avant les négociations
du 15 février entre Sarkozy et la CGT sur les coupes dans les programmes de
retraites, le dirigeant du NPA Olivier Besancenot en appelait publiquement à
l’aide de la chef du Parti communiste Marie-Georges Buffet et de la
dirigeante socialiste Martine Aubry, qui venait juste d’appeler à
repousser l’âge de départ à la retraite !
En Espagne, Adolfo Barrena, porte-parole de la Gauche unie (IU), disait
qu’il espérait que Zapatero allait « recommencer à regarder vers la
gauche ». Il indiquait son soutien aux manifestations syndicalistes de
l’UGT contre les coupes dans les retraites — tandis que le
porte-parole de l’UGT, Julián Loriz révélait son manque
d’opposition de principe aux coupes de Zapatero en se plaignant
qu’elles « intervenaient à un moment et d’une façon
inappropriés ».
Bien qu’ils se cachent derrière des formules convenues, ces partis
acceptent la nécessité de coupes sociales. Leur perspective commune est
qu’une version réduite de l’Etat providence peut être maintenue, si
la bourgeoisie peut être persuadée de revenir à la politique monétaire
accommodante qu’elle menait avant la crise de la dette. Ceci est
accompagné par des appels à réformer l’UE, comme une augmentation des
dépenses et du contrôle sur la Banque centrale européenne.
Dans un discours de janvier 2010 au Conseil des présidents de la gauche
européenne à Berlin, Tsipras proposait « Un pacte pour la justice sociale,
la solidarité et la viabilité, contre la folie du Pacte de stabilité; pour le
contrôle politique de la Banque centrale européenne; la possibilité de prêt
direct en faveur des Etats membres et l’introduction de bons européens…
le renforcement du budget européen contre l’absence de solidarité ».
L’année dernière François Sabado du NPA écrivait plus
franchement : « L'Europe pourrait constituer le cadre fonctionnel
d'une relance keynésienne. Pourtant, les politiques de l'Union européenne
illustrent bien l'incapacité des classes dominantes à impulser un tel tournant.
(…) [Les gouvernements] n’ont pas l'intention d'imposer de nouvelles
normes financières ou de contrôler effectivement le crédit pour lancer
l'activité ». Sabado appelait à la « fin de l’indépendance de
la Banque centrale européenne ».
De telles propositions sont incohérentes et réactionnaires. En
l’absence d’un regain de la production, faire imprimer de la
monnaie pour des sauvetages de banques et le règlement de prestations sociales
limitées finira par un appauvrissement des travailleurs par l’inflation.
Et surtout, ces propositions évitent la question principale. Les travailleurs
peuvent-ils défendre leur niveau de vie sans prendre le contrôle des banques,
de la production et du pouvoir étatique ? Ceci est lié aux tentatives des
ex-gauchistes de poser en tant que « radicaux » ou « anticapitalistes »
sans répondre à cette question : Pour ou contre le socialisme
révolutionnaire ?
En fait, ces partis veulent entrer dans des gouvernements pour y mettre en
œuvre une politique hostile à la classe ouvrière. Une expérience majeure a
été la Rifondazione Comunista italienne, qui participa au gouvernement Prodi en
Italie en 2006-2008, où elle apporta des votes clés pour les coupes dans les
retraites et le déploiement des troupes en Afghanistan. L’ex-gauche
constitue tout au plus l’aile gauche des banques.
Pour un programme socialiste
7. Le capital financier et la social-démocratie imposent des coupes sociales
non à cause de leur force, mais du fait de l’absence de partis de la
classe ouvrière. L’opposition populaire est rendu perplexe et paralysée
par les mensonges des syndicats et de l’ex-gauche. La lutte contre les
plans de la bourgeoisie pour appauvrir l’Europe nécessite de rompre avec
toutes les formes du stalinisme et de l’opportunisme.
L’ex-gauche a créé un brouillard de mensonges autour du socialisme,
dans une tentative pour isoler les travailleurs de la compréhension de leur
propre héritage politique. Pour mettre en place les positions autour desquelles
les travailleurs pourront développer une opposition aux coupes sociales, le
Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) formule les
revendications suivantes :
* Pas de licenciements ou perte de pouvoir d’achat
Les affirmations du capital financier et de ses agents dans la
social-démocratie et l’ex-gauche qu’il n’y a pas
d’argent sont des mensonges. L’argent a été extorqué à la classe
ouvrière par des décennies d’austérité et de désindustrialisation. Les
ressources ne doivent pas aller à la rémunération des intérêts du capital, mais
être utilisées pour satisfaire les besoins sociaux des travailleurs.
* Nationalisons les banques
La plus élémentaire défense des intérêts de la classe ouvrière nécessite le
contrôle public des banques. Entre des mains privées, les banques ruinent des
pays à volonté, bloquent les prêts pour faire monter les taux d’intérêts
selon leurs intérêts politiques, affament en crédit l’industrie et
supervisent une spirale universelle de déclin du niveau de vie au nom de la « compétitivité ».
Pour s’acquitter de sa fonction — fournir des financements pour
développer la production et le commerce — l’industrie financière
doit être retirée des mains des intérêts privés et placée à la disposition des
travailleurs.
* Aucune confiance à l’ex-gauche. Pour le socialisme
révolutionnaire
L’obsolescence du principe de la propriété privée dans les centres de
directions de l’économie montre la nécessité du socialisme. Toutefois,
les travailleurs seront pieds et mains liés au diktat des banques aussi
longtemps qu’ils ne rompront pas avec la social-démocratie, les syndicats
et leurs apologistes de l’ex-gauche. Il n’existe pas
d’alternative à la construction de partis socialistes révolutionnaires
pour lutter afin d’obtenir le pouvoir. La nationalisation des banques et
de la grande industrie servira les intérêts des masses seulement si le pouvoir
d’Etat est entre les mains de la classe ouvrière. Les travailleurs ne
peuvent pas avoir plus de confiance en un gouvernement de l’oligarchie
financière qu’en un oligarque en tant qu’individu.
* Pour des Etats unis socialistes d'Europe
Des tensions croissantes à l’intérieur de l’Europe et des
discussions sur une possible dislocation de l’euro soulignent la
banqueroute du projet de l’UE. Elles font peser la menace d’une
désastreuse balkanisation de l’Europe, qui poserait les bases pour des
guerres commerciales entre des blocs économiques européens et en fin de compte,
pour la guerre elle-même. Les travailleurs européens doivent répondre par une
lutte internationale pour un gouvernement unifié européen d’Etats
ouvriers, en tant qu’étape vers l’établissement du socialisme
mondial.
* Pas un centime pour la guerre
Les guerres étrangères, telle que la guerre de l’OTAN en Afghanistan
sont le ferment d’une atmosphère politique toxique qui divise les
travailleurs en attisant le nationalisme d’extrême droite et la haine à
l’encontre des immigrés. En plus de produire des atrocités à répétition,
ces guerres accaparent des ressources dont le besoin se fait désespérément
sentir dans le domaine social. S’y opposer est essentiel pour établir
l’unité de la classe ouvrière européenne et sa solidarité politique avec
les travailleurs des pays islamiques et avec ceux des Etats-Unis.
Construire le Comité international
de la Quatrième Internationale
8. La situation politique et économique en Europe met crûment en relief la
profondeur de la crise de direction de la classe ouvrière. Dans tous les pays,
le destin des travailleurs est entre les mains d’organisations
réactionnaires petites-bourgeoises, agissant consciemment pour les intérêts de
l’aristocratie financière. Si l’on fait abstraction de leur
rhétorique démagogique, toutes les vieilles organisations — dirigées par
d’ex-staliniens, ex-socialistes, ex-marxistes, ex-radicaux et même
ex-réformistes — fonctionnent politiquement comme des agents des grandes
entreprises, des banques et de l’Etat bourgeois. Pas une d’entre
elles n’est indépendante de l’Etat bourgeois. PASOK, Syriza, les
différents partis socialistes, les professionnels de gadgets pseudo gauchistes
comme le NPA en France sont politiquement corrompus jusqu’à la moelle.
Les appeler « opportunistes » serait presque un compliment, puisque
ce terme — qui signifie la subordination des intérêts révolutionnaires à
long terme à des objectifs réformistes à court terme — appartient à une
autre période historique. Comme caractéristique de ces organisations actuelles
ne figure pas seulement le rejet d’un programme révolutionnaire, mais
même toute défense des besoins les plus élémentaires de la classe ouvrière.
Aussi longtemps que la classe ouvrière restera sous le contrôle politique de
ces organisations petites-bourgeoises, qui fonctionnent comme rien
d’autre que le flanc « gauche » de l’ordre politique
établi capitaliste, elle subira défaite après défaite.
C’est pourquoi la tâche la plus urgente à laquelle est confrontée la
classe ouvrière — en Grèce, en Europe et partout dans le monde —
est la construction d’un nouveau parti politique révolutionnaire, basé
sur les principes du socialisme international. Le Comité international de la
Quatrième Internationale, est la seule organisation politique qui cherche à
organiser et à unifier la classe ouvrière dans la lutte contre
l’exploitation capitaliste, la pauvreté et la guerre. En dépit de tous
les problèmes difficiles qu’affronte la classe ouvrière contemporaine,
elle reste la force révolutionnaire essentielle et déterminante de la planète.
La crise mondiale actuelle va contraindre des masses sans cesse plus grandes de
travailleurs, dans toutes les parties du monde, à entrer en lutte contre le
capitalisme. Le CIQI est convaincu qu’une nouvelle période de luttes
révolutionnaires commence actuellement. Il a créé le World Socialist Web
Site comme organe politique pour rendre compte, unifier et fournir une
direction politique aux luttes de la classe ouvrière. Le Comité international
intègre une expérience politique énorme, qui découle des nombreuses décennies
de lutte pour défendre les principes du marxisme et du trotskysme.
Le CIQI appelle les travailleurs les plus politiquement conscients et la
jeunesse à combattre pour la perspective développée dans cette déclaration et à
rejoindre le CIQI.
Le 17 mars 2010
Pour contacter le Parti de l’égalité socialiste et le Comité international
de la Quatrième Internationale, cliquer ici ( ici).