Un article à la une du New
York Times de mardi révèle l'existence d'une directive secrète signée par
le général David Petraeus, chef du commandement central américain, donnant
l'ordre d'accroître les opérations militaires secrètes de par le Moyen-Orient,
l'Asie centrale et la Corne de l'Afrique. Le document de 17 pages intitulé « Joint
Unconventional Warfare Task Force Execute Order » fournit en essence à
l'armée américaine carte blanche pour mener des actes d'agression contre
quasiment n'importe quel pays.
Parue en septembre 2009, cette
directive appelle à la création d'un réseau de corps expéditionnaires et d'unités
de collecte de renseignement qui vont « pénétrer, perturber, vaincre ou
détruire » n'importe quelle cible dans n'importe quel pays désigné par
l'armée américaine. Ces forces vont mener des opérations clandestines qui
« ne peuvent pas et ne seront pas accomplies » par d'autres moyens
militaires.
Une fois entrées dans le pays
ciblé, les forces américaines vont aussi « préparer l'environnement »
à des attaques militaires de grande envergure. En plus du personnel militaire,
dit le Times, la directive de Petraeus recrute « des hommes d'affaire
étrangers, des universitaires ou autres » pour des efforts «de vigilance
continue sur la situation », soit en d'autres termes pour l'espionnage.
Les Etats-Unis vont cibler des
pays considérés comme hostiles ainsi que des pays avec lesquels ils
entretiennent des relations amicales. Parmi les pays cités par le Times comme
cibles potentielles on compte l'Iran, l'Arabie saoudite et la Somalie. Le Times
rapporte aussi que le document « semble autoriser des opérations spécifiques
en Iran, très probablement pour la collecte du renseignement sur le programme
nucléaire du pays ou l'identification de groupes dissidents qui pourraient être
utiles pour une offensive militaire à venir. »
Tandis que le gouvernement
Obama indique publiquement qu'il va contrer la soi-disant menace nucléaire
iranienne en faisant appel à des sanctions plus importantes des Nations Unies
et des embargos commerciaux, la directive de Petraeus donne clairement à penser
qu'Obama a en tête quelque chose de bien plus sinistre encore. Le Times cite
des représentants américains disant que la directive «autorise aussi des
missions de reconnaissance qui pourraient ouvrir la voie à de possibles frappes
militaires en Iran si les tensions concernant ses ambitions nucléaires
s'intensifient. »
On pense déjà que cette
directive secrète a constitué le travail préparatoire de l'offensive de l'armée
américaine au Yémen qui a débuté en décembre 2009. Des soldats des Forces
spéciales américaines avaient pénétré dans ce pays pour entraîner son armée et
se joindre à elle pour attaquer Al Qaïda dans la Péninsule arabique que l'on
dit être membre affilié d'Al Qaïda au Yémen. En décembre, le président Obama
avait donné l'ordre de frappes aériennes sur des bâtiments abritant soi-disant des
militants et qui avaient coûté la vie à des dizaines de civils. Des navires de
l'armée américaines ont aussi envoyé des volées de missiles sur le pays.
Le Times reconnaît
avoir accepté de ne pas révéler toutes les informations contenues dans le
document de Petraeus, dont le journal dit avoir vu une copie. Citant des
« inquiétudes soulevées par un représentant du Commandement central des
Etats-Unis quant à la sécurité des troupes, » le journal rapporte qu'il a
accepté de supprimer certains détails concernant les déploiements de troupes.
Ainsi, « le journal de
référence »politiquement libéral joue son rôle dans la promotion des
desseins agressifs de l'armée américaine et le maintien des Américains dans
l'ignorance sur les détails les plus cruciaux de ces opérations secrètes. Bien
que le Times n'en dise rien, cette directive d'opérations secrètes, qui
va au-delà des directives similaires sous le gouvernement Bush, n'aurait pas pu
paraître sans l'assentiment du président Obama. Ceci souligne le fait que le gouvernement
Obama poursuit et amplifie la politique du militarisme et de la guerre menée
sous Bush et se prépare à étendre les actes d'agression militaire américains
bien au-delà des confins de l'Irak et de l'Afghanistan.
L'utilisation de forces
d'opérations spéciales militaires comme agents du renseignement à travers le
Moyen-Orient et l'Asie centrale permet au gouvernement de placer les opérations
d'espionnage sous la juridiction du Commandement central des Etats-Unis et du
général Petraeus. Contrairement aux activités de l'Agence centrale du
renseignement (CIA), les opérations secrètes d'espionnage menées par l'armée ne
nécessiteront pas légalement l'assentiment du président ni ne seront soumises
au contrôle du Congrès.