Ces dernières semaines il
y a eu une série d'articles de presse ainsi que de communiqués
d'experts militaires signalant avec force que, soit le
gouvernement Obama soit le gouvernement israélien, voire les deux,
pourraient s'orienter vers une attaque contre l'Iran.
Certains
articles de presse ont fourni tellement de détails et ont été
tellement provocateurs qu'il est difficile de déterminer s'ils
décrivent ou non les projets actuels d'une action militaire ou
s'ils n'ont pour objet que d'augmenter
« simplement » la pression sur le régime clérical de
Téhéran. Même si les Etats-Unis et Israël sont en premier lieu
engagés en ce moment dans une guerre des nerfs, la logique
politique et militaire de leurs actions mènent inexorablement à la
guerre.
Hier,
le World Socialist Web Site
a rapporté que la Brookings
Institution avait simulé des jeux de guerre dans lesquels l'Iran
était la cible (voir : « Washington
ratchets up war threats against Iran »).
Des équipes de hauts responsables américains - « jouant »
les Etats-Unis, Israël, l'Iran et d'autres puissances
régionales-ont cherché à déterminer l'issue d'une attaque
israélienne contre les usines nucléaires iraniennes. Ce jeu de
guerre a tenté de présenter le conflit comme restant initialement
limité à des échanges de tirs ciblés entre Israël et l'Iran.
Les décideurs politiques
américains ont toutefois fait savoir, qu'ils envisageaient de
monter finalement un assaut massif contre l'Iran. Le jeu de guerre
a couvert une semaine de guerre - durant laquelle, celle-ci s'est
étendue à des groupes iraniens ou pro-iraniens au Liban, en
Israël, dans les territoires occupés, dans la péninsule arabe et
le Golfe persique - avec les Etats-Unis s'apprêtant à
annihiler de vastes sections de l'armée iranienne.
Ceci a été dans la
presse américaine la série la plus en vue d'annonces
provocatrices contre l'Iran. La semaine passée, des articles sont
parus selon lesquels les Etats-Unis étaient en train de stocker des
bombes à charge pénétrante (bunker-busting bombs) dans des
aérodromes à Diego Garcia, pour détruire des présumées
installations nucléaires iraniennes ainsi que des articles faisant
état de projets israéliens de larguer des bombes nucléaires sur
ces mêmes installations.
Il y a
un lien évident entre l'intensification des préparatifs pour des
actions militaires et l'échec apparent de la « Révolution
verte », soutenue par les
Etats-Unis, à créer une dynamique politique et à jouir d'un
soutien social indispensable pour le renversement du gouvernement de
Téhéran.
Le
mouvement de la Révolution verte, qui n'a jamais bénéficié de
soutien en dehors d'une couche limitée de la classe moyenne, est
devenue plus faible que jamais durant les derniers mois de 2009.
Dans le même temps, Washington a augmenté la pression sur l'Iran
lors des négociations sur son programme nucléaire en appelant à
l'adoption de sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU.
En décembre 2009, le New York Times
publiait un article intitulé
« La montée de la ligne dure modifie le regard sur le
programme nucléaire iranien » qui décrivait
l'augmentation du pouvoir de factions généralement pro
Ahmadinejad au sein de l'armée
iranienne.
Il est
significatif que les articles de presse actuels sur des préparatifs
de guerre paraissent après que le personnel américain de
haut rang a pris connaissance de l'échec de la Révolution verte.
Contredisant
des mois de propagande médiatique, Richard Haass, le président du
Conseil des Affaires étrangères, a dit le 14 février à CNN que
les Etats-Unis ne disposaient pas d'éléments pour valider les
affirmations des porte-parole de la Révolution verte selon
lesquelles leur candidat, Mir Hossein Mousavi, avait remporté les
élections en juin dernier. Questionné au
sujet d'un sondage américain indiquant, immédiatement avant les
élections, un score de 57 pour cent pour Ahmadinejad contre 27 pour
cent pour Mousavi, Haass a répondu, « Je ne sais pas si
l'opposition a eu 25 pour cent, 50 ou plus. »
Pour le
moment, les mandataires de la Révolution verte à Washington ont
été marginalisés. Les Etats-Unis ont réagi à ce revers en
divulguant des informations à la presse suggérant qu'une
opération militaire était en
préparation.
L'une
des raisons de ces articles menaçants pourrait bien être d'inciter
Téhéran à prendre une quelconque action défensive que les
Etats-Unis pourraient présenter comme un casus
belli en servant de prétexte à
justifier une attaque contre l'Iran. Une autre possibilité est
que les Etats-Unis (et Israël) s'attendent à ce que l'escalade
de la pression sur l'Iran produise de nouvelles fractions au sein
de l'élite dirigeante à Téhéran. D'une manière ou d'une
autre, Washington est déterminé à retrouver le contrôle
politique et économique sur l'Iran qu'il avait connu avant la
révolution de 1979, à l'époque des journées trépidantes où
le Shah remplissait les fonctions d'agent principal de la CIA à
Téhéran.
La crise iranienne
illustre la continuité fondamentale de la politique de
l'impérialisme américain, contrairement aux affirmations selon
lesquelles Obama poursuivrait une politique fondamentalement
différente de celle de Bush. En fait, nous ramenant à la sinistre
campagne mensongère de Bush sur les présumées « armes de
destruction massives », les responsables américains
intensifient les menaces et ce, bien qu'ils admettent ne pas avoir
d'« idées précises » laissant supposer l'existence
d'arme nucléaire iranienne.
Une attaque américaine
et/ou israélienne contre l'Iran serait un acte criminel
impérialiste monstrueux. Des milliers d'Iraniens seraient tués
dès les premières heures de la guerre. De plus, une guerre contre
l'Iran aurait des répercussions internationales incalculables et
rapprocherait la planète toute entière de la date d'une
conflagration nucléaire mondiale.