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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Pour une révolution socialiste en Iran, pas une révolution de couleur

Par Peter Symonds
26 juin 2009

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Les manifestations survenant à Téhéran au cours du weekend ont montré à quel point la base sociale des opposants politiques de la faction dominante du régime clérical iranien était limitée. En plus de n’avoir pas réussi à attirer de plus larges couches de travailleurs, le mouvement d’opposition s’est significativement affaibli.

Dès le début, la campagne colorée pour remplacer le président sortant Mahmoud Ahmadinejad par Mir Hossein Mousavi a été une opération politique hautement orchestrée, appuyée par les Etats-Unis et dirigée par les éléments dissidents de l’élite dirigeante (et particulièrement par l’ancien président et homme d’affaires milliardaire Ali Akbar Hashemi Rafsanjani) à leurs propres fins.

Leurs objectifs n’ont rien de progressiste. Dans la mesure où ils entretiennent des différends avec leurs anciens associés, Mousavi et ses partisans tentent d’orienter la politique encore plus à droite par un arrangement plus rapide avec les Etats-Unis et une accélération drastique du programme de libre marché. Ils ne lancent aucun appel aux travailleurs, pour qui un tel programme ne peut que signifier la dévastation économique, et se basent sur des sections de la bourgeoisie et des couches plus privilégiées, et franchement égoïstes, des classes moyennes urbaines.

Ayant perdu l’élection, Mousavi n’exige rien de moins que l’annulation des résultats et de nouvelles élections. Le camp de l’opposition n’a fourni aucune preuve d’une falsification de l’élection et tente de tirer profit de son appui international dans les médias et parmi les gouvernements occidentaux afin de réaliser ce qui équivaut à une révolution de palais. Ils pourraient même chercher la confrontation avec l’appareil d’Etat qui pourrait être utilisée dans sa lutte fratricide avec leurs opposants factionnels.

Indubitablement, de nombreux étudiants, jeunes et autres soutiennent Mousavi en croyant naïvement qu’il va apporter une réforme démocratique. Ils ignorent cependant le fait que Mousavi est un membre de longue date du régime et que ses mains sont tachées de sang. Le vingtième siècle est rempli d’exemples, et certainement en Iran, de mouvements qui ont été subordonnés à l’une ou l’autre des factions « progressistes » de la classe capitaliste et ensuite trahis. Toute l’histoire de l’Iran démontre qu’aucune section de la bourgeoisie n’est organiquement capable de défendre les droits démocratiques fondamentaux, et encore moins de garantir des conditions de vie adéquates pour les travailleurs.

La montée du mouvement islamiste en Iran était un produit direct de décennies de trahisons par le parti stalinien Tudeh, qui s’est opposé à une mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre le Shah et a plutôt canalisé l’opposition de la classe ouvrière derrière les factions dissidentes de la bourgeoisie iranienne. En faisant cela, le parti Tudeh a cédé l’influence dans le mouvement grandissant contre le Shah à l’ayatollah Khomeini et à ses successeurs, pavant la voie à sa propre destruction. Les staliniens ont été balayés par les bouleversements politiques qui ont suivi la chute du Shah en 1979. Le nouveau régime clérical a vite réprimé le parti Tudeh et d’autres organisations de gauche. En tant que premier ministre pendant une bonne partie des années 1980, Mousavi a été directement responsable du meurtre de milliers de gauchistes et de l’emprisonnement de plusieurs autres.

Les leçons politiques doivent être tirées. L’établissement de véritables droits démocratiques est impossible en dehors de la lutte pour le socialisme contre toutes les factions de la bourgeoisie. La classe ouvrière est la seule force sociale capable de mener une telle lutte révolutionnaire pour le remodelage de la société dans son ensemble dans le but de répondre aux besoins de la vaste majorité, plutôt que les profits d’une poignée de riches. Toute tentative d’éviter la tâche difficile de construire le leadership révolutionnaire nécessaire dans la classe ouvrière mène à un aventurisme dangereux et au désastre politique.

Ça vaut la peine de rappeler, 20 ans plus tard, le résultat de l’effondrement des régimes staliniens d’Europe de l’Est et en Union soviétique. En l’absence d’une alternative socialiste enracinée dans les leçons de la lutte du mouvement trotskyste internationale contre le stalinisme, les éléments les plus cupides des élites bureaucratiques, appuyés par les Etats-Unis et les puissances occidentales, ont été en mesure de s’imposer politiquement. Leurs promesses sur les droits démocratiques et le grand potentiel du marché capitaliste se sont rapidement évaporées au moment où de nouveaux régimes bourgeois ont cherché à intégrer leurs économies dans le capitalisme mondial aussi vite que possible, avec comme résultat une régression sans précédent du niveau de vie des gens ordinaires.

La dissolution formelle de l’Union soviétique en 1991 a inauguré une série de « révolutions de couleur » qui n’ont aucun lien avec un véritable mouvement populaire pour les droits démocratiques. La « révolution du Bulldozer » en 2000 qui a renversé le leader serbe Slobodan Milosevic était le prélude à la « révolution des roses » en Géorgie en 2003 qui a poussé Mikhail Saakashvili au pouvoir, à la « révolution orange » en Ukraine en 2004 et à la « révolution des tulipes », de couleur rose et jaune, au Kirghizstan en 2005.

Les caractéristiques de ces « révolutions » étaient les mêmes. Des sections dissidentes pro-occidentales des élites dirigeantes montent une campagne bien gérée et bien financée pour renverser leurs rivaux en faisant appel aux sections frustrées des classes moyennes et de la jeunesse. Diverses organisations non gouvernementales, certaines d’entre elles ayant des liens directs avec des think tanks et des fondations américains, préparent le terrain, établissent des liens avec des groupes étudiants, des syndicats, les médias locaux et d’autres groupes et fournissent le plan de marketing. Dans tous les cas, les partis d’opposition ont perdu une élection, ce qui devient le prétexte pour une tentative de prendre le pouvoir sur la base d’un prétendu trucage du vote, tout ceci avec le soutien des médias internationaux.

C’est ainsi que sont nés les régimes pro-américains en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique, qui ne sont pas plus démocratiques que ceux qu’ils remplacent. Le principe guidant ces « révolutions » n’est pas les besoins et les aspirations des travailleurs, mais les objectifs de l’impérialisme américain pour étendre sa domination, particulièrement dans les anciennes républiques soviétiques dans la région riche en énergie du Caucase et de l’Asie centrale. Retrouver une importante influence en Iran, à l’intersection de ces régions du Moyen-Orient, est une ambition de longue date des Etats-Unis.

Les buts de l’administration Obama ne sont pas moins prédateurs que ceux de ses prédécesseurs. En fait, un important facteur pour la grande section de l’establishment politique américain qui a donné son appui à la campagne électorale d’Obama était que les guerres téméraires en Irak et Afghanistan qu’avait lancées l’administration Bush engendraient un profond et large sentiment anti-américain de par le globe, minant la puissance diplomatique et politique de Washington. Au cours des trois dernières années, les révolutions de couleurs ont connu plus d’échecs (en Azerbaïdjan et au Belarus par exemple) que de succès. Il fallait un nouveau visage pour cacher les objectifs réactionnaires.

Ceux qui affirment que l’actuelle « révolution verte » en Iran ne serait pas comme les autres révolutions colorées s’auto-illusionnent ou ont leurs propres objectifs. La tâche politique fondamentale est la lutte pour un mouvement politique indépendant pour un gouvernement des travailleurs et des paysans et pour un Iran socialiste comme partie de la lutte pour établir les Etats unis socialistes du Moyen-Orient et internationalement. Cela demande la construction d’un parti révolutionnaire de la classe ouvrière armée d’un programme socialiste scientifique basé sur toutes les expériences stratégiques du vingtième siècle.

(Article original anglais paru le 22 juin 2009)


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