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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

La tâche de la classe ouvrière iranienne

Par Peter Symonds
25 juin 2009

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Cet article est disponible sous format pdf. Nous invitons tous nos supporteurs à le distribuer largement.

Après les élections présidentielles en Iran, une fissure profonde est apparue au sein de l’élite dirigeante. Le candidat perdant, Mir Hossein Moussavi qui est soutenu par les Etats-Unis et les puissances européennes, a mobilisé sous la bannière de la « démocratie » un mouvement constitué en grande partie par la classe moyenne dans le but de renverser ses adversaires menés par le président sortant Mahmoud Ahmadinejad.

Aucune des factions en concurrence ne représente les intérêts de la classe ouvrière. Toutes deux défendent l’actuel Etat théocratique et ont une longue histoire de répression sanglante contre la population laborieuse. La victoire de Moussavi, tout comme Ahmadinejad, ouvrirait la voie à une attaque féroce contre les droits démocratiques et le niveau de vie de la population laborieuse.

Certes, la classe ouvrière doit exploiter la crise pour lutter pour ses propres intérêts. Mais, elle ne peut le faire qu’au moyen d’une offensive politique menée contre toutes les factions de l’élite dirigeante en recourant aux méthodes de la lutte de classe, c'est-à-dire des grèves et occupations d’usine, sous la direction de comités élus par la base. La perspective directrice d’un tel mouvement doit être la lutte pour le pouvoir ouvrier et un Iran socialiste.

Ce programme est diamétralement opposé à celui des diverses tendances de la gauche petite-bourgeoise en Europe et aux Etats-Unis et qui ont réagi à la crise en Iran en s’alignant derrière leur propre gouvernement pour soutenir le camp Moussavi.

Deux déclarations significatives émanant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ex-pabliste de France et du Socialist Workers Party (SWP) de Grande-Bretagne se différencient à peine de celles faites par les médias bourgeois. Elles acceptent sans critique l’affirmation que les élections présidentielles sont truquées, dépeignent les manifestations d'opposition dans les couleurs les plus vives de la démocratie et déclarent leur solidarité avec le mouvement des millions de gens qui sont descendus dans la rue.

Ce qui manque totalement à leur couverture de la crise iranienne, c’est une analyse de classe des forces en opposition. Quand bien même ils font référence aux « travailleurs », il ne s'agit pas d'un appel à la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre le régime. Mais il s'agit plutôt de fournir une coloration de gauche au mouvement de la classe moyenne urbaine qui s’est regroupée en masse sous la bannière de Moussavi.

Dans son article de lundi intitulé « Avec la population et les travailleurs d’Iran ! », le NPA gonfle les actions de grèves limitées entreprises par les dirigeants de l’Union des travailleurs des autobus des usines Khodro Iran en une grève générale qui fait planer « le spectre d’une nouvelle révolution ». Devant « la concurrence entre les clans rivaux du régime… les travailleurs et le peuple se sont engouffrés dans la brèche. »

Très peu d’informations sont fournies pour justifier l’affirmation que nous nous trouvons au début d’un vaste mouvement de la classe ouvrière iranienne. Toutefois, quand bien même ce serait le cas, cela ne ferait que rendre encore plus criminelle la politique du NPA consistant à promouvoir les manifestations oppositionnelles, sans aucune critique.

Dans sa déclaration « L’action des travailleurs est la clé du succès du mouvement iranien », le SWP précise que « pour les masses descendues dans la rue la question c'est la pauvreté, l’aliénation et essayer de s'en sortir ». Après avoir remarqué qu’il restait encore à la force collective de la classe ouvrière de se faire sentir, la déclaration ne propose aucune perspective ou programme indépendant. Elle conclut simplement que le dénouement de l’épreuve de force entre le régime et le mouvement d’opposition demeure indéterminé.

La glorification sans critique du mouvement de protestation en Iran sert un objectif politique défini : empêcher tout examen sérieux du programme des dirigeants iraniens de l’opposition, de leur histoire et des intérêts de classe qu’ils représentent.

Aucune des deux déclarations ne mentionne la campagne extraordinaire qui est menée par les Etats-Unis et l’Europe pour soutenir le camp Moussavi. Et pourtant, ce ne sont pas les commentaires qui manquent dans les médias et les groupes de réflexion pour débattre de la meilleure manière d’exploiter les différences fractionnelles existant au sein du régime iranien afin de permettre aux puissances impérialistes d’en tirer un avantage stratégique et économique.

Le groupe de réflexion américain Stratfor, qui représente les sections politiquement conscientes de la classe dirigeante américaine, a consacré cette semaine un nouvel article au « Deuxième mandat pour Ahmadinejad. » Il salue les fissures au sein de l’élite dirigeante comme un moyen d’affaiblir Ahmadinejad en « rendant plus difficile [pour l’Iran] d’accéder à l’unité interne indispensable pour compliquer la politique des Etats-Unis. » Il est significatif de noter que Stratfor n’est pas contre des débrayages pour renforcer le mouvement d’opposition tant que les travailleurs restent attachés politiquement à la direction de Moussavi.

L’aspect le plus sinistre des déclarations faites par le NPA et le SWP est le fait qu’ils ne mentionnent aucunement les agissements des agences de renseignement occidentales et les organisations de façade qui ont opéré en Iran comme elles l’avaient fait lors des différentes « révolutions oranges » en Europe de l’Est et dans les anciennes républiques soviétiques. Une série d’articles de Seymour Hersh parue dans le New Yorker fournit des détails sur des campagnes extensives de désinformation et de déstabilisation menées par la CIA et les forces spéciales américaines en Iran depuis au moins 2005.

Ces activités se poursuivent assurément sous le gouvernement Obama. Bien des choses sont en jeu en Iran pour les puissances américaine et européennes. L'Iran dispose non seulement de ses propres ressources énergétiques, mais il se situe aussi au carrefour de deux régions, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, qui sont primordiales aux ambitions stratégiques et économiques de l’impérialisme. La campagne internationale actuelle menée en faveur du soutien de la faction Moussavi est destinée à promouvoir ces intérêts.

Les groupes de gauche de la classe moyenne accordent leur aide à ces efforts en cherchant à subordonner la classe ouvrière à une faction de la bourgeoisie iranienne. Le SWP et le NPA entretiennent tous deux l’illusion fatale qu’un tel mouvement est capable de satisfaire spontanément les aspirations aux droits démocratiques des grandes masses. Aucun d’eux n’appelle les travailleurs à engager une lutte révolutionnaire en faveur de leurs propres intérêts de classe, indépendants, au moyen de la prise du pouvoir et de l’application d’un programme socialiste.

Quelles seraient les conséquences d’une victoire de la faction Moussavi qu’ils défendent ? Il suffit de rappeler les expériences faites par les travailleurs en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique à la fin des années 1980. En l’absence d’une alternative socialiste révolutionnaire, la colère et les ressentiments refoulés des décennies durant furent canalisés dans les factions dissidentes des bureaucraties staliniennes qui avaient pour but la restauration du capitalisme. S’ensuivit une série de « révolutions de couleur » encouragée par les Etats-Unis dans le but de mettre en place des régimes pro-occidentaux et promouvoir un ordre du jour favorable au libre marché. Le résultat fut, dans chaque cas sans exception, une catastrophe sociale absolue pour la classe ouvrière.

Une évaluation sobre de la situation actuelle doit être faite. Une période de luttes politiques intenses a débuté en Iran et qui est attisée par la crise économique mondiale grandissante. Les travailleurs et les étudiants ainsi que les intellectuels aux opinions socialistes doivent s’orienter vers la classe ouvrière sur la base d’une perspective socialiste et internationaliste. Ceci signifie assimiler les leçons des expériences stratégiques clé faites par la classe ouvrière en Iran et internationalement au cours du siècle passé et construire en Iran une section du Comité international de la Quatrième Internationale.

(Article original paru le 24 juin 2009)


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