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WSWS : Nouvelles et analyses : Perspective

Les syndicats divisent systématiquement les travailleurs chez Opel et GM-Europe

Par Ulrich Rippert
24 juillet 2009

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Mercredi, les représentants de General Motors (GM) ont soumis trois offres de reprise pour Opel et GM-Europe au gouvernement allemand à Berlin.

Les offres avaient été adressées au siège de GM à Detroit par l’équipementier austro-canadien Magna, par la holding financière belge RHJ International (RHJI) contrôlée par Ripplewood et le constructeur automobile chinois BAIC.

Les trois offres prévoient des attaques massives à l’encontre des 48 000 salariés des usines GM en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Espagne et en Pologne. Plus d’un cinquième des emplois européens devraient être supprimés avec des conséquences désastreuses dans la sous-traitance de l’industrie automobile. Les salaires et les acquis sociaux subiront des coupes draconiennes.

Magna planifie les réductions d’emplois les plus importantes, 11 600 contre 9900 proposées par RHJI et 7580 par BAIC. Néanmoins, le comité d’entreprise et le syndicat allemand IG Metall ont entrepris une campagne concertée dans les quatre usines d’Opel en Allemagne en vue d’une reprise par Magna. La raison en est que Magna s’est déclaré prêt à favoriser les usines allemandes en limitant à un total de 2500 les réductions d’emplois à Rüsselsheim, Bochum, Kaiserslautern et Eisenach. Le groupe automobile chinois BAIC et l’investisseur RHJI projettent de supprimer 3000 et 3900 emplois respectivement en Allemagne.

Dès le départ, les comités d’entreprise allemands avaient cherché à s’assurer que le gros du « plan de restructuration » soit rejeté sur les usines européennes hors d’Allemagne. Même la dénomination de « sauvetage d’Opel » montre que les usines allemandes devaient être favorisées aux dépens des usines des autres pays. Le plan de Magna prévoit la fermeture éventuelle des usines à Anvers en Belgique et à Luton en Grande-Bretagne.

Cette information n’a cependant été publiée qu’en Allemagne. En Grande-Bretagne, par contre, Magna affirme vouloir sauvegarder la production britannique durant trois ans dans le but de ne pas mettre en danger le crédit de 500 millions de livres sterling réclamé auprès du gouvernement britannique. Ceci montre ce que signifient vraiment les promesses de « sauvegarde des usines ». Dès que les accords auront été signés et que les gouvernements auront versé leurs subventions, les promesses seront écartées.

A bien des égards, Magna a présenté la pire des trois offres. L’entreprise réclame 4,5 milliards d’euros de subventions et de crédits de l’Etat alors que RHJI réclame 3,8 milliards et BAIC se limite à 2,6 milliards d’euros. RHJI a fait connaître son intention de rembourser les crédits de l’Etat en l’espace de cinq ans et de renoncer à verser des dividendes durant le même laps de temps.

Dans une lettre adressée aux travailleurs allemands d’Opel et qui fut divulguée à la presse, le président du comité d’entreprise d’Opel, Klaus Franz, a sévèrement attaqué le plan de RHJI en déclarant que c’était un cheval de Troie pour General Motors. Le plan de RHJI avait été élaboré par GM, a affirmé Franz, et la participation de près de 40 pour cent de GM n’était que le premier pas pour restituer le « nouveau Opel » à GM, après avoir profité de l’argent des contribuables allemands.

Franz a annoncé une action de « protestations massives de la part des comités d’entreprise et d’IG Metall » au cas où l’offre de RHJI était acceptée. « Alors nous monterons aux barricades ! »

Ces mêmes comités d’entreprise qui avaient refusé d’organiser ces derniers mois la moindre lutte pour la défense des emplois veulent à présent mobiliser les travailleurs allemands en soutien d’un plan qui supprime 12 000 emplois et qui prévoit la détérioration des salaires et des conditions de travail.

La véhémence avec laquelle Franz fait campagne en faveur de Magna est due au fait que lui et ses partisans du comité d’entreprise ont conclu un accord lucratif avec l’entreprise.

Le comité d’entreprise a accepté la destruction de 11 600 emplois, des coupes dans les salaires et la suppression de la prime de vacances, de la prime de noël et d’autres prestations, y compris la part employeur des contributions à la retraite d’entreprise et les primes pour heures supplémentaires. On s’attend à ce que les travailleurs acceptent une flexibilité plus grande du temps de travail. Le nombre de salariés intérimaires à bas salaire sera augmenté jusqu’à constituer 30 pour cent de l’effectif.

Le comité d’entreprise européen, également présidé par Franz, a aussi cherché à intimider les travailleurs, à étouffer toute résistance et à monter les travailleurs d’un pays contre ceux d’un autre pays.

En échange, Magna a offert aux comités d’entreprise allemands une part de 10 pour cent de Opel/GM Europe réorganisé. Les membres du comité d’entreprise, qui sont déjà privilégiés et qui peuvent exercer leur activité comme permanent syndical dans l’entreprise pour un salaire nettement supérieur à celui des autres travailleurs, passeront de l’état de « co-gestionnaires » à celui de propriétaires d’entreprise.

L’argent économisé grâce à la suppression des emplois, la réduction des salaires et les baisses de prestations sociales sera versé dans la société de capitaux contrôlée par les comités d’entreprise. Franz fut nommé le 5 juillet président de la nouvelle société lors d’une réunion du comité d’entreprise du groupe. Des hauts fonctionnaires issus des quatre comités d’entreprise en Allemagne seront membres du conseil de surveillance. Les travailleurs n’auront pas de droit de vote.

L’implication des comités d’entreprise d’Opel à prendre directement des parts dans la société représente une étape qualitativement nouvelle dans la dégénérescence des syndicats. Ils ne peuvent plus être considérés comme étant des organisations ayant le moindre lien avec la classe ouvrière.

La situation est comparable à l’évolution faite par les bureaucraties staliniennes dans l’ancienne Union soviétique et en Europe de l’Est. Il y a vingt ans, les bureaucrates privilégiés de par le bloc soviétique s’étaient rapidement transformés en une couche de nouveaux bourgeois. Les syndicats ne se contentent plus de jouer le rôle de simples serviteurs du patronat, ils font tout leur possible pour rejoindre la bourgeoisie en tant qu’actionnaires et propriétaires.

Il faut mentionner que le président d’IG Metall, Bertold Huber, a souligné dans une interview accordée à Der Spiegel qu’il n’était pas un « 68tard » mais plutôt un « 89fard » Il a décrit combien la réintroduction de l’exploitation capitaliste en Europe de l’Est l’avait impressionné et fortement marqué.

Afin de concrétiser leurs objectifs, les syndicats et les comités d’entreprise travaillent intimement avec les directions des entreprises, les associations patronales et le gouvernement allemand. Ils considèrent leur tâche primordiale comme étant la suppression de toute opposition de la part des travailleurs. La bureaucratie a foulé aux pieds les droits démocratiques, en utilisant des méthodes de gangster pour manipuler des élections, fermer lors de réunions syndicales les microphones à ceux qui s’opposaient à leurs projets.

La défense de l’emploi, des salaires et des acquis sociaux requiert une rébellion contre les syndicats et leurs structures organisationnelles dans les usines. Il est nécessaire de construire des comités d’usine indépendants qui devront établir des liens avec les travailleurs dans les usines d’autres pays dans le but de préparer des mesures communes de lutte.

Le but d’une telle mobilisation doit être la défense inconditionnelle de tous les emplois et de toutes les usines. Les accords contraignants et les concessions acceptés par Franz et ses collègues doivent être déclarés nuls et non avenus. Aucun des partenaires mineurs de GM/Magna n’a le droit de parler ou d’agir au nom des travailleurs.

Le sort des salariés de GM est partagé par des millions de travailleurs de par le monde. C’est la raison pour laquelle la défense de tous les emplois et de tous les salaires chez GM-Europe doit devenir le point de départ de la construction d’un front commun contre la politique de la destruction sociale poursuivie par la classe dirigeante. Ceci requiert un programme socialiste international.

La résistance pratiquée sous la forme de grèves et d’occupations d’usine contre les licenciements planifiés doit être le premier pas vers une transformation fondamentale des relations sociales.

La dictature du capital financier et des banques doit être brisée par la nationalisation des principales institutions financières en les plaçant sous le contrôle démocratique de la population laborieuse.

Les groupes automobiles doivent être transformés en véritables entreprises publiques placées sous le contrôle démocratique des travailleurs. Ce n’est que sur cette base qu’il sera possible de développer davantage l’économie et de servir les intérêts des grandes masses de la population et pas des actionnaires et des profits privés.

Pour l’application de ce programme, les travailleurs requièrent un nouveau parti. C’est pourquoi le Parti de l’Egalité sociale allemand (PSG) participera aux prochaines élections législatives en Allemagne. Le PSG coopère étroitement avec son organisation sœur en Grande-Bretagne, le Socialist Equality Party (SEP) ainsi qu’avec des partisans dans d’autres pays européens dans le but d’unifier, dans une lutte commune pour le socialisme, la classe ouvrière au-delà des frontières nationales.

(Article original paru le 23 juillet 2009)

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