Cette déclaration sera distribuée en
Allemagne, en France et en Grande-Bretagne lors des manifestations contre les
massacres de civils tamouls par le gouvernement Rajapakse.
Au moment où la classe dirigeante sri lankaise célèbre le
61e anniversaire de l’indépendance du Ceylan, ses forces armées sont
engagées dans les massacres brutaux d’innocents civils tamouls dans la
province Nord de Mullaithivu. Cette guerre raciste qui dure depuis des
décennies est l’aboutissement de la campagne anti-tamoule de l’Etat
réactionnaire mis en place après l’indépendance. Depuis la naissance même
du Sri Lanka, la bourgeoisie a cherché à maintenir son régime par le recours à
une politique anti-tamoule pour diviser la classe ouvrière, entre Tamouls, musulmans
et Cingalais.
Les crimes de guerre perpétrés par le gouvernement du
président Rajapakse sont l’expression de l’adoption croissante de
méthodes brutales par les puissances impérialistes et leurs auxiliaires bourgeois
nationalistes afin d’assurer leurs intérêts géopolitiques comme on a pu
le voir en Afghanistan, en Irak et à Gaza. Poussée par des rivalités interimpérialistes
et exacerbée par la pire crise économique depuis les années 1930,
l’intensification du militarisme s’accompagne d’une
destruction impitoyable des droits et des conditions de vie dans les grands
pays capitalistes. Cette situation est à l’origine de la grève de plus de
3 millions de travailleurs et de jeunes en France le 29 janvier et de 2,5 millions
de personnes qui sont descendues dans la rue, expression d’un mouvement
qui va s’amplifiant de par l’Europe contre le chômage et la
politique d’austérité.
Des centaines de milliers de gens ont déjà participé à des
manifestations à Toronto, Paris, Londres et Berlin contre le désastre
humanitaire au Sri Lanka. Ces manifestations expriment une réelle colère contre
cette guerre raciste, mais se limitent à demander que les puissances
occidentales et l’Inde interviennent pour faire cesser cette guerre. Une
telle perspective sème des illusions sur ces forces mêmes qui sont responsables
de la guerre et qui apportent un soutien militaire et diplomatique au
gouvernement sri lankais.
Le site Internet pro-LTTE (Tigres de libération de
l’Eelam tamoul) « Puthinam » a affiché un article daté du 1er février
intitulé « l’Inde, l’Inde, tout dépend de l’Inde ».
Il souligne le rôle politique et militaire dominant joué par l’Inde au
Sri Lanka et en Asie du Sud et recommande que les manifestations ne devraient
s’organiser que devant les ambassades indiennes des capitales
occidentales. L’article argue piteusement « Nos manifestations
devant la Maison Blanche, Downing Street, les rues d’Ottawa et les rues
des autres capitales occidentales ne feraient que causer des désagréments à
ces gouvernements respectifs, » et dit, « Bien qu’ils ne
puissent rien faire à ce stade, nous aurons besoin du soutien des pays
occidentaux plus tard, donc nous ne devons pas les déranger. »
C’est jeter de la poudre aux yeux des gens qui
participent aux manifestations contre la guerre. L’unique raison
pour laquelle le gouvernement de Colombo a été en mesure de recommencer et de continuer
sa guerre criminelle c’est qu’il avait le soutien non seulement de
l’Inde mais aussi des Etats-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne et de la
France.
Après son éléction en 2005, le gouvernement de Rajapakse a tout
fait pour systématiquement faire dérailler l’accord de paix de 2002. Les
Etats-Unis et l’Inde ont apporté leur aide militaire au gouvernement sri
lankais pour qu’il déclare la guerre et le Canada et l’Union
européenne (UE) ont interdit le LTTE respectivement en mai et juin 2006.
L’UE a justifié cette interdiction en disant que cela
faisait partie des efforts pour amener le LTTE à la table des négociations pour
un accord politique. Nous avions dit alors, « Loin d’apporter la
paix, cette interdiction ne fait qu’intensifier le danger d’une
désintégration totale de l’actuel accord de cessez-le-feu de 2002. »
Les travailleurs ont montré, de par le monde, leur
opposition de masse au soutien de leur gouvernement aux guerres en Afghanistan
et en Irak et leur horreur des crimes de guerre à Gaza. Ils ressentiront la
même chose quand ils prendront conscience de la situation au Sri Lanka. Les
travailleurs tamouls doivent unifier leurs luttes avec celles des travailleurs
du monde entier contre l’ennemi impérialiste commun.
Suite à l’interdiction du LTTE par le Canada et
l’Europe, leurs bureaux ont été perquisitionnés et des membres dirigeants
arrêtés. Les organisations de façade du LTTE, centres culturels et magasins,
sont placées sous surveillance policière permanente.
Justifiant ses démarches contre le LTTE comme « prévention
contre le terrorisme » les pays de l’UE déportent régulièrement des
Tamouls demandant l’asile politique. Le 15 janvier, le gouvernement
travailliste britannique a déporté, par vol charter à destination de Colombo,
La première fournée de ce qu’ils décrivent comme des
Sri lankais « dont le permis de séjour a expiré. » En fait, comme
l’ont révélé les médias, la majorité des déportés faisaient partie de la
minorité tamoule fuyant la guerre civile et cherchant refuge.
En dépit de ces mesures brutales de répression, le LTTE
continue à faire appel au soutien de ces mêmes puissances. Sa revendication
d’un petit Etat au Nord et à l’Est du Sri Lanka, afin de répondre
aux besoins de certaines sections de l’élite tamoule, s’est toujours
fondée sur la médiation de l’une ou l’autre grande puissance.
Les tentatives des LTTE de courtiser les puissances
impérialistes vont de pair avec les accusations selon lesquelles les
travailleurs cingalais sont responsables de la guerre. En réalité ils en sont
les victimes. La guerre a été invoquée par les élites cingalaises afin de
justifier une campagne sans fin pour baisser le niveau de vie et attaquer les
droits démocratiques et les droits des travailleurs.
L’allié du peuple tamoul au Sri Lanka et de la
diaspora dans les pays impérialistes est la classe ouvrière. C’est
l’unique force sociale qui a le pouvoir de mettre fin à la guerre et dont
c’est aussi l’intérêt de classe de renverser l’état bourgeois
sri lankais, et de garantir les droits démocratiques de la population tamoule —
partie intégrante de la lutte contre l’ordre mondial impérialiste.
Les manifestations de masse du 29 janvier en France contre
le chômage et les attaques des acquis sociaux sont le prélude à des luttes dans
toute l’Europe. La classe ouvrière et les jeunes tamouls et immigrés de
France et d’Europe font partie intégrante de ces luttes. Le Comité
international de la Quatrième Internationale (CIQI) et son mouvement des
jeunesses, l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale
(IEES), leur lancent un appel à participer à la construction d’une
nouvelle direction politique dans la classe ouvrière, fondée sur un programme
socialiste internationaliste révolutionnaire qui place l’économie sous le
contrôle démocratique de la classe ouvrière.
Le Parti de l’égalité socialiste (SEP), section sri
lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale, est
l’unique parti qui lutte pour l’unification de la classe ouvrière
indépendamment de l’origine ethnique. Le SEP exige le retrait immédiat et
inconditionnel des forces armées, du Nord et de l’Est. Le SEP met en
avant la lutte pour une République socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam,
faisant partie de l’Union des Républiques socialistes d’Asie du
Sud, unique moyen d’en finir avec les politiques communautaristes,
ethniques et de castes qui empoisonnent la région depuis plus d’un
demi-siècle.