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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Une étude révèle une croissance sensible du secteur des bas salaires en Allemagne

Par Elisabeth Zimmermann
1 août 2009

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Début juillet, l’Institut Travail et Qualification (IAQ) de l’université Duisbourg-Essen publiait une étude montrant qu’il y avait eu une expansion sensible du secteur des bas salaires en Allemagne. Il existe actuellement 6,5 millions de salariés à bas salaire. Entre-temps, plus d’un cinquième de l’ensemble des travailleurs sont employés à moins de 9,62 euros de l’heure en Allemagne de l’Ouest et à moins de 7,18 euros dans l’Est du pays.

Ces chiffrent sont établis sur la base de critères fixés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Le nombre de salariés à bas salaire en Allemagne a augmenté de 2,1 millions depuis 1995. Un tiers de l’ensemble des travailleurs à bas salaire est employé à mois de six euros de l’heure, tandis que 1,2 millions gagnent moins que cinq euros de l’heure. Les travailleurs intérimaires ne sont pas les seuls à recevoir des bas salaires. Près d’un tiers des salariés à bas salaire travaillent à plein temps et sont obligés de vivre avec moins de 800 euros par mois.

Les conditions politiques préalables à cette considérable expansion d’emplois à bas salaire furent posées par l’ancienne coalition gouvernementale du SPD (sociaux-démocrates) et des Verts (1998-2005) dirigée par Gerhard Schröder (SPD) et Joschka Fischer (Verts) et qui introduisit les lois Hartz IV et la politique antisociale de l’Agenda 2010. Ces mesures furent poursuivies et intensifiées par l’actuelle grande coalition constituée par le SPD et les partis conservateurs CDU-CSU (Union chrétienne-démocrate et Union chrétienne-sociale).

A l’origine, l’expansion du secteur des bas salaires en Allemagne fut justifiée par les politiciens influents du SPD et des Verts qui avaient affirmé que ceci permettrait aux salariés moins qualifiés et aux chômeurs de réintégrer le marché du travail. Cette argumentation fut toutefois rapidement discréditée. De nombreuses entreprises et institutions à but non lucratif supprimèrent tout simplement les emplois à plein temps pour les remplacer par du personnel intérimaire qui, non seulement était moins bien rémunéré, mais était aussi moins bien assuré au niveau de la couverture sociale. Les mesures introduites par le SPD et les Verts servirent exclusivement à miner les emplois à plein temps et les conventions collectives.

La récente étude de l’IAQ montre que le pourcentage de travailleurs à bas salaire disposant d’une qualification professionnelle reconnue est passé de 58,5 pour cent au total en 1995 à 70,8 pour cent en 2007. Si l’on ajoute les diplômés de l’enseignement supérieur, le total s’élève à 80 pour cent.

Une fois contraint d’accepter un emploi à bas salaire il est impossible d’en réchapper. L’étude de l’IAQ constate que le salaire moyen payé pour de tels emplois a en réalité baissé au cours des douze dernières années. Si l’on tient compte que la dernière année prise en considération pour l’étude était 2007, c’est-à-dire avant l’éruption de l’actuelle crise financière et économique internationale, alors on est en droit de supposer qu’il y a eu, dans l’intervalle des deux ans qui se sont écoulés, un énorme accroissement du nombre de salariés à bas salaires.

Une autre étude publiée récemment par le DGB (Confédération des Syndicats allemands) montre que les jeunes travailleurs âgés de 15 à 24 ans et les travailleurs âgés de plus de 55 ans sont le plus durement touchés par le chômage. Dans les deux groupes le chômage a augmenté environ trois fois plus vite que la moyenne.

En mai, le taux de chômage était de 5,3 pour cent plus élevé que l’année précédente mais le taux chômage parmi les travailleurs jeunes et les travailleurs plus âgés était de 16,1 pour cent et de 17,3 pour cent plus élevé respectivement. Les chiffres du mois de juin indiquent une détérioration à tous égards par rapport au mois précédant.

Les jeunes travailleurs sont souvent les premières victimes en cas de licenciements parce ce qu’ils ne disposent souvent que d’un contrat de travail à temps partiel. Beaucoup d’autres ne sont pas recrutés à l’issue de leur contrat d’apprentissage ou sont employés par une agence d’intérim. Les travailleurs plus âgés qui, en raison de leur ancienneté dans l’entreprise, devraient bénéficier de plus de protection sont souvent obligés de partir en retraite anticipée parce qu’aux dires de l’étude du DGB, ils sont « aux yeux des employeurs moins productifs ». Durant les cinq premiers mois de cette année, 380 000 travailleurs de plus de 50 ans ont perdu leur emploi.

Les retraites obligatoires rehaussent le taux de pauvreté parmi les personnes âgées. Jusqu’en 2007, les personnes de plus de 58 ans pouvaient demander des allocations chômage sans être officiellement inscrites à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) s’ils s’engageaient à partir en retraite le plus tôt que possible. La situation a changé drastiquement lorsque l’actuel gouvernement a accepté la proposition du dirigeant du SPD, Franz Müntefering, de porter à 67 ans l’âge légal de départ à la retraite. D’un coup, il était devenu impossible à des millions de travailleurs âgés de planifier et de financer leur retraite.

Alors que l’étude du DGB montre clairement les conséquences dramatiques que ces tendances du marché du travail ont pour les travailleurs jeunes et plus âgés, elle ne dit mot sur le rôle que jouent les syndicats eux-mêmes. C’est en fait la politique pro-patronale des syndicats et des comités d’entreprise qui ont mené à cette situation désastreuse des travailleurs. A lire entre les lignes, on s’aperçoit que l’étude du DGB n’est rien moins qu’une déclaration de faillite du mouvement syndical qui a toujours bénéficié de relations politiques étroites avec le SPD.

Alors que les grandes banques et les institutions financières reçoivent des milliards du gouvernement et que les patrons des banques et des grands groupes se sont gratifiés d’énormes primes, les chômeurs sont informés qu’il n’y a pas d’argent pour payer des prestations sociales et des salaires décents. Au lieu de cela, le gouvernement projette en coulisses d’autres coupes massives dans les budgets sociaux pour couvrir les coûts des plans de sauvetage des banques.

Dans le même temps, les représentants des associations patronales se préparent à intensifier leur propre campagne de pression sur le gouvernement pour qu’il active davantage encore les coupes dans les acquis sociaux, indépendamment de la composition du gouvernement qui sortira des élections législatives de fin septembre.

La fédération patronale de l’industrie métallurgique a nommé Hubertus Pellengahr, ancien porte-parole de la fédération allemande du commerce de détail (HDE), au poste de secrétaire général de la Nouvelle initiative sociale de Marché (INSM). Cette organisation projette de transférer en janvier 2010 son siège dans le voisinage du gouvernement allemand dans le but d’optimiser son travail de lobbying.

L’objectif déclaré de l’INSM est davantage de marché et moins d’Etat. Selon la fédération patronale de l’industrie métallurgique « c’est surtout l’Initiative qui a aidé à promouvoir l’Agenda 2010. Maintenant, à l’heure de la crise, l’appel en faveur de l’intervention de l’Etat se fait plus pressant. Et c’est précisément ce à quoi l’Initiative doit s’opposer », a rapporté le journal Frankfurter Rundschau. Pellengahr, quant à lui, a dit, « Toutes les interventions de l’Etat en dehors du secteur financier vont trop loin. »

Alors que les politiciens cherchent à éviter que des détails n’émergent quant à l’ampleur réelle des attaques planifiées, il existe cependant un certain nombre d’indices indiquant ce que le gouvernement projette d’imposer à la population après les élections.

C’est ainsi que, selon un sondage de l’Institut Ifo de Munich, un quart des entreprises allemandes projettent de réduire leurs effectifs dans les prochains six mois. Dans la production industrielle ce chiffre passe même à 34 pour cent. Près des deux-tiers des entreprises employant plus de 1000 salariés ont l’intention de supprimer des emplois.

Le 21 juillet, l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche faisait état de la crainte du chômage de masse. D’après un influent représentant gouvernemental, Wolfgang Franz, plus d’un million de travailleurs perdront leur emploi au cours des dix-huit prochain mois. Il a ajouté, « Le pire est à venir. » Même le recours massif au chômage partiel dans l’industrie allemande n’a pu empêcher les licenciements de masse.

Le magazine a également cité Oliver Burkhard, patron de la fédération de Rhénanie du syndicat IG Metall, qui a déclaré, « un tiers des 5000 entreprises auxquelles s’appliquent la convention collective de la région envisagent le licenciement économique ».

Heidelberger Druck, le leader mondial des machines d’imprimerie, projette présentement de se débarrasser du quart de ses 20 000 salariés. Les experts estiment aussi qu’une suppression massive d’emplois aura lieu dans la sidérurgie dans la seconde moitié de cette année. Des pertes importantes d’emplois sont également attendues chez Siemens où 19 000 salariés sur un effectif de 131 000 ont été au chômage technique ces derniers mois.

(Article original paru le 29 juillet 2009)


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