Selon le Quotidien des sans-papiers, un site Internet
de défense des sans-papiers, des représentants de la CGT (Confédération
générale du travail, proche du Parti communiste) ont dit à des membres de la Coordination
des Sans Papiers 75 (CSP75), qui organise quelque 2000 travailleurs sans papiers
et leurs familles à Paris, qu’ils feraient tout pour empêcher leur
régularisation.
Le Quotidien des sans-papiers rapporte aussi que des
membres du service d’ordre de la CGT ont aussi commis des actes
d’agression contre des représentants de CSP75 lors de la fête annuelle du
quotidien du Parti communiste, La Fête de l’Humanité.
Plusieurs centaines de sans-papiers organisés par CSP75
occupent les locaux et bureaux de la CGT à la Bourse du travail, au coeur de
Paris depuis le 2 mai, pour protester contre le refus de la CGT de soutenir auprès
des autorités françaises leur lutte pour obtenir leur régularisation.
CSP75 avait compté pouvoir participer à la campagne de grèves
et d’occupation des lieux de travail organisée par la CGT en avril 2008
pour exiger la régularisation des travailleurs sans papiers, dont la plupart étaient
soutenus par leurs employeurs qui ont besoin de cette main-d'œuvre. Mais
ils avaient été écartés par le syndicat. Lorsque CSP75 avait voulu déposer
quelque 1000 demandes de régularisations à la Préfecture de Paris, on lui avait
fait savoir que toutes les demandes devaient passer par la CGT, ce qui laissait
les sans-papiers dans une impasse. C’est ce qui avait provoqué
l’occupation de la Bourse du travail.
La réponse de la CGT avait consisté à déclarer qu’il ne
fallait fournir aucune aide, en vivres ou en médicaments, aux occupants de
leurs locaux dont certains sont des mères, des enfants et des personnes malades.
La consigne de la CGT avait été respectée par toutes les différentes
organisations antiracistes, de soutien aux immigrés et humanitaires
jusqu’au 21 mai, date où une intersyndicale soutenue par les
organisations d’aide avait été mise en place pour essayer de négocier
l’évacuation des locaux de la CGT.
Lorsque l’intersyndicale avait accepté
d’accompagner les délégués de CSP75 à des réunions avec les autorités,
CSP75 avait alors permis à la CGT de reprendre possession de certains des
bureaux occupés.
Le Quotidien des sans-papiers a affiché
le 18 septembre une déclaration de CSP75 expliquant que leur organisation avait
été invitée par un groupe bolivien à partager son stand à la Fête de
l’Humanité, en « geste de solidarité avec nos justes
revendications de régularisation » et en signe « d’opposition à
la récente mesure européenne contre les immigrés, connue sous le nom de "directive
européenne de la honte" ».
L’article explique : « Dans l’après-midi
de vendredi 12, une douzaine d’« armoires à glace » du service
d’ordre de la CGT (assurant le « service de sécurité » de la
fête, ont-ils déclaré à la responsable du stand) ont tout à coup encerclé les
quatre représentants de la coordination 75 qui étaient présents. Ils ont
déchiré les tracts et jeté par terre les cartes postales de l’occupation,
essayé de renverser la table de presse malgré l’opposition de nos
camarades, ils les ont empêchés par la contrainte physique, accompagnée de
menaces verbales, de filmer la scène. Ils ont dit à nos camarades qu’ils
allaient occuper le stand en réplique à notre occupation de la Bourse du
travail ; ils leur ont hautement proclamé que, de ce fait, les sans-papiers
de la coordination 75 "n’obtiendraient rien" en matière de
régularisations. »
La déclaration de CSP75 poursuit : « Ce n’est
qu’après toute une série d’appels téléphoniques avec le responsable
de l’UD-CGT de Paris présent sur les lieux, que la douzaine de "cégétistes"
ont quitté le stand, et ce n’est qu’après l’alerte lancée par
la coordination 75 (voir sur le site du Quotidien des sans-papiers)
d’éventuellement déplacer à la fête de l’Humanité notre
manifestation parisienne du lendemain, que l’assurance nous a été donnée
que "tout était désormais rentré dans l’ordre". »
Lorsque plus tard cinq membres de CSP75 se sont rendus à la
Préfecture à la date prévue, en vue de leur régularisation, on leur a dit que
tous les rendez-vous concernant les régularisations avaient été reportés au 20
et 21 octobre, bien qu’on leur ait dit que leur demande ne « posait
pas de problème ».
Les soupçons de CSP75 de l’existence d’un lien
entre ce report de date et les déclarations des gros bras de la CGT à la Fête
de l’Humanité ont vite été confirmés. Le 17 septembre au matin, une
délégation de CSP75 est allée soutenir « comme nous avons l’habitude
de le faire en pareil cas » l’occupation organisée par la CGT du
restaurant La Tour d’Argent, dans le 5e arrondissement, par
cinq travailleurs sans-papiers demandant leur régularisation.
L’organisation rapporte :
« Voici ce qui a été déclaré à notre délégation par le
responsable de l’UD-CGT : "Vous vous êtes trompés de
cible, on fera tout pour bloquer vos dossiers, j’ai eu ce matin au
téléphone le directeur [de la préfecture de police de Paris], tant que vous
serez à la Bourse du travail vous n’aurez pas de régularisations." »
La déclaration de CSP75 pose alors la question : « Est-ce
donc que la CGT est devenue l’État français, est-ce donc la CGT qui
décide les régularisations des sans-papiers ? »
Il est clair qu’avec les événements survenus à LaFête de l’Humanité, la CGT s’est révélée être un agent
direct du gouvernement Sarkozy et du ministre de l’Immigration Brice
Hortefeux.
Il ne faut pas oublier non plus que lorsque CSP75 avait occupé
la Bourse du travail, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d’Olivier
Besancenot, qui cherche à gagner le soutien des bureaucrates de la CGT dans le
lancement de leur nouveau « Parti anticapitaliste », avait pris la
défense du syndicat. La LCR avait parlé de « la dommageable occupation de
la Bourse du travail de Paris par la coordination 75 » et l’avait accusée
de distiller « le poison de la division ».
(Article original anglais paru le 23 septembre
2008)