wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Les origines et les implications de la crise financière : une analyse marxiste

Troisième partie

Par Bill Van Auken
5 novembre 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le texte qui suit est la troisième partie du discours qu’a prononcé mercredi dernier Bill Van Auken, le candidat vice-présidentiel du PES aux élections américaines, devant un auditoire de travailleurs et de jeunes à Montréal au Canada. La première partie a été publiée le 3 novembre et la deuxième partie le 4 novembre.

Les événements des dernières semaines ont exposé tant la faillite du système capitaliste que les divisions de classe essentielles qui dominent la société américaine. Ils ont révélé que le système des deux partis n’est rien d’autre qu’un instrument de l’aristocratie financière, une façade démocratique qui sert à masquer la dictature des banques et du capital financier.

A cet égard, on devrait regarder attentivement la manière dont le plan de sauvetage a été adopté par le Congrès. Comme vous le savez, il a été initialement rejeté par la Chambre 228 voix contre 205.

Il a été rejeté par à la fois par des républicains de droite, qui l'ont dénoncé comme du « socialisme », et par 95 démocrates, une partie de ces derniers ayant condamné le plan comme un cadeau à Wall Street qui ne donne rien aux travailleurs.

Ce qu'ils avaient pour la plupart en commun, c'est qu'ils faisaient face à de dures campagnes de réélection et craignaient que leurs adversaires, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne les dénoncent pour copinage avec Wall Street, pour avoir donné des centaines de milliards de dollars de l'argent des contribuables à ceux-là mêmes qui étaient responsables de la crise.

Dans ce sens très limité, le vote a exprimé d'une manière partielle et déformée la grande opposition populaire qui existe face à cette mesure, malgré l'immense campagne de chantage et d'intimidation menée pour forcer son passage.

Comment la direction démocrate au Congrès a-t-elle cherché à surmonter l'opposition au plan de sauvetage ? Les démocrates contrôlent le Sénat et la Chambre, et ils avaient juste besoin de 13 voix supplémentaires pour faire adopter le projet de loi. La direction a-t-elle utilisé sa position de force pour réclamer des clauses protégeant les travailleurs contre les licenciements, et les propriétaires de maisons contre les saisies, et obtenir ainsi l'appui des membres démocrates du Congrès ?

Pas du tout. La direction est allée chercher les voix nécessaires en faisant d'autres concessions à la droite républicaine, en offrant des centaines de milliards de dollars de plus en baisses d'impôts pour les entreprises, tout en gardant le plan de sauvetage tel quel sur tous les aspects essentiels. Rien n'a été ajouté pour créer des emplois pour les chômeurs ou offrir un logement abordable à ceux qui risquent de perdre leur maison.

Quant aux adversaires du plan parmi les démocrates, bien que rien n'ait été ajouté pour apaiser leurs supposés soucis concernant le manque de mesures d'aide pour les travailleurs ordinaires, un grand nombre de ceux qui avaient voté « contre » ont été persuadés — en grande mesure grâce à une campagne personnelle de lobbying par Barack Obama — de changer leur vote au second tour et de soutenir le transfert de 700 milliards de dollars de fonds publics vers les coffres privés des grandes banques.

Lorsque la Chambre avait initialement rejeté le plan de sauvetage, la réaction dans l'establishment politique et les médias était marquée au signe de l’indignation hystérique. Quelques chroniqueurs influents ont suggéré qu'une nouvelle forme de pouvoir était nécessaire, qui soit moins sujette à l'influence des sentiments populaires et mieux adaptée à imposer la dictature du capital financier sur le reste de la population.

Un compte-rendu de l'humeur régnant sur la colline du Capitole, paru la semaine dernière dans le Los Angeles Times, montre qu'il ne s'agissait pas simplement des rêveries de quelques « experts » des médias. Le journal a cité un démocrate de la Californie, Brad Sherman, qui a voté contre la mesure.

Sherman a dit : « J'ai vu des membres se tourner vers d'autres et dire que si nous ne votons pas ce projet de loi, nous allons avoir la loi martiale aux Etats-Unis. »

Interrogé par la suite, Sherman a refusé de dire qui invoquait la loi martiale et pourquoi. Il a essayé de présenter sa remarque comme une simple illustration de la campagne de peur ayant entouré le passage en force de la loi.

Mais dans le contexte d'une profonde crise économique et d'une polarisation sans précédent (1 pour cent de la population détenant plus de richesses que les 90 pour cent au bas de l'échelle) la référence à la loi martiale ne relève pas de la simple hyperbole. Les institutions démocratiques ne peuvent pas contenir des antagonismes sociaux aussi intenses.

Il y a le feu, se fait-on dire sans arrêt depuis des semaines, et il sera trop tard si l’on n’agit pas tout de suite.

Oui, il y a urgence. Mais la question est de savoir ce qui est fait, pour qui et contre qui ? Rien ne laisse croire que le sauvetage initial ou le rachat subséquent des actions bancaires empêcheront les licenciements massifs qui ont déjà commencé, ou protégeront les familles contre la saisie de leur maison. En fait, ces mesures faciliteront la concentration de la richesse chez une poignée de banques et protégeront les fortunes du 1 pour cent le plus riche.

La grande question est la suivante : qui va payer pour la crise ?

Le Parti de l'égalité socialiste rejette tout le cadre dans lequel le gouvernement Bush et le parti démocrate proposent de faire face au désastre financier. Peu importe leurs désaccords de façade sur les propositions financières actuelles, ils conviennent tous que c'est la classe ouvrière, la majorité écrasante de la population, qui doit porter le fardeau de la crise.

Notre parti dit non. Nous affirmons que cette crise exige un changement fondamental dans la structure politique et économique des Etats-Unis.

De tels changements ne peuvent être réalisés que par la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière contre l'élite financière qui gouverne par le biais des partis démocrate et républicain. C'est seulement sur cette base que les travailleurs peuvent mettre de l'avant leur propre solution, une solution socialiste, à la catastrophe engendrée par le capitalisme.

La question du socialisme était considérée une question réglée : le socialisme avait échoué, il était mort, c'était la  fin de l'histoire. Maintenant le socialisme revient de plus belle. Il est discuté tous les jours dans la presse.

Cela rappelle la phrase d'introduction du manifeste communiste : « Un spectre hante l'Europe, le spectre du communisme. »

Il y avait une touche d'ironie dans la phrase immortelle de Marx. Un débat intense faisait rage au sujet du communisme, une faction accusant l'autre d'en être un adepte, alors que les véritables socialistes et communistes représentaient une petite minorité persécutée.

Le débat actuel autour du socialisme a une signification semblable. Les contradictions que j'ai indiquées au tout début, entre la production sociale et l'appropriation capitaliste privée, entre l'économie globalement intégrée et le système d'Etats-nations, ne peuvent trouver de solution progressiste que par la lutte pour le socialisme international.

Bien que le socialisme soit une nécessité objective, son accomplissement n'est nullement un processus automatique et pré-établi. Il exige une lutte politique par des hommes et des femmes déterminés et conscients qui comprennent qu'il est impossible de continuer de vivre sous l'ordre social existant.

Notre campagne, la raison pour laquelle nous participons à l'élection, est de gagner de tels combattants déterminés à notre parti et de mettre de l'avant un programme autour duquel les travailleurs, la grande majorité de la population, peuvent être mobilisés.

Notre parti réclame, non pas le sauvetage des banques, mais leur nationalisation et celle des autres grandes sociétés financières, sans compensation aux anciens propriétaires, et leur transformation en services d'utilité publique sous le contrôle démocratique des travailleurs. Les grands leviers financiers de la société doivent être libérés de la propriété privée et utilisés pour distribuer la richesse et augmenter les forces productives afin de satisfaire les besoins des gens.

Les milliards de dollars en richesse sociale détournés dans les comptes privés des spéculateurs et des banquiers doivent être récupérés, et employés à étendre les programmes sociaux qui profitent aux masses. Il doit y avoir une mise en examen publique de la fraude et de la corruption qui ont alimenté la crise, et les responsables doivent en rendre compte, y compris au moyen de poursuites pénales.

Les comptes des grandes banques, sociétés financières, compagnies d'assurances et fonds de couverture doivent être ouverts à l'examen public, afin de mettre à nu les activités illégales et socialement destructives.

Le Parti de l'égalité socialiste préconise la création d'un gouvernement ouvrier, d’un gouvernement des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs, afin de prendre les mesures d'urgence nécessaires pour résoudre la crise dans l'intérêt de la majorité. Ces mesures comprennent : l'arrêt des expulsions et des saisies de maisons ; la création de millions d'emplois dans les travaux publics ; l'interdiction des coupes salariales et des licenciements ; et une énorme expansion des services publics.

Sur la question de la politique extérieure, nous exigeons le retrait complet et sans conditions des troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan, et le démantèlement de la machine de guerre des Etats-Unis afin que les 700 milliards de dollars dépensés chaque année pour tuer servent plutôt à améliorer les conditions de vie.

Le but de notre campagne n’est pas tant de faire élire tel ou tel candidat, (cette tâche est rendue presque impossible par les lois électorales restrictives et anti-démocratiques qui bloque toute alternative au système biparti), mais de présenter une alternative politique à la classe ouvrière et de la préparer aux luttes de classe qui vont éclater dans la période postélectorale.

Cette campagne fait partie de la lutte pour la construction d’un parti fondamentalement nouveau, le parti révolutionnaire dont a besoin la classe ouvrière.

Nous appelons tous ceux qui voient le besoin d'une alternative socialiste à soutenir cette campagne, à lire le World Socialist Web Site, à étudier l’histoire de notre mouvement et à adhérer au Parti de l’égalité socialiste.


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés