La déclaration suivante sera distribuée
par l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale dans les
manifestations qui se tiendront dans toute la France le 15 mai. Les syndicats
de lycéens et d’enseignants ont appelé à une journée de grève en
opposition aux attaques du gouvernement sur l’éducation.
Ce 15 mai, la grève d’une journée des lycéens et des
enseignants contre les attaques du président Sarkozy sur l’éducation est
la continuation des deux mois de manifestations et de protestations. Les
attaques contre les lycéens et les enseignants font partie d’une attaque contre
l’ensemble de la classe ouvrière, y compris les fonctionnaires, les
retraités, les immigrés et les sans-papiers.
L’offensive contre la classe ouvrière n’est pas
juste un problème français, mais c’est un problème qui confronte l’ensemble
de l’Europe et le monde entier. A travers l’Europe, tout comme aux
Etats-Unis, on est en train de priver les établissements publics de financement
tandis que les élites financières s’engagent sur la voie de la
privatisation des établissements scolaires et de la création d’un
enseignement à deux vitesses : un enseignement de qualité pour les enfants
des riches et un enseignement de qualité inférieure pour tous les autres.
Lorsque les jeunes de la classe ouvrière quittent
l’école, qu’est-ce qui les attend ? La perspective du chômage
ou d’emplois à bas salaire et la menace d’être contraints à aller
se battre et mourir à la guerre.
La force motrice derrière cette attaque contre les jeunes, ce
n’est pas simplement la politique d’un président ou d’un
gouvernement, mais plutôt la crise objective du système capitaliste lui-même.
Avec le quasi-effondrement du système financier, regorgeant de valeurs fictives
sur la base desquelles le 1 pour cent le plus fortuné s’est enrichi, une
fois de plus, la menace d’une dépression économique pèse sur le monde.
L’échec du système capitaliste ne fait
qu’intensifier les efforts des classes dirigeantes pour baisser les
salaires et soutirer davantage de profits du travail des salariés, détruire
tous les acquis sociaux et s’emparer du contrôle des ressources vitales,
des marchés et des sources de travail à bon marché au moyen de guerres de type
colonial, telles celles en Afghanistan et en Irak.
Des soldats français et de l’Union européenne sont
déployés en nombres croissants en Afghanistan. Ni le gouvernement français ni
le Parti socialiste qui se présente comme un parti
« d’opposition », ne sont contre l’occupation militaire
de l’Irak. Tous deux soutiennent les menaces contre l’Iran.
Même les besoins les plus élémentaires, tels la nourriture,
sont refusés à un grand nombre de personnes. La flambée des prix de
l’alimentaire, exacerbée par la spéculation et la course aux profits, crée
la faim chez des milliards de personnes et la famine menace d’en tuer des
millions.
Les coupes budgétaires de 7 milliards d’euros annoncées
par Sarkozy en avril ne sont qu’un début. Du point de vue du capitalisme,
le niveau de vie de la classe ouvrière doit être réduit à un niveau que
l’on n’a pas vu depuis le début du 20e siècle.
La crise internationale du capitalisme pose des questions qui
ne peuvent se résoudre en cherchant à faire pression par le bas sur les
gouvernements bourgeois, tel celui de Sarkozy. Elle soulève des questions
révolutionnaires auxquelles on ne peut répondre qu’avec un programme qui
s’engage à des changements de fond de la société et une lutte pour
renverser le gouvernement Sarkozy et le remplacer par un gouvernement ouvrier.
Il est nécessaire de développer un mouvement politique
indépendant, de la classe ouvrière, et qui lutte pour l’égalité sociale, pour
la fin de la guerre impérialiste et pour l’expansion la plus large des
droits démocratiques, autrement dit pour le socialisme. Telle est la
perspective pour laquelle se bat l’Internationale étudiante pour
l’égalité sociale, le mouvement des jeunesses du Comité international de
la Quatrième Internationale dont la publication quotidienne sur Internet est le
World Socialist Web Site.
Durant la dernière décennie, ce ne sont pas les grèves et les
protestations qui ont manqué : 1995 a vu le mouvement de grève le plus important
depuis mai-juin 1968 ; en 2003, un vaste mouvement de masse s’est
organisé pour la défense des retraites des fonctionnaires et contre le
démantèlement de l’Education nationale ; 2006 a été le théâtre de
mois de grèves et de manifestations contre la réactionnaire « Loi
d’égalité des chances ».
Et pourtant, toutes ces luttes ont été détournées et
finalement trahies par les directions syndicales et les partis de la
« gauche » officielle, le Parti socialiste et le Parti communiste.
Ces forces, avec le soutien des organisations soi-disant « d’extrême-gauche »
telles la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO), ont
rejeté une lutte pour renverser le gouvernement et ont, au contraire, insisté
pour que le mouvement de masse se limite à faire pression.
Il a résulté de toutes ces luttes, dans lesquelles s’étaient
engagés des millions de travailleurs et de jeunes, la mise en place du
gouvernement le plus droitier depuis la Libération. Pourquoi ? Parce que
ces luttes ont été guidées par une fausse perspective : l’illusion
qu’en faisant massivement pression on peut faire changer de façon
substantielle la politique de l’élite dirigeante.
Dans la lutte actuelle, la perspective des syndicats de lycéens,
la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne) et l’UNL
(Union nationale des lycéens) est qu’il est possible d’empêcher les
coupes budgétaires de Sarkozy dans l’éducation en faisant massivement pression
et qu’il est possible de contraindre son gouvernement à agir dans
l’intérêt des travailleurs et des jeunes. Mais l’unique proposition
du ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, c’est 1500
assistants d’éducation non formés et sous-payés, et non pas des enseignants
qualifiés, dans les 200 lycées les plus en difficulté. Darcos n’est
absolument pas revenu sur les 11 200 suppressions de postes
d’enseignants.
Les syndicats ne défendent plus les intérêts mêmes les plus basiques
de la classe ouvrière. Ils travaillent main dans la main avec les patrons pour
imposer des reculs aux travailleurs afin d’accroître la compétitivité et
la profitabilité des grandes entreprises françaises. La CGT (Confédération
générale du travail) et son dirigeant Bernard Thibault collaborent tout à fait
ouvertement avec Sarkozy. Cependant, les soi-disant partis de
« gauche » et « d’extrême-gauche » font tout pour
maintenir les travailleurs dans le giron de ces organisations en faillite.
La condition préalable à la défense des droits et du niveau de
vie de l’ensemble des jeunes et de la classe ouvrière est le
développement d’un mouvement politique indépendant basé sur une nouvelle
perspective : l’unification des jeunes et des travailleurs de toute
l’Europe et du monde entier dans une lutte visant à mettre fin au
capitalisme et à mettre en place une société socialiste.
Une transformation socialiste de la société signifierait que
les ressources de la planète, devenues propriété publique et placées sous
contrôle démocratique, pourraient être utilisées pour satisfaire les besoins
humains et non plus servir les intérêts de l’aristocratie financière.
Il faut construire une nouvelle direction révolutionnaire dans
la classe ouvrière pour lutter pour cette perspective. L’Internationale
étudiante pour l’égalité sociale lance un appel aux jeunes à venir la
rejoindre pour mener ce combat.