Nous encourageons nos lecteurs et nos supporteurs
à imprimer cette déclaration en format PDF pour distribution.
Le World Socialist Web Site et le Comité international de
la Quatrième Internationale lancent un appel à tous les travailleurs, les
étudiants et les jeunes socialement et politiquement intéressés du monde entier
pour qu’ils se consacrent en 2007 à la construction d’un mouvement international
de masse de la classe ouvrière contre les guerres menées par les Etats-Unis en
Irak et en Afghanistan.
L’administration Bush a ordonné
l’envoi de 21 500 soldats supplémentaires en Irak pour en finir avec
l’opposition à l’occupation américaine, ce qui annonce une forte intensification
de cette guerre qui a déjà coûté la vie à des centaines de milliers
d’Irakiens, à 3000 soldats américains et à plusieurs centaines de soldats
britanniques, italiens, espagnols, ukrainiens et d’autres pays de la
« coalition ».
Bush a été clair sur le fait qu’il a non
seulement l’intention de soumettre à la puissance de feu américaine les
quartiers fortement peuplés de Bagdad et la population des centres urbains de
la province rebelle d’Anbar, mais qu’il prépare encore de nouvelles
guerres d’agression. C’est ce que démontre la concentration des
forces navales américaines dans le golfe Persique et l’offensive
diplomatique de Washington au Moyen-Orient pour trouver des alliés contre
l’Iran et la Syrie.
L’ordre donné par Bush de « chercher
et détruire » les soi-disant réseaux de soutien aux « insurgés et aux
terroristes » en Irak prépare le terrain pour une augmentation des
provocations et des incursions militaires dans ces deux pays.
La guerre menée par Israël au Liban en
juillet dernier, visant à éliminer le Hezbollah et soutenue par les Etats-Unis était
le premier pas d’une attaque de l’Iran et de la Syrie. Le revers
subi par Israël, loin d’avoir écarté le danger d’une guerre plus
générale, n’a fait que l’accroître. Les médias ont publié les détails
de plans avancés, tant de la part d’Israël que de l’armée
américaine, d’une attaque de l’Iran où serait fait usage de
l’arme nucléaire pour la première fois depuis 1945.
Les avances faites par les Etats-Unis à des
Etats à population principalement sunnite, comme l’Arabie saoudite et
l’Egypte, dans le but de trouver un soutien contre l’Iran chiite, menacent
de faire de la guerre civile irakienne un conflit interconfessionnel dans
lequel sera entrainée toute la région.
Les agissements de Washington s’opposent
radicalement aux sentiments de la vaste majorité de la population mondiale. Les
sondages effectués dans tous les pays ont montré à maintes reprises une
opposition écrasante à la guerre.
La Maison-Blanche a ignoré la volonté
expresse du peuple américain, qui s’est rendu aux urnes en novembre
dernier pour voter contre la guerre et retira aux républicains le contrôle des
deux chambres du Congrès américain. En Irak même, la plupart des gens veulent non
seulement la fin de l’occupation militaire, mais ils soutiennent encore
les attaques armées contre l’occupant étranger.
Les Etats-Unis ont envahi l’Irak afin
d’avoir le contrôle exclusif des immenses réserves de pétrole du pays et
d’établir une base pour réaliser des ambitions hégémoniques plus vastes
au Moyen-Orient et en Asie centrale. Dans toutes les régions du globe, du
Moyen-Orient à l’Amérique latine en passant par le Pacifique Sud, la
concurrence à propos des ressources, du travail à bon marché et des marchés s’intensifie
entre les grandes puissances. Une lutte pour un nouveau partage de
l’Afrique est en cours. La machine militaire américaine a commencé à
massacrer des Africains en Somalie, y envoyant ses avions de chasse et ses
commandos de la mort, tout en fomentant une guerre régionale dans la corne de
l’Afrique.
Washington a dévoilé des plans en vue
d’un agrandissement permanent de son armée de terre et du corps des
marines en préparation à de futures interventions militaires. Toutes les principales
puissances, y compris des puissances nouvelles telles que l’Inde et la
Chine, ripostent en augmentant elles aussi leurs capacités militaires et se
préparent à une guerre en défense de leurs propres intérêts. L’éruption
violente du militarisme américain menace toute l’humanité, faisant planer
sur elle la menace d’un conflit mondial.
Le rôle joué par l’impérialisme
américain au niveau mondial, avec son mépris de la loi, sa rapacité et son
irresponsabilité, ressemble de plus en plus à celui joué par les impérialismes
allemand et japonais dans la période précédant la Deuxième Guerre mondiale. La
politique mondiale semble de plus en plus, comme dans les années 1930, être
déterminée par des fous.
Ce qui semble être de la folie cependant
est en fait le produit de la structure économique du capitalisme mondial et des
intérêts matériels des classes dirigeantes. Les causes profondes de
l’éruption du militarisme impérialiste se trouvent dans les contradictions
du capitalisme mondial : la contradiction entre une économie mondialement intégrée
et un système capitaliste d’Etats-nations et celle existant entre le
processus social de production d’une société de masse et le caractère
anarchique d’une économie de marché basée sur la propriété privée.
Ces contradictions ont été fortement
intensifiées dans le dernier demi-siècle en conséquence d’une intégration
toujours plus grande de l’économie mondiale. Elles trouvent leur
expression la plus concentrée dans l’impérialisme américain lui-même, qui
cherche à empêcher une perte de sa position hégémonique mondiale et de
« superpuissance » unique en faisant jouer sa supériorité militaire, espérant
ainsi contrecarrer le long déclin de sa puissance économique. Cette politique
colonialiste exige une escalade permanente de la violence militaire à
l’extérieur et des attaques de plus en plus graves des conditions
sociales et des droits démocratiques de la population à l’intérieur.
La guerre américaine a produit en Irak un
cauchemar de mort et de destruction, où au moins cent personnes sont tuées par
jour, où des centaines de milliers de personnes ont été victimes de
« nettoyage ethnique » et des millions d’autres forcées de fuir
le pays. Cela fait partie d’une offensive brutale menée contre la classe
ouvrière internationale.
Ce n’est pas seulement aux
Etats-Unis, mais aussi en Europe, au Japon, dans les anciennes colonies et dans
le monde que les élites de la grande entreprise et de la finance et les
gouvernements qui servent leurs intérêts attaquent les emplois, le niveau de
vie et les droits démocratiques des travailleurs ordinaires. Les sociétés
transnationales qui dominent l’économie mondiale ratissent le globe à la
recherche des sources de main-d’œuvre les plus économiques. Les
gains sociaux gagnés par les luttes des générations précédentes sont
systématiquement éradiqués.
Redonner
vie au mouvement anti-guerre
Des centaines de millions de personnes à
travers le globe s’opposent au militarisme américain. Mais leurs efforts
à ce jour n’ont rien donné parce que la perspective du mouvement anti-guerre
n’a jamais été au-delà d’une protestation impuissante adressée aux
pouvoirs en place. Il faut une nouvelle perspective, politique et révolutionnaire,
qui guide une lutte, unifiée internationalement, de la classe ouvrière contre
la guerre impérialiste.
En février 2003, à la veille de
l’invasion américaine de l’Irak, les plus grandes manifestations anti-guerre
ayant jamais eu lieu dans le monde ont démontré le potentiel d’une telle
lutte internationale. Plus de 10 millions de personnes sont descendues dans la
rue et ont participé à des manifestations qui eurent lieu simultanément sur
tous les continents.
Les conceptions politiques qui accompagnaient ces
manifestations ont été entièrement réfutées par les événements qui ont suivi. Elles
nourrissaient l’illusion qu’on pouvait empêcher la guerre grâce au
pouvoir de l’opinion publique, soit en dissuadant Washington de faire la
guerre soit en faisant appel aux puissances européennes et aux Nations unies
pour qu’elles mettent un frein aux excès de l’impérialisme
américain.
Six mois après l’invasion illégale de l’Irak en
mars 2003, les Nations unies passaient une résolution autorisant
l’occupation américaine de l’Irak. Loin d’être une organisation
neutre ayant la paix pour principal objectif, l’ONU s’est révélée
être un véritable repaire de brigands au sein duquel se préparent les guerres
néocoloniales. Depuis l’annonce par Bush de la récente extension de la
guerre en Irak, le Conseil de sécurité de l’ONU a gardé un silence total,
alors qu’il approuvait en même temps une intervention soutenue par les
Etats-Unis en Somalie.
Toutes les puissances impérialistes, grandes et petites,
sont impliquées dans la guerre en Irak. La Grande-Bretagne, l’Australie
et la Pologne ont fait partie dès le début de la fameuse « coalition des
volontaires » et ont envoyé des troupes qui ont participé à
l’invasion américaine. L’Italie, le Portugal, les Pays-Bas,
l’Espagne et la Norvège ont aussi déployé des forces en Irak ; la Corée
du Sud, elle, y maintient toujours 2300 soldats et le Danemark, quelques
centaines.
Le gouvernement allemand a permis à Washington
d’utiliser son territoire pour déclencher l’attaque et fourni au
Pentagone des renseignements militaires, donnant ainsi son aval à l’invasion
américaine. L’Allemagne et la France, qui en 2003 se sont posées en
adversaires de l’invasion américaine, ont rejoint les forces de
l’OTAN en Afghanistan et y combattent pour réprimer la résistance du
peuple afghan, libérant ainsi des troupes américaines pour la guerre en Irak.
La Russie et la Chine ont cédé à maintes reprises aux
menaces et aux pressions venant de Washington. A la suite de l’invasion
américaine, elles se ont jointes aux soi-disant adversaires européens de
la guerre et ont entériné l’occupation américaine par le biais des Nations
unies. Ces deux pays ont soutenu des résolutions de l’ONU condamnant
l’Iran et la Corée du Nord que les Etats-Unis
vont inévitablement exploiter pour justifier de futures attaques.
Les élites dirigeantes des pays qui furent victimes de
l’impérialisme au cours de l’histoire ont réagi aux guerres
d’agression des Etats-Unis en tentant de les utiliser pour promouvoir
leurs propres ambitions régionales. Grâce à une collaboration directe, le
gouvernement iranien a facilité l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak
et cherche depuis mettre à profit la crise où se trouve l’intervention
américaine dans ces deux pays pour étendre l’influence de l’Iran
dans ces deux pays.
Le gouvernement brésilien de Luiz Inacio Lula da Silva, le président
du Parti des travailleurs, qui a des visées propres en Amérique latine, s’est
opposé à l’invasion américaine en 2003 en s’alignant sur
l’Allemagne, la France et la Russie. Il a ensuite envoyé des troupes en
Haïti, prenant la relève de marines américains dont on avait grand besoin en
Irak et qui avaient envahi cette île pauvre après le renversement, orchestré
par les Etats-Unis, du président élu Jean Bertrand Aristide.
Dans tous les pays, la soi-disant « guerre internationale
contre le terrorisme » montée par Washington pour justifier ses guerres
d’agression a été utilisée comme excuse politique pour perpétrer des
crimes inimaginables. Cette guerre frauduleuse a servi de prétexte à la
répression en bloc de toute opposition, y compris de la part de mouvements
réformistes et nationalistes, au statu quo impérialiste. Au Sri Lanka par
exemple, le gouvernement de Colombo a proclamé que son agression militaire
contre la minorité tamoule de l’île faisait partie de cette « guerre »
et il a reçu, pour commettre ses atrocités, un soutien politique et militaire
direct de Washington.
Dans la mesure où des régimes bourgeois, en Europe, au
Moyen-Orient et ailleurs, se sont opposés à la guerre en paroles, leurs différends
avec Washington n’étaient que de nature purement tactique et provenaient
de la crainte que leurs intérêts dans la région ne souffrent des actions
américaines. En dernière analyse, tous ces régimes dépendent de
l’impérialisme américain pour garantir la stabilité capitaliste et constituer
un rempart contre la révolution.
Il y a des leçons politiques essentielles à tirer de ces
quatre dernières années. Ni la guerre en Irak ni une agression impérialiste à
venir ne peuvent être empêchées en adressant des appels à l’establishment
politique officiel, que ce soit aux Etats-Unis ou n’importe où dans le
monde.
La lutte contre la guerre est aujourd’hui, comme elle
l’était durant la première et les deuxièmes guerres mondiales, une
question de classe internationale. Des appels en faveur de la paix ne serviront
à rien, à moins qu’ils n’aient pour but une mobilisation politique
indépendante des travailleurs qui n’ont aucun intérêt à un pillage
impérialiste. La lutte contre la guerre doit être menée sur la base d’une
stratégie socialiste internationale.
Le militarisme américain et l’effondrement de la démocratie
aux Etats-Unis
Tandis que l’administration Bush soutient que le but
de la guerre en Irak est d’y apporter la démocratie, l’intensification
de la guerre a permis de révéler l’effondrement des processus
démocratiques aux Etats-Unis mêmes. L’opposition massive à la guerre qui
s’est exprimée aux élections de novembre dernier et qui fut soutenue par
des millions de personnes à travers le monde, ne peut trouver de véritable expression
au sein de l’establishment politique américain ou de ses deux
principaux partis.
Comme l’avait averti le World Socialist Web Site
le jour de l’élection, « Peu importe le
résultat des élections au Congrès et pour les postes de gouverneurs ayant lieu
aujourd’hui, après le 7 novembre, les travailleurs des Etats-Unis auront
à faire à un régime politique à Washington qui continuera de soutenir la guerre
impérialiste en Irak et l’attaque des droits démocratiques et du niveau
de vie aux Etats-Unis. » Cette mise en garde a été pleinement confirmée.
Les différends qui opposent Bush et ses critiques de
l’establishment politique se situent au niveau des tactiques et
des moyens, et non au niveau des principes et des fins. Quelles que soient les
récriminations sur la conduite de la guerre, tous s’entendent pour dire
qu’un retrait immédiat hors d’Irak est impensable et que des
intérêts financiers et géostratégiques américains essentiels sont en jeu.
Bien que les démocrates doivent leur victoire de novembre à
un sentiment anti-guerre très répandu, la direction de ce parti a déjà
clairement fait savoir qu’elle ne s’opposerait pas aux plans de
Bush pour intensifier la guerre, rejetant les seuls moyens à sa disposition
pour mettre un terme à la guerre : l’impeachment du président
ou un vote de refus du financement militaire.
Brent Scowcroft, qui fut conseiller à la sécurité nationale
dans l’administration de Bush père et un des principaux architectes du
plan élaboré par le Groupe d’étude sur l’Irak, a récemment expliqué
quelle était la base de cette politique brutale. Dans le New York Times
du 4 janvier, Scowcroft insistait pour dire que, même si le rapport du Groupe
d’étude sur l’Irak reconnaissait que la situation en Irak était
« grave et se détériorait », un retrait des troupes américaines sans victoire
des Etats-Unis « constituerait une défaite stratégique pour les intérêts
américains et aurait des conséquences potentiellement catastrophiques pour la
région et au-delà. »
Scowcroft dit encore que « les effets ne se
limiteraient pas à l’Irak et au Moyen-Orient. Les ressources énergétiques
et les voies stratégiques vitales pour l’économie mondiale seraient
soumises à des risques très fortement accrus. Les terroristes et les
extrémistes d’autres régions seraient galvanisés. Et la perception
internationale serait que le colosse américain a trébuché, qu’il a perdu
de sa détermination et qu’il ne peut plus être considéré comme un allié
sûr, un ami ou comme celui qui assure la paix et la stabilité dans cette région
d’un intérêt capital. »
Il a clairement défini par là les objectifs de
l’impérialisme américain. L’oligarchie financière qui dirige
l’Amérique est déterminée à prendre le contrôle des « ressources
énergétiques et des voies stratégiques vitales pour l’économie
mondiale » afin d’établir son hégémonie globale et d’être en
position de pouvoir dicter ses conditions à ses principaux rivaux capitalistes
d’Europe et d’Asie.
Celle-ci craint que le fait de reconnaître une défaite en
Irak, conduirait des millions de personnes à travers le monde, ainsi
qu’en Amérique, à en conclure que « le colosse américain avait
trébuché », créant ainsi les conditions de soulèvements révolutionnaires à
l’échelle internationale.
Alors que la majorité de la population mondiale veut le retrait
immédiat et inconditionnel d’Irak et d’Afghanistan de toutes les
troupes américaines et de la « coalition », cette simple exigence
humaine ne peut être réalisée au moyen d’institutions politiques
contrôlées par l’élite de la grande entreprise et de la grande finance.
Les intérêts internationaux de cette élite ne peuvent être défendus que par la
violence et c’est pourquoi la guerre continue.
Les leçons politiques des élections américaines
Les élections américaines de novembre soulèvent des
questions politiques essentielles pour les travailleurs de tous les pays.
L’expérience politique par laquelle les masses
américaines sont passées durant les quatre dernières années a montré
l’impasse à laquelle mène une stratégie visant à faire pression sur le
Parti démocrate dans le cadre du système bipartite.
Lors des élections de 2002 pour le Congrès, les démocrates
ont refusé de soulever la question de l’invasion imminente de
l’Irak, faisant fi du sentiment anti-guerre de masse existant parmi les
électeurs démocrates et permettant au gouvernement d’organiser sa
conspiration et d’entraîner le pays dans une guerre basée sur des mensonges.
Le comportement lâche et le consentement tacite des démocrates culminèrent dans
le vote du Congrès qui donna en octobre 2002 un chèque en blanc à la
Maison-Blanche pour déclencher les hostilités.
Lorsqu’arriva la campagne présidentielle de 2004,
l’opposition populaire à la guerre s’était renforcée. Les primaires
démocrates prirent acte de la montée de l’opposition des masses et on
assista à l’apparition d’un candidat « anti-guerre », Howard
Dean. La direction du Parti démocrate, sans prendre de gants, fit dérailler la
campagne de Dean pour éviter que les élections ne se transforment en référendum
sur la guerre.
Lorsque John Kerry fut élu candidat démocrate à la
présidence, Dean et les autres candidats prétendument anti-guerre, se rangèrent
derrière sa campagne en faveur de la guerre. Bush fut réélu et la guerre
s’est poursuivie.
Les démocrates n’ont ni encouragé ni applaudi le
résultat des élections de mi-mandat du 7 novembre 2006. Avant l’élection,
les principaux dirigeants démocrates et républicains ont, dans un effort
concerté pour sauver l’opération américaine en Irak et détourner le
sentiment anti-guerre croissant des masses, pressé la population de faire
confiance au comité bipartisan du Groupe d’étude sur l’Irak pour
développer une nouvelle stratégie « gagnante » en Irak.
Le rapport de ce comité exclut un retrait à brève échéance
des troupes américaines tout en déclarant que la stratégie de Bush pour une
victoire militaire était un échec. En l’espace de quelques heures après sa
publication, les propositions de ce rapport avaient été rejetées par la
Maison-Blanche et le Groupe d’étude sur l’Irak avait cessé de
compter.
Le peuple américain veut la paix, mais on lui donne une
intensification de la guerre. Les médias de masse se sont rangés derrière
l’escalade militaire de l’administration et lui ont emboîté le pas
dans sa campagne d’agression militaire contre l’Iran.
L’attitude de l’élite dirigeante américaine à
l’égard du sentiment anti-guerre de sa propre population se retrouve
partout. Le premier ministre travailliste anglais, Tony Blair et le premier ministre
conservateur australien, John Howard, furent en mesure d’ignorer l’opposition
d’une majorité de la population et de poursuivre leur participation à la
guerre en Irak seulement grâce à la complicité de l’ensemble de l’establishment
politique dans les deux pays. Partout, la vaste majorité de la population a
effectivement été privé de ses droits.
Pour les travailleurs de chaque continent, la seule
solution consiste à agir indépendamment des gouvernements et des partis de
l’establishment et contre eux, et de bâtir un nouveau mouvement
politique socialiste international. Toutes les formes de mobilisation populaire
contre la guerre en Irak et en Afghanistan, campagnes d’information,
rassemblements, manifestations, conflits à caractère social, initiatives
électorales, doivent être conçues, développées et mises en œuvre sur la
base de cette stratégie politique indépendante.
La guerre et les inégalités sociales
Le fossé qui sépare les gouvernements des peuples pour ce
qui est de la guerre en Irak reflète la réalité sociale et économique
sous-jacente du monde capitaliste.
A la fin de l’an dernier, un organisme de recherche
affilié aux Nations unies, publiait un rapport documentant une stupéfiante
monopolisation des richesses par une aristocratie financière aux dépens de la
vaste majorité de la population mondiale.
Selon l’Institut mondial pour le développement de la
recherche économique (IMDRE), le un pour cent supérieur de la population adulte
du monde (près de 37 millions de personnes) possède 40 pour cent de la richesse
mondiale. Les 2 pour cent supérieurs en possèdent plus de la moitié et les 10
pour cent supérieurs possèdent 85 pour cent de la richesse mondiale.
A l’inverse, les 50 pour cent de la population adulte
se trouvant en bas de l’échelle des richesses, près de 1,85 milliard de
personnes, possèdent ensemble seulement un pour cent de la richesse mondiale,
avec parmi elles un nombre immense de gens condamnés à vivre dans une pauvreté
abjecte, aggravée par la faim et la maladie.
Aux Etats-Unis, en Europe, en Russie et à travers
l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, une vaste transformation
a eu lieu résultant de la politique mise en œuvre par les partis
politiques de toutes tendances et transférant une part toujours plus grande des
richesses sociales de la classe ouvrière vers une élite au sommet de la société
qui adule la richesse.
Les résultats ont partout, pour l’essentiel, été les
mêmes : la consolidation d’une oligarchie financière qui refuse de
donner à la classe ouvrière, la vaste majorité de la population, les moyens de
formuler ses besoins, points de vues et intérêts.
L’assaut contre les droits démocratiques.
La poursuite d’une politique bénéficiant directement
aux intérêts des riches et des super-riches ne peut, au bout du compte, se
faire par les méthodes démocratiques traditionnelles. La véritable raison de
l’assaut sans précédent sur les droits démocratiques est la nécessité
d’étendre les pouvoirs répressifs de l’Etat contre l’éruption
d’une opposition populaire et non pour protéger les gens contre une
menace terroriste extérieure.
Aux Etats-Unis, l’administration Bush a adopté, avec
la collaboration du Parti démocrate et des médias de masse, des mesures
anti-démocratiques qui, lorsqu’on les considère dans leur totalité, ont
créé le cadre légal d’un Etat policier.
L’espionnage de la population par le gouvernement a
fait que le droit à la vie privée a désormais cessé d’exister. Le droit à
un procès et à l’assistance légale et le principe plusieurs fois
centenaire de l’habeas corpus ont été vidés de leur substance. Les
prisons secrètes et la torture ont été sanctionnées par des lois adoptées avec
le soutien des deux partis. Se prévaloir des protections garanties par la
Convention de Genève et le droit international, n’est plus possible
devant les tribunaux américains.
Ces mesures répressives ont été copiées partout dans le
monde. En Angleterre, la Loi sur la prévention des actes terroristes, adoptée
en 2005, abolit le principe de la présomption d’innocence et autorise le
gouvernement à imposer de longues périodes de détention sans inculpation. En
Australie, au cours des 5 ans passés depuis les attaques du 11 septembre 2001,
le gouvernement Howard a adopté plus de 40 lois anti-terroristes différentes.
Jamais les droits de la population du monde n’ont été si menacés
qu’aujourd’hui.
Il faut rompre avec
les partis de la guerre et de la réaction ! Pour un mouvement international
indépendant de masse contre la guerre !
La solution pour mettre fin à la guerre en Irak est
l’intervention politique et sociale indépendante des travailleurs et des
jeunes contre la classe politique toute entière et l’oligarchie
financière qu’elle sert.
La guerre est le produit inévitable d’une société où
tous les besoins sociaux sont subordonnés à l’accumulation du profit par
les entreprises et à l’enrichissement personnel d’une minuscule
élite. On ne peut séparer la montée du militarisme et la poursuite de guerres
impérialistes de la question de savoir à qui tout cela profite.
Le mouvement contre la guerre doit adopter un programme qui
associe la lutte contre le militarisme et la guerre à une lutte contre l’inégalité
sociale et contre l’attaque des droits démocratiques. Ce mouvement doit
remettre directement en question l’organisation capitaliste existante, en
se battant pour la réorganisation de la vie économique internationale sur la
base du besoin social et du bien commun, c'est-à-dire sur des fondements socialistes.
Le World Socialist Web Site appelle les travailleurs, les
étudiants et les jeunes à lancer une campagne populaire contre la guerre qui se
base sur le programme suivant :
* Retrait immédiat et inconditionnel d’Irak et
d’Afghanistan de tous les soldats américains, britanniques et autres
soldats de la « coalition ».
Il ne peut y avoir d’issue au bain de sang en Irak tant
que les troupes américaines resteront dans ce pays. Le désastre qui s’est
abattu sur les Irakiens résulte de la collision tragique de leur pays avec les
Etats-Unis durant ce dernier quart de siècle : l’encouragement
américain à l’invasion désastreuse de l’Iran par l’Irak dans
les années 80, l’invasion américaine de l’Irak en 1991, les douze
années de sanctions économiques et finalement l’invasion et l’occupation
de 2003. Tels sont les événements qui ont conduit à la quasi-désintégration de
la société irakienne. Du fait de cette histoire, un retrait américain immédiat
et total d’Irak est la condition préalable absolue pour mettre un terme à
la violence qui détruit ce pays.
* Il faut poursuivre en justice les responsables de cette
guerre.
Il est essentiel que tous ceux qui ont comploté pour monter
cette agression illégale et non provoquée de l’Irak soient traduits en
justice. Cela inclut Bush, Cheney, Rumsfeld, Rice et d’autres civils et
militaires de haut rang ainsi que leurs complices tels que Blair en
Grande-Bretagne et Howard en Australie. Les Etats-Unis ont exigé que ceux
qu’ils qualifient de criminels de guerre, tels Noriega du Panama,
Milosevic de Serbie et Saddam Hussein d’Irak soient jetés en prison. Il
faut juger à la même aune les criminels de guerre de Washington, dont les
crimes surpassent de loin ceux des dirigeants mentionnés ci-dessus.
Comme les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, la
Maison-Blanche de Bush a eu recours à ce qu’elle appelle la « guerre
préventive », une guerre d’agression lui servant de politique pour
atteindre ses objectifs internationaux. C’était là le principal chef
d’accusation au procès pour crimes de guerre de Nuremberg.
Demander des comptes à Bush et aux autres personnalités de
haut rang n’est pas une question de revanche, mais d’éducation
politique de la population dans son ensemble. Il est nécessaire de mettre fin à
cette culture de guerre, que l’élite dirigeante américaine et ses
laquais des médias cultivent pour justifier des interventions militaires
américaines importantes tous les quatre ou cinq ans. Il est nécessaire de
révéler comment ces crimes sanglants ont été préparés au moyen de conspirations
criminelles.
* Il faut s’opposer à toutes les formes de racisme, de
nationalisme et de sectarisme.
Une condition préalable essentielle à la construction
d’un mouvement international contre la guerre est le rejet de toutes
formes de racisme, de nationalisme et de communautarisme.
La guerre en Irak s’est accompagnée d’une
incitation au racisme pour justifier l’agression impérialiste et le
régime néocolonial. En Europe comme ailleurs, les musulmans sont devenus la
cible de fanatisme et d’insultes racistes. Dans tous les pays, on voit
les élites dirigeantes promouvoir « des valeurs nationales » pour
diviser les travailleurs et obtenir du soutien pour les guerres à venir.
Les travailleurs du Moyen-Orient doivent rejeter la
fomentation de différences ethniques et religieuses qui a déjà produit un bain
de sang sectaire en Irak et menace de plonger la région toute entière dans un
conflit. La réponse à l’agression impérialiste et au racisme antimusulman
n’est pas de se retrancher dans l’intégrisme islamique, qui ne peut
que servir les intérêts de l’une ou l’autre faction de
l’élite dirigeante, mais c’est l’unification de la classe
ouvrière de tout le Moyen-Orient avec ses frères et sœurs de classe du
monde entier sur la base de l’internationalisme socialiste.
* Il faut révoquer toutes lois et politiques dirigées contre les
droits démocratiques du peuple et démanteler les réseaux d’espionnage et
de répression politique gouvernementaux. Il faut défendre les droits des
travailleurs immigrés à vivre et à travailler dans le pays de leur choix en
jouissant de tous les droits de citoyenneté et sans avoir à craindre la répression,
l’emprisonnement ou la déportation.
* Il faut rejeter la conscription militaire imposée pour la
guerre impérialiste et s’y opposer.
* Il faut reconstruire la vie économique selon des principes
socialistes pour mettre fin aux énormes inégalités dans la répartition de la
richesse, pour promouvoir l’égalité sociale et subvenir aux besoins de la
population.
L’organisation capitaliste actuelle où l’ensemble
de la richesse industrielle et financière est propriété privée et sous contrôle
privé, doit être remplacée par un système socialiste de propriété publique et
de contrôle démocratique de l’économie. Le fonctionnement anarchique du
marché capitaliste doit être remplacé par une planification rationnelle qui utilise
les avancées révolutionnaires de la science et de la technologie à l’échelle
mondiale pour développer un système économique organisé selon le principe de la
satisfaction des besoins humains et non de la création de profit et de l’accumulation
de vastes fortunes personnelles.
* Contre la politique du militarisme impérialiste, il faut
lutter pour une politique d’internationalisme socialiste basé sur la
solidarité internationale de tous les travailleurs et le développement des
ressources du monde pour éliminer les fléaux que sont la pauvreté, la maladie
et l’ignorance et élever le niveau de vie et le niveau culturel de toute
l’humanité.
L’unique alternative progressiste au militarisme, au
nationalisme, au sectarisme et au racisme est l’internationalisme, la
lutte pour unifier la classe ouvrière internationalement dans la lutte pour un
avenir socialiste.
Unifier et coordonner les luttes des travailleurs
internationalement contre la guerre, la répression et l’inégalité sociale
est la tâche historique entreprise par le Comité international de la Quatrième
Internationale (CIQI), qui est la direction du mouvement socialiste mondial.
Il faut faire avancer cette lutte en construisant et en
élargissant les sections du CIQI, les Partis de l’égalité socialiste (PES),
dans les pays où ils existent déjà et fonder de tels partis dans les pays où
ils n’existent pas. Dans chaque pays, le PES lutte pour unifier les
travailleurs internationalement dans une lutte à échelle mondiale contre la
guerre et pour le socialisme, contre la tyrannie des banques internationales et
des entreprises transnationales.
C’est tout particulièrement les jeunes, ceux qui vont
payer les premiers le prix terrible de la guerre, que nous appelons à lutter
pour cette perspective. Nous appelons à la construction de
l’Internationale des étudiants pour l’égalité socialiste dans les
universités et les lycées et collèges de chaque pays afin que, dans la lutte
pour construire un mouvement socialiste de masse capable de mettre fin à la
guerre et au système capitaliste qui le crée, les jeunes se tournent vers la
classe ouvrière dans son ensemble.
(Déclaration originale anglaise parue le 22
janvier 2007)