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WSWS : Nouvelles et analyses : États-Unis

Un groupe de réflexion de Washington interdit l’accès à un journaliste du WSWS

Un incident qui en dit long sur la capitale américaine

Par Barry Grey à Washington DC
10 janvier 2007

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A Washington DC, on saisit rapidement l’atmosphère politique qui règne sur la capitale nationale. C’est un lieu où les intérêts de la grande entreprise et sa légion de lobbyistes invitent les politiciens des deux partis à de grands dîners où ils boivent de bons vins où ils se font acheter. C’est un lieu où les groupes de réflexion financés par la grande entreprise et le gouvernement développent les politiques impérialistes affectant la vie d’une quantité indénombrable de personnes à l’intérieur et à l’étranger, entièrement hors du contrôle et hors de vue du peuple américain.

Un incident a eu lieu ce lundi qui a offert un exemple parlant des véritables rapports et forces à l’œuvre à Washington.

Ce journaliste a été empêché d’assister à un événement public du Center for Strategic and International Studies (CSIS, Centre pour les études stratégiques et internationales), un groupe de réflexion national ayant des liens étroits avec le gouvernement et qui compte parmi ses responsables certains de grands noms de l’establishment de la politique étrangère américaine.

L’événement, intitulé « La voie de l’avant en Irak », était annoncé sur le site web du CSIS et décrit sur sa page des événements, qui déclare que tous les événements qui y sont inscrits « sont ouverts au public ». Il était télédiffusé en direct sur le réseau du câble CSPAN.

Ce n’est qu’un parmi plusieurs événements officiels et semi-officiels qui ont actuellement lieu dans la capitale comme partie de la tentative de forger un consensus bipartisan, en opposition criante au sentiment anti-guerre exprimé dans les élections de novembre, sur la base duquel la catastrophique occupation américaine de l’Irak doit se poursuivre et même s’intensifier.

Le World Socialist Web Site s’est enregistré pour couvrir le forum du CSIS comme partie de son reportage à Washington sur le 110e Congrès nouvellement arrivé au pouvoir et sur le développement de la politique américaine en Irak, en Afghanistan et au Moyen-Orient dans son ensemble.

Les conférenciers devant participé à l’événement consistaient de quatre membres du comité sur l’armée de la Chambre des représentants américaine : le nouveau président du comité, Ike Skelton (démocrate, Montana), Jim Marshall (démocrate, Géorgie), Jim Saxton (républicain, New Jersey) et Mac Thornberry (républicain, Texas).

Le soir avant l’événement, j’ai fait parvenir un courriel au bureau des relations externes, le bureau de presse du CSIS, pour m’enregistrer comme membre de la presse, en accord avec les instructions données sur le site web du CSIS. Tôt lundi matin, j’ai téléphoné au bureau pour confirmer que j’étais enregistré et me suis fait répondre que j’étais sur la liste des journalistes enregistrés pour la couverture de la discussion des conférenciers.

Toutefois, lorsque je me suis rendu à la table 30 minutes avant le début prévu de l’événement, je me suis fait dire par H. Andrew Schwartz, l’adjoint au directeur des relations externes du CSIS que je n’étais pas sur la liste et que je ne pouvais participé en tant que membre de la presse. Lorsque j’ai expliqué que j’étais inscrit et que mon inscription avait été confirmée le matin même, M. Schwartz a tout simplement nié qu’il en était ainsi.

Je lui ai alors demandé s’il était possible de participer à l’événement de toute façon et il m’a répondu que c’était impossible parce que la politique du CSIS n’était d’admettre que les journalistes avec des « crédits fédérés ». Il a déclaré que cette politique est énoncée sur le site web de l’organisation. (Je n’ai pu trouver aucune trace d’une telle règle lorsque je l’ai cherché plus tard sur le site web). Lorsque j’ai protesté que c’était une tentative arbitraire de m’exclure, Schwartz a ajouté que l’enregistrement des journalistes « dépassaient les capacités d’admission » et qu’il n’y avait plus de place.

J’ai ensuite demandé si je pouvais assister en tant que membre du public, l’événement ayant en effet été annoncé sur le site web du CSIS comme étant public. Schwartz a soutenu que je ne pouvais pas, car j’avais déjà essayé d’y assister en tant que journaliste. Sentant l’irrationalité de cet argument, il a ajouté que les inscriptions pour le public étaient déjà complètes. Durant ce dernier échange, il a modifié sa version de son histoire, reconnaissant que je m’étais inscrit « à 8h50 ce matin », mais qu’à ce moment, selon lui, les inscriptions pour les gens de la presse étaient déjà complètes.

Lorsque je lui ai dit que rien de tout cela n’était vrai, il a menacé de m’expulser de l’immeuble.

Les prétextes de Schwartz pour exclure le World Socialist Web Site étaient absurdes. C’était un événement public où allaient s’exprimer des représentants officiels des deux partis. Pourquoi ai-je été exclu ?

J’ai été exclu car, ayant réalisé qui j’étais, les officiels du CSIS s’inquiétaient que je puisse soulever une question qui ne respecterait pas le cadre complètement pro-establishment de la presse de Washington. Ils craignaient, particulièrement en présence des caméras de CSPAN, qu’une question dévoilant d’une quelconque façon le véritable contenu des politiques en développement ne soit posée. Aucune intrusion dans leurs délibérations réactionnaires par des représentants des médias autres que ceux de leur propre milieu ne pouvait être tolérée.

L’incident met en évidence le caractère élitiste et antidémocratique de tout le système des organes politiques, des organisations médiatiques et des groupes de réflexion qui forment l’establishment de Washington. C’est une très petite et incestueuse fraternité d’organisations et d’individus qui partagent une allégeance commune envers l’élite dirigeante corporative et financière et qui méprisent le public.

Washington regorge de groupes de réflexion comme le CSIS. Un examen de cette institution en particulier nous éclaire sur tout le réseau d’organisations quasi-gouvernementales et sur les gens et les perspectives politiques qui façonnent la politique du gouvernement.

Commençons d’abord par H. Andrew Schwartz. Selon le site web du CSIS, « Avant de joindre le CSIS, M. Schwartz était porte-parole pour le Comité aux Affaires publiques américano-israéliennes (AIPAC), un lobby américain pro-Israël. Auparavant, M. Schwartz a produit sur le réseau Fox News le Special Report with Brit Hume pendant plus de cinq ans et a été par la suite producteur de la Maison-Blanche pour le réseau... Tôt dans sa carrière, M. Schwartz a été assistant de recherche de Stuart E. Eizenstat, conseiller à la politique intérieure de Carter, ... et membre législatif dans les bureaux du sénateur J. Bennett Johnston (démocrate, Los Angeles) et du représentant Lindy Boggs (démocrate, Nouvelle-Orléans). »

Voilà le profil d’un fonctionnaire du parti démocrate qui en est venu à travailler pour l’empire médiatique de droite de Murdoch et pour un puissant lobby américain oeuvrant au nom du régime sioniste en Israël.

Toutefois, il n’est que du menu fretin dans les rangs du CSIS. La personnalité qui est probablement la plus connue et qui fait partie des « experts » du groupe de réflexion est Anthony H. Cordesman, titulaire de la chaire de stratégie Arleigh A. Burke.

Analyste de la sécurité nationale pour ABC News, Cordesman a fait plusieurs apparitions aux bulletins de nouvelles télévisés et émissions de commentaires.  Le site Internet du CSIS énumère la liste des sujets d’étude auxquels il donne la priorité, qui comprend l’énergie, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, la politique de défense, le terrorisme et la menace transnationale. La liste de son expertise telle qu’énuméré sur le site inclus les affaires militaires au Moyen-Orient, les armes de destruction massives, les missile défense, la défense nationale, l’énergie du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite, et la guerre en Irak et en Afghanistan.

Ancien assistant à la sécurité nationale et sénateur républicain pro-guerre, John McCain, a également occupé un poste au Département de la défense, le Département d’État, le Département de l’énergie et l’OTAN. Ses assignations étrangères incluent des périodes au Liban, en Iran et en Arabie saoudite. « Il a », selon le site Internet, « dirigé des études sur le système de défense par missiles, la guerre asymétrique, les armes de destruction massive, et la protection des infrastructures critiques ».

Ce profil correspond à la description d’un vétéran actif au service de l’Etat, spécialisé dans la défense des intérêts pétroliers de l’impérialisme américain et dans la contre-insurrection. 

Une liste des autres lumières du CSIS comprend une brochette d’individus mêlés aux intrigues impérialistes américaines, à la guerre et la subversion.   Elle comprend le président de l’organisation, Sam Nunn, un ancien sénateur démocrate de la Géorgie ayant des liens très étroits avec l’establishment militaire et homme de confiance de Richard Armitage, anciennement adjoint de Colin Powell dans l’Etat de George W. Bush; Harold Brown, secrétaire à la défense sous Carter; Zbigniew Brzezinski, le conseiller à la sécurité nationale de Carter; William Cohen, secrétaire à la défense sous Clinton; Felix Rohatyn, banquier investisseur; David M. Rubenstein, cofondateur et directeur de Carlyle Groupe; James R. Schlesinger, secrétaire à la défense sous Nixon et Ford et secrétaire à l’énergie sous Carter; Brent Scowcroft, conseiller à la sécurité nationale sous Bush senior; et Henry Kissinger.   

Sous « À propos du CSIS », le site indique que l’organisation « cherche à faire avancer la sécurité globale » et « sert de partenaire de planification stratégique pour le gouvernement ». La « brève histoire » fournit sur le site vante les mérites anticommunistes du CSIS, déclarant que « Le CSIS a été créé au sommet de la guerre froide » et souligne son caractère bipartisan : « Dès ses origines, le CSIS s’est consacré à la résolution de problèmes bipartisans…Le CSIS unit activement les dirigeants des deux partis à se joindre dans la résolution commune des problèmes. »

Selon la page d’information financière du site Internet, le CSIS reçoit 9 pour cent de son financement du gouvernement américain et 28 pour cent de la grande entreprise.

Nous avons là le profil d’une organisation qui se trouve au centre même de la fabrication des politiques de l’impérialisme américain. Elle représente l’establishment de Washington dans son ensemble.

Le CSIS ne veux pas d’un site Internet lu par des dizaines de milliers d’étudiants et de travailleurs partout à travers le monde qui s’immisce dans ses tentatives de sauver l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan. La poursuite des guerres néo-coloniales au nom de la « démocratie » marque la fin de la démocratie aux Etats-Unis.

L’exclusion du World Socialist Web Site reflète le caractère essentiel de la politique à Washington DC. Ce n’est pas le centre du gouvernement représentatif. C’est plutôt le centre des conspirateurs, dirigé contre le peuple américain et la classe ouvrière internationale.

(Article original anglais publié le 9 janvier 2007)

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