Depuis la publication de cet article dans sa version
originale le 6 janvier, les résultats du vote ont été publiés. 54 pour cent des
ouvriers ont voté en faveur de l’entente.
Un vote a eu lieu ce vendredi 5 janvier à l’usine
Volkswagen Forest à Bruxelles sur le préaccord intervenu entre les conseils
d’entreprise et la direction de Volkswagen.
Lors de la réunion du 4 janvier, les dirigeants des
conseils d’entreprise et les syndicats de Forest sont arrivés à une entente qui
ne défend aucunement les intérêts des travailleurs de VW. L’entente prévoit que
le nombre des travailleurs passera de 5400 à seulement 2200.
En accord avec les plans initiaux qu’avait proposés la
direction, la production du modèle Golf prendra graduellement fin à l’usine de
Bruxelles. Plutôt que la production prévue de 200 000 véhicules au cours
de deux prochaines années, la production sera réduite à 85 000 véhicules —
12 500 Golf, 46 000 Polo et 24 000 d’un autre modèle à
confirmer.
L’entente garantit seulement deux ans de production à
l’usine Volkswagen Forest, c’est-à-dire jusqu’à la fin de 2008. Toute
prolongation de la production au-delà de cette date, selon les demandes de la
direction, est liée à l’introduction d’une semaine de travail plus longue sans
paiement du temps de travail ajouté.
Selon la stratégie de la direction, soit que l’usine Forest
sera fermée au terme de cette période de deux ans, soit — et c’est ce que
croient plusieurs ouvriers — une autre usine Volkswagen, par exemple l’usine de
Pampelune en Espagne, sera fermée pour que sa production soit transférée à
Bruxelles. Peu importe le résultat, il est clair que l’offensive contre les
travailleurs de Bruxelles n’est que le prélude à des attaques et des
rationalisations plus importantes par Volkswagen dans toute l’Europe.
Les conseils d’entreprise et les dirigeants syndicaux
tentent de faire accepter l’entente malgré l’opposition des travailleurs en
déclarant que le niveau relativement élevé de compensation pour ceux qui
quittent volontairement le travail est une grande victoire. L’entente prévoit
que les travailleurs quittant leur emploi recevront entre 25 000 et
144 000 euros (32 5000 et 187 000 $US) en fonction du
nombre d’années de travail. De plus, les prestations de départ soi-disant généreuses
ne sont prévues que pour environ 900 personnes âgées de plus de 50 ans si elles
prennent une retraite hâtive.
Des travailleurs de l’usine expliquent que l’on tente de
lier directement le vote sur la destruction de 3200 emplois avec l’accord sur
les indemnisations et les conditions des retraites anticipées. Autrement dit,
quiconque vote contre les pertes d’emplois vote aussi contre les offres
d’indemnisations et de retraite. De cette façon, les syndicats opposent les
travailleurs plus âgés contre les plus jeunes, ainsi que les travailleurs
d’usine contre les travailleurs de bureau.
Le comité éditorial du WSWS fait appel aux travailleurs de
Volkswagen à Bruxelles pour qu’ils rejettent l’entente avec fermeté et votent
contre cette ignoble manoeuvre patronale.
La liquidation d’emplois sous la forme de mises à pied et
d’indemnisations ne fait pas que miner la position de la classe ouvrière dans
son ensemble, cela rend aussi complètement incertain le futur de la plus jeune
génération de travailleurs, pour qui ces emplois sont perdus à jamais. Des
régions industrielles entières, dont les centres de l’acier et du charbon de la
Wallonie (au sud de la Belgique) et le district allemand de la Ruhr, ont été
transformées en terres abandonnées de la même façon, avec des conséquences
désastreuses pour toute la population.
Le fait qu’un grand nombre de travailleurs aient déjà
accepté les offres d’indemnisation, ou considèrent voté en faveur de l’entente,
n’équivaut pas à leur accord avec la destruction d’emplois. Cela reflète plutôt
le manque total de confiance dans les syndicats. Beaucoup de travailleurs
voient la capitulation organisée par les syndicats et les conseils d’entreprise
comme déjà entérinée, et aucun travailleur ne pense voir ces organisations
mener un combat à long terme ou guidé par des principes pour la défense des
emplois.
Le rejet de l’entente qui a été négociée doit devenir le
point de départ d’une lutte contre le chantage systématique des travailleurs de
Volkswagen par les conseils d’entreprise et les représentants syndicaux et pour
une défense de principe de tous emplois en tous lieux.
Cela exige une rupture politique avec les conceptions de
« partenariat social » et de « cogestion ». Il est
nécessaire plutôt de développer une toute nouvelle perspective qui découle du
caractère international de la production moderne et de l’intérêt commun des
travailleurs à travers le monde. Une telle perspective exige une transformation
socialiste de la société, qui place les intérêts sociaux au-dessus des
priorités et profits de la grande entreprise et des banques.
Nous réitérons notre appel à la mise sur pied de comités
ouvriers indépendants contre les congédiements de masse et les coupes dans les
programmes sociaux, pour s’opposer aux politiques lâches et banqueroutes des
syndicats, les activités desquels sont déterminées par leur défense du système
capitaliste. Nous offrons notre appui pour la combinaison d’une lutte de
défense des emplois et une lutte pour une telle perspective socialiste et
internationaliste.