wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Les projets américains pour l'Irak : un retour au colonialisme

Déclaration du bureau de rédaction du World Socialist Web Site
14 octobre 2002

Utilisez cette version pour imprimer

Des membres de l'administration Bush ont laissé entendre le 10 octobre que la Maison Blanche se préparait à imposer un régime militaire en Irak après l'invasion américaine.

Washington veut conquérir le pays et installer un proconsul militaire ­ peut-être le chef des forces américaines dans le Golfe, le Général Tommy Franks ­ qui gouvernera l'Irak pendant des mois, ou peut-être pendant des années. Un régime de style colonial dirigé par des civils américains suivra le régime militaire. Plus tard, les Etats-Unis pourraient faire passer le pouvoir formel à des factotums irakiens « démocratiques ».

Ces hauts fonctionnaires ont comparé un régime militaire américain en Irak à l'occupation américaine du Japon d'après-guerre ­ le Général Douglas MacArthur a gouverné le pays pendant six ans et demi. Ils ont parlé de tribunaux pour les crimes de guerre et de la destruction du parti Ba'ath dirigeant.

Ces projets démontrent que l'invasion de l'Irak sera une guerre de conquête et de pillage impérialiste. Elle signalera une nouvelle époque de colonialisme, dans laquelle les Etats-Unis essaieront d'utiliser leur suprématie militaire pour dominer le globe ­ saisissant des territoires et des ressources, et subjuguant les peuples du monde au diktat des corporations transnationales et des banques basées aux Etats-Unis.

Cette éruption d'un impérialisme ouvert et éhonté démontre la justesse de l'analyse marxiste du capitalisme contemporain. Tous ceux qui s'opposent à l'oppression coloniale et à la dictature ­ tous ceux qui veulent être des observateurs intelligents de la politique mondiale ­ doivent étudier, ou réétudier, le chef-d'oeuvre de Lénine de 1916, L'Impérialisme : Stade Suprême du Capitalisme.

Pendant le boom d'après-guerre, les apologistes du profit ont prétendu que cette oeuvre décrivait une époque révolue, soulignant les aspects soi-disant progressifs et « démocratiques » du capitalisme moderne. Ils ont supposé que les limitations imposées aux grandes puissances par la confrontation entre les Etats-Unis et l'URSS, la pression de la classe ouvrière, et l'éruption de luttes anti-coloniales dans le « Tiers-Monde » démontraient que l'impérialisme était une relique du passé.

Aujourd'hui, le résumé par Lénine des traits fondamentaux du capitalisme de monopole, et son insistance qu'elle entraîne forcément une politique de « réaction sur tous les fronts », paraissent une distillation précise de la politique intérieure et extérieure de Washington. Le capitalisme impérialiste, disait Lénine, est « annexionniste, prédateur, pilleur ». Il mène la guerre « pour la division du monde, pour la partition et la répartition des colonies, [et pour la formation de] 'sphères d'influence' du capital financier ».

« Le capitalisme », continuait-il, « est devenu un système mondial d'oppression colonialiste et d'étouffement financier de l'immense majorité de la population de la terre par quelques pays 'avancés' », ajoutant : « Aux nombreuses 'anciennes' motivations de la politique coloniale, a ajouté la lutte pour des sources de matières premières, pour l'exportation des capitaux, pour des 'sphères d'influence,' c'est-à-dire des sphères d'opérations qui rapportent, de concessions, de profits monopolistes, etc ; bref, pour le territoire économique en général ».

Ces mots décrivent bien les buts essentiels des Etats-Unis en Irak. Les méthodes qu'utilisent les Etats-Unis pour mener la guerre coïncideront forcément avec les buts de l'attaque : elles constitueront un assaut meurtrier contre les populations civiles à Bagdad et dans les autres grandes villes, essayant de tuer tous ceux qui s'opposent aux intérêts américains et de terroriser la population irakienne.

C'est dans tous ses aspects une entreprise criminelle. L'administration Bush ­ en particulier le Président ­ représente un élément social criminel qui est arrivé au sommet du patronat américain aux années 1980 et 1990. Comme Enron et toute une série d'autres scandales l'a démontré, les personnalités dirigeantes de l'industrie et de la finance ont systématiquement volé le peuple américain et pillé leurs propres compagnies pour s'enrichir.

Cette couche sociale est profondément parasite. Elle n'a aucun respect pour les méthodes et les institutions démocratiques, et emploie des méthodes mafieuses pour arriver à ses buts. Les représentants politiques droitiers et fascisants de cette élite, qui dominent le Parti Républicain, ont tenté d'utiliser un scandale sexuel pour renverser un président élu ­ Bill Clinton ­ et, après que leur tentative de coup ait manqué, ont volé l'élection présidentielle de 2000. À présent ils utilisent ces méthodes dans l'arène mondiale pour voler ce qu'ils ne peuvent saisir par des moyens conventionnels.

La criminalité de l'administration Bush n'est pas principalement une question de traits individuels ou d'attitudes personnelles. C'est l'expression subjective inexorable de tendances objectives profondes du mode de production capitaliste. L'ascension de la criminalité politique au sommet de l'Etat s'inscrit dans un contexte d'accumulation de contradictions et d'une crise économique grandissante pour laquelle le capitalisme n'a pas de solution, hormis le barbarisme et la guerre.

Pour plus d'un quart de siècle, les grands centres du capitalisme mondial, avec en tête les Etats-Unis, ont tenté de remédier à une crise profonde de profitabilité en attaquant les gains de la classe ouvrière à l'intérieur de leurs frontières et en intensifiant d'une manière colossale l'exploitation des masses opprimées d'Asie, d'Afrique, et d'Amérique Latine. On a systématiquement rabaissé le prix des marchandises et des matières premières sur lesquels les anciens pays coloniaux dépendent pour leur subsistance économique, et ces pays sont cernés dans un piège d'endettement au capital financier international qui ne fait que se resserrer.

Même ces mesures n'ont pas suffi à lutter contre les contradictions intrinsèques du capitalisme. Il est à présent clair que le soi-disant « boom » des années 1990, qui a élevé les éléments les plus téméraires et prédateurs de l'élite dirigeante américaine, tentait de masquer la crise de la production pour le profit par le moyen de fraude comptable et financière à des niveaux sans précédent.

Tout comme les conditions objectives sous-jacentes ont poussé l'élite dirigeante américaine sur le chemin de la réaction politique et de la fraude financière aux Etats-Unis, elles l'ont poussée à adopter les méthodes de conquête militaire et de gouvernance colonialiste à l'étranger. Parmi les cercles dirigeants américains, on espère ardemment que le vol des ressources pétrolières de l'Irak et des autres pays leur permettra d'échapper à une situation économique qui se détériore rapidement.

Dans son rapport sur ce projet, le New York Times du 11 octobre a glissé une phrase ­ stratégiquement enfouie au milieu de l'article ­ remarquant que les Etats-Unis et leurs alliés de guerre « contrôleraient essentiellement les deuxièmes ressources démontrées de pétrole au monde ­ presque 11% du total ».

La transformation de l'Irak en un protectorat et une base militaire des Etats-Unis apporterait des milliards de dollars de profits aux monopoles pétroliers américains, donnant au capitalisme américain un contrôle très net des réserves pétrolières mondiales, et établirait un avant-poste pour de futures agressions ­ contre l'Iran et l'Arabie Saoudite riches en pétrole, contre la Syrie au nord, et éventuellement contre la Russie ou la Chine.

Quant aux alliés de nom de Washington en Europe et au Japon, la conquête américaine de l'Irak est supposée détruire leurs espoirs de menacer la suprématie américaine en les rendant beaucoup plus dépendants sur l'Amérique pour leur ravitaillement pétrolier. Ils ne peuvent accepter une telle position. La guerre américaine en Irak intensifiera énormément les antagonismes entre puissances impérialistes, mettant en marche une montée du militarisme et une lutte profonde pour le contrôle des ressources stratégiques, les territoires, et les marchés. L'action des Etats-Unis propulsera le monde entier vers une Troisième Guerre Mondiale.

L'élite politique et patronale américaine est intoxiquée par des visions d'une version américaine d'un Empire Romain au 21ème siècle. Ceci explique en grande partie le désir immodéré des hommes politiques du Parti Démocrate de se prononcer pour la guerre. Le même jour que les représentants et les sénateurs des deux partis présentaient l'autorisation de guerre qu'ils étaient sur le point d'accorder à la Maison Blanche comme une façon de permettre une diplomatie principielle pour la démocratie et la « libération » du peuple irakien, les portes parole de l'administration dessinaient leurs projets pour un Etat policier américain dans ce pays du Golf Persique.

On dit que l'administration Bush étudie l'occupation d'après-guerre de l'Allemagne et du Japon pour préparer l'invasion de l'Irak. Mais un précédent plus exact serait l'occupation coloniale des Philippines par les Etats-Unis après leur guerre avec l'Espagne en 1898. Les forces américaines ont brutalement supprimé la résistance nationaliste du pays, tuant 200.000 philippins.

Pour éviter le scandale et la révulsion qu'inciterait inévitablement parmi la population américaine un tel massacre en Irak, l'administration Bush compte sur une presse corrompue et disposée à cacher ses crimes. Mais l'élite américaine ne peut pas finalement échapper aux conséquences politiques de la guerre qu'elle prépare.

Il y a un élément important de psychose politique et de délusion dans ses projets impériaux. Elle ne peut ni comprendre ni anticiper les immenses conséquences de ses actions.

Les projets de Washington pour réimposer une « Pax Americana » rencontrera une résistance féroce, d'abord des masses irakiennes. Celles-ci auront le soutien de centaines de millions d'autres en Asie et en Afrique, qui n'ont aucunement l'intention de retourner à l'esclavage colonial.

La guerre à venir va polariser la société américaine d'une manière que l'on n'a pas vue depuis des décennies. Bush prétend agir au nom du peuple américain. Ceci est un mensonge. Une large majorité de la population ne veut pas cette guerre, et n'est pas préparée à se porter responsable pour un massacre d'irakiens qui profiterait aux monopoles pétroliers.

Une force motrice majeure derrière cette guerre est la tentative désespérée de l'élite dirigeante américaine de faire oublier à la classe ouvrière la crise sociale interne. Cependant, les conséquences du mouvement de Washington vers le militarisme mondial pousseront bientôt la colère populaire, profondément ressentie, provoquée par le vol des ressources nationales par l'élite patronale, qui jouit d'un monopole politique exercé par les Partis Républicains et Démocrates.

La guerre à venir en Irak signalera des soulèvements sociaux et politiques aux Etats-Unis, et un tournant de plus en plus larges couches de la population à une alternative socialiste à la guerre, à l'inégalité et à la répression.

On doit préparer ce mouvement politiquement et lui donner une direction consciente en construisant un nouveau parti socialiste de la classe ouvrière. Un tel parti doit se baser sur la vérité fondamentale que seule l'action unifiée de la classe ouvrière peut arrêter une guerre impérialiste et désarmer les va-t-en-guerre.

Comme les évènements récents l'ont démontré, les appels au Parti Démocrate sont une diversion sans espoir et finalement réactionnaire. Tous ceux qui s'opposent sérieusement et par principe à la guerre impérialiste doivent entreprendre la construction du Parti de l'Egalité Socialiste et du Comité International de la Quatrième Internationale.


Voir aussi


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés