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Sur les attentats suicide des Palestiniens : lettres au WSWS et réponse du comité de rédaction
Votre manque d'objectivité, de même que celui du WSWS est on ne peut plus clair ! Vous vous faites les porte-parole d'Arafat ! Comment pouvez-vous ne pas être indignés lorsque des innocents se font tuer dans une pizzeria ou une cérémonie religieuse ? Vous devriez avoir honte ! Salutations, 1er avril 2002 * * *
JS 1er avril 2002 Chers GH et JS, En fait, le World Socialist Web Site a, à maintes reprises, exprimé sa sympathie pour les civils innocents tués lors des attentats suicide et nous avons clairement indiqué que nous n'approuvions pas les attaques terroristes contre des non combattants. Nous pensons que ces tactiques nuisent à la lutte contre l'occupation et l'oppression israélienne. Selon nous, un accord juste, démocratique et progressiste du conflit au Moyen Orient passe par le développement d'un programme politique unissant les masses arabes et les travailleurs juifs dans une lutte commune contre l'État sioniste, mais aussi contre les États arabes bourgeois de la région, avec pour objectif la création d'une fédération socialiste au Moyen Orient. Ceci étant dit, nous n'avons rien en commun avec ceux qui condamnent les attentats suicide des Palestiniens afin de justifier les crimes de guerre commis par le gouvernement Sharon contre le peule palestinien avec le soutien de l'administration Bush. Lorsque George W. Bush déclare que les commandos suicides ne sont que des meurtriers, les êtres pensants qui sympathisent avec le sort des opprimés doivent réfléchir avant de reprendre de tels propos. Aussi tragiques que les attentats suicides puissent l'être, il faut faire preuve d'une sorte de morale perverse et cynique pour les mettre sur le même pied que les bombardements sans discrimination des Israéliens contre les villes et les camps de réfugiés palestiniens densément peuplés et l'assassinat des leaders politiques palestiniens. Il n'y a pas d'équivalence entre les actes désespérés de jeunes brutalisés et l'utilisation du matériel militaire le plus puissant pour ravager toute une population. Il y a bien toute une différence entre celui qui tente, même s'il est politiquement mal orienté, de se libérer de la soumission et l'autre qui maintien l'oppression. Léon Trotsky a écrit que « l'histoire a des mesures différentes pour les cruautés » des oppressés et des oppresseurs. « Que de méprisables eunuques ne viennent pas soutenir que l'esclavagiste qui, par la ruse et la violence, enchaîne un esclave est devant la morale l'égal de l'esclave qui, par la ruse et la violence, brise ses chaînes ! » (Trotsky, Leur morale et la nôtre, 1938). Nous souscrivons entièrement à cette position. Bien des gens, en particulier aux États-Unis, ont été désorientés par une campagne de propagande incessante et sophistiquée présentant le régime israélien comme l'innocent forcé de réagir à la violence palestinienne. Le gouvernement et les médias américains présentent unanimement la situation de cette façon. Les médias américains couvrent un spectre étroit allant d'« Arafat est un chien enragé » à « Israël a été contraint de se défendre contre les attaques palestiniennes ». La règle de fer observée par les commentateurs des médias américains est de présenter toutes les attaques militaires israéliennes, indépendamment de leur caractère sanglant et sans discrimination, comme étant des réponses aux attaques terroristes palestiniennes. Cette prétention devient plus difficile à soutenir lorsque les militaires israéliens pilonnent à coup de missiles des quartiers civils, y détruisant les réseaux d'aqueducs, d'électricité et d'égouts, qu'ils encerclent des milliers d'hommes palestiniens et leur impriment un numéro d'identification sur le bras, utilisent les civils comme boucliers humains, tirent sur les journalistes pour les empêcher de dévoiler les résultats des actions israéliennes au monde extérieur -bref qu'ils emploient des méthodes rappelant celles de l'Allemagne nazie contre les juifs en Europe. Les médias américains font bien leur boulot comme en témoigne cet article récent de Serge Schmemann du New York Times en date du 7 avril 2002 qui passe pour un commentaire objectif « The Method of This Madness ». Schmemann prétend être objectif, mais la façon dont il parle des deux camps en présence est révélatrice : « pour les Israéliens, le massacre d'innocents devient la confirmation que l'objectif des Arabes est de les rejeter à la mer. Pour les Palestiniens, la réponse angoissée des Israéliens est la confirmation qu'ils ne satisferont jamais leurs attentes ». Bref, les Palestiniens sont non seulement les initiateurs de la violence, mais en plus ils tuent de sang froid des innocents, tandis que les Israéliens ne font que réagir, et encore, avec « angoisse ». Certains faits cependant ne se dissimulent pas facilement. Ce sont bien les Israéliens qui occupent illégalement les terres des Palestiniens, et non le contraire. C'est le premier ministre israélien Ariel Sharon qui s'oppose au soi-disant processus de paix depuis le début et qui est à la tête d'un parti ultra-nationaliste considérant la Cisjordanie comme la Judée biblique, donc faisant partie de la terre que Dieu aurait donné aux juifs. Sa carrière militaire et politique est marquée d'atrocités commises contre les civils Palestiniens, depuis le massacre du village de Qibya survenu en Cisjordanie en 1953 à l'invasion du Liban et au siège de Beyrouth en 1982, qui a culminé avec le massacre de centaines de réfugiés Palestiniens dans les camps de Sabra et Shatilla -un crime de guerre qui coûta par la suite le poste de ministre de la défense israélien à Sharon. Dans les divers postes gouvernementaux qu'il a occupé, Sharon était toujours le fer de lance pour la confiscation des terres palestiniennes et l'expansion des colonies juives en Cisjordanie - une politique de « changement des faits sur le terrain » conçue pour renforcer la mainmise israélienne sur les territoires occupés et saper les efforts des Palestiniens pour un État indépendant. Sharon a provoqué la dernière éruption de violence dans les territoires occupés en allant visiter en septembre 2000 Al-Haram al-Sharif (appelé le mont du Temple par les Israéliens) à Jérusalem-Est avec une escorte de 1 000 soldats israéliens armés. Après son élection comme premier ministre en février 2001, il a lancé une campagne d'assassinats visant à détruire l'infrastructure politique du mouvement national palestinien. C'est dans ce contexte politique que le phénomène des attentats suicides palestiniens est apparu. Ce type d'attentat est récent en tant que phénomène répandu. Jusqu'à l'année dernière environ, de tels actes étaient encore relativement rares et généralement le propre des groupes islamistes. Parmi les membres de l'organisation pour la libération de la Palestine nationaliste traditionnelle (OLP), les attentats suicides étaient habituellement éliminés comme un moyen de résistance. Que ces actes aient proliféré reflète les conditions sociales et politiques actuelles d'oppression extrême et le sentiment général de la jeunesse palestinienne que les vieilles méthodes et directions ne sont pas parvenues à offrir de solution pour sortir de l'existence cauchemardesque imposée par Israël et les États-Unis. Les médias américains, l'administration Bush et l'establishment sioniste agissent comme si le dernier attentat suicide était la base du conflit qui s'étend dans tout le Moyen Orient. Une approche sérieuse de la situation révèle bien qu'elle remonte bien avant les événements de 2002 ou de 2001. Pour comprendre la crise au Moyen Orient, il faut la placer dans son contexte historique. Le génocide des Juifs européens lors de l'holocauste nazi a créé le climat politique dans lequel le mouvement sioniste, une tendance minoritaire parmi les Juifs avant la Deuxième Guerre mondiale, est parvenu à gagner la sympathie de millions de Juifs et non juifs dans le monde. C'est une ironie tragique que l'établissement d'un État juif présenté comme la mesure de salut du peuple juif dans le programme nationaliste du sionisme ait entraîné la dépossession d'un autre peuple oppressé -les Palestiniens. En 1948, le régime du nouvel État sioniste expulsait 700 000 Palestiniens et détruisait 400 de leurs villages. En 1967, les Israéliens s'emparaient de plus de territoire encore. Depuis, 150 colonies exclusivement juives ont été établies dans les territoires occupés, de même que onze quartiers juifs à Jérusalem-Est. Quelques 400 000 colons juifs (200 000 en Cisjordanie et autant à Jérusalem-Est) utilisent illégalement les terres et les ressources en eau qui ont été confisquées aux Palestiniens. Depuis l'accord de « paix » d'Oslo de 1993, le nombre de colons juifs a augmenté de 70 %. Les autorités israéliennes ont démoli 2 600 maisons palestiniennes en 15 ans. Des centaines de milliers de Palestiniens continuent de vivre dans des camps de réfugiés sordides. Les habitants des zones palestiniennes de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sont soumis depuis 35 ans aux affronts et aux humiliations d'une population occupée - points de contrôle, fermeture de frontière, mesures arbitraires de violence et de répression. Le « droit de retour » est interdit aux Palestiniens alors que de grandes quantités d'immigrants juifs se voient offrir des terres volées pour s'y établir et y vivre. Depuis septembre 2000, Israël a imposé un blocus économique quasi total et l'interdiction de voyager dans les territoires occupés, privant ainsi des milliers de Palestiniens de leur gagne-pain, brisant des familles et imposant des conditions d'emprisonnement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. C'est ce cadre général qui rend l'outrage des Palestiniens inévitable et pleinement justifié. Les conditions spécifiques qui ont mené au phénomène des attentats suicides palestiniens sont liées à l'inaptitude du nationalisme bourgeois, même sous ses formes les plus militantes, à offrir une perspective viable pour satisfaire aux aspirations démocratiques, nationales et sociales du peuple palestinien. C'est le rôle traître des régimes bourgeois arabes qui est d'abord et avant tout responsable de l'isolement du mouvement palestinien et de sa subordination aux intrigues de l'impérialisme américain. Comme toutes les classes dirigeantes bourgeoises des pays connaissant un développement capitaliste retardataire, les élites arabes sont organiquement incapables de maintenir une position d'indépendance véritable à l'égard des puissances impérialistes. Elles sont fondamentalement hostiles à tout mouvement révolutionnaire des masses palestiniennes contre l'impérialisme d'Israël et des États-Unis, car un tel mouvement inspirerait une révolte des travailleurs et des masses oppressées dans leur pays. C'est pourquoi elles se sont toujours efforcées de contenir et de décapiter la résistance palestinienne. Les points culminants de ce processus furent le traité de paix conclu à Camp David entre l'Égypte et Israël en 1978, où pour la première fois un gouvernement arabe reconnut la légitimité de l'État sioniste, et l'invasion du Liban par Israël en 1982, qui vit les États arabes rester l'arme au pied pendant qu'Israël assiégeait Beyrouth et expulsait l'OLP du Liban. Ces trahisons ont exposé la non viabilité fondamentale de la perspective nationaliste de Yasser Arafat et de l'OLP. Personne ne peut douter du courage personnel de la direction et des cadres de l'OLP, et notamment d'Arafat. La création de l'OLP et son intention déclarée de récupérer les terres palestiniennes et d'établir un État démocratique et laïque ont électrifié la région. Ce mouvement a gagné un appui massif, particulièrement parmi les jeunes, et pas seulement chez les Palestiniens. Toutefois l'OLP n'est jamais allé au delà des limites du nationalisme bourgeois. Elle s'est d'abord alliée avec l'URSS, tentant ainsi d'obtenir des concessions en jouant entre l'impérialisme et le régime stalinien soviétique. Après l'expulsion de l'OLP hors du Liban, Arafat s'est tourné vers le régime égyptien de Hosni Moubarak, déjà inféodé à la CIA et au Département d'État des États-Unis. L'alliance avec Le Caire a ouvert la voie à l'OLP pour répudier son opposition à l'État sioniste et embrasser la politique des deux États - israélien et palestinien. Cette retraite a été formalisée par l'accord d'Oslo de 1993 qui débuta le soi-disant « processus de paix ». La poignée de main à la Maison Blanche entre Arafat et Rabin, le premier ministre israélien d'alors, signifiait que l'OLP, suite à l'effondrement de l'Union soviétique, se rangeait résolument sous l'aile de Washington. Le « processus de paix » en entier était un mensonge politique à grande échelle dont l'essence était de transformer l'OLP en une force de police chargée de réprimer les masses palestiniennes pendant qu'Israël poursuivrait l'expansion de ses colonies et s'assurerait que tout État palestinien éventuel ne serait rien de plus qu'un protectorat israélien. L'incompatibilité du « processus de paix » avec les besoins et les aspirations des masses palestiniennes devint manifeste lors du sommet de Camp David de l'été 2000, lorsque le président Clinton des États-Unis annonça à Arafat en termes clairs que Washington ne sanctionnerait jamais le retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers ou la formation d'un État palestinien unifié viable avec la ville de Jérusalem arabe et placée sous souveraineté palestinienne. Vint ensuite la provocation orchestrée par Sharon en septembre 2000 à Jérusalem-Est, suivie de la répression israélienne brutale contre les protestations palestiniennes qui en résultèrent. La réaction américaine face aux tactiques d'Israël fut le silence -signalant ainsi que le tournant par Israël vers la répression et la provocation jouissait du soutien tacite des États-Unis. L'outrage et le désespoir de la jeunesse palestinienne ont été nourris par leur constatation que le « processus de paix » n'était qu'une supercherie cruelle et leur désillusionnement à l'égard des politiques de l'OLP. Créée au lendemain de l'accord d'Oslo, l'autorité palestinienne n'est pas parvenue à améliorer le sort des masses palestiniennes. En fait, la situation a même empiré dans les zones palestiniennes les plus pauvres de Gaza et de Cisjordanie. Telles sont les conditions qui ont engendré le phénomène des attentats suicides. Ces actes sont moins le produit d'un programme établi de terrorisme politique que les fruits d'une résistance désespérée. Les déclarations des leaders sionistes déplorant le terrorisme sont des plus hypocrites. L'histoire juive regorge d'exemple de combattants de la liberté recourant aux tactiques terroristes alors que tout était contre eux. Sans parler de Moïse, Josué, Samson et de tous les autres personnages de l'Ancien testament qui auraient tué des dizaines de milliers d'innocents pour la libération des Juifs, des personnages historiques comme les Maccabé « étaient des terroristes qui tuaient les juifs hellénisés », comme l'a fait remarquer le journaliste israélien Uri Avnery. Le journaliste rappelle également que les sionistes ont déjà mis des bombes dans les marchés arabes de Jaffa et de Haifa; ils avaient fait exploser l'hôtel King David et mitraillaient les autocars arabes. Comment le monde aurait perçu des actes terroristes juifs commis, même dans des centres civils, en Allemagne nazie ou en Europe occupée ? Peut-on douter que les responsables auraient été perçus comme des héros ? quel souvenir aurait-on des courageux habitants du ghetto de Varsovie s'ils avaient réussi à briser l'encerclement lors du soulèvement de 1943 en tuant des Polonais innocents en même temps que des soldats allemands ? Cette année là, les nazis perdaient mensuellement un millier de wagons d'approvisionnement du fait des attaques des partisans. Les passagers tués ne portaient pas tous l'uniforme. Le nationalisme juif sous la forme du sionisme a engendré un cauchemar, et pas seulement pour les Palestiniens. Que des juifs exécutent des rafles massives, des représailles collectives, des assassinats politiques et d'autres formes brutales de répression est l'une des ironies les plus horribles de notre époque. Les traditions de démocratie et de liberté du peuple juif ont été traînées dans la boue et souillées par le sionisme. En fait, la source contemporaine la plus dangereuse d'antisémitisme est la façon dont les déprédations israéliennes infligées aux arabes impliquent dans la tête de millions de personnes dans le monde l'ensemble du peuple juif. La destruction morale finale d'Israël a été effectuée par le régime de Sharon et sa campagne de terreur. Telle est l'évolution logique réactionnaire de tout État fondé sur l'exclusivité nationale ou religieuse, qu'il soit juif, islamiste ou autre. Le problème auquel les juifs sont actuellement confrontés est de trouver comment s'extirper de cette catastrophe. Nous savons qu'il y a une opposition importante et croissante en Israël à l'attaque en Cisjordanie, même s'il n'en est pratiquement jamais fait mention dans les médias américains. Il y a des citoyens israéliens qui déplorent les attentats suicides tout en étant capables d'en identifier la source ultime dans les politiques de leur gouvernement. Des milliers d'Israéliens ont bravé la police et les troupes israéliennes pour manifester leur opposition, et des centaines de réservistes refusent de servir dans les territoires occupés. Ces faits démentent les mensonges selon lesquels tous les opposants de Sharon sont pro-terroristes et antisémites. Les récents événements démontrent qu'il n'y aura pas de paix tant que l'État sioniste et son idéologie n'auront pas été répudiés, que les frontières réactionnaires tracées par l'impérialisme n'auront pas été abolies et qu'une solution socialiste, démocratique et laïque n'aura pas été trouvée à la crise qui fait rage dans cette région. Le Comité de rédaction Voir aussi :
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